jeudi, octobre 01, 2009

Les Antilles de Denise Colomb à l'Hôtel de Sully


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Denise Colombe, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1948

© (c) Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist RMN

L'Hôtel de Sully présente jusqu'au 27 décembre les photos antillaises de la parisienne Denise Colomb

La photographe d'artistes, connue pour ses portraits d'Antonin Artaud ou Nicolas de Staël, s'est rendue deux fois aux Antilles, en 1948 à l'invitation d'Aimé Césaire, en 1958 pour une campagne de publicité.

Elle a porté un regard "humaniste" sur une société pauvre, qui , cent ans après l'abolition de l'esclavage, sortait juste du régime colonial.


Denise Colomb (1902-2004) a fait ses premières photos en Indochine. Introduite dans le monde de l'art par son frère, le galeriste parisien Pierre Loeb, elle est surtout connue pour ses portraits d'artistes: Artaud, Giacometti, Picasso, De Stael.

Denise Colomb, Récréation, 1948 (c) Ministère de la Culture - Médiathèque du Patrimoine, dist RMNEn 1948, Aimé Césaire, qui a vu ses photos d'Indochine, l'invite aux Antilles pour la célébration du centenaire de l'abolition de l'esclavage aux Antilles françaises. Elle se rend en Martinique, en Guadeloupe et en Haïti. Sa visite a lieu au moment où commence à s'appliquer la loi de départementalisation, qui met fin officiellement à l'ère coloniale. Denise Colomb doit initialement travailler avec l'ethnologue Michel Leiris, en mission aux Antilles. Mais le courant ne passe pas entre eux et la photographe travaille finalement seule.

C'est une région pauvre que découvre Denise Colomb, où les enfants vont pieds nus, voire fesses nues, où on vit dans des cases vétustes, sans sanitaires. Ce n'est pourtant pas un travail engagé ou révolté que la photographe produit. On est à la grande époque de la photographie humaniste française, et Denise Colomb s'inscrit bien dans leur "réalisme poétique".

Elle photographie les enfants dans la rue, à l'école, guettant leurs sourires. Les femmes dans des cuisines précaires ou à la lessive à la rivière. Les hommes au café ou dans les plantations. Et aussi les bals et le carnaval. Aux Antilles, "on y chante et on y danse, mais la misère est là", résume-t-elle. Résultat, un exotisme modéré et un regard plein d'empathie.

Denise Colomb, Pêcheur coiffé du bakoua, Martinique, 1958 (c) Ministère de la Culture, Médiathèque du Patrimoine, dist. RMNAimé Césaire utilise plusieurs de ses photos pour illustrer un article où il dénonce la misère du plus grand nombre des Antillais.

En 1958, Denise Colomb retourne aux Antilles pour la Compagnie générale transatlantique. Pour de la publicité donc. Il s'agit de promouvoir la beauté des îles et l'hospitalité des créoles. Son approche ne change pas radicalement. Quelques photos de misère en moins et quelques photos de plage en plus, la démarche de son premier voyage n'est pas contradictoire avec cette commande. Les photos de ses deux voyages sont d'ailleurs mêlées dans la première salle de l'exposition.

Lors de ce deuxième voyage, elle prend, parallèlement à des images en noir et blanc, des images en couleur, qu'elle utilisera peu. Elles sont projetées à l'Hôtel de Sully. Malheureusement, la subtilité des couleurs du Kodachrome perdent à la projection.

Denise Colomb aux Antilles, 1948-1958, Jeu de Paume, Hôtel de Sully, 62 rue Saint-Antoine, 75004 Paris, 01-42-74-47-75
tous les jours sauf lundi, mardi à vendredi 12h-19h, samedi et dimanche 10h-19h
tarifs: 5€ / 2,50€

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