mercredi, mars 31, 2010

L'esclavage, une cicatrice profonde de 400 ans selon le Caricom


UNITED NATIONS, CMC – Les pays de la Communauté Caribéennes (CARICOM) ont décrit le commerce des esclaves comme une “ profonde cicatrice de 400 ans” alors que la communauté internationale concluait vendredi dernier une semaine d’activités commémorant la Journée Internationale du Souvenir des Victimes de l’Esclavage et du Commerce Transatlantique des Esclaves.

Parlant au nom du groupe d’intégration régionale lors d’une rencontre commémorative de l’Assemblée Générale des Nations Unies, l’Ambassadeur à l’Onu de St. Vincent et des Grenadines Camillo Gonsalves a également décrit le commerce des esclaves comme “a une plaie purulente sur la conscience de l’humanité.

Il a indiqué qu’il s’agissait “d’une brutalisation du psyché d’un peuple, si violent et si durable qu’elle a créé une mémoire culturelle partagée du traumatisme”.

““(La) mémoire collective est si vive dans les âmes de ceux qui sont morts qu'elle nous est est léguée à nous autres qui vivons aujourd’hui et à ceux qui ne sont pas encore nés,” indique Gonsalves, ajoutant que “ce jour sert également à blâmer ceux qui ont profité, ceux qui ont ignoré, et ceux qui ont justifié les horreurs de l’esclavage et du commerce des esclaves.

Aujourd’hui, nous honorons, nous nous souvenons et nous ne devons jamais oublier ,” a indiqué le diplomate, appelant la communauté internationale à contribuer au fond fiduciaire des Nations Unies qui a été établi pour ériger un mémorial permanent aux Nations-Unies, en mémoire des victimes du commerce des esclaves.

Dans son discours, Gonsalvess a rendu hommage à Haïti, qu’il a appelé “la première nation à avoir brisé les chaines de l’assujettissement et le centre de résistance de notre force et de notre fierté Caribéenne.

Alors que nos frères et sœurs Haïtiens font face à la catastrophe des séismes récents, nous n’avons aucun doute qu’avec l’aide la communauté internationale, ils vaincront, de la même manière qu’ils l’ont fait devant toutes les adversités antérieures,” a-t-il indiqué.

De plus, le représentant a évoqué “la mémoire des peuples indigènes de notre région – les Arawak, les Kalinago et les habitants Garifuna – dont les histoires d’extermination par la maladie et le génocide sont également entrelacées avec notre propre chant de rédemption.

La semaine d’activités des Nations-Unies comprenait également un briefing pour les Organisations Non Gouvernementales (ONG), et une vidéoconférence impliquant plus de 500 étudiants du Ghana, de la Gambie, du Royaume Uni, du Danemark, de Cuba, de la Jamaïque et de Trinidad et Tobago.

C’est une grande opportunité de partager avec vos camarades sur la diversité et les similarités des peuples afrodescendants, et l’esprit de la culture Africaine,” a indiqué Kiyo Akasaka, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information.

L’Histoire nous a montré que la culture est l’une des manières les plus poignante et puissante par laquelle les esclaves et leurs descendants ont surmonté l’héritage cruel de l’esclavage,” a ajouté Akasaka, soulignant ainsi le thème de cette année, “Exprimer notre liberté par notre Culture.

Dans un message marquant l’occasion, le Secrétaire Général Ban Ki-moon a noté que l’esclavage a “muté et a re-émergé” dans des formes modernes – y compris la servitude pour dettes, le commerce des mineurs et le trafic sexuel des femmes et des filles.

Nous devons créer un climat dans lequel de tels abus et une telle cruauté sont inconcevables,” a indiqué Ban.

Traduit de l’Anglais par Guy Everard Mbarga

jeudi, mars 25, 2010

Bientôt l’histoire de la Martinique enseignée aux élèves


"Bientôt l’histoire de la Martinique enseignée aux élèves" voilà le titre d'une notule publiée sur DOMACTUS, elle fait état :"« Notre histoire dans l’histoire » c’est le nom du projet présenté par des enseignants d’histoire et des conseillers pédagogiques martiniquais, ce mercredi (24-03-10) au palais des congrès de Madiana" désormais nos chères têtes grenées de la primaire et du secondaire se verront enseigner l'histoire de la Martinique, c'est à dire l'histoire du pays où elles vivent.

Sans doute afin de ne pas inquiéter les assimiliationnistes, ces gens croient bon de préciser qu'ils ne s'écarteront pas du programme de l'éducation nationale, mais que l'enseignement de cette histoire se voudrait comme une passerelle entre toutes les composantes du pays Martinique.

Toutefois, grâce au développement de l'internet, nous avons pu diffuser depuis une dizaine d'années cette histoire singulière des Antilles-Guyane, compensant ainsi les manques et les lacunes de l'éducation nationale.

Par ailleurs, il n'est pas dit quand ce projet se mettra en place, si tenté qu'il se mette en œuvre, aura-t'il une volonté de combattre l'aliénation dont est frappé le Martiniquais, cet être qui pense qu'avec les valeurs, les références étrangères à son propre soi, faisant de lui un homme ou une femme schizophrène.

Et enfin, j'invite tous les historiens, sociologues, anthropologue, amateurs éclairés à continuer d'écrire de faire des recherches, à produire, diffuser leurs travaux et articles, car c'est nous les véritables diffuseurs, "popularisateurs", vecteurs de cette histoire, qui aujourd'hui est connue dans le monde entier, nous devons poursuivre sur notre lancée.

Evariste zephyrin

mardi, mars 23, 2010

Adoption de la loi déclarant l’esclavage et la traite négrière crimes contre l’humanité

Dakar, 23 mars (APS) -

mardi 23 mars 2010, par Boubacar Kante
Les députés sénégalais réunis mardi en séance plénière ont adopté à l’unanimité un projet de loi déclarant l’esclavage et la traite négrière, crimes contre l’humanité, faisant ainsi du Sénégal le premier pays anciennement colonisé à prendre une telle disposition législative.

Le garde ses Sceaux, ministre de la Justice Me Al Hadj Amadou Sall, cité dans un apport soumis aux députés, a rappelé que l’esclavage et la Traite négrière ont fondamentalement changé l’ordre économique mondial préexistant à partir du 16-ème siècle, entraînant une modification de l’équilibre géostratégique.

‘’Par conséquent, le devoir de mémoire impose à tous les peuples d’Afrique et de la diaspora de ne rien laisser tomber dans l’oubli’’, a dit le ministre, selon le rapport de la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains.

Refusant de ‘’s’attarder sur la question des réparations pécuniaires incompatibles avec notre dignité’’, El Hadj Amadou Sall a relevé qu’il est important que chaque élève, dans chaque classe du monde, apprenne l’histoire de l’esclavage et de la Traite négrière.

‘’Aussi, a-t-il poursuivi, il est nécessaire que chaque peuple, partout où il se trouve, intègre cette problématique dans l’histoire de son pays et dans ses relations avec les autres, pour en tirer des leçons, aux fins de bâtir un monde respectueux de l’espèce humaine, sans considération de race, d’ethnie ou autres’’.

Selon le garde des Sceaux, ministre de la Justice, ce projet de loi ‘’procède d’une vision claire et d’une démarche cohérente’’ du président de la République, en rapport avec ‘’des chantiers ouverts pour la Renaissance africaine’’.

La motivation de ce texte de loi ‘’reste un devoir de mémoire avec le choix d’un jour de commémoration, mais aussi et surtout un enseignement destiné aux enfants’’, a encore noté le ministre de la Justice.

La France est le seul pays au monde à avoir légiféré en 2001 sur l’esclavage et la traité négrière, avec loi Taubira, du nom de la député guyanaise Christiane Taubira présidente de Walwari (éventail, en amérindien) et candidate du Parti radical de gauche (PRG) à la présidentielle de 2002.

La loi Taubira dispose, en son article premier, que ‘’la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du 15-ème siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité’’.
P.-S.

dimanche, mars 21, 2010

International Day Against Racial Discrimination


International Day for the Elimination of Racial Discrimination. El Día Internacional de la Eliminación de la Discriminación Racial. La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Dia Internacional para a Eliminação da Discriminação Racial.

Ese día, en 1960, la policía abrió fuego y mató a 69 personas en una manifestación pacífica contra las leyes de pases del apartheid que se realizaba en Sharpeville, Sudáfrica. Al proclamar el Día en 1966, la Asamblea General instó a la comunidad internacional a redoblar sus esfuerzos para eliminar todas las formas de discriminación racial (resolución 2142 (XXI)).

On that day, in 1960, police opened fire and killed 69 people at a peaceful demonstration in Sharpeville, South Africa, against the apartheid "pass laws". Proclaiming the Day in 1966, the General Assembly called on the international community to redouble its efforts to eliminate all forms of racial discrimination (resolution 2142 (XXI)).

Ce jour de 1960 où, à Sharpeville (Afrique du Sud), la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre les lois relatives aux laissez-passer imposées par l’apartheid. En proclamant la Journée internationale en 1966, l’Assemblée générale a engagé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale (résolution 2142 (XXI).

Histoire des Noirs au Canada

Les Canadiens d’extraction africaine vinrent au Canada pour jouir de la liberté, mais ils découvrirent que les églises traditionnelles partout au Canada ne les accueillaient pas nécessairement les bras ouverts. La société dite « polie » regardait d’un mauvais œil les coutumes religieuses et les interprétations musicales des Noirs. C’est pourquoi les églises étaient parmi les premiers édifices que les communautés noires érigeaient dans leurs peuplements; celles-ci leur servaient aussi d’écoles. De plus, à cause de la discrimination qui interdisait aussi l’accès aux autres modes de socialisation aux Noirs, les églises des Noirs leur servirent en plus de salles de conférence, de bibliothèques, de gymnases, de garderies et de salles de réception (banquets, etc.). L’Église leur permettait de puiser du courage à même leurs croyances religieuses, d’éprouver de la joie dans l’interprétation de chants gospel et d’airs musicaux, et de trouver un support mutuel; de plus, leur ministre du culte leur servait de guide puisqu’il était souvent la personne la plus instruite de la communauté.

La British Methodist Episcopal Church of Canada, fondée en 1856, est la plus ancienne
église dirigée par les Noirs au Canada; les Noirs voyaient aussi à son fonctionnement. L’apogée de cette dénomination religieuse retourne aux années 1900 alors qu’elle avait des églises allant de Windsor à Halifax et aux Bermudes (Antilles).

Les Shouter Baptists, les musulmans, la Nation de l’Islam et autres dénominations religieuses en croissance actuellement et qui s’affichent dans des endroits fréquentés se sont ajoutés à toute la panoplie des méthodistes, des baptistes ( par exemple, la African United Baptist Association of Nova Scotia) et des anglicans bien établis au Canada.

1ère réunion KONVWA REPARASYON MAI 2010


Le MIR France « Mouvement International pour les Réparations » en collaboration avec le C-O10MAI, vous propose de participer à la 5ème édition de la marche « Konvwa pou Réparasyon » le lundi 10 Mai 2010 à Paris.
Cette journée est placée dans le cadre de la commémoration de l'abolition de l'esclavage, selon la loi 2001-434 dite Taubira, promulguée par le gouvernement français, au terme d’années de luttes.

Parmi les objectifs de ce « Konvwa pou Réparasyon 2010» marquer cette journée symbolique du 10 Mai pour exiger de l’Etat français :
- Qu’il applique la loi Taubira qu’il a votée.
- Qu’il ouvre le dossier de réparations qui est consubstantiel de la reconnaissance de la traite et de l’esclavage crime contre l’humanité, et cela en commençant par la restitution de la rançon de l’indépendance qu’il a extorqué à Haïti.
- Qu’il mette fin au racisme institutionnel.

Invité d’honneur au convoi du 10 MAI 2010: M. Garcin MALSA Maire de la commune de Sainte-Anne, Vice Conseiller général (de Martinique).
Auteur des livres :
- La Mutation Martinique 1991 (Editions l’Harmattan)
- L’écologie ou la Passion du vivant 2008 (Editions l’Harmattan)
- Lyannaj pour le changement 2009 (Editions Menaibuc)

Nous vous invitons à assister aux réunions d’information et d’organisation qui se dérouleront à Paris et en Île de France.
Depuis plusieurs années les mobilisations de mai piétinent. Des milliers (voire des dizaines de milliers) d’organisations « noires » existent en France.
Nous sollicitons votre attention pour que vous préveniez un maximum de militants afin qu’ensemble nous élaborions un plan d’action unitaire, nous permettant de parvenir en mai à une massive mobilisation sociale et commémorative dans toutes les grandes villes de France, et à une résolution en bonne et due forme signée par un nombre critique d’associations, exigeant l’ouverture du dossier en réparation en commençant par Haïti.

Rendez vous le : Lundi 22 Mars 2010
à : 19h00
lieu : Espace Menaibuc 18, rue Armand Carrel, 75019 Paris
Tél : 01-42-63-62-88
Port: 06-33-00-78-26

samedi, mars 20, 2010

La construction du « Mémorial à l'abolition de l'esclavage » a commencé le long de la Loire

Un Mémorial d'envergure à Nantes
La construction du « Mémorial à l'abolition de l'esclavage » a commencé le long de la Loire
Si, en matière de traite négrière et d'esclavage, et toujours via leurs abolitions, la représentation monumentale commémorative nous avait jusqu'ici habitué aux ouvres sculpturales mais non pas architecturales, c'est bien à un projet d'une toute autre échelle que se voue aujourd'hui la ville de Nantes.

Sur le célèbre « quai de la Fosse », par le biais du Palais de Justice, de ce qui reste des piliers de l'ancien pont transbordeur jusqu'à la passerelle Victor Scholcher, c'est sur près de 400 mètres que cheminera ce lieu de mémoire qui pénètrera vers son milieu dans les entrailles du quai.

2000 plaques inscrites des noms de navires négriers au départ de Nantes, ou de destinations de traite atteintes par ces voyages, viendront paver ce parcours dit méditatif : rappelons ici les nombreuses occurrences du terme « Nantes » dans le « "Répertoire" de la traite négrière : Saint-Barthélemy (Suède) » à jour des derniers récolements établis par le Comité de Liaison et d'Application des Sources Historiques.

Le 19 mars 1946



Le Journal officiel de la République française publie la loi n°46-451 du 19 mars 1946 tendant au classement comme départements français de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et de la Guyane française. Article 1er : Les colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et de la Guyane Française sont érigées en départements français. Article 2 : Les lois et décrets actuellement en vigueur dans la France métropolitaine et qui ne sont pas encore appliqués à ces colonies feront, avant le 1er janvier 1947, l’objet de décrets d’application à ces nouveaux départements. Article 3 : Dès la promulgation de la présente loi, les lois nouvelles applicables à la métropole le seront dans ces départements sur mention expresse insérée aux textes. La présente loi, délibérée et adoptée par l’Assemblée nationale constituante, sera exécutée comme loi de l’État. Fait à Paris, le 19 mars 1946, Félix Gouin. Par le président du gouvernement provisoire de la République. Le ministre de la France d’Outre-mer, Marius Moutet ; le ministre de l’Intérieur, André le Troquer.

Il y a 64 ans, La Réunion devenait département français


C'est le 19 mars 1946 que La Réunion a accédé au statut de département, suite au combat mené par deux députés : Léon Lepervanche et Raymond Vergès. L'un était cheminot, l'autre était médecin. L'association Pour la célébration du 19 mars 1946 leur rend hommage ce week-end.

Le débat sur le statut de La Réunion n'est pas fini. La prochaine étape, ce sera soit la collectivité territoriale comme en métropole, soit l'assemblée unique comme en Guyane et en Martinique. Il est dommage que ce sujet n'ait pas l'objet de débat, lors de cette campagne pour les Régionales. Il aurait été sans doute intéressant de consulter les Réunionnais sur ce sujet.

Toujours est-il que depuis 1946, le statut de La Réunion, a souvent un enjeu politique, polémique et sociale. Déjà entre Léon de Lepervanche et Raymond Vergès, les deux artisans de la départementalisation de La Réunion. Le cheminot était opposé aux thèses autonomistes défendues jusque dans les années 80 par Paul Vergès et Jean-Baptiste Ponama.

L'arrivée à la présidence de la République de François Mitterrand en 1981, l'évolution statutaire de La Réunion vers une assemblée unique a été une grande et furieuse bataille entre la droite et le PCR. Le Conseil constitutionnel a donné raison à feu le sénateur Louis Virapoullé et à ses amis. Paul Vergès n'avait pas tout perdu puisque l'île devenait une région monodépartementale avec deux collectivités locales : un conseil général et un conseil régional.

Le premier président du Conseil régional à La Réunion, avait pour nom Mario Hoarau, élu en 1983 à la faveur de son âge. Pierre Lagourgue lui a succédé en 1986, puis il y a eu Camille Sudre en 1992, Margie Sudre en 1993, Paul Vergès en 1998 et en 2004. Le prochain sera élu ce dimanche. Ils sont trois à prétendre à ce fauteuil : Paul Vergès pour un troisième mandat, Didier Robert et Michel Vergoz.

Quel que soit le nom du président dimanche, le statut de La Réunion évoluera, soit vers la création d'une assemblée commune au sein de laquelle siégeront les conseillers régionaux et généraux (c'est dans la réforme territoriale), soit vers une assemblée unique comme le croient encore Paul Vergès et Michel Lagourgue.

Ces deux hommes et l'ensemble des colistiers de l'Alliance, célébreront ensemble ce soir, lors du meeting de liste de Paul Vergès à la Nordev à Saint-Denis, le 64e anniversaire de la départementalisation de La Réunion.

Jismy Ramoudou

mercredi, mars 17, 2010

La « maison des esclaves de Gorée»


Chers lecteurs, chers amis et confrères
Comme vous devez le savoir maintenant, ce mythe de la « maison des esclaves de Gorée» a été inventé par un médecin chef de la marine française dans les années 1940-1950 ; Pierre André Cariou (manuscrit « Promenade à Gorée » disponible à la BNF Paris et à Aix en Provence CAOM).
Dans les années 1980-1990, les médias se sont penchés sur l'équivalent noir de la Shoah juive suite au succès du film Racine ; ne trouvant pas de site "mémoire" en Afrique, ils ont découvert cette histoire pour touristes européens de passage au Sénégal, "La maison des esclaves de Gorée". Saisissant la balle au bon le guide touristique de cette maison peu visitée a su en faire peu à peu un mythe cette fois destiné aux afro-américains et caribéens. Les afro-américains inspirés par le travail de mémoire remarquable sur la Shoah ont eu besoin à leur tour d'avoir l'équivalent des lieux de mémoires consacrés aux victimes juives de la Shoah. L'Afrique étant pauvre, ils ne trouvèrent pas d'interlocuteurs formés et de supports de communications culturels sur cette période sombre de l'histoire du continent.
Seul le Sénégal grâce au Président Senghor a toujours eut la notion de "Culture et Patrimoine". Par conséquent leur attention se tourna vers ce pays qui fut le seul en mesure de leur répondre en s'appuyant sur cette histoire de "Maison des esclaves" inventée par Pierre André Cariou, médecin chef de la marine française. Joseph N’Diaye s'était donc trouvé au bon endroit et au bon moment, n’était t’il pas ce petit garçon qui faisait des courses pour Pierre André Cariou dans les années 1940 et qui avait assimilé l’histoire romancée de son mentor.
Peu à peu les touristes affluèrent des Amériques. L'erreur a été de laisser un guide touristique sans formation gérer cette affaire sans la tutelle administrative car n’étant pas fonctionnaire. Cela s'explique fort bien car le Sénégal des années 1980 ne connaissait que le tourisme balnéaire. Senghor étant parti le nouveau président qui avait des objectifs de développement ambitieux concernant son pays n'avait pas comme priorité la "Culture" et encore moins comme préoccupation la gestion d'un guide touristique privé.
Monsieur Joseph N'Diaye devint donc sans caution d’une autorité de contrôle, le "griot" de la ""Shoah Noire". Ce dernier, persuadé d'être le seul à détenir la vérité que son ancien patron, le médecin-chef de la marine Pierre André Cariou lui avait donné s’imposa aux médias européens comme l’unique interlocuteur.
Une protestation existait pourtant dès le départ de la médiatisation de cette histoire fantaisiste dans les années 1980 ; elle provenait des chercheurs de l'université C. Anta DIOP et du Département d’Histoire – L’Ifan de Dakar qui souhaitait faire connaître les vrais lieux de mémoire (sur le fleuve Sénégal et le fleuve Gambie) mais ils furent obligés de se taire sous la pression du gouvernement d'alors dirigé par Abdou Diouf actuel Président de l'Organisation Internationale de la Francophonie et du Directeur nationale du Patrimoine sénégalais. La raison était simple ; le guide de la fausse "maison des esclaves de Gorée" arrivait par la puissance de son discours larmoyant à faire venir les grands de ce monde qui au passage étaient encouragés à faire repentance des crimes passés en se délestant de quelques aides financières officiellement destinées à sauvegarder le faux "centre universel de la souffrance du peuple noir" : c'est-à-dire Gorée.
Cependant les sommes récoltées n’atteignaient pratiquement jamais les objectifs pour lesquels elles avaient été versées. Le guide, Joseph N'Diaye n'appartenant pas au sérail ne touchait pas de dividendes de cette "grande escroquerie", il a fait fonction "d’hameçon". Toutefois à son humble niveau il a su tirer un profit personnel de cette histoire farfelue ; il put voyager partout dans le monde et se présenter en "expert" de l'histoire de la traite négrière, qu'il réécrivait en fonction de la direction du vent et de la température de l'air en prenant soin bien sûr de tout concentrer sur son gagne-pain.
Il n’hésita pas à exercer des pressions sur quelques chercheurs sénégalais de l’IFAN et les écarta systématiquement de toute décision importante avec l’aide d’autres chercheurs de L’IFAN corrompus par les subventions, défraiement et voyages qu’ils obtenaient grâce au discourt de monsieur N’Diaye. Monsieur N’Diaye convaincu que sa parole et surtout que son imagination "était" la vérité et que les archives et études ne comptaient pas continua à sévir. Il faillit être stoppé par la démarche d’un grand philosophe et chercheur africain Ki ZERBO qui ne bénéficia pas malheureusement de la même couverture médiatique.
Dans les années 1980-2000 des intellectuels africains comme Ki Zerbo se rendirent compte en effet de la tournure catastrophique de cette histoire farfelue enrichie d'année en année par un guide devenu "mégalomane" pouvait à terme constituer un point de rupture dans la diaspora noire entre l’Afrique et le monde afro des Caraïbes et des Amériques. On ne construit pas une amitié « diasporique » noire, nègre, black sur une escroquerie. On ne constitut pas un dossier de dédommagement moral et économique pour le tribunal de l’histoire sur un château de sable inventé par un médecin-chef de la marine française. Tout bon juriste sait qu’un bon dossier doit s’appuyer sur des faits et des preuves concrètes ; l’Afrique et la diaspora ne manque pas de véritable « preuves » de la « Shoah Nègre ».
C’est dans cet esprit que Ki ZERBO écrivit alors dans son livre « Histoire d’Afrique Noire une rectification qui passa inaperçue aux yeux des médias :
Si l'Angola est pour lui le paradis des Négriers, le Sénégal ne fournit que peu d'esclaves. « Les Compagnies n'arrivent pas a ramasser assez d'esclaves dans un pays à faible densité » (30).Référence (30) Ki ZERBO « Histoire d’Afrique Noire » Page 214, 232.
Dans les années 1990 ce fut au tour d'un chercheur de l'université C. Anta Diop de Dakar de faire savoir à travers un article du Journal le Monde écrit par le journaliste Emmanuel de Roux que cette histoire n'était pas très sérieuse. Ce chercheur et enseignant sénégalais de niveau universitaire dut se faire oublier après avoir été réprimandé par sa hiérarchie pour les mêmes raisons citées plus haut, la loi économique.
Enfin en 2006 parut mon livre "Céleste ou le temps des signares" dans lequel je dénonçais les dérives de certains de mes compatriotes sénégalais qui profitaient sans honte de la souffrance des pèlerins descendants de personnes victimes de l’esclavage. Un livre écrit en partie parce que je compte de nombreux amis antillais et aussi une famille par alliance Martiniquaise à qui l'on a fait prendre une vessie pour une lanterne.
Que mes amis des Caraïbes se rassurent, bientôt leurs morts seront respectés officiellement au Sénégal, car de nombreux universitaires sénégalais et Caribéens souhaitent en finir et faire connaître les vrais lieux de mémoire au Sénégal.
Vive le Sénégal, Vive l'amitié entre les africains et les afros des Caraïbes et des Amériques et place aux vrais chercheurs.
Jean Luc Angrand – Historien
Prix de l’Académie des Sciences d’Outre-mer 2006
Note du 13 février 2010 – France : La fausse maison des esclaves de Gorée, n’est plus reconnue par le gouvernement Sénégalais depuis l’année 2006 et l’ensemble de la communauté scientifique (historiens) ne prend plus cette mascarade au sérieux de nos jours. Wikipédia l’encyclopédie internet à fortement informait de nombreux internautes tout comme mes mailings massifs adressés à la communauté scientifique ; à l’EHESS (Paris) le message a fini aussi par être compris et désormais les charlatans n’y trouve plus tribune.
Nous pouvons désormais faire connaître les vrais lieux de mémoires à Gorée car il y en a deux petits comme dans tout le Sénégal sans être obligé de payer la visite de la boutique des épiciers de la honte.
Désormais aussi le temps est aux excuses ; excuses attendues de la Direction du Patrimoine Sénégalais dirigée par monsieur Bocoum Hamady qui n’a pas encore fait son mea culpa vis-à-vis de personnes descendantes de victimes de l’esclavage qu’elle a contribuée à tromper.

Merci à tous les chercheurs- historiens des Caraïbes et aussi Sénégalais qui m’ont soutenus pendant ces quatre dernières années.
Jean Luc Angrand - Historien

mardi, mars 16, 2010

Mémoires de l'esclavage, colloque en Charente Maritime 19-20 mars 2010


"Mémoires de l'esclavage : enjeux, discours, médiations" : colloque à Brouage vendredi 19 et à La Rochelle, samedi 20 mars 2010
À La Rochelle, l'Association Arcadd regroupe la bibliothèque universitaire, la Faculté de lettres et de sciences humaines, la médiathèque Michel Crépeau, les archives départementales et les musées d'art et d'histoire. Elle organise deux premières journées en ouverture de son programme scientifique et culturel "Chairs noires et pierres blanches : mémoires de l'esclavage en Aunis et Saintonge " qui débute en mars et se poursuivra jusqu'au mois de septembre 2010.

Le colloque des 19 et 20 mars réunit une vingtaine d'intervenants de Métropole et d'Outre-Mer qui échangeront sur l'histoire de la traite négrière et de l'esclavage et sa valorisation, aujourd'hui, comme un patrimoine mémoriel, identitaire et touristique.

Rencontres, discussions, projections de films, débats... Le programme comporte quatre grandes "sessions thématiques" sur les 2 jours.
Vendredi 19 mars à Brouage : le matin, il sera question des "perpectives historiques" à la Halle-aux-Vivres et l'après midi à la Poudrière Saint-Luc, des "projets et réalisations Outre-Mer".

Samedi 20 mars à la Faculté de lettres de l'Université La Rochelle : le matin, les participants travailleront sur le thème de "Discours et mémoires" et l'après midi sur "D'autres ports Atlantique".

Bientôt : le musée du Nouveau-Monde de La Rochelle présentera du 21 avril au 12 juillet 2010 sa nouvelle exposition temporaire "Être noir en France au 18e siècle".
19 et 20 mars 2010, programme en PDF sur le site de l'Université de La Rochelle.

Projet de loi portant reconnaissance de la traite des noirs comme crime contre l'humanité - La fondation Diverscités salue l'initiative de Me Wade

L'appauvrissement durable du continent africain et des Caraïbes, le racisme et la discrimination sont les manifestations les plus malheureuses imposées aux Noirs partout où ils prennent un envol ou s'enracinent. Selon la Fondation Diverscités qui veut promouvoir le travail de mémoire sur la traite des Noirs, l'esclavage et la colonisation, la diaspora ne peut plus s'accommoder de l'oubli du crime originel. C'est ainsi que la proposition d'un projet de loi dans ce sens au Sénégal est d'une 'portée historique', selon président Karfa Diallo.

Suite
http://fr.allafrica.com/stories/201003030869.html

lundi, mars 15, 2010

La louisianisation nous guette




" Quand on jette un coup d'oeil sur la production littéraire des francophones de La Nouvelle-Orléans du XIXe siècle — nous songeons entre autres au recueil de poésie Creole Echoes (University of Illinois Press) et au roman d'Alfred Mercier L'Habitation Saint-Ybars (Éditions Tintamarre et Guérin éditeur) —, on a peine à croire qu'il y eut là-bas une vie culturelle française aussi foisonnante il y a un peu plus d'un siècle. Cette culture a complètement disparu. Les Créoles blancs étaient des gens fascinants, ils avaient une «personnalité collective» où l'attitude hautaine côtoyait une forte propension à la fête.

Contrairement aux Canadiens français, ils avaient un lien très fort avec Paris où ils envoyaient leurs enfants se faire éduquer. Ils n'étaient pas du genre à croire en 1803, lors de la vente de la Louisiane aux États-Unis, que moins de cent ans plus tard ils seraient une «race» tellement diminuée que l'écrivain Alfred Mercier à la fin du XIXe siècle n'eut pas le choix de constater que «tous les hommes de langue française sont obligés de parler la langue anglaise, tandis que pas un homme de langue anglaise n'est obligé d'apprendre la langue française pour la conduite des affaires».

Il semble que, pendant longtemps, les Créoles blancs ont été quelque peu inconscients de leur grande fragilité (le dernier journal francophone, L'Abeille, a rendu l'âme en 1924 ou 1925.) Cette inconscience est-elle une caractéristique typiquement française?

La Louisiane du XIXe siècle a beaucoup à nous apprendre. Elle a annoncé au moins trois phénomènes contemporains: la lutte pour l'émancipation des Noirs, la musique dite «World» et la mondialisation, ou l'anglobalisation, comme le dit l'auteur Louis Hamelin.

Les gens de couleur libres furent les premiers aux États-Unis à combattre le racisme en empruntant les tribunes des Blancs puisque nombre d'entre eux étaient éduqués, certains même pratiquaient le droit. Ils fondèrent des journaux — La Tribune de La Nouvelle-Orléans et L'Union — pour y exprimer leurs opinions. C'est d'ailleurs là que la première poésie afro-américaine s'est écrite — en français bien sûr.

Un miroir est trop fidèle

Dès la fin du XVIIIe siècle, les races et les cultures se sont mélangées en Louisiane comme nulle part ailleurs au monde (des phénomènes semblables se sont sans doute produits ailleurs en Amérique du Sud, au Brésil entre autres) et cela a donné quelque chose d'unique et de très riche. En musique, ces mélanges et ces métissages ont donné le jazz, premier exemple moderne d'une musique du monde puisque l'Afrique rencontrait l'Europe et l'Amérique.

Mais hélas, quand on voit la vitesse avec laquelle les «Kentucks» ont envahi La Nouvelle-Orléans à partir de 1803, on se désole d'être devant l'une des premières victimes de l'anglobalisation, c'est-à-dire de l'imposition sauvage d'un capitalisme anglo-américain: aujourd'hui, la touche française si séduisante pour le touriste est encore partout présente, même hors des murs du Vieux Carré, mais la langue, elle, est muette, moribonde, «nowhere to be heard». En effet, le monde d'aujourd'hui, surtout francophone, a beaucoup à apprendre de cette Louisiane évanouie.

La France ne veut pas savoir ce qu'elle est en train de se faire à elle-même. L'écrivain Claude Duneton, qui a vu sa langue maternelle, l'occitan, disparaître peu à peu (cf. Parler croquant, La Mort du français), a pourtant tout vu venir — mais qui le prend au sérieux?

Le pays de Rabelais et Villon ne semble pas prendre davantage le Québec au sérieux pour les mêmes raisons qu'elle se détourne du phénomène louisianais. Les Québécois eux-mêmes se soucient très peu du sort des minorités francophones en Amérique du Nord pour les mêmes raisons que les Français regardent l'Amérique française de haut (ou alors l'ignorent): le miroir est trop fidèle. Prendre le temps de le regarder déclencherait peut-être un malaise difficile à assumer."

Benoît LeBlanc - Auteur, compositeur et interprète

http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/284928/libre-opinion-la-louisianisation-nous-guette

jeudi, mars 04, 2010

Alexandre Dumas ou la question raciale


La polémique concernant le film « L’Autre Dumas » de Safy Nebbou avec Gérard Depardieu dans le rôle d’Alexandre Dumas, montre le malaise français sur l'épineux sujet de la question raciale : un Blanc peut-il jouer le rôle du célèbre écrivain ? Au nom des valeurs républicaines, il est impossible de débattre du sujet en France sans être accusé de raciste, de communautariste et même d’antirépublicain.

Certains intellectuels, journalistes et comédiens reprochent au film - qui parle principalement de son collaborateur littéraire Auguste Maquet - d’avoir utilisé un Blanc et non un métis ou un Noir pour incarner Dumas. Les producteurs du film Franck Le Wita, Marc De Bayser et certains journalistes, qui jugent cette polémique ridicule, arguent que « si Dumas avait bien un quart de sang noir, c’est qu’il avait trois quarts de sang blanc. Et que la liberté artistique fondée sur l’analogie et la métaphore, commence par le choix des acteurs». Selon ces derniers, Dumas n’était pas noir parce qu'il avait du sang blanc.

Mais qui était-il donc ? Dumas était un quarteron (petit-fils d’une esclave noire, il était le fruit de l'union entre un métis et une Blanche). Il est né le 24 juillet 1802, soit quelques semaines avant le rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte. Claude Schopp, biographe et responsable des Editions critiques d’Alexandre Dumas, déclare dans Libération : « Ce seul quart de sang noir a suffi à le rejeter dans la classe méprisée des Nègres». Et c’est là que les producteurs et certains journalistes qui considèrent que Dumas n’avait pas les traits négroïdes, font preuve de mauvaise foi. Car l’écrivain, lui, se considérait comme un Nègre avec des cheveux crépus et la société française qui le percevait comme tel lui a fait subir les pires préjugés racistes toute sa vie durant. « Il pue le Nègre. Ses cheveux sentent le Nègre. Il est venu, ouvrez toutes les fenêtres». Une anecdote que nous rapporte Claude Schopp dans Libération.

L’autre débat est de savoir si Dumas devait obligatoirement être joué par un comédien noir ou métis. Ceux qui optent pour ce choix affirment qu’il semble logique de donner ce rôle à une personne de couleur par souci de crédibilité afin de ne pas trahir la vie du célèbre écrivain. Ceux qui sont contre analysent comme Claude Schopp qu’ « En matière de représentation, le vraisemblable compte bien plus que le vrai. » Certes. Mais sont-ils prêt à accepter par exemple un Napoléon, un De Gaulle ou un Mitterrand joué par un Noir à l’écran ? Est-ce que ce serait crédible ? Bien sûr que non ! Et je défie quiconque d'affirmer qu'un tel choix dans un biopic d'une figure historique française blanche, ne susciterait aucune polémique.

D’autres affirment même (sans rire !) qu’on aurait dû noircir Depardieu afin de rendre son personnage encore plus proche de Dumas, sur le simple fait qu’un comédien peut tout jouer. Noircir Depardieu ? Ce serait tout simplement revivre l’image du « Blackface » qui fait référence à la bouffonnerie raciste issue des spectacles du Minstrel Show (Le Minstrel Show était un spectacle du XIXème siècle dans lequel des acteurs blancs grimés en noir singeaient des Noirs). Le réalisateur Noir américain Spike Lee en a d'ailleurs tiré un film intitulé « Bamboozled (The Very Black Show) » en 2000.

Métis, choisis ton camp!

La controverse sur Dumas révèle la mesquinerie de certains médias et journalistes sur l’ambiguïté du métissage Noir-Blanc qu’ils voudraient installer dans la société française à des fins purement idéologiques. L’écrivain panthéonisé et génie littéraire, dont les œuvres font partie du patrimoine de la littérature française, éveille la convoitise de certains qui mettent en lumière ses écrits tout en niant sa Négritude. Il n’est pas noir, il est français. Et le fait que Dumas ait du sang blanc renforce leur propagande. Selon eux, l’écrivain transcende les races. Son faciès n’existerait plus.

Tous ces arguments ont été également utilisés par les mêmes au sujet de Barack Obama lors de la campagne présidentielle américaine. Le brillant candidat américain éclipsait totalement sa Négritude. Et pourtant le site de la chaîne américaine d’informations ABC NEWS a répertorié toutes les insultes racistes proférées par diverses personnalités politiques, médiatiques et sportives contre Obama depuis son élection à la magistrature suprême américaine.

Ce que font certains médias et journalistes français, c’est choisir les métis quand ça les arrange. Sinon pourquoi l’humoriste controversé Dieudonné qualifié de leader de l’antisémitisme noir en France, est-il considéré comme un Noir alors qu’il a du sang blanc ? On peut aussi faire la même remarque concernant le leader noir américain Malcolm X (dont la mère mulâtre est née d’un viol) et l’ancien pasteur d’Obama, Jeremiah Wright (dont la couleur de peau est plus claire que celle d’Obama). Toutes ces personnes ont pourtant du sang-mêlé tout comme Dumas et Obama. Mais elles sont considérées de manière différente, parce que jugées selon leurs prises de positions, et non pour ce qu’elles sont.

L’ancien joueur de tennis Yannick Noah illustre parfaitement cette démarche. Quand il gagnait, il était français ; quand il perdait, il était camerounais. En fait, c’était un Gaulois en cas de victoire et un Noir en cas de défaite. En réalité, la société française discrimine. Elle se moque de savoir si quelqu’un est métis, mulâtre ou quarteron. Elle est souvent hypocrite voire humiliante. Et ce n’est pas en niant la Négritude de Dumas pour des considérations idéologiques, qu’on lutte contre les discriminations et le racisme. Ça passe nécessairement par une meilleure valorisation dans les livres d’histoire de tous ceux qui sont issus des minorités qui ont contribué à l’enrichissement de la France. Ça passe aussi par une meilleure représentativité des minorités dans les partis politiques, les médias et le cinéma. Mais surtout par une véritable politique sociétale permettant « le mieux vivre ensemble », car la France n’est plus tout à fait un pays de Blancs de confession judéo-chrétienne.

Essimi Mevegue