samedi, avril 30, 2016

LES FEMMES DE NDER : RESISTANTES SENEGALAISES A L'ESCLAVAGE


Voilà un fait particulièrement tragique resté longtemps dans la mémoire des Sénégalais. L'histoire des femmes de Nder qui, un mardi du mois de novembre 1819, se sacrifièrent collectivement pour ne pas tomber entre les mains des esclavagistes maures.

Un bel acte de résistance à saluer, pour que jamais la bravoure de ces dames ne tombe dans l'oubli... Reines d'Afrique et héroïne de la diaspora noire

A cette époque, le Walo constituait une province prospère située à l'embouchure du fleuve Sénégal. Ses habitants, de paisibles cultivateurs, vivaient du commerce avec les caravaniers du commerce transsaharien et avec les gens de Saint-Louis, première capitale coloniale du Sénégal, où ils écoulaient leurs denrées agricoles. Le fleuve séparait le Walo de la Mauritanie où était notamment établie la tribu des Trarzas. D'eux, on ne savait jamais à l'avance s'ils débarqueraient en clients pour échanger des marchandises ou en ennemis pour se ravitailler en captifs. Toujours est-il que depuis l'installation des troupes françaises à Saint-Louis, les Maures ne cessaient d'accentuer leur pression contre le Walo, qu'ils voulaient faire passer sous leur contrôle, afin d'empêcher la région de tomber sous domination européenne.

Cette année là, une longue période d'accalmie avait succédé aux violents affrontements dont les guerriers maures et leurs alliés Toucouleurs étaient une fois de plus sortis vainqueurs. On était au début de la saison sèche et Nder vivait un peu au ralenti. Le Brack (le Roi) était à Saint-Louis pour se faire soigner d'une mauvaise blessure reçue lors de la bataille de Ntaggar contre les Maures justement. Comme à l'accoutumée, les dignitaires du royaume étaient du voyage et une bonne partie de la cavalerie les accompagnait.

Ce mardi comme les autres jours, les hommes avaient rejoint les champs dès l'aube, la daba (houe traditionnelle) sur l'épaule. D'autres s'étaient rendus à la chasse, tandis qu'un troisième groupe avait pris la direction du fleuve où étaient amarrés leurs barques de pêcheurs. Seuls quelques ceddos (soldats) étaient restés en garnison, et s'occupaient à astiquer nonchalamment leurs grands fusils de traite. Dans le village aux cases rondes livré aux femmes, aux enfants et aux vieillards, régnait l'animation du quotidien. Les coups de pilon, en une ronde saccadée, redoublaient d'ardeur à moudre le mil. Les femmes, vaquant à leurs occupations, s'interpellaient à l'intérieur des concessions. D'autres s'affairaient à l'entour des greniers où étaient entreposées les dernières récoltes. Quelques-unes enfin bavardaient tranquillement sur la place du village, tandis que les jeunes enfants se poursuivaient bruyamment autour de l'arbre à palabres où, le soir venu, les anciens avaient coutume de dérouler les histoires du passé.

Soudain un cri d'effroi troubla la quiétude du lieu. En un instant, les rires se figèrent, les pilons tombèrent, les concessions se vidèrent. Tous les regards convergèrent vers la femme qui venait de franchir en trombe l'entrée du tata, ce mur d'enceinte en branchages et terre glaise, censé protéger les villages en cas d'offensive.

La main agrippée à une calebasse ruisselant d'eau bien que vidée de son contenu, la femme haletait, terrorisée : « Les Maures ! Les Maures sont là ! Ils arrivent ! J'étais au bord du lac de Guiers et je les ai vus à travers les roseaux. Une armée de Maures ! Ils ont avec eux une troupe de Toucouleurs conduits par le chef Amar Ould Mokhtar ! Ils s'apprêtent à traverser le fleuve et viennent vers notre village ! »

Toutes les femmes crièrent en même temps. Elles savaient quel sort les attendait... Les Maures avaient repris leurs razzias dans le Walo pour s'approvisionner parmi les autochtones. Un grand nombre d'hommes, de femmes et d'enfants seraient arrachés à leurs familles pour être vendus comme esclaves aux riches familles d'Afrique du Nord. Cela avait toujours été ainsi et Nder y avait perdu bien des fils et des filles.

Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, postés sur l'autre rive du fleuve, les cavaliers enturbannés venus du désert s'apprêtaient à lancer leurs chevaux à l'assaut du village. Les femmes décidèrent aussitôt d'organiser la résistance avec les soldats demeurés sur place.

A la hâte, elles expédièrent les enfants dans les champs avoisinants sous la conduite de leurs aînés, afin qu'ils se cachent dans les hautes tiges de mil. Puis elles se précipitèrent dans leurs cases pour en ressortir vêtues de boubous et de pantalons bouffants, qui d'un époux, qui d'un père, qui d'un frère ; les cheveux dissimulés sous des bonnets d'homme. Elles s'étaient munies de tout ce qui pouvait servir à leur défense : coupe-coupe, lances, gourdins et même de vrais fusils qu'elles s'apprêtaient à manier pour la première fois.

Amazones d'un jour, ces femmes se battirent avec l'énergie du désespoir. Servantes, paysannes, aristocrates, jeunes, vieilles, elles s'engagèrent, animées de leur seul courage, dans la terrible confrontation avec l'ennemi. Dans leurs chants de célébration à la mémoire de ces femmes d'exception, les griots, illustrateurs des pages de l'histoire africaine, assurent que ce jour là, elles tuèrent plus de trois cents Maures. Le combat était cependant inégal. Les ceddos furent rapidement exterminés. Des rigoles de sang bouillonnant s'épandaient en une boue rougeâtre sur le sol de terre battue. Ça et là gisaient pêle-mêle des cadavres et des blessés agonisants.

Face à la farouche détermination des survivantes qui, bien que désarmées, étaient supérieures en nombre à la colonne ennemie, le chef Amar Ould Mokhtar lança à ses troupes l'ordre de dispersion. Les cavaliers du désert rangèrent leurs sabres effilés, prirent leurs blessés en croupe et retraversèrent le lac. Vexé d'avoir été tenu en échec par de simples femmes, le chef maure savait cependant qu'elles ne pourraient résister longtemps malgré leur bravoure. Ne voulant pas risquer d'abîmer la « marchandise », il comptait revenir un peu plus tard, afin de les prendre vivantes pour en tirer un meilleur prix sur les marchés d'esclaves.

Les femmes du Walo se sentirent perdues... A bout de forces, elles ne pouvaient soutenir une seconde attaque. Les hommes avaient tous péri et le messager qui s'était précipité à la recherche de secours, arriverait sûrement trop tard. Tout espoir était vain.

Femmes de Nder ! Dignes filles du Walo ! Redressez-vous et renouez vos pagnes ! C'est alors qu'une voix s'éleva au-dessus des clameurs, des lamentations et des hurlements de douleur. C'était Mbarka Dia, la confidente de la linguère (reine) Faty Yamar. Elle seule savait se faire obéir des courtisanes énergiques et autoritaires qui entouraient la reine. Prenant appui contre l'arbre à palabres, parce qu'elle-même avait été blessée, elle se mit à haranguer ses compagnes :

« Femmes de Nder ! Dignes filles du Walo ! Redressez-vous et renouez vos pagnes ! Préparons-nous à mourir ! Femmes de Nder, devons nous toujours reculer devant les envahisseurs ? Nos hommes sont loin, ils n'entendent pas nos cris. Nos enfants sont en sûreté. Allah le tout puissant saura les préserver. Mais nous, pauvres femmes, que pouvons-nous contre ces ennemis sans pitié qui ne tarderont pas à reprendre l'attaque ? »

« Où pourrions-nous nous cacher sans qu'ils nous découvrent ? Nous serons capturées comme le furent nos mères et nos grands-mères avant nous. Nous serons traînées de l'autre côté du fleuve et vendues comme esclaves. Est-ce là un sort digne de nous ? »

Les pleurs s'arrêtèrent, les plaintes se firent plus sourdes... « Répondez ! Mais répondez donc au lieu de rester là à gémir ! Qu'avez-vous donc dans les veines ? Du sang ou de l'eau de marigot ? Préférez-vous qu'on dise plus tard à nos petits enfants et à leur descendance : Vos grands-mères ont quitté le village comme captives ? Ou bien : Vos aïeules ont été braves jusqu'à la mort ! »

La mort ! A ce mot, fusa une sourde exclamation. « La mort ! Que dis-tu Mbarka Dia ? » « Oui mes sœurs. Nous devons mourir en femmes libres, et non vivre en esclaves. Que celles qui sont d'accord me suivent dans la grande case du conseil des Sages. Nous y entrerons toutes et nous y mettrons le feu... C'est la fumée de nos cendres qui accueillera nos ennemis. Debout mes sœurs ! Puisqu'il n'y a d'autre issue, mourrons en dignes femmes du Walo ! »...

Le soleil était maintenant haut dans le ciel. Un silence angoissant s'abattit sur le village. Muettes de désespoir, les femmes s'avancèrent lentement vers la vaste case qui s'élevait, imposante, au milieu du village. Pas une n'avait osé s'opposer à Mbarka Dia, de crainte que l'écho de leur couardise ne rejaillisse sur leur descendance. Une dernière fois elles contemplèrent le décor familier de leur quotidien, laissèrent traîner leurs regards embués de larmes sur les volailles affolées, les greniers pillés, les pilons abandonnés sur le sol, les marmites renversées, les cases éventrées et tous ces cadavres de proches qui commençaient à gonfler sous l'effet de la chaleur...

Alors elles s'entassèrent dans la case principale. Quelques jeunes mères qui n'avaient pas voulu se séparer de leurs nouveau-nés, les serraient contre leurs seins, à les étouffer. La dernière à pénétrer dans la pièce était enceinte et près de son terme. Mbarka Dia ferma la porte. D'un geste précis, elle enflamma une torche et sans même un tremblement, la lança contre l'une des façades de branchages. Aussitôt jaillit un immense brasier. A l'intérieur de la case, les femmes enlacées, serrées les unes contre les autres, entonnèrent, comme pour se donner un dernier sursaut de courage, des berceuses et de vieux refrains qui depuis leur enfance avaient rythmé leurs activités.

Les chants commencèrent à faiblir... aussitôt remplacés par de violentes quintes de toux. C'est alors que la future mère, guidée par son instinct de survie, poussa violemment la porte d'un coup de pied et, happant une goulée d'air, se précipita à l'extérieur où elle s'évanouit sur la terre battue. Celles qui vivaient encore ne bougèrent pas. Quelques-unes eurent le temps de murmurer : « Qu'on la laisse. Elle témoignera de notre histoire et le dira à nos enfants qui le raconteront à leurs fils pour la postérité. » Celles qui n'avaient pas encore été asphyxiées continuaient à chercher dans leurs chants de supplique, le courage de rester dans ce cercueil incandescent. Et les voix s'éteignirent peu à peu... Tout à coup, un effroyable craquement domina le crépitement des flammes. La charpente du toit venait de s'affaisser sur les corps. C'est un silence de mort qui accueillit les hommes arrivés trop tard au secours du village. Toutes les femmes de Nder avaient péri. Sauf une.

Les anciens affirment qu'à ce moment là, de gros nuages noirs voilèrent le ciel et tout devint obscur. Comme pour cacher la douleur de ces pères, de ces fils et de ces époux, anéantis par un désespoir que ni leurs cris, ni leurs larmes ni même le temps, ne sauraient apaiser. A partir de ce jour et pendant très longtemps, s'instaura dans le village de Nder un rite connu sous le nom de « Talata Nder », pour honorer la mémoire de ces héroïnes. Chaque année, un mardi du mois de novembre, aucune activité ne venait troubler cette journée de souvenir. Et pendant de longues heures, hommes et femmes, jeunes et vieux, restaient enfermés à l'intérieur de leurs concessions pour prier et rendre hommage au sacrifice des femmes de Nder.

Aujourd'hui, me dit-on, ce petit village du Walo est livré à l'abandon et à l'effacement de la nature, comme de la mémoire. Aucune commémoration ne vient plus rappeler la page d'histoire qui s'y est écrite. Nos dignes ancêtres de Nder ne mériteraient-elles pas mieux que l'indifférence après cette belle leçon d'héroïsme qu'elles nous ont laissée ?

Source : Reine d'Afrique et héroïne de la diaspora noire de Sylvia Serbin.


30 Avril Haiti – Ephéméride du jour


30 Avril 1958.- Premier complot contre le président François Duvalier
Le complot fut découvert à la suite d’une explosion prématurée d’une bombe artisanale à Mahottière près de Carrefour, alors banlieue de Port-au-Prince. Les conjurés dont Yves Bajeux, Frank Léonard furent immédiatement arrêtés. Duvalier, qui avait été investi six mois plus tôt, profita de l’occasion pour se défaire de quelques-uns de ses ennemis, des partisans du candidat malheureux Louis Déjoie.

30 Avril 1961. Elections parlementaires: Sans qu’on ait prévu d’élections présidentielles, le nom de François Duvalier apparut sur tous les bulletins de vote, et quelques jours après, il sera déclaré ré-élu.

30 Avril 1963. Une mission de l’OEA est accueillie par une foule immense mobilisée par le gouvernement de François Duvalier: Une mission d’enquête de l’Organisation des Etats Américains (Oea) arrive à Port-au-Prince, suite à la violation de l’ambassade de la République Dominicaine par 
les troupes gouvernementales haïtiennes.

La mission est accueillie par des milliers de gens qui chantent, dansent et se saoulent au tafia. Ils sont 30 à 40,000 d’après certains témoins, 100,000 selon la presse officielle et 150,000 dans les mémoires de Duvalier.

30 Avril 2014. Résolution établissant, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH): Suite au départ précipité de Jean-Bertrand Aristide, l’ONU se donna un rôle de premier plan en Haiti.

Déjà dans la soirée du 29 février, le Conseil de Sécurité des Nations Unies avait voté, à l’unanimité, une Résolution autorisant le déploiement immédiat d’une Force Multinationale Intérimaire (MIF). En ce jour, le même Conseil approuva, à l’unanimité, une nouvelle Résolution (1542) établissant, à partir du 1er juin, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) qui sera dirigée par un Représentant Spécial du Secrétaire Général.

Cette force sera responsable de bien de malheurs dont l’introduction du choléra en Haiti et viols de mineurs.

30 Avril 1930. Bénédiction de la route Pétion-Ville – Kenscoff: Deuxième tronçon de route à être asphalté après celui reliant la capitale, Port-au-Prince, à Pétion-Ville. L’Archevêque-coadjuteur, Mgr. Joseph Leguaze présida la bénédiction.

source

29 Avril Haiti – Ephéméride du jour


29 Avril 2007. Décès Joseph Nérette, président de facto: Né à Port-au-Prince le 9 avril 1924, Joseph Nérette siégeait à la Cour de Cassation quand il fut appelé, en octobre 1991, par les militaires putschistes pour remplacer le président Jean-Bertrand Aristide. Quelques neuf mois plus tard, il fut démis de ses fonctions et remplacé par Marc Louis Bazin, premier ministre dans un gouvernement devenu monocéphale.

 29 Avril 28 avril 1798 : Négociations Toussaint-Louverture - Maitland

Le Général Toussaint Louverture informe le Général Hédouville, agent du Directoire à Saint-Domingue, qu’il entame des négociations avec le Général Maitland, Commandant des troupes anglaises, en vue de l’évacuation des parties du territoire de la colonie qu’elles occupent. Initiative approuvée par Hédouville.

source

vendredi, avril 29, 2016

L'abbé Marcel Pulvar


En ces années ou le pouvoir politique, s'offrait encore sans état d'âme, une dérogation quant à la séparation de l'église et de l'état, ce compagnon de Jean XXIII, qui participa au concile Vatican II, ne put être nommé évêque comme il aurait du l'être pour son action pastorale, car ses idées dérangeaient. Il fut donc nommé à titre honorifique, "Chanoine de la Martinique". Il fut le bâtisseur de Notre-Dame de Fatima, à Desmarinières, aujourd'hui laissée à l'abandon. Partisan d'une rénovation de l'église, il inaugura des messes illustrées avec des chants composés sur le modèle folklorique martiniquais.

Richard Pulvar

dimanche, avril 24, 2016

Extrait de la causerie de Jules Renquin, Ministre Belge des Colonies, en 1920 avec les premiers missionnaires catholiques du Congo-Belge.


Les devoirs des Missionnaires dans notre colonie

Révérends Pères et Chers Compatriotes, soyez les
bienvenus dans notre seconde patrie, le Congo Belge

La tâche que vous êtes conviés à y accomplir est très
délicate et demande beaucoup de tact. Prêtres, vous
venez certes pour évangéliser. Mais cette
évangélisation doit s’inspirer de notre grand principe
 : tout avant tout pour les intérêts de la métropole
(Belgique).

Le but essentiel de votre mission n’est donc point
d’apprendre au noirs à connaître Dieu. Ils le
connaissent déjà. Ils parlent et se soumettent
à un NZANBE ou un NVINDI-MUKULU, et que sais-je
encore ? Ils savent que, tuer, voler, calomnier,
injurier.. est mauvais.

Ayant le courage de l’avouer, vous ne venez donc pas
leur apprendre ce qu’ils savent déjà. Votre rôle
consiste, essentiellement, à faciliter
la tâche aux administratifs et aux industriels. C’est
donc dire que vous interpréterez l’évangile de la
façon qui sert le mieux nos intérêts
dans cette partie du monde. Pour ce faire, vous
veillerez entre autres à :

- 1. Désintéresser nos "sauvages" des richesses
matérielles dont regorgent leur sol et sous-sol, pour
éviter que s’intéressant, ils ne nous fassent
une concurrence meurtrière et rêvent un jour à nous
déloger.
Votre connaissance de l’évangile vous
permettra de trouver facilement des
textes qui recommandent et ’font aimer la pauvreté’.
Exemple : « Heureux sont
les pauvres, car le royaume des cieux est à eux » et
« il est plus difficile à un riche d’entrer au ciel
qu’à un chameau d’entrer par le trou d’une aiguille ».
Vous ferez donc tout pour que ces Nègres aient peur de
s’enrichir pour mériter le ciel..

- 2. Les contenir pour éviter qu’ils ne se révoltent.
Les administratifs ainsi que les industriels se
verront obligés de temps en temps, pour se faire
craindre, de recourir à la violence (injurier,
battre..). II ne faudrait pas que les Nègres
ripostent ou nourrissent des sentiments de vengeance.
Pour cela, vous leur enseignerez de tout supporter.
Vous commenterez et les inviterez à suivre l’exemple
de tous les saints qui ont tendu la deuxième joue, qui
ont pardonné les offenses, qui ont reçu
sans tressaillir les crachats et les insultes.

- 3. Les détacher et les faire mépriser tout ce qui
pourrait leur donner
le courage de nous affronter.
Je songe ici
spécialement à leurs nombreux fétiches de guerre
qu’ils prétendent les rendre invulnérables. Étant
donné que les vieux n’entendraient point les
abandonner, car ils vont bientôt disparaître, votre
action doit porter essentiellement sur les jeunes.

- 4. Insister particulièrement sur la soumission et
l’obéissance aveugles.
Cette vertu se pratique mieux
quand il y a absence d’esprit critique. Donc
évitez de développer l’esprit critique dans vos
écoles. Apprenez-leur à croire et non à raisonner.
Instituez pour eux un système de confession qui
fera de vous de bons détectives pour dénoncer tout
noir ayant une prise de conscience et qui
revendiquerait l’indépendance nationale.

- 5. Enseignez-leur une doctrine dont vous ne mettrez
pas vous-même les principes en pratique. Et s’ils vous
demandaient pourquoi vous comportez-vous contrairement
à ce que vous prêchez, répondez-leur que "vous les
noirs, suivez ce que nous vous disons et non ce que
nous faisons". Et s’ils répliquaient en vous faisant
remarquer qu’une foi sans pratique est une foi morte,
fâchez-vous et répondez : "heureux ceux qui croient
sans protester".

- 6. Dites-leur que leurs statuettes sont l’oeuvre de
Satan.
Confisquez-les et allez remplir nos musées : de
Tervurene, du Vatican. Faites oublier aux noirs leurs
ancêtres.

- 7. NE PRÉSENTEZ JAMAIS UNE CHAISE À UN NOIR QUI VIENT
VOUS VOIR.
Donnez-lui tout au plus une cigarette. Ne
l’invitez jamais à dîner même s’il vous tue une poule
chaque fois que vous arrivez chez lui.
NE JAMAIS DIRE "VOUS" À UN NOIR, CAR IL SE CROIRAIT
L’ÉGAL DU BLANC..

- 8. CONSIDÉREZ TOUS LES NOIRS COMME DES PETITS ENFANTS
que vous devez CONTINUER À TROMPER.
Exiger qu’ils
vous appellent TOUS "MON PÈRE".

- 9. Criez au communisme et à la persécution quand ils
vous demandent de cesser de les tromper et de les
exploiter.

Ce sont là, Chers Compatriotes, quelques-uns des
principes que vous appliquerez sans faille. Vous en
trouverez BEAUCOUP D’AUTRES dans des livres et textes
qui vous seront remis à la fin de cette séance. Le Roi
attache beaucoup d’importance à votre mission. Aussi,
a t il décidé de faire tout pour vous la faciliter.
Vous jouirez de la très grande protection des
administratifs. Vous aurez de l’argent pour vos oeuvres
évangéliques et vos déplacements.
Vous recevrez gratuitement des terrains de construction pour leur mise en valeur, vous pourrez disposer d’une main d’oeuvre gratuite.

Voilà donc Révérends Pères et Chers Compatriotes, ce que j’ai été prié de vous faire savoir en ce jour.

Main dans la main, travaillons donc pour la grandeur de notre Chère Patrie.

(Source : Avenir colonial Belge,
30 octobre 1921)

jeudi, avril 21, 2016

PHARAONNES…



Il y eut dans l’Egypte ancienne, au moins une quinzaine de reines qui furent très étroitement et très activement associées à l’exercice du pouvoir dans tous ses aspects, qu’ils soient régaliens ou même religieux, certaines portant le titre de “divine adoratrice d’Amon”, auprès de leurs époux. Et ceci particulièrement, lorsqu’il s’agissait d’assurer la stabilité du royaume quant ces pharaons s’absentaient durablement pour s’en aller guerroyer dans des contrées lointaines…

Il y en eut également comme la reine Meryt Neith de la 1ère dynastie, et la reine Ahmose Nefertari (à gauche sur l’illustration) de la 18ème dynastie qui, pour assurer la régence entre la mort de leur époux et la prise de fonction de l’héritier de celui-ci, bénéficièrent des années durant de tous les pouvoirs dévolus au pharaon mais sans toutefois en posséder le titre, même si l’une d’elle, la reine Taousert de la 19ème dynastie, s’attribua elle-même du temps de sa régence, une titulature royale…

Cependant, il y en eut au moins deux, la reine Sobekneferou de la 12ème dynastie, et surtout, la grande reine Hatchepsout de la 18ème dynastie (à droite sur l’illustration) qui, à partir d’une régence qu’elles accomplissaient avec succès, s’arrangèrent alors que l’usage ne le permettait pas, pour se faire officiellement couronner et introniser comme étant pharaon d’Egypte, avec la titulature et la plénitude de l’exercice du pouvoir, et qui furent ainsi de véritables pharaonnes…

Richard Pulvard

lundi, avril 18, 2016

16 avril 1827 : Création de la Gourde



Vote de la loi créant la monnaie haïtienne, la Gourde, sous la présidence de Jean-Pierre Boyer. Le nom de "gourde" vient de la francisation de la monnaie espagnole le "peso gordo" (peso lourd ou peso-or).
Les premiers papiers monnaie émis par un gouvernement haitien remonte à l’année 1827, sous la présidence de Jean Pierre Boyer (1818-1843).Ces billets ont été autorisés par la loi du 16 Avril 1827 et circulèrent sous les dénominations d’une (1), de deux (2), quatre (4), huit (8), dix (10), seize (16) et vingt-cinq (25) gourdes. Leurs dimensions et présentation variaient suivant les émissions.

La valeur de la gourde par rapport aux devises étrangères de l’époque n’est pas connue. Cependant, Suzie Castor rapporte que le papier monnaie qui circulait à la fin de la présidence de Sylvain Salnave (1867-1869) n’avait aucune valeur. Il fallait près de mille gourdes pour faire un dollar américain. Et la gourde dut affronter la concurrence déloyale d’autres monnaies dont le peso mexicain et le dollar américain. Ces derniers, ayant été imposés par simple décret administratif 3. Par moquerie, les Haïtiens appelaient ces billets, parfois grossièrement imprimés, ‘zorèy bourik’.

La Convention du 13 Avril 1919 (devenue caduque en 1969) fixa le taux de change à cinq gourdes pour un dollar américain. Ce taux resta en vigueur jusqu’au début des années 80. Le coup de grâce fut donné en 1989 quand 56 millions de la devise américaine furent expatriés. Leslie Delatour, un économiste et ancien ministre des Finances du Conseil national de gouvernement, qualifia cette fuite de capitaux de « véritable saignée »3. Depuis lors, la monnaie haïtienne s’est considérablement dévaluée par rapport au dollar américain. Le marché se libéralisa et le taux de change devient très fluctuant.

16 Avril 1845.- Louis Pierrot devint président d’Haiti remplaçant Philippe Guerrier décédé la veille:
Agé de 84 ans au moment de son élection, cet ancien combattant de la guerre de l’indépendance ne vint à Port-au-Prince pour prendre possession de son siège que le 8 mai. Il ne tarda pourtant pas à transporter le siège de la présidence au Cap.

16 Avril 1848.- Début d’un carnage tendant à éliminer les adversaires de gouvernement de Faustin Soulouque:
Tout a débuté par un coup sur la cour du palais nationale. Des hommes sous le commandement du général Maximillien Augustin, dit Similien, se livrèrent à un vrai carnage ciblant les opposants qui n’avaient pas eu le temps de demander la protection des consuls en place à Port-au-Prince.

C’est arrivé aujourd’hui !… : 18 Avril Haiti


18 Avril 1852.- Sacre de Faustin 1er. comme empereur d’Haiti: Empereur sous l’égide de la constitution impériale promulguée le 20 septembre 1849, Il a attendu près de 31 mois pour se faire sacrer après deux semaines de réjouissances et de festivités.

18 Avril 1807.- Loi créant la première force de police: Le premier corps de police fut établi à Port-au-Prince., composé de seulement 25 hommes commandés par un capitaine et un lieutenant. Ces policiers qui s’occupaient surtout de l’hygiène et de la tranquillité des rues, portaient un uniforme bleu à boutons blancs, une épée et un chapeau retapé.

lundi, avril 04, 2016

“COMBIEN DE NAVIRES ONT AINSI EMPORTE A TRAVERS L’ATLANTIQUE, DES ENNEMIS JURES, ENCHAINES L’UN A L’AUTRE "


Quelle fut la responsabilité des Africains dans la déportation transatlantique ?

Aucune se dépêcheront de dire certains, mineure, nuanceront d’autres...

Le pire c’est que cette dénégation dont on ne saurait dire si elle est plus indécente que stupide, sera souvent le fait de descendants d’esclaves eux-mêmes, qui commettront ainsi une double trahison. D’une part, celle de n’avoir pas avoir fait l’effort documentaire qu’il leur était moralement fait obligation vis à vis du martyr de leurs ancêtres, pour partager par la mémoire, la réalité et non une histoire fictive pour leur arrangement personnel, de leur odyssée. Mais également, par la non dénonciation, toujours parce que cela les arrange mieux ainsi, des circonstances peu glorieuses qui ont valu à ces malheureux de se retrouver captifs, par le fait de leurs semblables. Car ceux qui se retrouvaient dans la cale du bateau savaient très bien par quel cheminement malheureux ils s’étaient retrouvés là, et que leur sort fut scellé bien avant qu’ils n’aient aperçu pour la première fois de leur vie, un homme blanc...

Oui, absoudre ainsi, par une attitude simplificatrice et irresponsable voulant que dans cette affaire il y eut tout simplement les bons d’un coté et les mauvais de l’autre, ceux des ennemis féroces de ces malheureux qui furent la cause effective de leur captivité, c’est nier en les trahissant, ce qui fut la moitié de leur douleur.

Bien sûr, nous connaissons le schéma si facile et toujours réitéré auquel s’accrochent d’autant plus ceux qui se trouvent dans cette posture, que sa stupidité permet d’y accoler d’autres concepts fantasmatiques tels que celui d’un prétendu “peuple noir”, et selon lequel des hommes blancs s’en seraient venus d’Europe pour capturer des hommes de ce peuple noir qui vivait jusqu’alors uni dans la paix et la sérénité, afin de les emmener comme esclaves aux Amériques, et aussi simplement qu’il suffit de l’énoncer...

Ceci leur permet de ne donner qu’une seule couleur à la culpabilité dans cette affaire, et de manifester contre celle-ci une vindicte qui aurait risqué autrement de concerner également certains avec lesquels ils font front, et malgré l’évidence que les choses n’auraient pas pu se passer de la sorte, ces gens vous soutiendront ce bobard avec virulence.

Et tout cela, même si vous leur faites remarquer qu’à condition de déjà y mettre des moyens militaires conséquents, ce qui ne sera le cas que durant la période de la colonisation qui viendra beaucoup plus tard, ce genre d’opération de chasse et de capture massive de nègres dispersés jusqu’au plus profond de la savane ou de la forêt, parfois même à des centaines de kilomètres des côtes, combien même il aurait été ponctuellement faisable, et il ne l’était manifestement pas, il ne l’aurait certainement pas été dans la durée.

Car, sauf à prendre les Africains pour les derniers des derniers, la surprise aidant, ce genre d’opération aurait peut-être pu fonctionner durant quelques temps, quelques années tout au plus, mais certainement pas sur toute la durée de trois long siècles pendant lesquels pourtant prévenus, expéditions après expéditions, années après années, capture après capture, jamais ces Africains n’auraient trouvé durant tout ce temps la moindre parade, ne serait-ce qu’en se regroupant pour faire efficacement front à ce qui n’était à l’époque que quelques poignées d’aventuriers, afin de se soustraire à cela...

Et c’est là qu’apparait la mystification car il est clair que la durée aussi longue de la déportation ne peut s’expliquer que si elle se trouve articulée sur une disposition qui était propre au continent africains et qui en l’occurrence, était la “mise en servitude”, telle qu’elle se pratiquait depuis des lustres, principalement des vaincus des conflits incessants entre nations africaines, qui sévissaient alors et qui hélas perdurent aujourd’hui. Et ce; même s’il n’existait pas à l’origine de commerce de ces captifs, coutume qui sera apportée par les Arabes, imités en cela par les Européens dont la lourde faute historique consistera en l’ampleur dévastatrice qu’ils donneront à celui-ci.

Et qu’on ne nous parle pas en télescopant les époques et en accordant aux aventuriers du 16ème siècle qui ne disposaient que de vieilles pétoires à pierre qui tiraient un coup toutes les dix minutes en étant placées sur un chevalet, la mobilité des armes à feu qui n’apparaîtront qu’au 19ème siècle, pour nous faire croire que c’est grâce à cela que ces aventuriers dont les tenants de ce bobard ne se préoccupent jamais de nous dire combien ils étaient, ont pu avec quelques poignées d’hommes encercler des villages entiers pour en faire captifs les habitants probablement rendus incapables de se défendre parce qu’apeurés, et surtout, organiser les fameux “convois”, qui permettaient après plusieurs semaines de marche, de faire parvenir les captifs de l’intérieur des terres jusqu’à la côte, au milieu des populations hostiles...

Tout cela est non seulement faux, mais parfaitement stupide...
  
Le plus incroyable dans cette affaire, c’est qu’il n’y a pas lieu de se questionner jusque dans la nuit des temps pour savoir ce qui s’est effectivement passé. Car, contrairement à ce que s’imaginent certains, nous disposons d’une très abondante documentation, établie avec toute la rigueur des documents comptables et des livres de bord des navires négriers, pour mettre en évidence ce qui fut tout simplement ainsi que l’indique directement le mot “traite”, lequel n’a rien à voir avec un éventuel traitement infligé aux esclaves, mais qui décrit une opération commerciale, terme qui est d’ailleurs à l’origine du mot anglais “trade”, ce qui fut un gigantesque commerce d’hommes rendus captifs par leurs semblables, en échange de produits manufacturés en provenance d’Europe.

Toute la malhonnêteté dans cette affaire, c’est de feindre de croire pour les uns, et de proclamer bruyamment pour les autres, que ce sont les Européens qui s’en allaient eux-mêmes faire des captifs chez les Africains qui ignoraient tout de cette pratique, et qui par conséquent, portent l’entière et exclusive responsabilité dans ce désastre. Et ce faisant, alors qu’il est clair qu’il y eut dans cette affaire des vendeurs et des vendus, ces gens commettent le crime de solidariser la mémoire des vendus avec celle de ceux qui les ont vendus, en salissant ainsi celle des premiers. Qui peut croire que cette façon de descendants d’esclaves, de falsifier ainsi la mémoire de leurs martyrs, pourrait leur valoir la faveur de la destinée ?

Ceci étant, il est certain que des Africains n’ont pas du manquer de se faire razzier directement le long des côtes, comme cela s’est toujours fait depuis la lointaine antiquité sur les bords de la Méditerranée, mais ces malheureux capturés directement par des Européens, selon un schéma qu’on veut faire passer pour avoir été la cause essentielle de la traite, ne représentent pas grand chose parmi les millions et les millions de captifs qui furent déportés, et qui étaient pour la plupart, des captifs des guerres que des nations africaines se livraient, précisément afin d’alimenter une demande croissante de leurs clients Européens en captifs. Ces gens faisaient alors du captif, comme d’autres font de l’agriculture...

Il faut bien comprendre que telle est la logique même du commerce dit “triangulaire”, celle de bateaux partant principalement des ports de l’Atlantique tels que Nantes et Bordeaux concernant la France, chargés des “paquets”, d’ou le nom de “pacotille” concernant la valeur relativement faible de leur contenu, eu égard aux vies d’hommes qu’il permettait d’acquérir, afin d’un troc pour se procurer des esclaves, puis s’en allant les vendre aux Amériques, pour revenir  en Europe chargés de produits qui étaient alors exotiques tels que le sucre et le coton.

Si donc c’était les Européens qui se chargeaient de capturer eux-mêmes les Africains, il n’y aurait pas eu lieu que se développent en Europe, toutes les activités qui étaient liées à ce commerce. Or pour bien prendre la mesure des choses, et sortir de cette imagerie stupide de quelques aventuriers s’en allant razzier sur les côtes d’Afrique, il faut savoir que pour un pays comme la France, les activités liées directement ou indirectement à ce commerce, représentaient 1/5 de l’activité commerciale totale de ce pays, et 1/8 des emplois, ce qui était absolument considérable...!

Une campagne négrière était une opération extrêmement importante et complexe à organiser, qui coûtait à l’époque l’équivalent du prix d’un hôtel particulier parisien, c’est dire. C’est d’ailleurs ce qui justifie toute la documentation comptable dont on dispose aujourd’hui, d’autant que ces campagnes ont justifié la mise en place d’opérations bancaires qui existent encore dont les fameuses “lettres de change” qui permettaient aux capitaines négriers, de ne pas avoir à rapporter d’argent des Antilles pour servir ainsi d’appâts aux pirates, et qui sont devenus ce que l’on appelle justement aujourd’hui, des “traites”.

Il fallait préparer les navires pour des campagnes qui pouvait durer jusqu’à neuf mois, en les armant dans les deux sens du terme, celui des armateurs qui se chargeaient de recruter les personnels et de prévoir les équipements, et dans le sens militaire car il s’agissait au départ de navires marchands sur lesquels on installait des pièces pour faire face à la piraterie, et deux pièces au moins dirigées vers le pont, pour le cas où il se produirait une révolte d’esclaves, ce qui n’était d’ailleurs pas le danger le plus probable pour les capitaines négriers.

Car, le danger le plus probable, c’était le risque de règlements de comptes furieux qui se produisaient assez fréquemment au fond de la cale, entre membres de tribus ennemies, d’ou la remarque du capitaine Théodore Cannot citée en titre, car on s’arrangeait pour ne pas emporter trop de membres d’une même tribu d’un coup, pour que justement ne puissent pas s’organiser de révoltes...

Il fallait de plus prévoir de quoi bien sûr nourrir et entretenir les captifs autant que les équipages durant des mois, étant entendu que le but de la manœuvre n’était pas de livrer des cadavres aux Amériques, ce qui demandait des préparatifs importants et coûteux, en plus de tous les matériels nécessaires pour entraver les esclaves.

Ces opérations ne s’improvisaient pas, et pour se procurer des captifs; les capitaines pouvaient procéder à ce que l’on appelait la traite “ à la volée ”, laquelle consistait pour eux, après avoir donné un coup de canon pour signaler leur présence le long des côtes, à faire disposer par des matelots, des “paquets” sur le rivage.

Les Africains s’en venaient constater ce qui leur était proposé, puis après avoir emporté le paquet, s’en revenaient avec quelques captifs qu’ils proposaient au choix du commis du capitaine négrier. Mais ce type de traite prenait du temps pour n’emporter que quelques captifs à chaque fois. Les capitaines préféraient donc s’adresser aux “factoreries”, ces comptoirs tenus par des Européens, où les “convoyeurs”, ces Africains qui avaient à charge la conduite et la surveillance du convoi, et dont les descendants aujourd’hui sont ces Africains qui portent des noms portugais, livraient les convois, et où ils pouvaient acquérir d’un coup plusieurs dizaines d’esclaves.

Lorsqu’après avoir livré bataille et fait de nombreux captifs, un roi envisageait de faire sa livraison, une estafette s’en allait annoncer sa venue pour qu’il soit correctement accueilli dans la factorerie. Le premier jour n’était destiné qu’à faire ripaille, les négociations serrées ne s’engageant que le lendemain. A ce sujet, circulait à cette époque un “guide” du capitaine négrier, pour lui indiquer quels était les meilleurs endroits pour se procurer des captifs, et tout ce qu’il fallait savoir pour pouvoir opérer le bon choix parmi ceux-ci, en particulier comment parvenir à établir leur âge, et bien sûr leur bon état de santé.

En échange de leur livraison, les Africains recevaient principalement, des outils, des métaux, des étoffes, du mobilier, de la vaisselle et de la verroterie, de l’alcool, et également ce dont ils étaient les plus demandeurs, des armes. Ceci pour défaire la légende selon laquelle il y avait conflit à cette époque, entre eux et les Européens et il est remarquable que dans tous les fortins qui furent érigés le long des côtes par ces derniers pour protéger ce commerce, aucune des pièces d’artillerie n’était orientée vers les terres d’où aurait pu venir un danger africain, mais qu’elles étaient toutes orientées vers la mer, pour faire échec à la concurrence d’autres nations européennes auprès des Africains.

Certaines tribus de la côte s’étaient spécialisées pour fournir en produits frais les navires négriers, et surtout, pour se charger d’opérer le transbordement vers ces navires ancrés loin du bord là où il n’y avait pas de port, les dizaines de captifs qui voyaient en ces instants les dernières chances pour eux de s’évader, et qui était prêts à tout tenter, encadrement musclé à bord d’embarcations, qui ne pouvait se faire par les seuls quelques matelots du bord...

Il faudrait bien sûr encore beaucoup développer concernant cette affaire, mais ce qu’il est intéressant d’en retenir pour l’instant, c’est que ce sont exactement les mêmes dispositions des Africains vis à vis de leurs semblables, qui ont fait la faveur opportuniste des Européens à l’époque, et qui, à cause même de ce déni qui n’a pas permis de mettre à plat toute cette affaire afin d’en tirer des enseignements profitables, se trouve à l’origine de tous les désastres africains d’aujourd’hui.

C’est ainsi que la mise en servitude qui a existé sur tous les continents de cette planète, et qui est bien l‘archaïsme social de l’Afrique de l’époque que les Européens vont savoir parfaitement exploiter, perdure encore jusqu’aujourd’hui dans certains endroits du continent dont la Mauritanie. C’est en exploitant les rivalités des nations africaines que les Européens vont parvenir à déstabiliser totalement ce continent avant d’en faire la conquête. Or, cette façon de faire, ils l’opèrent encore avec toujours autant de bonheur jusqu’aujourd’hui. C’est en favorisant certains chefs en les armant, afin qu’ils puissent leur livrer les richesses du continent, humaines autrefois, matérielles aujourd’hui, qu’ils sont parvenus et parviennent toujours à exploiter ce continent...

Tant que de façon bornée et avec la plus totale malhonnêteté intellectuelle, certains continueront à demeurer dans le déni, les différentes communautés concernées par cette affaire, qu’elles soient alors du continent ou de sa diaspora, ne seront pas libérées des tares comportementales qui font aujourd’hui leur grande faiblesse, et leur malheur...


                                        Paris, le 6 février 2015
                                            Richard Pulvar  

dimanche, avril 03, 2016

DANSE DE GUERRIERS ET DE BEAUTES CHEZ LES NAGAS


Il s’agit d’un ensemble de tribus de redoutables guerriers du nord-est de l’Inde, qui sont demeurés des coupeurs de têtes jusque dans les années soixante, et qui furent rassemblés en 1920 en une entité, le Nagaland, sous la férule des Britanniques, en acquérant ainsi une conscience nationale.

Certains Nagas rassemblés dans le “Naga National Concil”, mènent aujourd’hui une lutte indépendantiste, car ce peuple possède deux particularités qui le singularisent par rapport au reste de l’Inde, tout d’abord le fait qu’il s’agit de “Chinkis”, autrement dit de Chinois de l’Inde, et parce qu’il est chrétien à 85%...

Les Nagas avaient obtenu des Britanniques à la veille de leur départ de l’Inde, un délai et une protection durant ce délai, pour décider par référendum de leur avenir politique, et c’est à plus de 90% qu’ils se sont prononcés pour leur indépendance, avec le soutien du Mahatma Gandhi qui malheureusement pour eux, se fera assassiner l’année suivante…

A ce référendum, les autorités Indiennes désireuses de conserver à tout prix le Nagaland répondront par la proclamation de la loi martiale et une occupation armée du pays, qui sera l’occasion de terribles exactions menées par les militaires contre les femmes nagas. Celles-ci vont à cause de cela massivement s’engager et jouer un rôle essentiel qui le demeure aujourd’hui, dans le mouvement de libération…

Curieusement, alors que les Nagas sont volontiers ostracisés en Inde, il n’en demeure pas moins que la grande beauté de leurs femmes fascine et même obsède littéralement d’autant les autres Indiens, que ceux-ci veulent les croire “faciles”, parce que découvrant largement leurs épaules et leurs jambes, elles ne sacrifient pas au code vestimentaire des autres femmes de l’Inde…

Richard Pulvar