dimanche, juin 12, 2016

Ils font dire à Césaire...


Marre que des gens (de bonne ou mauvaise foi) fassent croire qu'Aimé Césaire était contre les réparations. La citation est le plus souvent tronquée. Lisez jusqu'au bout et vous verrez ce qu'il en est. J'ai même fait toute une anthologie sur les réparations pour rétablir les faits. A ceux qui ne l'ont pas lu je me permets de citer à nouveau le grand homme.

Louis-George Tin



 "On est en effet venu me voir à ce sujet et, quand on m'a parlé de demande de réparations, j'ai répondu : « Ecoutez-moi, faites comme vous pouvez. Si cela marche, tant mieux, mais moi je considère que c'est tiré par les cheveux ». Ce serait trop facile : « Alors toi, tu as été esclave pendant tant d'années, il y a longtemps, donc on multiplie par tant : voici ta réparation. » Et puis ce serait terminé. Pour moi, l'action ne sera jamais terminée. C'est irréparable. C'est fait. C'est l'histoire, je n'y peux rien. La réparation, c'est une affaire d'interprétation. Je connais suffisamment les Occidentaux : « Alors mon cher, combien ? Je t'en donne la moitié pour payer la traite. D'accord ? Tope-là ». Puis c'est fini : ils ont réparé. Or, selon moi, c'est tout à fait irréparable (…). Quelle réparation peut-il y avoir ? Il faut trouver un terme, oui, mais il est secondaire que ce soit « réparation » ou autre chose. Je crois que l'Afrique a droit moralement à une réparation. Essayons d'employer d'autres termes, et ne nous présentons pas comme une bande de mendiants qui viennent demander réparation pour un crime commis, il y a deux ou trois siècles. Bon on va croire que je suis contre la réparation ; ce serait une polémique de plus absolument inutile. Je pense que les Européens ont des devoirs envers nous, comme à l'égard de tous les malheureux, mais plus encore à notre égard pour des maux dont ils sont la cause. C'est cela que j'appelle réparations, même si le terme est plus ou moins heureux"

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