Jean Sénat Fleury,
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"Haïti berceau de la lutte pour la liberté."
À l'occasion de la journée internationale de commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, l'Assemblée générale de l'ONU dans un hommage unanime à la première république noire et aux innombrables victimes de la traite négrière a salué la contribution énorme d'Haïti à la lutte pour la liberté dans le monde.
Le fait que la double révolution haïtienne –émancipation et abolition de l'esclavage- selon le professeur Anthony Bogues de la "Brown University" ait posé la question de la liberté, a conféré à ce mouvement une portée mondiale. Aucune autre révolution de cette période, ni l'américaine ni la française n'a posé cette question. Il faut donc cesser de voir Haïti comme une nation marginalisée de l'Occident et commencer à réaliser la contribution "historique" qu'il a apportée à la liberté humaine, élément central de l'édification du monde moderne.
La traite des esclaves et l'esclavage reste l'un des chapitres les plus horribles, brutaux et douloureux, non seulement de l'histoire de l'Afrique, mais de l'ensemble de l'humanité. Aussi, le fait qu'Haïti a réalisé la première révolution anti-esclavagiste dans le monde en chassant les Français de St-Domingue, cette révolution a détourné le coup de l'histoire. En effet, la victoire des troupes indigènes sur les troupes françaises à Vertières, a déjoué le plan de Napoléon Bonaparte dans son ambition d'occuper toute l'Amérique. Cette défaite de l'armée française composée d'un corps expéditionnaire mené par son beau-frère Charles Leclerc a été un coup fatal à l'empire français qui dispose à l'époque de la plus puissante armée au monde.
Ne disposant pas de moyens militaires suffisants en Amérique après la débâcle de ses troupes à Saint-Domingue, Napoléon a dû abandonner ses projets de reconstruction de l'empire français au Nouveau Monde, et le 11 avril 1803, quatre mois après la défaite de Rochambeau à Vertières, le ministre français du trésor, le marquis de Barbé-Marbois, propose à Livingston la vente de la Louisiane. Le 30 avril 1803, le traité est signé à Paris par Robert Livingston, James Monroe, Barbé Marbois et Michaël Ryan Toussaint. La France officiellement cède la possession de la Louisiane aux Américains et enterre du même coup le projet de conquérir l'Amérique.
Haïti, dès lors, isolée sur la scène internationale par des puissances impérialistes et esclavagistes et menacée par un retour éventuel des Français, n'a qu'un choix : Aider les autres pays de la région à se défaire des jougs de la colonisation. Le 6 janvier 1806, lorsque Ferrand s'avisa de publier un arrêté qui "autorisait les habitants de l'Est et les troupes sous ses orders à capturer tous les Haïtiens qu'ils pourraient rencontrer pour être vendus comme esclaves dans les îles de l'archipel ; Dessalines prépara à la hâte une expédition. Le 5 février, il rentra dans l'Est, et le 7 mars il met le siège devant la capitale Santo-Domingo.
En février 1806, sur l'ordre de Dessalines, Magloire Ambroise a reçu Francisco de Miranda (leader Sud-Américain qui a combattu pour libérer l'Amérique Latine contre le régime espagnol) et donna des munitions à Miranda et des hommes en renforts pour combattre les Espagnols. Le mois suivant, le 12 Mars 1806, le pavillon vénézuélien fut créé dans le port de Jacmel.
Aider à libérer des peuples de l'Amérique Latine
Pétion et Bolivar se rencontrèrent à Port-au-Prince. Aux Cayes, Bolivar reçoit des armes et des munitions ainsi qu'une importante somme d'argent pour reprendre la lutte en vue de libérer les pays de l'Amérique Latine. En promesse à cette offre, il promet d'abolir l'esclavage partout où il sort victorieux. Il commença par appliquer cette mesure sur lui-même. Il libéra les 1.500 esclaves qui travaillaient sur son vaste domaine de San Matheo, près de Caracas sans condition (Mars 1816). Mais quand il décréta la liberté générale, tous les propriétaires d'esclaves, y compris ses lieutenants, se dressèrent, mécontents, et l'abandonnèrent. Battu le 10 juillet 1816, Bolivar se réfugia à Jacmel. Il y resta 6 mois. De retour dans son pays avec le support moral et financier de Pétion, il remporta des victoires à Junin, à Ayacucho etc. et proclama l'indépendance de Venezuela, de la Colombie, de l'Équateur, du Pérou, de la Bolivie.
Conclusion
La participation de 6 soldats chasseurs volontaires venus de Saint-Domingue parmi lesquels Henry Christophe pour combattre à Savannah dans l'Est de Georgia pendant la guerre d'indépendance américaine (1776-1783) est un autre fait qui illustre que même avant son indépendance, le pays a toujours contribué à la lutte de l'émancipation des peuples dévoués à l'idéal de justice protestant contre l'inégalité et l'oppression de l'homme par l'homme. Ainsi, si la communauté internationale a décidé de supporter le projet de reconstruction d'Haïti après le tragique tremblement de terre du 12 janvier 2010, ce geste n'est qu'un remboursement fait à la première république noire pour sa contribution à la lutte pour la liberté dans le monde.
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