dimanche, avril 18, 2010

Renaître ou Ressusciter : le vrai combat de l’homme noir


La renaissance africaine ne doit certainement pas signifier faire ressusciter le continent comme s’il avait rendu l’âme au cours de son existence pénible : ce serait mal lire les événements, les faits historiques qui ont incontestablement parsemé d’embûches sa marche jusqu’ici. La renaissance africaine ne doit certainement pas signifier faire ressusciter le continent comme s’il avait rendu l’âme au cours de son existence pénible : ce serait mal lire les événements, les faits historiques qui ont incontestablement parsemé d’embûches sa marche jusqu’ici.

L’esclavage et la colonisation nous ont laissés intacts, vierges dans la foi et dans l’espoir d’une liberté prochaine, de la liberté éternelle. Le Nègre a, depuis ces moments sombres, vaincu la pusillanimité, la veulerie, la lâcheté et la peur de la mort biologique. Sa docilité relative dans l’acceptation de sa condition d’esclave ou de colonisé s’appuyait sur un credo solide et une espérance sans faille dans un jour prochain, un jour fait d’éclairci et de Liberté. Cet aïeul qui a accepté de plier sans jamais rompre, espérait tout juste une revanche et un rétablissement de sa splendeur, source de son difficile et long combat.

Je suis convaincu que la renaissance africaine dépasse de loin le symbolisme des commémorations ou les commémorations symboliques que l’on continue de nous servir depuis près d’un siècle. Elle est plus qu’un monument (fût-ce-t-il le plus haut du monde), plus qu’une date (faste et grandiose inauguration du fade édifice sur les Mamelles en ce samedi 03 mars 2010), plus que des résolutions creuses à l’Union africaine, plus que les rêveries fallacieuses et félonnes des usurpateurs de l’histoire du continent, plus que les pérégrinations intellectuelles au seul service du culte de la personnalité et du goût avancé du gigantisme pharaonique.

L’heure de la rupture a sonné : une heure de profonde et courageuse rétrospective, socle inaltérable au sursaut, au réveil, à une nouvelle conscience noire qui ouvrent enfin l’ère des perspectives, des visions justes et bien planifiées au seul service d’une Afrique émergente.

Cette nouvelle vision, ce nouveau souffre, cette enjambée, doivent s’articuler autour d’un puissant courant intellectuel et culturel qui «rend l’Afrique à l’Africain» ; je parle bien entendu de ce citoyen Africain qui n’a jamais été sujet de Sa Majesté ou petit-fils du Gaulois.

L’heure du décollage a sonné : il est temps de retirer la joue droite alors que l’autre a fini de recevoir un soufflet. L’Afrique réclame résolument sa place, une réelle reviviscence dans le concert des Nations
Pour ce, il y a lieu de rendre encore plus visibles la voix du continent et la voie nègre du développement.

LA VOIX DU CONTINENT NOIR DANS LE MONDE NOUVEAU

Une voix au continent noir, c’est quand nous aurons droit à la parole. Mieux, que cette parole fasse un impact tangible à l’Onu et dans les grandes instances de décision du monde. C’est quand nous saurons dire non aux ingérences de toutes sortes : surtout au paternalisme du monde occidental qui sonne comme une nouvelle forme de colonialisme. C’est dire stop à l’immigration choisie qui nous dépeuple de notre élite intellectuelle et artistique comme jadis la Traite négrière l’avait faite avec nos bras les plus valeureux. C’est mettre un frein au déversement quotidien des déchets toxiques sur nos sols, à la détérioration de la couche d’ozone qui menace chaque jour un peu plus notre existence. C’est prendre la responsabilité de se soustraire au diktat du Fmi et de la Banque mondiale qui nous étranglent et nous étouffent sciemment. C’est faire bannir la discrimination raciale avec son lot de brimades, d’incompréhensions et de calomnies. C’est savoir faire front commun contre la détérioration des termes de l’échange dans le commerce mondial où la part de l’Afrique scotche à presque 1% malgré le poids de nos phénoménales ressources minières et halieutiques. C’est aussi savoir parler d’une seule et unique voix pour dire stop aux dérives égoïstes, monarchiques et totalitaires de nos décideurs actuels. C’est lutter efficacement contre la mal gouvernance, les détournements abusifs de deniers publics et contre la fuite des capitaux. C’est aussi arrêter le pillage systématique de nos ressources minières et halieutiques. C’est une Afrique sans rebelles (les rebelles des uns couvés et armés par les autres), sans pandémies et autres épidémies qui nous épouvantent le quotidien. C’est se battre contre l’avancée du désert et la déforestation sauvage (très souvent l’œuvre des compagnies de bois plus proches des chasseurs de primes). C’est encore un continent dépouillé à jamais du spectre des guerres tribales et ethniques qui rappellent cruellement le Moyen-Âge. C’est prendre résolument à cœur le cauchemar de l’érosion et de l’appauvrissement lancinant et progressif des sols cultivables. C’est vaincre pour toujours les inégalités sociales, l’analphabétisme, le manque de formation viable des ressources humaines, la famine cyclique et rotative et enfin le manque effrayant d’eau potable. Tous ces manquements au sillage d’une Afrique essoufflée, demandent des issues vigoureuses ; ils dépassent le folklore des commémorations, le symbolisme creux et abstrait des monuments érigés à l’occasion et l’appel usurpateur à une ethnomusicologie biaisée de sa substance originelle.

UNE VOIE AUTOCHTONE VERS L’EMERGENCE


Une voie africaine du développement ne constitue en rien une chimère : il suffit de nous approprier notre continent. En s’appuyant exclusivement sur nos valeurs séculaires, sur nos réalités quotidiennes et sur notre rythme de vie, la voie africaine du développement n’est ni extrapolation, ni psittacisme mais une réelle application de la pensée négro-africaine faite de partage et de solidarité et essentiellement tournée sur un authentique pari sur le génie de l’homme noir. Elle s’articulera naturellement sur nos aptitudes d’harmonie avec la nature ; en termes plus clairs sur les activités agricoles, halieutiques et forestières. Ces activités protégées de toutes sortes de bradage, permettront à moyen terme le décollage réel d’une industrialisation du continent.

La voie africaine du développement, c’est encore travailler à mieux corriger la balkanisation en donnant aux grands ensembles des contenus plus visibles, plus lisibles, plus vivants, plus viables. Bref, c’est faire le choix salutaire du renoncement aux frontières nationales pour l’Unité économique, monétaire et même politique du continent.

Comment un «scandale écologique» comme notre continent (tant ses richesses minières sont énormes) peut-il se permettre de vivre dans ce dénuement absurde ? La famine avait-elle sa place sur nos immenses terres sillonnées de toutes parts par des fleuves, lacs et autres glaciers ? Nos coquasses réserves naturelles, nos sites historiques authentiques et célestes nous ont-ils servi à attirer les retombées du tourisme mondial ? Qu’avons-nous fait du pétrole, du diamant, de l’or, de l’uranium, de la bauxite, des phosphates et autres mines du sous-sol continental ? De la réponse courageuse à ces questions naîtra une voie africaine du développement : une voie qui partira de nous mêmes pour arriver à nous. S’approprier le continent ne signifie en rien un renferment sur soi ; il permettra plutôt aux Africains que nous sommes de répondre convenablement à l’appel du village planétaire (globalisation et mondialisation) et à la civilisation du donner et du recevoir. Jusqu’ici, qu’avons-nous proposé aux autres hormis le fait de tendre la main ?

La renaissance africaine passera forcément par l’action pour relever ces défis ; des actions concertées, réfléchies, mûries et renouvelées qui nous confèreront sans aucun doute une place honorable sur l’échiquier de la géopolitique mondiale. Penser au symbolisme abstrait des monuments et des commémorations inutiles et dépensiers de nos maigres deniers publics dans ces moments solennels, c’est trahir la cause africaine, c’est réduire l’émergence du continent au stade de rêve inaccessible et de désir inassouvi. Et pourtant, elle est possible cette renaissance dont on parle. Il suffit de se battre jusqu’au dernier souffle contre ces pseudos intellectuels et hommes de culture en mal d’inspiration qui ont choisi de brader l’halo de l’Homme nègre, l’ancêtre de l’humanité pour l’avoir sacrifié à des privilèges au cénacle des paraplégiques de la cause africaine.

Africains d’ici et de la diaspora, battons-nous convenablement et à l’unisson pour !
Amadou FALL - Dexc/Ide de Guinguinéo - Un défenseur de la Nation de la République /

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