Les festivités rara, liées au culte vaudou, qui ont lieu pendant le temps de carême (pour les chrétiens catholiques), ne traduisent pas en réalité une simple coïncidence.
Pour des représentants de plusieurs groupes de la vie nationale, entre autres, les catholiques et les vodouisants, cette commémoration a une double signification du point de vue socioculturelle et historique pour le peuple haïtien en particulier et pour le monde en général.
Interrogés par AlterPresse, Mgr Pierre André Dumas, le prêtre vaudou Max Beauvoir et le professeur à l’Université Jean Yves Blot, s’accordent sur le fait qu’avec les festivités rara, la célébration de Pâques, marquée par ces spectacles musicaux ambulants qui drainent des milliers de participants, revêt un cachet spécial qui correspond à la culture haitienne.
Pour Mgr Dumas, également coordonateur de la plateforme Religions pour la paix, les festivités rara reflètent bien l’identité du peuple haïtien tant du point de vue social que du point de vue culturel.
Il souligne l’identification sociale et culturelle : « socialement, ces festivités regroupent toutes les couches sociales du pays et, culturellement, elles symbolisent une manière propre à ces couches sociales d’extérioriser leur joie », signale Mgr Dumas.
Suivant les « hypothèses », et du point de vue historique, le rara rappelle la célébration de la joie des anciens esclaves pendant la période de carême notamment le dimanche de Pâques.
Ainsi, le rara qui n’a rien de négatif, a toute sa place au sein de notre société et pourra contribuer à son évolution, pense Mgr Dumas.
Le prêtre vaudou Max Beauvoir met plutôt l’accent sur le rara en tant que « forme de cérémonie religieuse » qui contribue à l’établissement d’un « climat de paix » dans le pays.
Pour lui, il s’agit d’une « manifestation de réjouissance des citoyens », une célébration de la liberté retrouvée après de longues années d’esclavage.
En même temps, cette tradition reflète bien l’identité de tous les Haïtiens socialement et culturellement, souligne Max Beauvoir.
Le professeur à l’Université, Jean Yves Blot, considère que, même si ces festivités (rara) se déroulent à l’un des temps fort de l’Église catholique [le carême], il n’y a pas vraiment une corrélation entre les deux pratiques, précise l’anthropologue.
C’est une manière propre à une couche précise de la société de manifester sa joie, souligne-t-il en relevant que le rara reflète « l’identité du peuple haïtien ».
Mgr Pierre André Dumas, le prêtre vaudou Max Beauvoir et le professeur Jean Yves Blot s’accordent à dire que le rara n’a rien de « négatif » et ils plaident pour la mise en valeur et la conservation de cette pratique culturelle.
Pour appuyer la célébration cette année de cette fête populaire notamment dans les zones les plus réputées comme Léogane (ouest), le gouvernement haïtien, via le Ministère de la Culture et de la Communication (MCC), contribue à la réalisation des festivités à hauteur de deux millions de gourdes (50.000 USD).
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