jeudi, novembre 10, 2011

Esclavage : Nantes a son mémorial

Le 1er décembre 2011, la ville de Nantes inaugure le Mémorial de l’abolition de l’esclavage. Celui-ci est construit sur l’un des sites historiques de la ville qui vit partir près de 1 700 expéditions négrières.
Au-delà du rappel historique, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage se veut un trait d’union entre le passé de Nantes, premier port nég rier de France au 18è siècle, et la lutte actuelle contre la traite des êtres humains. Comme le souligne, Jean-Marc Ayrault, Député-maire de Nantes, « La lutte pour la liberté et la dignité de tout être humain est une cause fondamentale qui engage notre idée de société ».
Le Mémorial remplit plusieurs fonctions :
Une évocation métaphorique
Il ne s’agit pas d’un musée ni d’un centre de recherche mais, comme le définissent les concepteurs du Mémorial, l’architecte Julian Bonder et l’artiste Krzysztof Wodiczko, « d’une évocation métaphorique » pour se souvenir, et, surtout, « pour mettre en garde pour l’avenir »
Un hommage aux millions de victimes de la traite et de l’esclavage d’hier et d’aujourd’hui.
En 2010, l’ONU a lancé un plan d’action mondial de lutte contre la traite des êtres humains. On comptait cette année-là 27 millions de personnes dans le monde considérées comme des esclaves (selon la définition de la Société des Nations : « état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs du droit de la propriété ou certains d’entre eux »
Quelques chiffres :
- 11 millions de captifs ont été déportés de l’Afrique vers les Amériques et les îles de l’Atlantique, entre le milieu du 15è et la fin du 19è siècle.
- 1,6 million d’hommes et de femmes ont péri durant la traversée
- 55 millions de victimes du commerce de l’esclavage en quatre siècles.
« L’inscription permet le dépassement puisque l’esclavage est irréparable et le ressentiment une impasse » (Aimé Césaire)
« L’esclave de l’esclavage est celui qui ne veut pas savoir » (Edouard GLISSANT, Mémoire des Esclavages)
Un rappel historique
Organisations et financement d’expéditions, achat d’esclaves, production de marchandises destinées au commerce sur les côtes africaines : toutes les nations européennes furent complices de l’esclavage. La France arrive au 3è rang des pays organisateurs après l’Angleterre et le Portugal avec 4 220 expéditions négrières entre le 17e et le 19e siècle. Nantes fut la capitale négrière en France : elle organisa 43% des expéditions françaises et ses navires déportèrent environ 450 000 captifs.
Un signal pour aujourd’hui
L’esclavage demeure un sujet d’actualité au 21è siècle : asservissement pour dettes, mariage ou travail forcés, prostitution... ils sont 200 millions, aujourd’hui à en être victimes dans le monde entier. En France, domestiques ou ouvriers dans des ateliers clandestins, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont en situation d’esclavage, selon le Comité Contre l’Esclavage Moderne.
Un parcours sur les traces du long combat pour les Droits de l’Homme De la haute Antiquité jusqu’à la Révolution, l’esclavage ne fait pas débat. Seules les voix d’une poignée de religieux en rupture de bancs avec l’église, de quelques philosophes et de certains économistes le jugeant contre-productif, s’élèvent contre le commerce d’êtres humains. En 1794, cependant, l’esclavage est aboli... avant d’être rétabli, en 1802, par Napoléon. Le 27 avril 1848, 50 ans après la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, l’esclavage sera définitivement aboli en France. Cliquez ici pour la visite virtuelle du Mémorial de l’abolition de l’esclavage.

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