samedi, août 22, 2009

23 août : Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition



Message de M. Koïchiro Matsuura, directeur général de l’Unesco, à l’occasion de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition 23 août 2009

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition est un moment unique pour la communauté internationale de concilier ensemble devoir de mémoire et devoir d’histoire. Depuis le lancement en 1994 du projet sur la Route de l’esclave, l’UNESCO entend ouvrir le champ de la coopération scientifique sur l’étude de l’esclavage et de la traite à la pluralité des mémoires, des cultures et des représentations. Un tel respect de la diversité des mémoires est une exigence démocratique qui doit répondre à la demande sociale et s’accompagner de la recherche de références communes. Nous pouvons le faire grâce à une éducation de qualité, pluridisciplinaire, qui intègre dans les manuels et programmes scolaires les enjeux de mémoire et de transmission de mémoire liés à l’histoire de la traite, de façon scientifique et rigoureuse. Nous pouvons le faire également grâce à des politiques de sauvegarde du patrimoine culturel qui rendent compte de la diversité et complexité de cette histoire : ouverture de musées interdisciplinaires, numérisation de cartes et archives, collecte et préservation de traditions orales, identification de lieux de mémoire comme sites reconnus de valeur universelle, promotion d’un tourisme durable respectueux des individus et des environnements socioculturels.

Enfin, et c’est là un choix désormais encouragé par l’UNESCO, il convient de diversifier les approches par aires géoculturelles, et replacer l’histoire de l’esclavage et de la traite dans le contexte d’une histoire globale, couvrant aussi bien la traite atlantique que les traites dite « orientales ». Un dialogue interculturel durable ne peut s’épanouir que dans un rapport apaisé à l’histoire et à la mémoire. Contre toute forme de sacralisation de la mémoire, et pour conjurer les effets dévastateurs des concurrences mémorielles, nous devons promouvoir une recherche et un enseignement de l’histoire qui permette à la fois d’expliquer et de comprendre, de restituer la trame des récits conflictuels, et de combler les silences. En nous rassemblant autour d’une vision partagée de l’histoire de la traite et de l’esclavage, nous pourrons ainsi construire une histoire commune et poser les fondements d’un dialogue interculturel qui délivre un message universel de savoir et de tolérance.

Koïchiro Matsuura

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