jeudi, avril 08, 2010

Chronologie de Haïti (1492-2010)


1492: Christophe Colomb découvre l'île d'Hispaniola (Saint Domingue). Les populations natives de l'île sont décimées.

1697: le développement de l'industrie sucrière est à l'origine de "l'importation" de près de 500 000 esclaves africains. Le traité de Ryswick avalise l'occupation par la France de la partie ouest de l'île.

1789-91: insurrections d'esclaves dirigées par Toussaint Louverture.

1794: abolition de l'esclavage dans les colonies françaises par la Convention.

1795: l'Espagne cède à la France la partie est de l'île (traité de Bâle).

1801: Toussaint Louverture est proclamé gouverneur général de Saint Domingue. Il instaure un régime autoritaire et ne reconnaît que formellement l'autorité de Bonaparte.

1802: Bonaparte envoie une expédition, sous les ordres du général Leclerc, rétablir l'ordre colonial. Toussaint Louverture est déporté en France. L'île se soulève entièrement, sous la conduite de Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe.

1804: proclamation de l'indépendance d'Haïti, au lendemain de la déroute des armées françaises. Dessalines est nommé empereur.

1806: Jean-Jacques Dessalines est assassiné.

1808: les Espagnols récupèrent la partie orientale de l'île cédée à la France en 1795.

1807-1820: guerre civile. Henri Christophe se proclame roi dans le Nord du pays. Au sud, une république est fondée par le mulâtre Henri Pétion. Jean Pierre Boyer, le successeur de Pétion, réunifie le nord et le sud en 1820 et conquiert la partie espagnole en 1822.

1825 : la France obtient de Haïti qu'une indemnité de 150 millions de francs soit versée pour liquider le contentieux créé par la rupture des liens coloniaux. Il faudra plus de 100 ans à Haïti pour rembourser cette écrasante créance.

1844: Saint Domingue est définitivement séparée en deux États; la République d'Haïti et la République dominicaine.

1847-1859: Faustin Soulouque prend le pouvoir à Haïti et se proclame empereur.

1915-34: intervention militaire des tats-Unis après une longue période d'instabilité.

1950: dictature du colonel Magloire.

1957: François Duvalier, devient président de la République à la suite d'un scrutin contesté. Il se proclame président à vie.

1964. François Duvalier,surnommé "Papa Doc" s'appuie sur les noirs contre les élites mûlatres. Son pouvoir repose sur la milice des "tontons macoutes", au détriment d'une armée affaiblie.

Avril 1971: à la mort de François Duvalier, son fils Jean-Claude, "Bébé Doc", 19 ans, lui succède.

Février 1986: un coup d'Etat mené par le général Henry Namphy chasse Jean-Claude Duvalier qui se réfugie en France.

Novembre 1987: les élections présidentielle et législatives sont annulées à la suite des massacres perpétrés le jour du scrutin.

1988
Janvier: Leslie Manigat est élu président de la République. Les élections ont été boycottées par l'opposition.
Juin: nouveau coup d'Etat du général Namphy.
Septembre: le chef de la Garde présidentielle, le général Prosper Avril, renverse le général Namphy.

Mars 1989: Prosper Avril restaure partiellement la constitution de 1987.

1990
Mars: le général Avril démissionne. Un accord entre l'armée et les partis politiques permet à Ertha Pascale Trouillot, présidente de la Cour suprême, d'assumer l'intérim de la présidence jusqu'aux élections.
Décembre: le père Jean Bertrand Aristide est élu président de la République avec 66,7% des suffrages.

Septembre 1991: Jean Bertrand Aristide est renversé par un coup d'Etat dirigé par le général Raoul Cédras. Les Etats-Unis et la CEE suspendent leur aide économique.

1993
Juin: renforcement des sanctions contre Haïti. Embargo sur le pétrole et les armes.
Juillet: Raoul Cedras accepte les propositions d'un médiateur préconisant le retour du président Aristide.
Octobre: face à la mauvaise volonté des militaires, l'ONU rétablit les sanctions.

1994
Mai: des sénateurs nomment le juge Emile Jonassaint président provisoire de la République. L'embargo commercial total décidé par l'ONU entre en vigueur.
Juillet: 16 000 boat-people, victimes de la misère et de la répression, tentent de gagner les côtes américaines. Le Conseil de sécurité de l'ONU autorise les Etats-Unis à utiliser "tous les moyens nécessaires " pour chasser la junte.
Septembre: à la suite d'une médiation de l'ancien président américain Jimmy Carter, et sous la pression de l'US Army, les militaires acceptent de quitter le pouvoir en octobre. Les soldats américains de l'opération "Soutenir la démocratie" débarquent à Port-au-Prince (20.000 hommes).
Octobre: Retour du président Aristide, après deux ans d'exil aux Etats-Unis.

1995
Mars: les troupes américaines cèdent la place à la mission des Nations unies en Haïti (Minuha). Elle sera remplacée par la Mitnuh qui quittera le pays en 1997, laissant sur place 300 moniteurs qui poursuivent la formation de la police haïtienne. Celle-ci remplace l'armée haïtienne, dissoute en avril.
Décembre: René Préval, ancien Premier ministre et partisan de l'ancien président Jean Bertrand Aristide, est élu président de la République. Le taux d'abstention atteint 75%.

Novembre 1996: scission de la formation au pouvoir, Lavalas (l'avalanche en créole). Jean Bertrand Aristide, résolu à se présenter à l'élection présidentielle de 2000, s'oppose au programme de réformes de son ancien allié René Préval, et crée son propre parti politique, la Famille Lavalas.

1997-1999: instabilité politique due en grande partie à la rivalité entre les partisans de la famille Lavalas et ceux de l'Organisation politique Lavalas (OPL).

2000
Attribués aux partisans de la Famille Lavalas, de nombreux actes de violence entachent la campagne électorale en vue des scrutins législatif, sénatorial et locaux prévus en mai.
3 avril: assassinat de Jean Dominique, directeur de Radio Haïti-Inter et commentateur politique le plus célèbre de l'île.
21 mai: selon des résultats partiels, la famille Lavalas remporte le premier tour des élections générales. L'Organisation des Etats américains (OEA) met en doute la régularité du scrutin.
19 juin: le deuxième tour des législatives prévu le 25 juin est reporté. Menacé, le président du Conseil électoral a fui le pays le 18 juin.
9 juillet: second tour des élections boycotté par l'opposition. L'OEA a refusé de cautionner ce scrutin. La famille Lavalas remporte 18 postes de sénateur sur les 19 qui étaient à renouveler, ainsi que 60 des 83 sièges de la Chambre des députés.
26 novembre: l'élection présidentielle, boycottée par l'opposition, est remportée par Jean Bertrand Aristide avec 91,7% des suffrages. L'opposition estime que seulement 5% des électeurs inscrits ont participé au scrutin.

2001
6 février: à la veille de l'intronisation d'Aristide à la présidence, l'Union européenne et la Banque inter-américaine de développement imposent des sanctions financières à Haïti pour manquements à la démocratie.
3 décembre: un journaliste, Brignol Lindor, menacé pour avoir invité des personnalités de l'opposition dans le cadre d'une émission qu'il anime, est tué à coups de machettes.
17 décembre: une tentative de coup d'état avorté fait huit morts. l'opposition accuse le pouvoir d'être l'auteur d'un «montage» destiné à la réduire au silence.

4 septembre 2002: l'Organisation des Etats Américains (OEA) vote une résolution prévoyant des élections au cours du deuxième trimestre 2003.

2003
24 janvier: grève générale lancée par le "groupe des 184", large coalition de la société civile, incluant le patronat, à Port-au-Prince.
22 septembre: Amiot Métayer, un chef de bande au service du président Aristide, dont l'OEA réclamait l'arrestation est assassiné à Gonaïves. Son groupe impute cette exécution au pouvoir et passe dans l'opposition sous le nom de Front de résistance révolutionnaire de l'Artibonite. Ce meurtre entraîne quinze jours d'émeutes dans la troisième ville du pays.
21 novembre: les évêques haïtiens proposent la création d'un "conseil électoral consensuel". Accepté par le président, ce plan est rejeté par l'opposition.
17 mai: René Préval désigne Jacques-Edouard Alexis comme Premier ministre.

2004
2 janvier: l'opposition présente une "alternative de transition" sur deux ans prévoyant le départ d'Aristide et son remplacement par un président de transition choisi parmi les juges de la Cour de cassation.
30 janvier: le patronat recommande à la population des actions de désobéissance civile.

Février
5: les Gonaïves, quatrième ville d'Haïti, tombe aux mains du Front de résistance révolutionnaire de l'Artibonite.
10: l'opposition politique et la société civile, regroupées au sein de la Plate-forme démocratique, prennent leurs distances avec le mouvement insurrectionnel armé.
18: les insurgés se dotent d'un "commandant en chef" en la personne de Guy Philippe, un ex-commissaire de police.
21: un plan international de réglement de la crise est présenté à Aristide qui l'accepte. L'opposition continue d'exiger sa démission.
22: les insurgés s'emparent de Cap-Haïtien, deuxième ville du pays, et contrôlent près de la moitié du pays.
29 : le président Aristide signe une lettre de démission et quitte Haïti; il trouve refuge en Centrafrique.
Le président Bush donne l'ordre à des Marines de se déployer en Haïti. Le Conseil de sécurité de l'ONU vote une résolution permettant l'envoi d'une force internationale intérimaire.

Mars
1: Guy Philippe, le chef militaire des insurgés, entre triomphalement dans la capitale, accompagné d'une cinquantaine d'hommes armés.
3: contraints par les Etats-Unis, les insurgés déposent les armes.
Plusieurs entités de la société civile désignent leurs représentants à un futur Comité des sages dont la création est prévue par le plan international de réglement de la crise en Haïti.
4: le président brésilien annonce que son pays participera à la force multinationale de paix de l'ONU en Haïti avec 1 100 soldats.
10: Gérard Latortue, économiste, qui a fait la majeure partie de sa carrière à l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), est choisi comme Premier ministre par le Comité des Sages.

30 avril: le Conseil de sécurité vote la création de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah). Placée sous commandement brésilien, elle compte 6000 soldats et 1500 policiers.
31 mai: Jean-Bertrand Aristide trouve asile en Afrique du Sud.
18-19 septembre: le cyclone Jeanne ravage le pays, faisant plus de 2 000 morts et 250 000 sans-abri. Le nord de l'île est dévasté et en proie à l'insécurité.
Octobre: Port-au-Prince et Les Gonaïves sont le théatres d'affrontements très violents entre bandes armées et forces de l'ordre, faisant plus de 50 morts.

2005

18 mars: réunis à Cayenne à l'initiative de la France, les bailleurs de fonds d'Haïti approuvent 380 programmes d?aides rapides à mettre en oeuvre pour accélérer la reconstruction du pays.
31 mai: le consul honoraire français de Cap-Haïtien est tué dans sa voiture, prise dans une fusillade.
22 juin: face à la recrudescence de la violence, le Conseil de sécurité des Nations unies renforce les effectifs de la Minustah pour assurer le bon déroulement des élections prévues en décembre.
14 juillet: le journaliste Jacques Roche est retrouvé mort à Port au Prince.
18 octobre: l'Union européenne, qui avait gelé en 2001 son aide au développement en faveur d'Haïti, débloque 72 millions d'euros pour soutenir les efforts de démocratisation du pays.
2 novembre: le gouvernement porte plainte, devant un tribunal fédéral de Miami, contre l'ancien président Jean-Bertrand Aristide pour détournement de plusieurs dizaines de millions de dollars de fonds publics et pour "avoir encouragé et protégé le trafic de drogue".

2006

7 février : l'ancien président René Préval remporte l'élection présidentielle avec 51% des suffrages.
21 avril : le parti du président Préval arrive en tête des élections législatives.
Juin 2006 : investiture du gouvernement de coalition de René Préval. Il s'agit de premier exécutif élu depuis la fin du régime d'Aristide en 2004.

Janvier 2007 : les troupes de l'ONU lancent une offensive contre les gangs du bidonville de Cité-soleil à Port-au-Prince.

2008

Avril : la flambée des prix alimentaires provoque des émeutes de la faim.
Août-septembre : plusieurs cyclones dévastent Haiti, tuant au moins 800 personnes, et laissant des centaines de milliers de sans-abris.
Novembre : l'effondrement d'une école à Port-au-Prince fait plus de 90 morts.

2009

Mai : Bill Clinton est nommé émmissaire spécial des Nations unies pour Haïti.
Juillet : le FMI et la Banque mondiale approuvent un allégement de la dette équivalant à 1,2 milliard de dollars EU en faveur d'Haïti

2010

Janvier : un séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter frappe le pays. Le bilan, selon les autorités, est de 222 050 morts, 310 900 blessés, plus d'1 million de sans abri et 1,5 million de sinistrés.

par Catherine Gouëset,

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