L'histoire et la sociologie de la caraïbe, des antilles et du monde noir. Naviguons dans le passé de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Réunion et de l'Afrique
vendredi, avril 07, 2006
Pour la commémoration du CRIME, le 10 mai a été retenu, et après ?
Entre la lumière et l’ombre portée, dans la pénombre fleurissait l’horreur et l’inhumain
L’esclavage et la traite négrière de par sa durée, son ampleur et ses conséquences furent une tragédie qui endeuilla un continent, une salissure enlaidissant l’humanité, car ce fut un crime contre l’homme, un crime contre le droit des gens L’abomination ne concerna pas que le peuple noir ou le peuple blanc, elle dépassa allègrement les frontières de la race, de la religion, de la couleur pour vicier l’humanité toute entière, car le nègre chosifié fut une marchandise vendue de l’Afrique vers les Amériques, le Moyen-Orient, la Chine, l’Inde et ailleurs. Il fut l’or du monde et ce pour son propre désastre.
La mémoire de l’homme est fugace voire taisante, des pans d’histoire sombrent dans le néant, mais la souvenance est vivace, elle transcende les siècles et nul d’entre-nous, les Nègres conscients ne peuvent s’accommoder de l’oubli ou de la négation du crime, dont les séquelles taraudent nos êtres et obombrent nos âmes, car nous sommes le fruit de cette histoire.
Le racisme et la discrimination sont nés de cette histoire, ils ont créé le Nègre, maléficié la couleur, infériorisé l’Homme Noir, le reléguant dans une sous-humanité, faisant de lui un être toléré, vivotant tant bien que mal, quel que soit le lieu où il prend son élan ou s’enracine. Combien d’entre nous (hommes et femmes noires) aspire à une société où les individus seraient égaux en devoir et en droit ? Nous n’y sommes pas, la société est ce qu’elle est, à l’image de homme : traumatisante et imparfaite, et ce à l’image des hommes.
L’esclavage et la traite négrière sont relégués dans les poubelles de l’histoire, d’aucuns diraient que les crimes du passé sont au passé, comme nous pouvons le lire et l’entendre :- C’est le passé ! Toutefois, il est juste de rappeler que les traumatismes du passé se conjuguent au présent pour certaines communautés humaines, qui plus que d’autres, sont en demande de reconnaissance. Une reconnaissance afin de se dégager des fardeaux de l’histoire, une reconnaissance qui participe un tant soit peu à la réparation intérieure des individus, fortifier l’ego car le traumatisme est grand.
Le 30 janvier 2005 le président de la République Française Monsieur Jacques Chirac a fait un acte, non pas symbolique mais cathartique. Nous l’en remercions. En effet, en inscrivant la date du 10 mai, aux dates officielles de commémoration, la France se souviendra de l’une des pages les plus sombres de son histoire : l’esclavage et la traite négrière.
Est-il nécessaire de se rappeler le contexte de la traite négrière et de l’esclavage atlantique, le président Jacques Chirac l’a résumé lors de son allocution « Un trafic dont il faut se représenter la réalité : des villageois vivant dans la peur, enlevés en masse, privés de leur identité, arrachés aux leurs et à leur culture. Tant d'hommes et de femmes captifs, entassés dans des bateaux où plus d'un sur dix mourait. Tant d'hommes et de femmes vendus comme du bétail et exploités dans des conditions inhumaines ! Schœlcher. » Ces quelques mots n’explicitent pas les souffrances, les humiliations, la terreur, la barbarie de ce trafic d’êtres humains, ils décrivent un pan de l’infamie, de ce qui n’aurait jamais dû être et qui fut.
C’est de l’histoire me direz-vous, mais l’histoire à tendance à se répéter si nous n’en prenons garde. Il s’avère que c’est aussi le présent, ce dans une moindre mesure, la terre d’Afrique porte encore des esclaves sur son sol, il y a encore des êtres humains, de nombreux enfants qui sont vendus au Niger, en Mauritanie au Soudan, et ailleurs sur notre planète. Donc, cela perdure, il y a des mentalités, des rapports humains à changer, et lutter contre les penchants hobbesiens, ceux qui font de l’homme un loup pour l’homme.
Le 10 mai pourrait être, certes, un jour de commémoration de la mémoire de nos aïeux, acteurs et actrices de cette funeste tragédie ou un jour où leurs descendants pourraient faire leur abréaction. Le 10 mai pourrait être aussi le jour de la dénonciation de cette pratique inhumaine qui avilit l’homme et en fait une bête de somme, un objet sexuel, un déduit, un moins que rien.
Il est nécessaire d’en parler au passé, il est tout aussi vital d’en parler au présent. Il est temps que les livres scolaires relatent ce drame, il est temps que tous connaissent leur histoire.
Nous devons rétablir nos ancêtres dans l’humanité, nous devons aussi rétablir ceux qui subissent ce joug dans leurs droits humains. Il y a des combats communs à mener et c’est ensemble que nous réussirons à faire reculer la haine, le racisme et la barbarie.
Et c’est ensemble, les noirs, les blancs, les jaunes, tous les hommes de compassion et les êtres de bonne volonté que nous arracherons la reconnaissance au niveau européen.
Il n’est pas juste, ni de bon ton de dire comme a pu le faire Serge Romana président du CM98 :
- le 10 mai une date pour les «noirs» de France et non pas pour les descendants d’esclaves.
Non ! C’est une date pour tous ceux et celles qui se sentent concernés par la justice et combattent l’injustice, quelle que fusse leur couleur de peau ou leur religion.
C’est une date qui honore la France, c’est une date porteuse d’espoir, c’est une date qui ouvre des perspectives, mais c’est à nous et à nous tous, sans exclusif de la remplir et de faire l’histoire.
France : le 14 mars 2006
Anne-Clémence VALENTIN – valentin.anne@wanadoo.fr www.roseporcelaine.com
Tony Mardaye – Omer62@rocketmail.com – www.pyepimanla.com
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire