samedi, décembre 31, 2011

Bonne année 2012


La crise s'est installée dans l'économie et quelque part la peur domine l'année à venir, contrairement à l'an 2000 où l'on percevait une grande inquiétude, à l'aube de 2012 c'est la peur qui prévaut. Nous ressentons que le monde que nous connaissons s'effondre et nos valeurs avec...

Dans l'adversité et la difficulté nous devons toujours conserver une lueur d'espoir et ne pas verser dans la haine ou le mépris, afin de pas nous altérer et continuer d'aimer et de vivre.

Bonne et heureuse année 2012, souhaitons la paix, la santé et l'amour.

jeudi, décembre 15, 2011

« LES RESSORTISSANTS PANAMEENS DE SOUCHE ANTILLAISE SONT – AUJOURD’HUI –LES TEMOINS D’UNE EMIGRATION REUSSIE »


D’où vous vient cet intérêt pour ces « Enfants perdus du Panama »(1) ?

Cette « passion », pourrais-je dire, remonte à ma rencontre avec Gabriel Lisette en 1968. Il faut savoir que ce natif du Panama, de parents antillais, a été premier ministre du gouvernement de la République du Tchad en 1958. Le Général de Gaulle le remarque et le nomme au conseil consultatif visant à préparer la Constitution de la V République. Il est nommé ensuite ministre conseiller du Gouvernement français. Il défendra avec ardeur les intérêts de l’Afrique. Sur sa recommandation, j’ai été nommé conseiller culturel de l’Ambassade française à Panama.

Quelles sont les causes de cette émigration martiniquaise et guadeloupéenne vers le Panama ?

Depuis 1885 des crises économiques secouaient ces îles ; puis, l’éruption de la montagne Pelée, en 1902, à la Martinique, une sécheresse en 1905 avaient contraint au chômage toute la frange littorale du nord caraïbe de la Martinique. Cette population fournira le gros des contingents de migrants avec des originaires de Marie-Galante et de Sainte-Rose en Guadeloupe. Ils ont été plus de 10.000 à partir (fin 19ème /début 20ème siècle) creuser le canal de Panama dans le simple désir d’améliorer leurs conditions de vie.

Quelle était la vie quotidienne de ces immigrés antillais dans la Zone du Canal américaine ?

L’organisation du travail s’appuyait sur la discrimination raciale entre américains et non-américains, entre travailleurs blancs et travailleurs noirs. La hiérarchie des salaires prenait en compte l’origine ethnique. Les Américains de race blanche (les « gold employees ») étaient payés en dollars américains de 900 à 7200 dollars par an. Les ouvriers européens de 380 à 480 dollars, les Antillais de 240 à 320 dollars. Des lieux publics, des fontaines, des toilettes étaient réservés aux « employés d’or », d’autres aux « employés d’argent » (silver employees ), payés en monnaie panaméenne . Des quartiers portaient des panneaux « réservés aux blancs ».

Les Antillais ont-ils payé un lourd tribut à la construction de ce canal ?

Il y eut de très nombreuses victimes terrassées par des fièvres, tuées par des explosions de dynamite. Le cimetière antillais de Paraiso se veut le témoin de l’histoire douloureuse de ces ouvriers qui ont donné leur vie à une œuvre de portée internationale. Une stèle a été depuis érigée à leur mémoire (« aux grands hommes des Antilles, la patrie reconnaissante »). Sur cette stèle on voit, également, une plaque du Conseil Général de la Martinique, une de la Jeunesse Martiniquaise, une autre de l’ancien maire de la commune du « Morne- rouge » en Martinique, le député Pierre Petit.

La construction du Canal terminée en 1914, qu’est-il advenu de cette main d’œuvre ?

Leur rapatriement aux Antilles était prévu par une des clauses du contrat Karner. Mais les crédits du rapatriement furent utilisés pour l’acheminement vers l’Europe des troupes américaines en route vers les fronts de la Première Guerre Mondiale. De plus, au bout de 10 ans de familiarisation avec ce pays, beaucoup d’entre eux ont choisi de rester à Panama où ils avaient fondé famille et trouvé du travail.
Tant que dura le percement de ce Canal, ils furent tolérés ; mais quand ils se présentèrent sur le marché du travail en concurrence avec les panaméens, ils furent en butte aux premières manifestations de rejet qui se traduisirent par des lois restrictives (la loi 38 ne leur ouvrait accès qu’à des emplois insignifiants). Ils s’organisèrent alors en créant « la Fraternité », une association d’entraide par la tontine, ouvrirent aussi leurs propres écoles pour la scolarisation de leurs enfants…

Peut-on dire que leur intégration s’est bâtie dans la sueur et le sang ?

On l’a vu par le percement du canal ; par ailleurs, cette émigration de couleur arrivait dans une société panaméenne elle-même déchirée par des tensions sociales entre l’oligarchie blanche et le prolétariat noir et métis. Les Antillais ont, ainsi, subi des violences perpétrées par « la Main bleue », l’équivalent du Ku Klux Klan local, qui s’était assignée de protéger la culture, la nationalité panaméennes menacées par le « péril antillais». A partir de 1946, le gouvernement panaméen a favorisé leur intégration et leur naturalisation. Mais, les lois restrictives persistaient, elles ne furent abolies qu’en 1961 par un amendement à la Constitution. En 1972 le nationalisme panaméen dans sa lutte pour recouvrir sa souveraineté dans la zone du canal a posé sans ambigüité le problème de l’intégration des minorités ethniques et culturelles marginales. Il s’agissait de renforcer l’unité nationale. En 1981, la composante franco-antillaise a été officiellement reconnue comme constitutive de l’identité panaméenne.

La contribution de ces émigrants a-t-elle été prépondérante dans l’édification de Panama ?

Leur rôle s’est avéré primordial, d’une part, dans la plupart des grands travaux d’aménagement de la construction de la voie ferrée et le percement du Canal ; ensuite, comme main d’œuvre dans les grandes cultures de la canne et de la banane ; puis comme artisans, propriétaires de petits commerces, de petites entreprises…Dans la géographie urbaine, les villes de Panama, de Colon leur doivent leur transformation par le défrichage de la forêt, qui a permis de l’extension de nouveaux quartiers suburbains . La création, en 1980, du Musée Afro-antillais salue leur rôle et leur contribution à la naissance de l’histoire de Panama.

Peut-on affirmer que l’ascenseur social fonctionne, aujourd’hui, en leur faveur ?

Sans conteste…Les Panaméens d’origine antillaise sont entre 50.000 et 60.000…Une élite existe et, parmi elle, des ingénieurs, des médecins, des avocats, des banquiers, des hommes politiques, des membres de gouvernement…Rogelio Dumanoir, par exemple, a été ministre des travaux publics pendant 10 ans, sa sœur a été une virulente député de Colon ; enfin Julio Duton Kennion , a été Gouverneur(Préfet nommé) de la province de Colon…Aujourd’hui, on peut affirmer que les ressortissants panaméens de souche antillaise sont les témoins d’une émigration réussie.

Ces Panaméens des Antilles ou ces Antillais- Panaméens ont-ils gardé une fidélité à leurs racines d’origine ?

Incontestablement. Roger Eneleda, ancien président de « La Fraternité », m’écrivait : « Nous savons que vous pensez beaucoup à nous, vos compatriotes éloignés de notre petite patrie que nous rêvons souvent toujours avec l’espoir de revoir un jour ». Une autre adhérente Alice de Karbiche m’indiquait en 1979, « Panama est ma patrie, mais la Martinique, ma mère ». Des liens n’ont jamais cessé d’être tissés entre le Panama et les Antilles. Aimé Césaire avait, de son temps, œuvré pour leur reconnaissance. L’ancien président du Conseil général de la Martinique, Claude Lise, avait dépêché  des émissaires et des aides. Les Chambres de commerce de la Guadeloupe ont signé des protocoles d’échanges et de coopérations avec le Panama. Enfin, celle de la Martinique commence à s’y intéresser. Cette émigration réussie fait des émules, de jeunes entrepreneurs, et même des retraités antillais vont s’installer à Panama…Tout un symbole.

Max Pierre-Fanfan
Journaliste
  1. titre du film sur l’émigration antillaise à Panama réalisé par Gérard César et produit par Barcha Bauer

mardi, décembre 13, 2011

Martinique : Un grand historien de la Caraïbe est mort


Fort-de-France, 12 déc. 2011 [AlterPresse] --- Le grand historien martiniquais, Georges Bernard Mauvois, qui a œuvré à faire connaitre l’histoire de la Caraïbe, est décédé le mardi 6 décembre des suites d’une longue maladie, apprend AlterPresse.

Chercheur et écrivain, il a collaboré à la rédaction de l’ouvrage « Histoire et civilisations de la Caraïbe. » Parmi ses œuvres, on peut citer : « Un complot d’esclaves : Martinique 1831 », « Louis-des-Etages 1873-1925 : itinéraire d’un homme politique Martiniquais », pour lequel il a obtenu en 1990 le prix Frantz Fanon.

Mauvois est mort le jour même du cinquantième anniversaire de la disparition de Frantz Fanon, célèbre écrivain, médecin psychiatre et militant anti-colonialiste martiniquais.

Historien passionné, il a œuvré pour la connaissance de l’histoire de la Caraïbe et en particulier d’Haïti.

Soucieux de la transmission au plus grand nombre, il répondait à toutes les demandes d’interventions, de quelque bord que viennent celles-ci. Il était membre du Comité Devoir de Mémoire.

Militant de l’émancipation sociale et de la cause martiniquaise, il a été co-fondateur, en 1970 du GAP (Groupe d’Action Prolétarien) dont la ligne et l’action sont à l’origine de tout le mouvement « Asé Pléré An Nou Lité »

mardi, décembre 06, 2011

Un rappel historique : Martinique


De 1905 à 1948, la balance commerciale avait été constamment favorable. La Martinique vendait plus qu'elle n'achetait (le pouvoir d'achat de la population était alors très faible). En 1938, les ventes dépassaient les achats de 32%, en 1947, encore de 12%. Puis ce fut le déficit qui se creusa à vive allur: en 1970 la valeur des importations était presque 5 fois plus élevé que celles des exportations. Et cela ne s'arrêta pas.

Armand Nicolas, Histoire de la Martinique (tome 3), L'Harmattan, page 250

jeudi, décembre 01, 2011

La mémoire de Frantz Fanon revisitée



Né en 1925 à Fort-de-France, Frantz Fanon ou encore "Dr Omar", psychiatre, psychologue, écrivain d’origine antillaise, décédé à l’âge de 36 ans des suites d’une leucémie, a travaillé et milité à Blida pour l’indépendance de l’Algérie de 1953 à 1957, date de son expulsion.

Imprégné des idées du Dr Tosquelles (réfugié catalan antifranquiste, à St Alban en Lozère, qui développe des pratiques nouvelles, à contre-courant de la psychiatrie française), dont il a fait partie de l’équipe durant son internat, Frantz Fanon, nommé en 1953 médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, va révolutionner les méthodes et traitements appliqués jusque-là aux malades. C’était encore l’époque de la camisole de force, des chaînes, du jet d’eau froide, de l’électrochoc, de traitements lourds et celle du primitivisme, école de pensée psychiatrique faisant autorité à Alger, et dont la théorie, au service du pouvoir colonial, faisait de l’indigène nord-africain un être “intellectuellement inférieur”, “dépourvu du lobe préfrontal”, “hâbleur, menteur, voleur et fainéant” mais encore “un débile hystérique sujet à des impulsions homicides imprévisibles ancestrales”. Cette école (celle de Sutter et Porot), Fanon lui sera un violent opposant ; il la combattra en donnant tout au long de son œuvre (Peau noire, masques blancs, Les damnés de la Terre, L’an V de la révolution algérienne, Pour la révolution algérienne…) une autre image de l’homme colonisé, celle d’un être infantilisé, opprimé, rejeté, déshumanisé, acculturé, aliéné. 

Décoloniser le milieu psychiatrique
Il découvre, en arrivant, un asile d’aliénés soumis au code de l’indigénat, avec une séparation radicale entre les malades mentaux européens et les malades indigènes, bénéficiant, pour les premiers, de meilleures conditions d’accueil, au sein de pavillons aérés, plus grands, contrairement aux autres, entassés dans une grande salle. Il y avait aussi deux médecines à l’usage pour chacune des deux populations de malades, les seconds (les indigènes, du “2e collège”) considérés comme des incurables. Prenant le contre-pied de la psychiatrie coloniale, Fanon commencera par libérer les malades en leur retirant leurs chaînes, et se lance dans la rénovation institutionnelle de ses services avec la volonté de désaliéner et décoloniser le milieu psychiatrique, constatant que les souffrances mentales du patient indigène provenaient, pour une large part, du fait de la situation de colonisation, ce qui lui vaudra des hostilités de la part de bon nombre de ses collègues. Son premier geste fort sera de supprimer, en quelque sorte, les cloisons, donnant une impulsion à la psychiatrie en milieu ouvert : il commence par entrer dans les services en se rapprochant avec bienveillance des malades -ce que ne faisaient pas ses confrères- instaurant un vivre-ensemble entre soignants et patients, jusque-là enfermés et isolés. Il va, ainsi, entreprendre d’humaniser l’institution psychiatrique en la débarrassant de son caractère carcéral et ségrégationniste. Il met donc en place une unité qui prend en charge, en un même lieu, les patients français et les autochtones ensemble. Il entreprend alors d’introduire, non sans succès, des méthodes modernes de psychothérapie institutionnelle (ou social-therapy), faisant que l’hôpital cesse d’être le lieu où l’on est soigné (et enfermé) pour devenir le lieu de vie par lequel on est soigné. Il place le malade au centre de toutes les activités de l’hôpital où tout se fait dans son intérêt. Les patients recouvrent alors le droit à la parole en participant à des réunions avec les médecins et le personnel paramédical, sont associés à la vie institutionnelle de l’hôpital, font des propositions… Frantz Fanon mettra alors en pratique l’ergothérapie (thérapie par le travail), occupant les patients à des travaux de jardinage, d’élevage, de cuisine et autres ou, plus spécialement pour les femmes, des activités comme le ménage, le tricot, la couture… dans ce vaste hôpital (faisant figure de petit village qui permettait une chance de rétablissement au sein d’une petite société composée essentiellement de personnel médical, paramédical et administratif), et créant une animation qui libère et fait retrouver des repères aux malades : réunions de pavillons, création d’un journal, commission des fêtes, cinéma, imprimerie, musique, bals… S’intéressant aux effets psychiques dévastateurs de la colonisation, à la fois chez le colon et le colonisé, et qui “se présentait déjà comme grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques”, il repense la psychopathologie en fonction des repères culturels des Algériens. Se penchant sur ses malades indigènes, auxquels il accordait de l’intérêt (ce qui lui vaudra le sobriquet de “nègre prétentieux” de la part de confrères), il comprend qu’il doit adapter ses méthodes au contexte historique, culturel et social qui est le leur ; il entreprend alors, avec ses internes, une exploration des mythes et rites traditionnels de la culture algérienne. Il impulsera, ainsi, la création de lieux et d’évènements spécifiques : mosquée, café maure, célébration des fêtes musulmanes…avec un décor typique. Le journal qu’il lancera porte un sigle : celui d’une mosquée. Il chargera, par ailleurs, le chanteur de chaabi, Abderrahmane Aziz, alors infirmier à l’hôpital, des activités culturelles (concerts de chants, pièces de théâtre, ciné-club…). Parallèlement, il organise la formation du personnel avec la création d’une école d’infirmiers spécialisés en psychiatrie, ainsi que des séminaires et conférences. À son arrivée en 1967 à l’hôpital de Joinville, l’actuel Professeur en psychiatrie et médecin légiste, Bachir Ridouh, qui se situe dans la continuité de Fanon, gérant la même division, le même service avec humanité et un sens particulier de l’écoute, nous confiera : “Le personnel paramédical, alors en place, m’a tout appris” ; il cite à cet effet les surveillants-chefs Oussedik, Charef, Menacer et autres qui tenaient avec efficacité l’hôpital, à l’indépendance, nantis des méthodes de travail de Frantz Fanon.

Il rejoint le FLN
L’observation et l’implication de et dans la société algérienne auxquelles Fanon s’exerce depuis sa nomination à l’hôpital de Blida le placent du côté de la tradition de lutte contre les méfaits du colonialisme. Il est conscient que l’on ne peut humaniser dans le cadre d’une structure coloniale où tout concourt à la déshumanisation. Dès le déclenchement de la révolution algérienne, c’est tout naturellement que l’anticolonialiste qu’il est, témoin de l’oppression systématisée d’un peuple, de la destruction de ses valeurs culturelles, de ses modalités d’existence, de sa déshumanisation choisit, en accord avec sa soif d’engagement total, son camp : celui des colonisés et des peuples opprimés, attribuant à la violence pour se libérer une valeur thérapeutique. Il se rapproche peu à peu de sympathisants et militants de la cause nationale (français comme André Mandouze ou un pharmacien français de Blida assurant des détournements de médicaments, officiers de l’ALN ainsi que de membres de la direction politique du FLN, Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda, notamment. Contacté par le FLN, il activera sans répit au sein de l’hôpital qui deviendra un “nid de fellagas”. L’établissement qui cache, soigne des militants et leur prodigue soins psychiatriques, corporels et chirurgicaux, devient une cible des forces répressives, qui ont décidé de frapper fort contre les soutiens européens au FLN. Fanon prend alors les devants et démissionne de son poste en décembre 56 non sans en préciser les raisons dans une lettre courageuse et percutante au gouverneur Robert Lacoste. 

Enterré à Aïn Kerma
(El-Tarf) 
Il quitte alors Blida pour Paris avec sa famille – peu après un arrêté d’expulsion est émis à son encontre – et rejoint le FLN à Tunis où il mènera une double activité psychiatrique et politique. Parallèlement, il est intégré à l’organe de presse du FLN, El-Moudjahid.
Devenu porte-parole du FLN dès juin 1957, il sera, à partir de 1959, nommé ambassadeur itinérant du Gouvernement provisoire de la République algérienne ; il multiplie les voyages et les conférences. Il échappe, durant cette période, à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. Il entame à la même époque l’étude du Coran. Atteint d’une leucémie, il veut rejoindre le maquis, prendre les armes pour mourir en martyr ; le FLN refuse. Il se rapproche, à cette époque, du colonel Houari Boumediene et de son armée des frontières (Tunisie) constituée de paysans à qui Fanon donne des cours. Après Moscou, il est envoyé près de Washington pour se faire soigner. Il y décède le 6 décembre 1961, soit quelques mois avant l’indépendance de l’Algérie à laquelle il avait consacré l’essentiel de la gigantesque action qu’il a menée durant sa courte vie. Sa dépouille sera inhumée au cimetière des Chouhadas, près de la frontière algéro-tunisienne, dans la commune de Aïn Kerma (El-Tarf), son vœu, dans un testament écrit, ayant été d’être enterré en terre algérienne avec ses frères d’armes, les chouhadas. En hommage à son travail en psychiatrie et à son sacrifice pour la cause algérienne, l’hôpital psychiatrique de Blida porte son nom. Peu avant sa mort, ce patriote algérien venu d’ailleurs, humaniste et militant de toutes les causes justes, pour l’indépendance, la dignité humaine des peuples, celui qui fut comparé au Che, écrivit à un ami : “Nous ne sommes rien sur Terre si nous ne sommes pas d’abord les esclaves d’une cause, de la cause des peuples, la cause de la justice et de la liberté” ; ajoutant “… et je veux que vous sachiez que même au moment où les médecins avaient désespéré, je pensais encore, oh ! dans le brouillard, je pensais au peuple algérien, aux peuples du Tiers-Monde, et si j’ai tenu, c’est à cause d’eux”. Un grand portrait de celui qui aura marqué la population blidéenne figure à l’entrée de l’hôpital Frantz-Fanon (aujourd’hui hôpital psychiatrique et CHU), au fronton du pavillon de la direction de la structure psychiatrique.
D’autres portraits rappellent dans certains services celui qui reste présent dans les mémoires par son humanisme, son militantisme, sa générosité, sa sincérité, sa modestie, son courage, son dévouement, son ardeur au travail et “qui en a combien guéri et sauvé des balles assassines”, s’accordent à dire de nombreuses personnes âgées de Blida sur le ton du regret, du respect et de la reconnaissance. 6 décembre 1961-6 décembre 2011, des militants antillais, français, africains projettent, cette année, de commémorer le 50e anniversaire de sa disparition sur le lieu où il repose, à Aïn Kerma. Visionnaire, 50 ans après, son œuvre reste d’actualité.
Fatiha Seman

NB : Française d’origine, décédée en 1989, Josie Fanon, son épouse de nationalité algérienne et qui a partagé son combat, repose, selon son vœu, en terre algérienne, au cimetière d’El-Kettar.



 F. Seman