mardi, janvier 21, 2014

Université Populaire du CM98, Cours 2014

Suite à la convention que nous avons signée le 18 mai 2013 avec l’Institut d’Histoire la Révolution Française de la prestigieuse université de la Sorbonne, le module « Histoire de l’esclavage colonial » de l’université populaire du Comité Marche 98 sera désormais assuré par les enseignants chercheurs de cet institut. Cette convention nous permet de prodiguer des cours d’excellence et de fournir aux chercheurs des données inestimables sur nos aïeux esclaves.
Cette année, nous vous proposons de découvrir les différents esclavages qui ont marqué notre humanité, afin d’en saisir leurs mécanismes, enjeux et évolutions. Notre objectif en comparant ces formes d’esclavage est de vous permettre d’appréhender les spécificités de l’esclavage colonial et des sociétés qui en sont issues.

PROGRAMME : 

Samedi 25 janvier 2014 de 15h à 17h : L’esclavage pendant l’Antiquité par Paulin ISMARD, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Samedi 1 février 2014 de 15h à 17h : L’esclavage au Moyen-âge en Europe par Joseph MORSEL, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Samedi 15 février 2014 de 15h à 17h : Les débuts de la traite européenne par Frédéric REGENT, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Samedi 15 mars 2014 de 15h à 17h : L’Edit de mars 1685 par Frédéric REGENT, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Samedi 22 mars 2014 de 15h à 17h : De la victime au révolté : le Noir dans la littérature du XVIIIe siècle par Pierre SERNA, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur de l’Institut d’Histoire la Révolution Française

Samedi 5 avril 2014 de 15h à 17h : Entre régénération et civilisation : statut et représentation du Noir en révolution par Jean-Luc CHAPPEY, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

LIEU DES COURS : Université Paris 1 Panthéon–Sorbonne, amphi Bachelard, 12 rue Cujas, 75005 Paris. RER B, station Luxembourg.

PUBLIC CONCERNE : Tout public.

CRITERES D’ADMISSION : Pas d’âge requis et de niveau d’étude exigé. Pas d’inscription. Accès libre.

RESPONSABLE : Viviane Romana

Histoire des Terres-Sainville


Le quartier Terres-Sainville, autrefois appelé « Faubourg Thébaudière » ou encore « Quartier des Misérables » était une zone marécageuse, particulièrement insalubre. Elle s’étendait sur une trentaine d'hectares et appartenait avant 1902 à un certain Marquis de Sainville. Parallèlement à ce développement, tout au long du XIX° siècle, le cœur de la ville de Fort-de-France prospérait, depuis le tremblement de terre de 1839 qui l’avait détruite, faisant disparaître pratiquement tous les bâtiments et occasionnant plusieurs morts. Quelques temps plus tard, un incendie a ravagé la ville, éliminant parfois, des familles entières que l’on n’avait pas pu sauver des flammes. On a reconstruit hâtivement quelques cases sur la place de la Savane afin de parer au plus pressé. Déjà , en 1892, un conseiller municipal avait signalé que le quartier des Terres-Sainville était un foyer d’infection. En 1896, l’hôpital civil a été construit sur le domaine de l’Hermitage. Ainsi, l’aménagement de la ville s’est poursuivi et le paysage autour des Terres Sainville s’est ordonné. 

Les canaux de drainage, qui ceinturaient les quartiers de la ville, au-delà des boulevards d’enceinte, furent comblés. Cette disposition a été prise dans les années 1869-1870. " On fit combler ces canaux et on les remplaça par des curettes " selon le Père JANIN (1924), d’après une thèse complémentaire de l’histoire des aménagements de Fort-de-France. Le maire de la ville, Monsieur Ruelle avait mis en vente les terrains ainsi dégagés. En juillet de l’année 1870, Madame Trabaud vendit à la mairie un terrain, afin de transférer l’ancien cimetière. Avant 1900, en marge de la ville , les Terres Sainville présentaient alors l’image d’îlots de cases séparées par une végétation de zones marécageuses. Dans ces îlots vers la rivière ou plus exactement le long de celle-ci, les Lakou apparaissaient .

Jusqu’en 1904, le terrain dit des Terres-Sainville, la Trenelle ou Thébaudière, est la propriété des héritiers Lacalle. En décembre 1904, le terrain, suite à un jugement du Tribunal de Fort-de-France, en date du 16 janvier1904, est vendu aux enchères pour la somme de 100 000 francs. La propriété du faubourg Thébaudière administrée par Melle Marie de Berry. Sur ces terrains, s’élèvent de nombreuses constructions pauvres et les propriétaires des maisonnettes payent une redevance locative mensuelle aux propriétaires. Ce sont plus de 6000 personnes qui sont logées dans ce quartier, leur nom ne cessant d’augmenter depuis 1902, ce quartier accueillant particulièrement les réfugiés de la catastrophe de Saint-Pierre, entraînant une augmentation du prix du loyer.

En 1904, Victor Sévère alors candidat à la mairie pour un second mandat, inscrit à son programme municipal l’expropriation du quartier. Après une longue procédure judiciaire, le 25 mai 1911, intervient le jugement sur requête du procureur de la République qui prononce l’expropriation du faubourg au profit de la commune.

L’horizon se dégage encore davantage pour la municipalité lorsque le 1er mai 1914, le Conseil d’Etat rejette les pouvoirs de la Société du faubourg Thébaudière.

La guerre et ses préoccupations immédiates éloignent des autorités, la question des Terres-Sainville, qui n’est définitivement réglée qu’en mai 1920, alors que Victor Sévère est momentanément éloigné de l’administration municipale. Un terrain d’entente est trouvé et c’est finalement à l’amiable que la Société du faubourg Thébaudière cède à la commune, pour le prix de 1 850 000 francs, les Terres-Sainville. 

C'est Victor SEVERE, maire de Fort-de-France entre 1900 et 1945 qui, entreprit vers 1920 de faire assainir et aménager les Terres-Sainville. Les travaux d'assainissement du quartier et de la ville ont continué d'être menés pendant les mandatures successives du maire Aimé CESAIRE depuis 1945.

Progressivement les Terres-Sainville, de terre d'exode pour ceux des campagnes qui "descendaient en ville", devaient devenir le plus grand quartier ouvrier et artisanal. 

Tandis que faillite et dépôt de bilan des grands planteurs se multipliaient dans les années 1880, ouvriers agricoles et d’usines, petits ruraux ruinés arrivaient en ville, en flot pressé et ininterrompu. La situation était devenue vite ingérable en matière d’habitats. Elle a empiré encore lorsqu’en 1902, la ville de Saint-Pierre a disparu. Une vague de réfugiés a été accueillie à Fort-de-France, on l’a estimée à 18.900 personnes. Ces dernières ont été dirigées sur plusieurs quartiers : Fond Lahayé, la Médaille et aux Terres Sainville. 

Aujourd'hui le quartier des Terres-Sainville est peuplé de près de 2000 habitants .

Il est situé au nord du centre ville de Fort de France, entre la Rivière Madame (appelée autrefois la rivière du petit Brésil) à l'Ouest, et la Rocade (RD 41) à l'Est et au Nord.

Aujourd’hui, avec une topographie plate, les rues de ce quartier sont rectilignes, perpendiculaires les unes aux autres. De faibles largeurs, elles sont toutes à sens unique avec généralement un stationnement unilatéral et un trottoir de chaque coté.

Source : Micheline Marlin-Godier - l'histoire de la ville de Fort-de-France de 1884 à 1914 

jeudi, janvier 09, 2014

AMIRI BARAKA, ÉCRIVAIN ET ACTIVISTE CONTROVERSÉ EST DÉCÉDÉ A L'AGE DE 79 ANS



Par Carolyn Kellogg L.A. Times - 9 janvier 2014 (traduction Samuel Légitimus)

Amiri Baraka est décédé jeudi après des semaines de santé défaillante, a confirmé un porte-parole de la famille. Il était âgé de 79. 

Dramaturge, poète, critique et activiste, Baraka était l'une des voix africaines américaines les plus en vue et les plus controversés dans le monde des lettres américaines. 

Il est né Everett LeRoi Jones, le 7 octobre 1934, à Newark, dans le New Jersey. Étudiant doué, il est diplômé de lu lycée avec deux ans d’avance et étudie à l'Université de New York et l'Université Howard. Après avoir servi dans l'armée de l'air pendant plus de deux ans, Baraka - alors Jones – est renvoyé à la vie civile de manière déshonorante pour avoir lu des textes communistes. 

Il s’installe alors à New York, et suit l'école d'études supérieures à l'Université de Columbia et s'implique dans la scène Beat. En 1958, il fonde la revue d'avant-garde de poésie Yugen, qu'il co-édite avec Hettie Cohen - les deux restèrent mariés de 1960 à 1965. 

Yugen a publié les oeuvres de William S. Burroughs, Allen Ginsberg, Gregory Corso, Jack Kerouac, Diane Di Prima, John Ashbery, Frank O'Hara, Gary Snyder, Gilbert Sorrentino, Barbara Guest, William Carlos Williams et d'autres.

A cette époque, Leri Jones co-édite également un bulletin littéraire, The Floating Bear, publié "Blues People: The Negro Experience in White America ans the Music that Developped from it" (1963) et écrit la pièce " Dutchman", qui explore de façon explosive la questions raciale et sexuelle. 

"Je peux me rendre compte maintenant que la forme dramatique commencé à m'intéresser parce que je voulais aller« au-delà »de la poésie. Je voulais une sorte de littérature d'action" écrit Baraka dans son autobiographie de 1984. 

"Dutchman" remportera le Obie Award 1964 de la meilleure pièce américaine. 

Après l'assassinat en 1965 Malcolm X, Jones a changé son nom pour Imamu Amiri Baraka, s'installe à Harlem et épouse sa seconde femme, Amina (anciennement Sylvia Robinson). 

Inspiré en partie par un voyage de 1960 à Cuba et en partie par l'aile radicale du mouvement des droits civiques, il épouse alors les idées séparatistes et a fondé le Black Arts Repertory Theatre ans School. 
Baraka conduit le Black Arts Movement , un frère esthétique des Black Panthers. Bien que le mouvement fut indiscipliné et de courte durée, il réunit des auteurs importants comme Gwendolyn Brooks, Eldridge Cleaver, Gil-Scott Heron, Nikki Giovanni, Ishmael Reed et Quincy Troupe. 

"Nous écrivions de l’art qui est, premièrement, totalement afro-américain selon nos racines et notre histoire, etc. Deuxièmement, nous créions de l'art qui ne figurait pas dans les petites salles," confie Baraka dans une interview en 2007. "La troisième chose que nous voulions était de l'art qui aiderait à la libération du peuple noir, et nous ne pensions pas qu’écrire un simple poème était suffisant Ce poème devait posséder une sorte de fonction utilitaire; il devrait aider à nous libérer. Et donc c'est ce que nous avons fait. Nous l’avons fait consciemment." 

Baraka envoie dans Harlem des camions dans la communauté transportant des personnes - y compris l'artiste Sun Ra – pour proposer de la poésie, de la danse et de la musique. 

L’œuvre de Baraka au cours des années 60 comprend les pièces "Black Mass", "The Toilet" et "The Slave"; les recueils de poésie "Black Art" et "Black Magic", et le recueil de provocation "Home, Social Essays".

À la fin des années 60 et dans les années 1970, Baraka s’engage profondément impliqué dans un certain nombre d'organisations travaillant à promouvoir et à consolider le pouvoir politique afro-américain. 

En 1980, il commence à enseigner à l'Université d'Etat de New York-Stony Brook, prenant sa retraite du département d'études africaines en 1994. Au cours de sa longue carrière universitaire, il a enseigné à la Rutgers University, la George Washington Universty, Yale University, San Francisco Stte University, Columbia et the New School for Social Research. 

Baraka a fait son foyer à Newark et y est resté une force créatrice et politique. En 2002, il fut nommé le second poète du New Jersey - et est rapidement devenu le centre d'une controverse entourant son poème sur le 11 septembre " Somebody Blew Up America. " (vidéo a visionner dans le premier commentaire)

Le poème - qui souligne les infractions commises, la plupart du temps par les Blancs, partout dans le monde et à travers l'histoire – comprend des lignes controversées qui furent considérées comme antisémites. Avant que Baraka ne puisse terminer son mandat de deux ans dans le poste, la position de poète lauréat était éliminée. 

Interrogé par NPR en 2007 sur comment il se définissait lui-même, Baraka a répondu: «Eh bien, je suppose le plus souvent comme un poète et activiste politique. J'ai écrit dans tous les genres .... Mais, vous savez, je pense que dans l'ensemble, la poésie est à la base de toute mon œuvre." 
Bien qu'il ait été souvent impliqué dans la controverse politique, les réalisations artistiques de Baraka ne sont pas mésestimées. 



Ses récompenses comprennent des bourses de la Fondation Guggenheim et le National Endowment for the Arts, un prix PEN / Faulkner, un prix de la Fondation Rockefeller pour le théâtre, et le Prix Langston Hughes du City College de New York. 

Un avis de décès complet apparaîtra dans le latimes.com / obits.