jeudi, avril 27, 2006

LETTRE OUVERTE AU CRAN ET AUTRES PROFANATEURS ASSOCIES DE LA MEMOIRE DES VICTIMES DE LA TRAITE NEGRIERE TRANSATLANTIQUE

Mesdames, Messieurs,

La France se souviendra, pour la première fois, de la tragédie des millions d’Africains, Hommes, Femmes et Enfants, razziés, déportés et esclavisés dans le « nouveau monde » au nom de théories racistes postulant de l’infériorité naturelle des Noirs, et d’autres plus utilitaristes ayant fait du continent Africain une source intarissable de main d’œuvre soumise, humiliée et corvéable à souhait pour la mise en valeur des terres des Amériques. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette initiative mémorielle, même si elle intervient tardivement, soit huit années après l’importante mobilisation d’associations Africaines et de descendants d’Africains issus de la Traite Négrière Transatlantique, à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage. C’était en 1998, mais curieusement cette commémoration, qui avait réuni 45 000 manifestants pendant une marche silencieuse, n’avait suscité qu’une certaine indifférence dans les médias et la grande majorité de la classe politique.



Toutefois, alors que la loi dite Taubira du 21 Mai 2001, qui reconnaît la traite et l’esclavage des Noirs comme Crime contre l’Humanité par la France, concrétise enfin de longues années de luttes d’associations, de personnalités et d’anonymes, implique de tous un Respect inconditionné de la Mémoire des Victimes et suppose, outre des réparations légitimes, un égard solennel à l’adresse de leurs Descendants, nous demeurons particulièrement attentifs sur la nature des diverses cérémonies qui accompagneront la prochaine journée du 10 mai 2006, désormais, jour national du souvenir des victimes de Traite Négrière Transatlantique.



Notre vigilance est d’autant plus grande qu’il y a, encore une fois, des entreprises tendant à porter atteinte à notre travail de mémoire, chose qui ne serait admise par aucune communauté humaine victime d’un Crime contre l’Humanité. Nous pensons en particulier à ce projet ubuesque dans lequel le CRAN, le 10 Mai prochain, avec le soutien scandaleux des pouvoirs publics, de personnalités du show-biz et d’associations dites antiracistes, entend profiter de l’abolition de l’esclavage, sur un ton festif, pour aussi bien célébrer la fraternité et les victoires des abolitionnistes que la libération des Noirs, sur fond de musique techno parade, chars arc-en ciel, ambiance « touche pas à mon pote » et cotillons . Rien que ça !



Faut-il vous rappeler qu’une telle mise en scène de la commémoration du martyr de millions d’âmes, en plus de s’éloigner totalement de l’esprit de recueillement qu’implique le souvenir de la mémoire de nos ancêtres, aïeux et parents, constituerait un soutien considérable apporté à ceux qui parlent des bienfaits de la mission civilisatrice de la colonisation occidentale en Afrique ? Devrions nous, dorénavant, faire la fête tous les 10 Mai à la Bastille pour mieux oublier les 200 millions de suppliciés Africains pendant 4 siècles de férocité occidentale ?



En effet, si l’on admet que l’on peut tout faire à travers le « spectacle », même mettre en scène les crimes imprescriptibles contre l’Humanité, pourquoi donc continuer à se souvenir d’autres génocides, notamment ceux commis contre les Arméniens et les Juifs ? Ne pensez vous pas qu’il serait insupportable et pris comme une provocation si vous invitiez ces communautés à pratiquer l’oubli des leurs au son des musiques du « monde » ? Inimaginable ! Pourquoi tant de légèreté et de mépris lorsqu’il s’agit d’aborder l’Histoire des Africains et de leurs descendants issus de la Traite Transatlantique ? Ignorez vous que cette tragédie, largement méconnue et occultée, perdure actuellement à travers les diverses formes de racisme et de discriminations régulièrement perpétuées à l’encontre des Noirs.



Faut-il vous rappeler que des Noirs sont quotidiennement, discriminés à l’emploi, au logement et loisirs, insultés dans les stades de football, agressés dans les rues, voire tués par balles, par exemple, en Russie ?



Nous ne pouvons admettre que, à travers votre grotesque « commémoration » de la Bastille, vous vous permettiez d’aborder notre Histoire sous un angle folklorique et vulgaire, et ce en ayant recours à d’illustres anonymes regroupés dans un groupuscule ne disposant d’aucune assise populaire, ce qui démontre tout le dédain que vous inspire cet hommage aux victimes d’un Crime contre l’Humanité unique dans les annales de l’Histoire.



Par conséquent, parce que votre « spectacle » contribue directement à la banalisation de notre Histoire, par le jeu inacceptable d’une « commémoration festive », et que vous alimentez insidieusement les postures révisionnistes visant à entretenir la confusion sur les causes, les mobiles et les principaux responsables de la Traite négrière, Nous entendons faire respecter, en toutes circonstances, l’honneur et la dignité de nos ancêtres en marquant fermement notre désaccord face à votre démarche qui, sous couvert d’humanisme, participe activement au préjudice subi par les Nôtres.

Nous vous informons donc que parce que notre dignité ne se marchande pas, même pour 620 000 Euros, somme promise au CRAN pour commettre ce CRIME contre Notre Mémoire, Nous donnerons les suites qui s’imposent à cette provocation supplémentaire, notamment en engageant toutes actions nécessaires en vue de mettre un terme à vos velléités racoleuses que Nous considérons non seulement attentatoires à notre Mémoire, mais également parties prenantes de l’apologie manifeste de crime contre l’Humanité.




Cordialement,



Collectif Alert2neg

vendredi, avril 07, 2006

Pour la commémoration du CRIME, le 10 mai a été retenu, et après ?



Entre la lumière et l’ombre portée, dans la pénombre fleurissait l’horreur et l’inhumain

L’esclavage et la traite négrière de par sa durée, son ampleur et ses conséquences furent une tragédie qui endeuilla un continent, une salissure enlaidissant l’humanité, car ce fut un crime contre l’homme, un crime contre le droit des gens L’abomination ne concerna pas que le peuple noir ou le peuple blanc, elle dépassa allègrement les frontières de la race, de la religion, de la couleur pour vicier l’humanité toute entière, car le nègre chosifié fut une marchandise vendue de l’Afrique vers les Amériques, le Moyen-Orient, la Chine, l’Inde et ailleurs. Il fut l’or du monde et ce pour son propre désastre.
La mémoire de l’homme est fugace voire taisante, des pans d’histoire sombrent dans le néant, mais la souvenance est vivace, elle transcende les siècles et nul d’entre-nous, les Nègres conscients ne peuvent s’accommoder de l’oubli ou de la négation du crime, dont les séquelles taraudent nos êtres et obombrent nos âmes, car nous sommes le fruit de cette histoire.

Le racisme et la discrimination sont nés de cette histoire, ils ont créé le Nègre, maléficié la couleur, infériorisé l’Homme Noir, le reléguant dans une sous-humanité, faisant de lui un être toléré, vivotant tant bien que mal, quel que soit le lieu où il prend son élan ou s’enracine. Combien d’entre nous (hommes et femmes noires) aspire à une société où les individus seraient égaux en devoir et en droit ? Nous n’y sommes pas, la société est ce qu’elle est, à l’image de homme : traumatisante et imparfaite, et ce à l’image des hommes.

L’esclavage et la traite négrière sont relégués dans les poubelles de l’histoire, d’aucuns diraient que les crimes du passé sont au passé, comme nous pouvons le lire et l’entendre :- C’est le passé ! Toutefois, il est juste de rappeler que les traumatismes du passé se conjuguent au présent pour certaines communautés humaines, qui plus que d’autres, sont en demande de reconnaissance. Une reconnaissance afin de se dégager des fardeaux de l’histoire, une reconnaissance qui participe un tant soit peu à la réparation intérieure des individus, fortifier l’ego car le traumatisme est grand.

Le 30 janvier 2005 le président de la République Française Monsieur Jacques Chirac a fait un acte, non pas symbolique mais cathartique. Nous l’en remercions. En effet, en inscrivant la date du 10 mai, aux dates officielles de commémoration, la France se souviendra de l’une des pages les plus sombres de son histoire : l’esclavage et la traite négrière.

Est-il nécessaire de se rappeler le contexte de la traite négrière et de l’esclavage atlantique, le président Jacques Chirac l’a résumé lors de son allocution « Un trafic dont il faut se représenter la réalité : des villageois vivant dans la peur, enlevés en masse, privés de leur identité, arrachés aux leurs et à leur culture. Tant d'hommes et de femmes captifs, entassés dans des bateaux où plus d'un sur dix mourait. Tant d'hommes et de femmes vendus comme du bétail et exploités dans des conditions inhumaines ! Schœlcher. » Ces quelques mots n’explicitent pas les souffrances, les humiliations, la terreur, la barbarie de ce trafic d’êtres humains, ils décrivent un pan de l’infamie, de ce qui n’aurait jamais dû être et qui fut.

C’est de l’histoire me direz-vous, mais l’histoire à tendance à se répéter si nous n’en prenons garde. Il s’avère que c’est aussi le présent, ce dans une moindre mesure, la terre d’Afrique porte encore des esclaves sur son sol, il y a encore des êtres humains, de nombreux enfants qui sont vendus au Niger, en Mauritanie au Soudan, et ailleurs sur notre planète. Donc, cela perdure, il y a des mentalités, des rapports humains à changer, et lutter contre les penchants hobbesiens, ceux qui font de l’homme un loup pour l’homme.

Le 10 mai pourrait être, certes, un jour de commémoration de la mémoire de nos aïeux, acteurs et actrices de cette funeste tragédie ou un jour où leurs descendants pourraient faire leur abréaction. Le 10 mai pourrait être aussi le jour de la dénonciation de cette pratique inhumaine qui avilit l’homme et en fait une bête de somme, un objet sexuel, un déduit, un moins que rien.

Il est nécessaire d’en parler au passé, il est tout aussi vital d’en parler au présent. Il est temps que les livres scolaires relatent ce drame, il est temps que tous connaissent leur histoire.

Nous devons rétablir nos ancêtres dans l’humanité, nous devons aussi rétablir ceux qui subissent ce joug dans leurs droits humains. Il y a des combats communs à mener et c’est ensemble que nous réussirons à faire reculer la haine, le racisme et la barbarie.

Et c’est ensemble, les noirs, les blancs, les jaunes, tous les hommes de compassion et les êtres de bonne volonté que nous arracherons la reconnaissance au niveau européen.

Il n’est pas juste, ni de bon ton de dire comme a pu le faire Serge Romana président du CM98 :
- le 10 mai une date pour les «noirs» de France et non pas pour les descendants d’esclaves.
Non ! C’est une date pour tous ceux et celles qui se sentent concernés par la justice et combattent l’injustice, quelle que fusse leur couleur de peau ou leur religion.

C’est une date qui honore la France, c’est une date porteuse d’espoir, c’est une date qui ouvre des perspectives, mais c’est à nous et à nous tous, sans exclusif de la remplir et de faire l’histoire.

France : le 14 mars 2006
Anne-Clémence VALENTIN – valentin.anne@wanadoo.fr www.roseporcelaine.com
Tony Mardaye – Omer62@rocketmail.com – www.pyepimanla.com