vendredi, décembre 27, 2013

Le Noël noir de Kwanzaa

Après Hanoukka et Noël, vient Kwanzaa, la dernière des fêtes de fin d'année aux Etats-Unis. Elle commence le 26 décembre et prend fin le 1er janvier. Le symbole principal de Kwanzaa est un chandelier à sept branches. Le premier soir, les familles allument la bougie noire. Le lendemain, la rouge, puis la verte, et ainsi de suite pendant sept jours. Noir, vert, rouge : les couleurs du nationalisme panafricain.

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samedi, novembre 30, 2013

NAK, NIQUE, NUQUE, HISTOIRE DE CES COLONNES DE LA TENTATION “ D’AU-DELA ”


Il s’agit de “colonnes”, selon le latin “columna”, lui-même venant de “columen” signifiant ce qui atteint le sommet, l’apogée, et elles sont toutes érigées soit par les hommes, soit en eux-mêmes. Et ceci, sous l’attraction du “Ka”, l’insoupçonné “tropisme céleste” que les naturalistes, soucieux de ne pas utiliser des appellations de forme ésotérique pour ne pas faire perdre de crédit à leurs publications, désignent comme étant un “géotropisme négatif”, ce qui est incorrect parce que la nécessité “directionnelle” d’un tropisme, fait qu’il ne peut justement pas être négatif.

Ce “ka”, qui est celui des Egyptiens, est un exercice résultant de la “métaphysique” que constitue la collectivité “informelle” des humains, laquelle comme telle les “transcende”, et qui les détermine à elle c’est à dire à un “au-delà” de leurs singularités.

A cet instant, il convient de bien envisager selon ses différentes acceptions, les différentes implications de la locution “au-delà”.

Ce Ka qui détermine les humains à un au-delà de leur singularité, les détermine en fait à leur collectivité, laquelle constitue la “dimension supérieure de l’humain”, la seule possible, même si des doctrinaires suprématistes européens mal inspirés, ont prétendu reconnaitre cette dimension supérieure chez des individus, lesquels auraient ainsi été des individus supérieurs, ce qui n’a strictement aucun sens...

Il doit être bien entendu et une bonne fois pour toutes qu’il ne peut exister qu’une dimension supérieure de l’humain, c’est sa “dimension collective”, et que si les sociétés occidentales se sont montrées durant cinq siècles plus efficaces que les autres, ce n’est certainement pas parce que leurs citoyens constituaient individuellement des hommes d’une nature supérieure aux autres, mais tout simplement parce que les règles régissant leurs “collectivités”, se sont révélées plus adaptées dans les conditions qui étaient alors les leurs, que les règles régissant les autres sociétés, et rien d’autre...

Il est donc plus que temps de cesser de rechercher des raisons “naturelles”, dans la génétique des individus, pour justifier des dispositions “culturelles”, celles de la structuration collectives des sociétés...

Cette détermination à sa dimension supérieure sous l’exercice du Ka, est donc une détermination de l’humain à un dépassement de lui-même, afin d’atteindre son excellence, et elle se manifeste par sa tentative d’atteindre les sommets, l’inaccessible, les cieux...

Il est manifeste à ce sujet que les sociétés puissantes et en bonne santé, bâtissent des structures audacieuses, et c’est ainsi que la France de la fin du 19ème siècle, au fait de sa puissance et de sa magnificence, bâtira la Tour Eiffel, que les Etats Unis l’ayant supplanté dans l’entre deux guerre au statut de première puissance mondiale, bâtiront “l’Empire States”. Et, c’est aujourd’hui la Chine qui manifeste sa volonté de primauté en bâtissant la gigantesque tour “ Sky City”, dont la hauteur fut augmentée de dix mètres, pour atteindre les 838m et dépasser ainsi l’actuelle tour “Burg Khalifa” de Dubaï, avec ses 828m.

Les constructions gigantesques de l’Egypte ancienne, qui étaient bien sûr dédiées au monde métaphysique de l’au-delà, objet de sa préoccupation permanente, avec leurs pylônes, colonnades et obélisques impressionnants, ne répondaient pas à une autre détermination que celle-là...

C’est selon cette même détermination que l’humain va progressivement se redresser pour s’établir dans sa station debout, manifestation emblématique de son acquis culturel, au fur et à mesure qu’il va se socialiser, et par le fait, se civiliser, et contrairement à ce que continuent encore de penser certains, cette attitude de l’humain ne doit absolument rien à un quelconque phénomène adaptatif.

En effet, le Ka qui est “métaphysique” en ce sens qu’il n’est pas réductible aux individualités qu’il transcende, mais qui possède forcément une traduction “physique” au niveau de celles-ci sans laquelle il ne pourrait évidemment pas les concerner, possède selon cette physique une résolution “magnétique”. Il se traduit alors par un exercice sur les hématies du sang, dans les réseaux complexes de l’oreille interne selon lesquels nous nous établissons en équilibre, ce qui crée chez l’humain un sentiment de mieux être, selon le sens de son exercice, c’est à dire selon la verticalité, et c’est la raison pour laquelle les humains se sont redressés.

Ka étant le fait exerçant, le fait exercé est dit quant à lui “ak” et, avec un “n” signifiant la particule “de”, dans le sens de “ce qui participe de”, les colonnes érigées selon le Ka étaient dites “nak”. Quant elles étaient de pierre, elles était alors dites “ kar-nak”, autrement dit les “colonnes de pierre”, ce qui avec les autres acceptions du mot “kar”, qui désigne également le “foyer“, et le “sanctuaire” ( il serait trop long de le développer cela ici...), donne comme autre acception cohérente du nom Karnak, qu’il s’agisse alors de celui de Bretagne ( Carnac ), ou de celui d’Egypte, les “colonnes du sanctuaire”...

La colonne vertébrale de l’humain, redressée sous l’action du Ka fut finalement dite quant à elle “nuque”, parce que le terme nak à voyagé depuis l’Egypte à travers l’arabe en devenant “nukha”. Mais cette appellation est réservée aujourd’hui à la seule partie demeurant habituellement visible de cette colonne, celle de l’arrière du cou...

On retrouve dans de nombreuses langues le terme “nak” pour signifier une colonne ou une forme quelconque d’érection, avec une forme dérivée “nike”, pour désigner le sexe en érection qui chez les Grecs, était évocateur de la domination, et par là, de la “victoire”, raison pour laquelle ce mot grec fut repris par une entreprise d’équipements sportifs. Quant à l’argot, il en a fait son affaire avec l’expression “niquer”...

D’autre part, les géants étaient désignés dans les temps anciens par le terme “anak”, et un de ceux-la dit justement Anak, devint l’ancêtre éponyme des “Anakim”, cités dans la bible.

Soyons alors attentifs maintenant dans le fait que si selon l’acception “spatiale” de la locution “au-delà”, il s’agit de l’au-delà des singularités des individus, autrement dit de leur collectivité, dans une acception cette fois “temporelle” de cette locution, qui est inévitable dans un univers où tout possède forcément une résolution ’spatio-temporelle”, il s’agit cette fois de l’au-delà de “l’actualité” des individualités, autrement dit, de leur “avenir”.

L’au-delà c’est “l’avenir”, auquel nous nous trouvons déterminé par le fait de l’exercice sur nous du Ka, qui est donc l’exercice selon lequel nous nous trouvons soumis au temps, et qui comme tel nous sous-tend dans notre “être”.

C’est pourquoi les Egyptologues ont identifié le Ka à “l’âme” de l’individu, mais selon une formulation trompeuse compte tenu de la compréhension qui est habituellement la nôtre du terme “ âme ”. Car si le Ka exerce bien en nous étant “sous-jacent”, il exerce sur nous, donc de l’extérieur de nous, de sorte que cette âme ne se situe absolument pas à l’intérieur des individus comme nous l’envisageons habituellement, à partir des enseignements religieux.

L’attraction du Ka qui crée notre tentation d’au-delà, crée ainsi notre tentation d’avenir, c’est à dire celle de nous prolonger par notre descendance, selon un acte des hommes et par la voie des femmes. C’est donc également selon ce Ka que se trouve établie notre détermination au sexe, avec une résolution contradictoire selon la dualité des sexes, et qui fait que si selon cet exercice, les hommes sont constamment “tentés”, les femmes quant à elle sont constamment “en attente”.

C’est d’ailleurs bien ainsi que le comprenaient les anciens qui dans leur préoccupation quant à la métaphysique de l’au-delà, ont érigé des colonnes en forme de phallus, lesquelles relevaient alors d’un “éros sacré”, celui dont l’objet était la procréation, comme obligation envers l’au-delà transcendant, logique de la pluralité, et la collectivité...

Ce qu’il nous faut retenir de cela c’est qu’aucune tentative d’excellence ne se peut depuis l’exclusion d’une société, et qu’il est inutile d’espérer stupidement cette excellence de la part des exclus confinés dans les “quartiers”, et que la toute première chose à faire avant d’en espérer quoi que ce soit, c’est de les réintégrer...

L’autre enseignement, c’est qu’une société à ce point dissolue comme l’est la nôtre, pour laquelle l’exercice du Ka, logique de collectivité, est au plus bas, ne possède absolument pas les moyen de mettre en œuvre les ambitions qui lui permettraient de sortir de ses difficultés actuelles, et que notre seule chance dans ces conditions de nous en sortir, c’est de procéder tout d’abord et de toute urgence à une très ardente “re-socialisation”, de ce qui doit justement redevenir et demeurer, note société...


Paris, le 30 novembre 2013
Richard Pulvar

jeudi, novembre 28, 2013

La "Charte du Manden" ou "Charte de Kurukan Fuga



Charte datant XIII° siècle, la première déclaration des droits humains connue au monde.Conçue (sans influence étrangère) lors de l'achèvement de la construction de l'empire du Mali par Soundiata Keita.Cette charte s'adresse aux « douze parties du monde ». Elle a donc une vocation universelle selon ses auteurs. Elle comporte sept paroles, qui sont autant d'entêtes d'articles de la charte : Connu aussi sous les noms Donsolu Kalikan (Serment des Chasseurs), Dunya Makilikan (Injonction au Monde),ou plus couramment Manden Kalikan (le Serment du Mandé)

1 . Les chasseurs déclarent :

Toute vie (humaine) est une vie.Il est vrai qu'une vie apparaît à l'existence avant une autre vie,
Mais une vie n'est pas plus "ancienne", plus respectable qu'une autre vie,
De même qu'une vie n'est pas supérieure à une autre vie.

2 . Les chasseurs déclarent :

Toute vie étant une vie,
Tout tort causé à une vie exige réparation.
Par conséquent,
Que nul ne s'en prenne gratuitement à son voisin,
Que nul ne cause du tort à son prochain,
Que nul ne martyrise son semblable.

3 . Les chasseurs déclarent :

Que chacun veille sur son prochain,
Que chacun vénère ses géniteurs,
Que chacun éduque comme il se doit ses enfants,
Que chacun "entretienne", pourvoie aux besoins des membres de sa famille.

4 . Les chasseurs déclarent :

Que chacun veille sur le pays de ses pères.
Par pays ou patrie, faso,
Il faut entendre aussi et surtout les hommes ;
Car "tout pays, toute terre qui verrait les hommes disparaître de sa surface
Deviendrait aussitôt nostalgique."

5 . Les chasseurs déclarent :

La faim n'est pas une bonne chose,
L'esclavage n'est pas non plus une bonne chose ;
Il n'y a pas pire calamité que ces choses-là,
Dans ce bas monde.
Tant que nous détiendrons le carquois et l'arc,
La faim ne tuera plus personne au Manden,
Si d'aventure la famine venait à sévir ;
La guerre ne détruira plus jamais de village
Pour y prélever des esclaves ;
C'est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable
Pour allez le vendre ;
Personne ne sera non plus battu,
A fortiori mis à mort,
Parce qu'il est fils d'esclave.

6 . Les chasseurs déclarent :

L'essence de l'esclavage est éteinte ce jour,
"D'un mur à l'autre", d'une frontière à l'autre du Manden ;
La razzia est bannie à compter de ce jour au Manden ;
Les tourments nés de ces horreurs sont finis à partir de ce jour au Manden.
Quelle épreuve que le tourment !
Surtout lorsque l'opprimé ne dispose d'aucun recours.
L'esclave ne jouit d'aucune considération,
Nulle part dans le monde.

7 . Les gens d'autrefois nous disent :

"L'homme en tant qu'individu
Fait d'os et de chair,
De moelle et de nerfs,
De peau recouverte de poils et de cheveux,
Se nourrit d'aliments et de boissons ;
Mais son "âme", son esprit vit de trois choses :
Voir qui il a envie de voir,
Dire ce qu'il a envie de dire
Et faire ce qu'il a envie de faire ;
Si une seule de ces choses venait à manquer à l'âme humaine,
Elle en souffrirait
Et s'étiolerait sûrement".

En conséquence, les chasseurs déclarent :

Chacun dispose désormais de sa personne,
Chacun est libre de ses actes,
Chacun dispose désormais des fruits de son travail.
Tel est le serment du Manden
A l'adresse des oreilles du monde tout entier.

Youssouf Tata Cissé.

Texte réécrit par Youssouf Tata Cissé dans "Soundjata, la Gloire du Mali", éd. Karthala, ARSAN, 1991

mercredi, novembre 27, 2013

KAR-NOUT-IS, PAR-ISIS, RE-MEN-IS... GLOIRES DU PANTHEON EGYPTIEN...


Il s'agit des villes de Chartres, Paris, et Reims, dont certains historiens nous disent qu'elles doivent leurs noms à des tribus celtiques qui les auraient fondées, les Carnutes, les Parisii, et les Rèmes...

En réalité, c'est l'inverse qui s'est produit, et tout comme les Parisiens doivent leur nom au fait d'habiter la ville de Paris, ces tribus ont tout simplement pris le nom des bourgades, déjà fondées et nommées, et dans lesquelles elles s'étaient installées. Ces bourgades furent constituées autour d'anciens sanctuaires dédiés à des divinités du panthéon égyptien, et sur les vestiges desquels, dans une continuité mystique, logique mais insoupçonnée pour la plupart des croyants, l'église catholique va édifier les plus grands temples de la chrétienté...

Ces sanctuaires ( il y en a plusieurs autres ), furent initialement dédiés à :

NOUT, déesse égyptienne du ciel.
ISIS, mère universelle, épouse et soeur d'Osiris, mère de Horus
RE, dieu solaire égyptien.

IS, concept dont le glyphe le représentant est un "faisceau" de tiges de lotus, correspond au fait de rassemblement, donc au "fait de religion", devenant par extension la "chose sacrée". C'est ce concept qui se retrouve dans le nom d'Isis, laquelle rassembla les parties de son frère Osiris pour lui redonner vie, et qui établit la vocation universaliste de la ville de Paris à laquelle elle à donné son nom...

KAR, est le "foyer", le "coeur", où encore le "sanctuaire". On retrouve ce concept dans Kar-nak, celui de Bretagne comme celui d'Egypte

PAR, est l'enceinte sacrée déterminant l'espace dédié à la divinité...

MEN, est la construction en pierre...

Quant à savoir maintenant pourquoi des divinités du panthéon égyptien se trouvaient célébrées dans cette région qui deviendra plus tard la France, c'est le plus intéressant, le plus passionnant, mais le plus long à expliquer, et ce sera aussi le plus difficile à admettre pour certains, et nous verrons cela plus tard... 

Richard Pulvar

samedi, novembre 23, 2013

"LE « COMBAT DU SIÈCLE » ENTRE JACK JOHNSON ET JAMES J. JEFFRIES



En 1910, l'ancien champion invaincu des poids lourds James J. Jeffries sort de sa retraite et annonce « Je vais combattre dans le seul but de prouver qu'un homme blanc est meilleur qu'un Nègre ». Jeffries n'avait pas combattu depuis six ans et dut perdre environ 100 pounds pour faire le poids. Il semblait avoir le support de tous les blancs américains et de tous les médias, ainsi Jack London écrivit : « Jeffries gagnera sûrement car l'homme blanc a 30 siècles de traditions derrière lui - tous les efforts suprêmes, les inventions et les conquêtes, et, qu'il le sache ou pas, Bunker Hill et Thermopylae et Hastings et Azincourt ».

Le combat eut lieu le 4 juillet 1910 devant 22000 spectateurs sur un ring monté pour l'occasion à Reno (Nevada). On pouvait entendre dans la salle le morceau "All coons look alike to me", un des titres phares du genre de musique Coon song caractérisée par sa présentation raciste des noirs américains. Les promoteurs du combat incitèrent même le public entièrement blanc à chanter « Tuez le nègre ! » avant et pendant le combat. Jeffries alla deux fois au tapis lors des 15 premières reprises de ce combat, ce qui ne lui était jamais été arrivé dans sa carrière. Son encadrement le poussa à l'abandon. Cette victoire de Johnson lui permit d'empocher 60 000 dollars et de faire taire les critiques à propos de son titre face à Burns. Nombre de spécialistes, faisant ouvertement preuve de racisme, n'admettaient pas qu'un boxeur noir fût champion du monde des poids lourds, et considéraient le match Burns-Johnson comme non significatif. Pour eux, Jeffries était le champion invaincu. L'annonce de cette victoire fut marquée par des agressions racistes de blancs sur des noirs à travers tous les États-Unis, principalement dans l'Illinois, le Missouri, l'Ohio, la Pennsylvanie, le Colorado, le Texas et les villes New York et Washington. Le poète noir William Waring Cuney publia un poème pour marquer ces évènements : My Lord, What a Morning. Certains états américains interdirent la diffusion du film du match puis interdirent que les rencontres de Johnson contre des boxeurs blancs soient filmées. En 2005, le film de ce match historique fut placé sur la liste du National Film Registry.

Johnson défraya de nouveau la chronique en épousant une femme blanche. Il dut fuir au Canada puis en France afin d'éviter la prison pour une violation de la loi Mann qui interdit le transport de femmes à travers les états en vue de prostitution ou d'actes dits "immoraux", faits qu'il réfute mais qui le condamnent à 1 an de prison.

Johnson perd son titre le 5 avril 1915 face à Jess Willard lors d'un match disputé à La Havane (Cuba) devant 25 000 spectateurs. Prévu en 45 reprises, ce combat est arrêté après 26 reprises à la suite du KO de Johnson. Il revient aux États-Unis en 1920 où il purge un an de prison pour avoir épousé une femme blanche. Il divorce en 1924 et meurt dans un accident de la route en 1946. Une pièce de théâtre d'Howard Sackler, The Great White Hope (L'insurgé), raconte sa carrière.

vendredi, novembre 22, 2013

D'OU VENAIENT LOINTAINEMENT CEUX DE " CRO-MAGNON "...?


Le terme " mignon " désigne ce qui est "petit", et particulièrement le petit des humains, tel que nous disons qu'il est mignon...

A l'opposé de cela, "magnon" désigne ce qui est "grand", dans le même sens que nous disons "Charlemagne", pour dire "Charles le grand"...
Le nom du site préhistorique "Cro-magnon", signifie donc " Cro le grand ", et toute la question est de savoir le grand quoi ?

Que signifie donc Cro ?

Pour le savoir, il nous faut nous rendre en Afrique de l'Ouest ( hé oui ), et plus précisément en Côte d'Ivoire pour constater que dans la langue des "Baoulés", le mot " Kro ", signifie tout simplement " village ", et se retrouve dans des noms tels que :

Yamossoukro
Mossikro
Yaokro
Okoukro, et bien d'autres...

Cro-magnon signifie donc tout simplement, le " grand village ", et toute la question est donc de savoir comment une appellation d'Afrique de l'Ouest s'est-elle retrouvée en plein milieu de la France, à des époques aussi lointaines ?

Cela vous surprend bien sûr ?

Mais soyez tranquilles je vous donnerai une explication, car il y en a plein d'autres ainsi, mais à cette heure où dans ce pays certains plein d'un mépris qui ne tient qu'à leur ignorance, s'envoient en l'air avec des histoires de singes et de bananes, j'éviterai de tout vous donner d'un coup, car il risquerait d'y avoir des suicides...

Richard Pulvar

samedi, novembre 02, 2013

Le 2 novembre : la Fête des morts


Le 2 novembre est pour les chrétiens la fête des morts, mais dans les faits c'est le 1er novembre, le jour de la Toussaint que l'hommage est rendu aux défunts. 

Cette fête en "Europe" est une survivance de rites païens dont la Samain :" une fête celtique célébrée à la même époque de l'année et qui disparut vers la fin de l'Antiquité, avec la religion druidique. Ce rituel païen fut graduellement remplacé par les rituels de l'Église." 

Mais l'origine de l'honoration des morts, est bien plus ancienne, en rapport avec le Déluge dont toutes les mythologies, les textes religieux, bible et autres font état :"selon le récit de Moïse, le déluge commença, à savoir le 17e jour du second mois, période qui correspond au début de notre mois de novembre (Genèse, 7 : 11). Cette fête, célébrée par les païens qui rejetaient Dieu, "

La fête des morts fut une réaction, une protestation de l'homme contre Dieu qui provoqua le Déluge et la destruction de cette humanité antédiluvienne.

Et à chaque année, par la perpétuation de cérémonies, la mise en lumière des sépultures l'homme se rattache à une humanité dont il n'a plus souvenir...

lundi, octobre 28, 2013

LE CHANT DES DEESSES


Il y eut l’esclavage, puis il y eut la ségrégation, et même après que ces malédictions furent vaincues, il demeura encore le préjugé. Et pourtant, elles triomphèrent de tout cela, sans armée mais non sans arme, car elles en possédaient une d’une incroyable efficacité, qui était capable d’atteindre même l’adversaire le plus résolu et de lui ouvrir tout grand son âme, afin qu’elles puissent en faire la conquête et par là, le subjuguer.

Et, c’est en nous abreuvant du conte de leur histoire que nous apprenons que, même dans les situations qui nous semblent les plus compromises et où comme en ce moment, nous sentons sombrer notre société, il ne faut jamais désespérer de notre espèce humaine. Car, il y aura toujours, et même s’il vient de loin et qu’il se sera fait longuement attendre, quelque chose de bien qui s’en viendra finalement vaincre le mauvais, même si cette victoire ne sera jamais définitive et que plus tard d’autres combats seront encore à mener.

Car, la force d’espérance et la confiance peuvent conduire par des parcours vertigineux depuis les abysses jusqu’aux sommets, à de merveilleuses “rédemption”, et tel fut le parcours de ces femmes exceptionnelles dites “déesses” (divas), dont les ancêtres à seulement deux ou trois générations d’elles, étaient des esclaves, hommes ramenés au niveau de la bête, et dont la première d’entre elles, le fut elle-même. Ces ancêtres hagards, courbés sous la contrainte de la servitude, dont l’idée d’excellence avait déserté leur existence humiliée et à l’horizon bouché, et dans laquelle il ne pouvait y avoir de répit que celui qu’offrait la mort, ont ils pu imaginer un seul instant que leurs descendantes deviendraient les objets d’un véritable culte ?

Ont-ils pu imaginer cette ironie extraordinaire et magnifique selon laquelle ceux qui se sont si longtemps mépris sur eux, allaient seulement quelques décennies plus tard, se vêtir élégamment pour se rendre dans de grandioses salles de spectacle où il est convenu de l’être, et où il avaient retenu de longue date des places au meilleurs endroits pour être certains de ne rien manquer, et qui une fois le rideau ouvert sur l’entrée irréelle d’une “déesse” noire, sitôt fortement acclamée sous la lumière d’un soleil bleu, allaient lui offrir leurs âmes à conquérir ?

C’est alors qu’à la descente d’une baguette magique retentissent les premières notes de l’odyssée musicale, et que sis au fond de leur siège comme Ulysse attaché au mât du navire, ils s’abandonnent volontiers à l’invasion de l’émotion désireux qu’ils sont d’en faire le plein, et le charme opérant, il leur arrive parfois même d’en pleurer autant que d’en sourire. Puis ayant vécu, c’est par un tonnerre d’applaudissements qu’ils saluent le dernier “la” poussé en un point d’orgue au-delà des nues, en le ponctuant ça et là de quelques tonitruants “bravos”. Et, ne se résignant pas à voir la déesse s’en retourner dans son paradis auquel ils n’ont pas accès, certains tentent d’obtenir la complicité d’un saint Pierre pour pouvoir accéder à la loge, d’autres pour arracher à tout prix un autographe, ceux de bonnes manières avaient quant à eux déjà prévus le bouquet de fleurs, en se réjouissant à l’idée que la carte qui l’accompagne serait lue, seule façon pour eux d’obtenir une éphémère installation, au coin d’une divine affection.

Pour ces amoureux de l’art lyrique, quelles sont belles et quelles leur sont chères ces cantatrices, et peu leur importe d’ailleurs de se souvenir d’où elles viennent, mais justement, comment ces descendantes d’esclaves sont-elles parvenues à s’installer jusque dans les cieux, pour que l’instant d’un concert elles puissent avoir ainsi le monde à leurs pieds ?

C’est parce qu’elles possèdent le don de mettre en oeuvre cet heureux allié du “bien”, lequel chez les humains s’accompli par raison ou par devoir, ce qui se révèle être hélas parfois insuffisant, et qui, en adjoignant à ce bien la formidable force de la “séduction”, lui permet de vaincre le “mal”. Il s’agit alors en ce secours des bonnes causes, de ce que nous reconnaissons comme étant le “beau”.

Ainsi la beauté dont elles enivrent tous ceux qui ont la fortune de leur prêter l’oreille, renvoie-t-elle dans ses enfers le mal qui toujours sous-jacent, tendrait à les faire mépriser elles et  leur semblables, pour leur couleur en laquelle certains veulent obstinément voir la marque de l’infériorité. Et, en les voyant produire devant un public succombant à leur charme, mais constitué presque exclusivement d’amateurs blancs, comme pour leur éviter qu’en cas d’une reconnaissance par les leurs qui viendrait tant les combler, elles ne perdent leur contrôle par excès de bonheur, on songe à cette expression de la bien-aimée du cantique des cantiques :

“ Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem...”

On se dit alors qu’en certains instants des acclamations et des félicitations, elles n’ont pas du manquer face à l’un de ces amoureux parmi les plus épris, et en songeant en un film accéléré au long chemin parcouru depuis les champs de coton ou de canne à sucre :

“ Vois, toi qui nous a si longtemps cru incapables d’être tes égaux, vois comme je suis parvenue à te rejoindre dans ta propre culture, et vois comme je suis même capable de devenir le meilleur de toi...”

Il s’agit en ces “déesses” présentées ici sur l’illustration, de gauche à droite et de haut en bas, d’Elisabeth Taylor Greenfield, Maria Anderson, Leontyne Price, Grace Bumbry, Shirley Verett, Christiane Eda Pierre, Jessye Norman, Barbara Hendricks, et Kathleen Battle.

Je ne peux évidemment pas vous les conter toutes ici selon la grande richesse de leurs différentes carrières, mais disons cependant quant à la première, Elisabeth Taylor Greenfield, qu’elle naquit esclave en 1824, mais fut adoptée par un couple de “quakers”, ces adeptes d’un mouvement dissident de l’église anglicane pour lesquels, loin de toute structure hiérarchisée telle que celle d’une église, la croyance ne doit être l’expression que de ce qu’ils nomment la  “lumière intérieure”.

Constatant son don, ils lui firent faire des études de musique, et à partir de son premier concert en 1851, elle parvint rapidement à gagner de la notoriété.

En 1853 elle fit un concert au Metropolitan Hall de New York en recueillant un auditoire de 4000 personnes toutes exclusivement blanches. Mais après ce concert, pour marquer son regret du fait que les siens n’aient pu y assister, elle se produira dans une maison de retraite pour personnes de couleur.

La même année, elle se rend en Angleterre et en 1854, elle se produira au palais de Buckingham devant la reine Victoria. Retournée aux Etats Unis, elle créera en 1860 une troupe d’opéra, dont elle prendra la direction.

Quant à la dernière de l’illustration, qui donc parmi tous ceux qui ont eu la chance de le suivre, dans le cadre du “Concert du nouvel an”, cet événement mondial qui se produit à Vienne tous les premiers de l’an, n’a gardé un souvenir mémorable de ce magnifique concert de 1987 ? Celui où, accompagnée de l’orchestre philarmonique de Vienne sous la direction de l’illustre chef Herbert von Karajan, la belle Kathleen Battle interpréta si sublimement cette œuvre “Voix du printemps”, du compositeur Johan Strauss, et dont un commentateur si plein d’enthousiasme alla jusqu’à dire qu’on pouvait mourir pour pouvoir entendre cela.

Tout au long du morceau, ce bel aryen visiblement également tombé sous le charme, et qui semblait presque en oublier sa direction d’orchestre, n’eut de cesse de jeter des regards pleins de tendresse sur cette femme noire, telle qu’elle était si resplendissante dans une tenue qui l’avantageait encore, et telle qu’elle su rendre magique les échos de ce chant.

Entre les deux nous trouvons à la 7eme place de l'illustration, l’immense Jessye Norman dont on se souvient comment en 1989, à l’occasion des célébrations du bicentenaire de la révolution française, on la vit surgir sous les projecteurs toute de tricolore vêtue, par devant l’obélisque de Louxor pour entamer une marseillaise si vibrante qu’elle aurait probablement fait tressaillir Rouget de l’Isle lui-même. Et ce, sous les regards à la fois émus et pleins de fierté, du président des Etats Unis d’Amérique et de son épouse, invités pour l’occasion au balcon de l’hôtel de Crillon. Et c’est donc cette femme noire qui fut choisie pour célébrer au plus haut point en ces instants du souvenir de sa fondation, la république française...

Quelque temps plus tard, en 1992, c’est dans cet autre haut lieu de la nation française s’il en est, que constitue la cathédrale Notre-Dame de Paris, et dans une atmosphère d’une telle ferveur que même un non croyant ne pouvait douter que d’évidence, Dieu lui-même avait pris place en l’endroit, que la grande Jessye Norman qui constitue l’archétype même de ce que nous concevons comme étant une “diva”, interprétera d’une façon troublante le fameux “Sanctus” de la messe solennelle de Charles Gounod.

Sur le parvis, des milliers de parisiens n’ayant pu trouver place dans la cathédrale, et ne voulant rien manquer de l’événement, suivaient le concert sur un écran géant.

Enfin, permettez-moi de faire une mention spéciale pour de celle qui se trouve en 6eme position sur l’illustration, la Martiniquaise Christiane Eda Pierre, qui bien que défendant un immense répertoire, demeure une interprète d’élection de Mozart, et qui débutant à Nice, eut un grand succès à l’Opéra de Paris, puis entama une brillante carrière internationale de Moscou à Chicago, en passant par Vienne, Salzburg, Londres, Lisbonne et New York.

Après avoir été professeur au conservatoire supérieur de Paris puis dans la même ville, à la Schola Cantorum, elle formera de nombreux artistes qui sont aujourd’hui de renommée internationale et parmi lesquels il faut bien le remarquer, plusieurs artistes hommes et femmes Martiniquais. Sous son impulsion sera ainsi créée chez les siens, une toute nouvelle tradition dédiée à cet art et qui aura été l’occasion de déboucher il y a quelques années sur un inattendu festival de “Mozart en Martinique”.

Que nous faut-il remarquer et retenir de tout cela ?

Il nous faut tout d’abord remarquer que c’est précisément en ces endroits où les noirs durent affronter les pires difficultés, Etats Unis d’Amérique, Antilles, et Afrique du Sud que, paradoxalement, ils se seront le plus brillamment affirmés, ce qui montre que rien de grand ne s’obtient hors de l’épreuve, et que dans les pays comme c’est actuellement le cas en France, où on refuse de comprendre la normalité des problèmes qui se posent à une société, et qu’on veut en faire la cause exclusive de boucs émissaires pour ne surtout pas avoir à les affronter, on se condamne à la médiocrité.

D’autre part, pour ces femmes, la beauté de leur voix fut un don hérité dès leur naissance mais qui, comme il est facile de le comprendre, n’a certainement pas suffit à faire leur grand succès. Celui-ci à forcément nécessité de plus un énorme travail, avec une détermination sans faille qu’elles n’ont pu manifester que si elles se trouvaient également habitées par une grande “beauté de l’âme”, une disposition à bien faire, à faire le bien, et favoriser ce bien. C’est probablement ce que Luther comprenait comme étant la “grâce”, et dont il disait que ceux qui en étaient dépourvus ne pouvaient l’acquérir.

Egalement, il s’agit probablement en cette beauté de l’âme de ce dont nous désignons les manifestations comportementales comme étant la “classe”, et il est clair que ces femmes en sont grandement pourvues...

Nous devons donc comprendre que sans qu’il y ait de la beauté dans l’œuvre, et sans que ses auteurs ne manifestent une certaine classe, le bien n’a aucune chance d’y être contenu. Et, il est remarquable que la débâcle qui frappe notre actuelle société s’accompagne de toutes les laideurs, à commencer par celle comportementale de nos dirigeants que nous avons eu le tort depuis le passage au Palais de l’ignoble nabot, d’en supporter la grossièreté et le caractère injurieux, partant de laquelle il était clair que rien ne pouvait sortir de bien de l’action de tels hommes...

Aujourd’hui, c’est bel et bien la laideur du discours politique selon lequel des leaders mal inspirés s’emploient à solliciter toutes les bassesses pour se constituer leur clientèle, qui constitue la preuve du mal actuellement triomphant dans cette société, et les “libérateurs” seront ceux qui sauront proclamer à nouveau, après les avoir dégagées de la fange dans laquelle les ont plongées tous ces faussaires s’en réclamant, les si belles idées généreuses de l’humanisme et du progrès...


                                 Paris, le 28 octobre 2013
                                         Richard Pulvar                  

vendredi, octobre 25, 2013

25 OCTOBRE 1983: GRENADE, UNE INVASION POUR L’EXEMPLE


« Le coup d’État qui a précédé de quelques jours le débarquement américain, s’est traduit par l’élimination physique du leader le plus populaire, Bishop, créant ainsi une situation favorable pour l’intervention américaine. La population ne pouvait qu’être désorientée par l’assassinat de Bishop par l’armée, au lendemain même où elle lui avait montré sa confiance ou sa sympathie en le délivrant et en manifestant avec lui dans la rue massivement. Cette population en grande majorité était très méfiante vis-à-vis des nouvelles autorités, et la mobilisation populaire contre les troupes américaines était rendue d’autant plus difficile. D’autre part Reagan prenant le prétexte du coup d’État a pu ainsi se justifier vis-à-vis de l’opinion publique mondiale en prétendant intervenir pour rétablir la démocratie.

Bishop était au pouvoir depuis le printemps 1979. Il s’en était emparé à l’aide d’un commando d’une douzaine de compagnons, profitant de l’absence du chef de l’État en titre, Gairy. Ce dernier s’était transmué d’ancien syndicaliste en un dictateur corrompu et faisait régner son ordre à l’aide de sa police, « les Mangoustes » qui, à l’image des « Tontons Macoutes » de Duvalier en Haïti, lui permettait d’utiliser à sa guise les ressources du pays c’est-à-dire en grande partie à accroître sa richesse personnelle.

La venue au pouvoir de Bishop n’a pas été le résultat d’une mobilisation populaire, mais celle d’un coup de main. Elle fut cependant applaudie par la population de Grenade et Bishop est devenu très populaire. Ce n’est pas pour autant que le nouveau pouvoir ait été mis sous le contrôle des masses, ni que l’armée ait été dissoute. C’est d’ailleurs dans cette dernière que se sont recrutés les assassins de Bishop. L’essentiel de l’action de Bishop et de son équipe a consisté à essayer d’éliminer la corruption et à mettre l’accent sur la gratuité de l’éducation, l’alphabétisation de la population, la gratuité des soins et l’amélioration des services de santé. Et dans un premier temps au moins il avait réussi à mobiliser une fraction de la jeunesse pour la réalisation de ces tâches bénévoles. Tels étaient les traits essentiels de ce qui a été baptisé « la révolution » à Grenade.

Restait que Grenade prenait l’air, après Cuba et le Nicaragua, du troisième État « marxiste » dans la région. Bishop lui-même le présentait ainsi.

Pourtant Bishop cherchait un accommodement avec les États-Unis. L’été dernier encore, il avait fait antichambre à Washington pour n’être finalement reçu que par un conseiller de Reagan, et sans avoir réussi en rien à infléchir l’attitude des dirigeants américains.

L’impérialisme américain ne pouvait accepter qu’une dictature pourrie certes mais ayant son aval ait été éliminée sans son autorisation et qu’elle ait été remplacée par des dirigeants se disant amis de Castro, nouant des relations avec Cuba, de même qu’avec l’URSS, sans toutefois d’ailleurs quitter le Commonwealth.

Pour les dirigeants américains, traiter avec le nouveau régime de Grenade aurait pu être interprété comme l’acceptation, même contrainte, de voir se multiplier sur le continent américain, dans leur « arrière-cour », des régimes comme celui de Cuba ou du Nicaragua. Or s’ils ont été contraints de tolérer Cuba depuis 25 ans et le Nicaragua depuis quatre ans, ils ne tiennent pas à ce qu’on puisse croire ni que cela signifie qu’ils ont définitivement accepté cette situation de fait, ni qu’ils accepteraient que d’autres régimes semblables s’installent ailleurs dans l’Amérique latine.

A Cuba, ils avaient bien tenté une intervention militaire par exilés interposés, dans la Baie des Cochons, mais cela ne leur avait pas réussi. Au Nicaragua, ils organisent par l’intermédiaire de groupes oppositionnels des opérations militaires ponctuelles à caractère terroriste, en attendant peut-être de faire pire. Mais de fait, ils ont bien été obligés jusqu’à présent de tolérer l’un comme l’autre de ces régimes. Alors Grenade leur a fourni l’occasion de démontrer par une opération, moins coûteuse que s’il s’était agi de Cuba ou du Nicaragua, que les régimes qui veulent échapper à l’emprise américaine non seulement ne seront jamais pleinement acceptés, mais qu’ils restent sous la menace permanente d’une intervention armée américaine.

L’expédition contre Grenade, c’était un avertissement à Cuba et au Nicaragua, c’était un avertissement aux guerillas d’Amérique latine en action, ou à ceux qui rêvent d’y entrer, un avertissement destiné à décourager tous ceux qui, depuis d’autres îles des Caraïbes jusqu’à de vastes pays comme le Brésil, seraient tentés de se dresser contre l’impérialisme américain.

Il n’a pas fallu longtemps d’ailleurs pour que les USA récoltent ailleurs qu’à Grenade des fruits à leur expédition. A peine trois jours après, au Surinam (ex-Guyane hollandaise) où le chef de l’État, le général Bouterse, se déclarait pro-cubain et où depuis quelques mois une aide était fournie par La Havane, tous les diplomates, tous les conseillers et techniciens cubains étaient mis à la porte. »

Source : lutte ouvrière, novembre 1983

jeudi, octobre 24, 2013

Exposition sur la dissidence des Martiniquais et des Guadeloupéens


L'antenne du CM98 (Comité Marche du 23 mai 1998) de Villeneuve-Saint-Georges, vous convie à une double exposition mémorielle (23 au 30 novembre 2013, vernissage le 23 à 15h), d'une grande page de l'histoire de France, qui a souvent été occultée dans les programmes scolaires, donc peu connue  aussi bien aux Antilles-Guyane, que dans l'hexagone.

 Il y eu au moins 4000 à 5000 Antillo-Guyanais dissidents, entre 1940 et 1943 à répondre à l'appel du Général De Gaulle depuis L'Angleterre  ...
Afin de leurs rendre hommage, nous avons voulu les mettre à l'honneur à travers ces deux expositions mises à notre disposition par l'ONAC (Office National des Anciens Combattants) du Val de Marne.

         A l’issu du vernissage, vous pourrez assister à la projection d'un documentaire très émouvant qui a pour titre "La Dissidence aux Antilles et en Guyane" du célèbre réalisateur Barcha Bauer, qui sera présent afin de présenter le film, puis de dialoguer avec vous, à la fin.
                              
                                       D    E    T    A    I    L   S
La première exposition:
 1) "La Dissidence en Martinique et en Guadeloupe de 1940 à 1945"
Cette exposition  rend  hommage à l’engagement de ces Dissidents antillais qui ont  refusé la défaite de la France, l’asservissement de son gouvernement à un pays ennemi, et qui se sont battus pour rendre à la République ses droits; une mise à l’honneur tardive et méritée, une reconnaissance attendue par ces anciens combattants ...

La seconde exposition:
2) "La Force noire"
 Elle retrace, à travers des  documents iconographiques inédits  et des témoignages, l’histoire des «Tirailleurs sénégalais » depuis leur création par Napoléon III en 1857 jusqu’à nos jours. La présentation sur chacun des dix panneaux, de l’itinéraire d’un soldat français et d’un soldat d’origine africaine ou malgache est hautement symbolique et rend un hommage appuyé à ces hommes qui ont servi la France au prix de lourds sacrifices ...
Le film:
"La dissidence aux Antilles et en Guyane" 
réalisation Barcha Bauer
Ce film est dédié à tous les oubliés de l’histoire. En juin 1940, l’Armée Française et l’Armée Anglaise ont perdu la guerre contre l’offensive allemande. De dizaine de milliers d’Antillais, Guyanais, Africains, Maghrébins, Indochinois se retrouvent sur les routes de la défaite en France ...

Le vernissage aura lieu le samedi 23 novembre à 15h, Espace Jean Cocteau, 8 avenue Carnot
94190 Villeneuve-saint-Georges.
L'exposition sera visible du 24 au 30 novembre 2013 de 14h30 à 17h30.

Transport ---> RER D (arrêt Villeneuve-Saint-Georges) c'est à 5mn de la gare.
Voiture ---> parking de la gare

samedi, octobre 19, 2013

CES ILLUSTRES QUE LEUR COULEUR N’A PAS PERMIS DE MIEUX LES ENTENDRE



Il faudra attendre la fin du 20eme siècle pour que soit redécouvert Joseph Bologne, plus connu comme étant le Chevalier de Saint Georges, après que ses œuvres qui ont pourtant eu un si grand succès à son époque, furent tombées dans l’oubli. Il était le fils d’une esclave noire et d’un colon protestant, Georges de Bologne, et il naquit en 1745 en Guadeloupe.

Cet homme qui a reçu de son père une éducation très soignée, s’est rendu en métropole en 1753 pour se préparer à une carrière d’officier. Admis dans le corps prestigieux des gendarmes de la garde du roi, il deviendra vite l’escrimeur le plus renommé de son époque. Mais son génie trouvera également à s’exprimer d’une façon si exceptionnelle et inattendue dans le domaine de la musique, qu’il sera désigné par certains comme étant le Mozart noir.

Louis XVI songeant à le nommer à la direction de l’Académie Royale de Musique, compte tenu de son grand succès, une cabale sera montée contre lui par des artistes refusant de se trouver sous les ordres d’un mulâtre. Mais, le roi désireux de calmer les choses, ayant finalement opté pour quelqu’un d’autre, ceci ne l’empêchera pas d’être régulièrement reçu à la cour, et de devenir l’intime de la reine Marie Antoinette.

Lorsque éclate la Révolution, il s’engage dans la garde nationale et obtient le grade de capitaine, puis se retrouve dans l’armée du nord combattant les Autrichiens avec le grade de colonel, et il s’arrange alors pour faire promouvoir au grade de lieutenant-colonel, un métis comme lui, celui qui deviendra le fougueux général Alexandre Dumas, le père de l’écrivain. Mais ses anciennes amitiés avec la famille royale lui vaudront une suspicion telle, qu’il sera arrêté puis emprisonné, avant d’être définitivement révoqué. C’est alors qu’il s’embarque en 1795 vers Saint-Domingue où il rencontrera Toussaint Louverture, ce qui lui vaudra une haine féroce de la part de Napoléon qui tentera de faire détruire toutes ses ouvres. Disparu en 1799, il tombera dans l’oubli...

Un autre génie des Amériques fut le compositeur brésilien José Mauricio Nunes Garcia, né à Rio en 1767. Il était le fis de deux métis esclaves affranchis, et sa mère qui a perçu très tôt ses talents de musicien, va s’employer à lui donner une éducation musicale. C’est en ayant été enfant de chœur à la cathédrale de Rio, qu’il aura l’occasion d’apprendre le solfège, le clavecin, l’orgue, et le latin. Il composera sa première œuvre en 1783 qu’il va dédier à la cathédrale, et il deviendra rapidement professeur à la confrérie Sainte Cécile.

C’est après bien des difficultés, compte tenu des préjugés de l’époque, qu’il sera ordonné prêtre en 1792, et il deviendra “maitre de chapelle” de la cathédrale, sa fonction consistant alors à produire des œuvres de commande pour les fêtes liturgiques, les mariages et les naissances de la famille royale.

C’est précisément l’arrivée de la famille royale portugaise à Rio en 1808, suite aux guerres napoléoniennes, qui va constituer le tournant et l’occasion de sa grande carrière, car il obtiendra les faveurs du prince régent Jean Vi de Portugal dont il recevra même le titre “d’employé personnel”, et malgré la forte opposition d’une partie du clergé à cause de sa couleur, il sera nommé Maitre de la Chapelle Royale, et produira alors une œuvre importante et d’une qualité telle, qu’il passe aujourd’hui pour être un des plus grands compositeur des Amériques. 

Un autre de ces génies méconnu mais dont le répertoire est pourtant si émouvant, est le compositeur britannique Samuel Coleridge Taylor, né en 1875 d’un père africain et d’une mère anglaise, et qui d’une façon surprenante pour cette époque par rapport à sa couleur, va pouvoir suivre un parcours classique sans embûches. Ceci, en commençant par apprendre la musique au conservatoire de sa ville de Coydon, pour être admis plus tard Au Royal College of Music de Londres où il recevra une formation qui lui permettra de devenir chef d’orchestre dès 1895, dirigeant successivement l’orchestre de la Haendel Society de Londres, et l’orchestre symphonique de Bournemouth.

Comme compositeur il accède à la notoriété en 1898 avec sa “ballade en la mineur” pour orchestre, et il triomphe en 1900 avec sa cantate pour soli, chœurs, et orchestre qui en 1904, passera le cap des 200 exécutions.

Il sera très marqué par son déplacement aux Etats Unis où il découvrira la ségrégation raciale, mais quant aux noirs américains si fiers et si impressionnés par sa personne, ils fonderont à Washington la “Samuel Coleridge Taylor Choral Society” pour faire là-bas la promotion de son œuvre.

Cependant, deux faits exceptionnels vont marquer ses passages aux Etats Unis. Il aura tout d’abord le privilège rare d’être reçu en audience privée à la Maison blanche par le président Theodore Roosevelt, mais surtout, lors de son troisième et dernier voyage, il se trouvera à diriger au festival de Norfolk, une formation de musiciens et de choristes blancs, prestation qui aura un tel succès, qu’il sera alors surnommé comme étant le “Malher noir”.

Si le quatrième génie présenté ici est soudainement sorti de son oubli, c’est parce qu’en 1973 un de ses airs à servi d’illustration pour un film “l’Arnaque”, dont le succès fut alors planétaire. Scott Joplin est un pianiste et compositeur de “Ragtime”, né en 1868 au Texas, et dont les deux parents qui étaient aussi musiciens, ont grandi dans l’esclavage.

C’est en suivant sa mère qui faisait le ménage dans une maison de blancs, que Scott eu le premier contact avec un piano, celui de la “patronne” qui, en échange d’heures de ménage faites par sa mère, lui donnera les enseignements de base et lui fera faire ses tout débuts de musicien, avant qu’il ne poursuive sa formation en autodidacte, et tel sera d’ailleurs en cette éducation par une femme blanche, un des thèmes de son célèbre opéra “Treemonisha”.

Cependant, bien que de revenus modestes, son père conscient du talent de son fils parviendra à force de sacrifices à lui acheter un piano, et à l’inscrire à un cours de musique où il apprendra les techniques de l’harmonie et de la composition, et les genres musicaux européens tels que l’opéra.

C’est en se rendant en 1880 à Saint Louis dans le Missouri que débute sa carrière, dans des conditions très difficiles, en travaillant comme pianiste dans des clubs et en participant occasionnellement à quelques orchestres...

Il publie sa première œuvre, une chanson, en 1895, et ce début l’incite à poursuivre sa formation afin de s’affirmer dans sa carrière de compositeur et, après la composition de deux marche et une valse, il produira son plus grand succès en 1899, “Maple Leaf Rag”, une pièce qui constituera un véritable phénomène musical, puisque la partition sera vendue à plus d’un million d’exemplaires, ce qui a l’époque, constituera un record...

Enfin, c’est en 1911 qu’il produira ce qui demeure comme étant son œuvre majeure, son deuxième opéra, Treemonisha, le premier tout comme une symphonie et un concerto ayant été perdus par sa maison d’édition...

Frappé par la maladie dès 1913, qui lui fera perdre graduellement de sa dextérité de pianiste, celle-ci finira par l’emporter en 1917, et le Ragtime étant supplanté comme style de musique par le Jazz, Scott Joplin tombera dans l’oubli et n’aura de reconnaissance qu’en 1976, où il recevra à titre posthume, le prix Pulitzer de la musique...

Ce qu’il nous faut maintenant remarquer, c’est que si ces grands hommes et beaucoup d’autres comme eux issus des communautés noires, sombrent dans l’oubli, c’est d’abord et avant tout parce qu’ils ne produisent presque exclusivement que devant un public de blancs, et que ceux de ces communautés elles-mêmes les ignorent totalement. Ceci, en se désintéressant de pans entiers de la création humaine, non pas parce qu’ils ne sont pas capables d’y exceller, puisque la démonstration du contraire est apportée par ces illustres, mais selon ce qu’il conviendrait de nommer un nombrilisme racial défensif qui témoigne d’un profond désarroi, et selon lequel pour se protéger en leur authenticité, bien des gens de ces communautés pensent qu’ils n’ont pas à se faire pas même pour s’en enrichir, de ce qui au départ fut la culture des autres, et qui tend aujourd’hui à devenir universelle...

Or, pour comprendre à quel point cette attitude désespérante est pénalisante pour eux, il n’y a qu’à constater que tout au contraire de cela, les asiatiques ont su parfaitement intégrer à leur culture déjà riche, ces joyaux de la culture occidentale, et ont vu l’émergence dans leurs rangs, d’instrumentistes, de concertistes, de solistes et de chefs parmi les plus talentueux, qui produisent non seulement à l’étranger mais également chez eux, devant des salles combles de leur compatriotes, et on ne voit pas qu’ils se portent moins bien que ceux qui se sont enfermés dans le refus culturel de l’autre

Paris, le 19 octobre 2013
Richard Pulvar

Le texte de la circulaire Linard


Mission militaire française près l’Armée Américaine

7 août 1918

Au sujet des troupes noires américaines

I. Il importe que les officiers français appelés à exercer un commandement sur des troupes noires américaines, ou à vivre à leur contact, aient une notion exacte de la situation des nègres aux États-Unis. Les considérations exposées dans la note suivante devraient donc leur être communiquées, et il y a un intérêt considérable à ce qu’elles soient connues et largement diffusées ; il appartiendra même aux autorités militaires françaises de renseigner à ce sujet par l’intermédiaire des autorités civiles, les populations françaises des cantonnements de troupes américaines de couleur.

II. Le point de vue américain sur la « question nègre » peut paraître discutable à bien des esprits français. Mais il ne nous appartient pas à nous Français de discuter ce que certains appellent un « préjugé ». L’opinion américaine est unanime sur la « question noire » et n’admettrait pas la discussion.

Le nombre élevé de nègres aux États-Unis (15 millions environ) créerait pour la race blanche de la République un danger de dégénérescence si une séparation inexorable n’était faite entre noirs et blancs.

Comme ce danger n’existe pas pour la race française, le public français s’est habitué à traiter familièrement le « noir », et à être très indulgent à son égard.

Cette indulgence et cette familiarité blessent profondément les Américains. Ils les considèrent comme une atteinte à leurs dogmes nationaux. Ils craignent que le contact des Français n’inspire aux noirs américains des prétentions qu’ils considèrent comme intolérables. Il est indispensable que tous les efforts soient faits pour éviter d’indisposer profondément l’opinion américaine.

Bien que citoyen des États-Unis, l’homme de couleur est considéré par l’Américain blanc comme un être inférieur avec lequel on ne peut avoir que des relations d’affaires ou de service. On lui reproche une certaine inintelligence, son indiscrétion, son manque de conscience civique ou professionnelle, sa familiarité.

Les vices du nègre sont un danger constant pour l’Américain, qui doit les réprimer sévèrement. Par exemple, les troupes noires américaines en France ont donné lieu à elles seules à autant de plaintes pour tentatives de viol, que tout le reste de l’armée, et cependant on ne nous a envoyé comme soldats qu’une élite au point de vue physique et moral, car le déchet à l’incorporation a été énorme.

Conclusion

I. Il faut éviter toute intimité trop grande d’officiers français avec des officiers noirs, avec lesquels on peut être correct et aimable, mais qu’on ne peut traiter sur le même pied que des officiers blancs américains, sans blesser profondément ces derniers. Il ne faut pas partager leur table et éviter le serrement de main et les conversations ou fréquentations en dehors du service.

II. Il ne faut pas vanter d’une manière exagérée les troupes noires américaines surtout devant les Américains. Reconnaître leurs qualités et leurs services, mais en termes modérés conformes à la stricte réalité.

III. Tâcher d’obtenir des populations des cantonnements qu’elles ne gâtent pas les nègres. Les Américains sont indignés de toute intimité publique de femme blanche avec des noirs. Ils ont élevé récemment de véhémentes protestations contre la gravure de la « Vie Parisienne » intitulée « L’enfant du dessert » représentant une femme en cabinet particulier avec un nègre. Les familiarités des blanches avec les noirs sont du reste profondément regrettées de nos coloniaux expérimentés, qui y voient une perte considérable du prestige de la race blanche. L’autorité militaire ne peut intervenir directement dans cette question, mais elle peut influer sur les populations par les autorités civiles.

Linard

vendredi, octobre 18, 2013

BUFFALO SOLDIERS...


En 1863 durant la guerre de sécession, au constat des pertes considérables qui avaient été celles des armées nordistes, et face aux émeutes populaires grandissantes qui contestaient le principe de la conscription, Abraham Lincoln prit la décision d'ouvrir les rangs des forces armées à des soldats noirs. Et ceci, d'autant que depuis 1862, les sudistes quant à eux avaient déjà constitué à leur service, des milices de nègres.

Ainsi sera créé dans l'armée nordiste, le 54eme régiment du Massachusetts, composé de noirs sous commandement d'officiers blancs, et qui participera au prix de pertes effroyables, comme à la bataille de Fort Wagner où il se trouva pris en tenaille face à une puissante artillerie sudiste, qui le frappait à la fois depuis les terres et depuis la mer, dans quelques unes des plus furieuses batailles de cette guerre...

Cette démarche va amener Lincoln à ajouter à son but principal de guerre qui était la sauvegarde de l'Union, celui d'abolition de l'esclavage...

Au sortir de cette guerre, c'est dans la foulée du 54eme régiment que seront créé ceux dits des "Buffalo soldiers", selon une appellation que leur ont donné les Indiens qu'ils combattaient, qui étaient les premiers régiments noirs de l'armée américaines, et qui seront dissous en 1951 à l'occasion de la guerre de Corée, où sera décidé l'intégration dans cette armée américaine...

Ceux-là non plus vous n'avez par vu ni entendu conté leurs aventures dans quelque épopée de l'Ouest, au cinéma ou ailleurs, et si nous devons nous garder d'en faire l'éloge, compte tenu qu'ils ont participé aux cotés des blancs au génocide des Indiens, il est nécessaire de connaitre leur existence. Ceci, pour comprendre que les noirs aux Etats Unis, et contrairement à la façon dont on rend habituellement compte de l'Histoire de ce pays, n'ont pas du tout été de simples spectateurs dans la constitution de celui-ci, mais qu'ils y ont pleinement participé, même à des aspects contestables de son établissement...

L'autre intérêt d'avoir connaissance de ceci, c'est de comprendre à quel point par la force des choses, des hommes, qu'ils soient noirs ou qu'ils soient blancs, ne peuvent manquer d'être très profondément imprégnés par l'histoire de la nation à laquelle ils appartiennent depuis des générations, combien même y auraient-ils souffert, de la même façon que ceux qui ont souffert toute leur vie au fond de la mine, furent tristes quand celle-ci fut fermée.

C'est à cet attachement très puissant au cadre de son vécu, de ses familiarités, de ses épreuves subies, et de ses émotions partagées avec ses proches, que nous devons l'échec du panafricanisme selon lequel des militants pensaient pouvoir établir une solidarité entre les nègres du monde entier, selon ce critère racial, et pour pouvoir faire face aux problèmes qui étaient les leurs, et partout les mêmes...

Mais, ils ont totalement sous-estimé la force des attachements étatiques, culturels, et affectifs, lies au vécu, et solidifiés par le temps, et qui s'établissent même dans l'inconfort d'une adversité permanente dans sa société, et à laquelle l'individu doit faire face... 

Et de fait, malgré la contribution d'illustres penseurs à ce projet, loin de transcender ainsi qu'ils l'espéraient toutes les autres formes d'appartenance, la solidarité raciale n'a pas suffit à ce que puisse se constituer un ensemble panafricain, et c'est cette même amère expérience que sont en train de faire les peuples européens qui, bien qu'appartenant à la même race, se demandent aujourd'hui qu'est-ce qu'ils foutent ensemble...

Comprenons alors qu'on ne remplace pas un vécu par un discours, autrement dit qu'on ne remplace pas l'affect, par l'intellect...

Paris, le 18 octobre 2013
Richard Pulvar