La venue de Nitish Kumar, chef ministre du Bihar, a notamment pour but de parler de la diaspora. La diaspora indienne à Maurice s’est mêlée à d’autres diasporas. L’histoire de notre pays est marquée par la dureté de deux systèmes : l’esclavage et l’engagisme. Même si la dureté des conditions de vie est commune, les différences sont nombreuses.
Patrimoine mondial de l’Unesco, l’Aapravasi Ghat est le premier port de débarquement de travailleurs engagés dans le monde. C’est également le lieu qui a vu passer le plus grand nombre de travailleurs engagés indiens, soit 500 000 environ et quelque 5 000 “liberated slaves” originaires des côtes orientales africaines au XIXe siècle. |
L’esclavage et l’engagisme. Deux systèmes. Deux contextes. Une même souffrance. Un même exil. Une même île où se reconstruire. Les similitudes reposent davantage sur l’aspect effroyable des conditions de vie. Les différences tiennent à l’évolution du statut de l’esclave et de l’engagé. Les différences se lisent dans la mobilité sociale de deux groupes distincts mais desquels naît un groupe original, celui des gens de couleur. L’historien Jocelyn Chan Low, précise d’emblée, “il y a des similitudes certes mais les différences sont aussi très importantes, surtout fondamentales dans l’évolution des groupes issus de l’esclavage et de l’engagisme”.
La période de transition qui mène de l’esclavage à l’engagisme illustre l’évolution de la société mauricienne. Si l’engagisme se veut “plus juste”, comme le rappelle Corinne Forest, muséologue à l’Aapravasi Ghat Trust Fund, il n’empêche que les conditions de travail des premiers engagés ne sont guère meilleures que celles des ex-esclaves. Lorsque l’on évoque l’histoire de Maurice, surtout ces deux périodes qui soulèvent encore des passions, il est nécessaire d’avoir une approche dépouillée des velléités héritées du passé. Aussi, l’exhaustivité n’est pas la finalité. Le rôle des planteurs, de figures emblématiques tel qu’Adolphe de Plevitz ou de l’administration coloniale ne sont pas évoqués. Le discours se veut donc neutre. Avertissement liminaire contre toute interprétation hâtive. “Il serait mieux d’avoir une lecture commune de ces deux périodes plutôt que de les étudier séparément”, prévient Vijaya Teelock, historienne et ancienne chairperson de l’Aapravasi Ghat Trust Fund.
Corinne Forest rappelle : “Dès 1807, le gouvernement britannique, sous la pression de l’antislavery society, abolie la traite négrière, jugeant ce procédé inhumain. L’esclavage est finalement aboli en 1833 dans les colonies sauf à Maurice, où il faut attendre 1835”. A cette époque, l’industrie sucrière était en plein essor, suite à l’harmonisation des prix du sucre importé des Caraïbes et de Maurice par le marché londonien. La main-d’œuvre est donc essentielle dans ce contexte et l’abolition de l’esclavage porte un coup dur à ce secteur.
Pour pallier ce manque de main-d’œuvre, le gouvernement britannique se penche sur un nouveau procédé. L’engagisme, institutionnalisé en 1834. L’engagisme est d’abord testé à Maurice à cause de sa position géographique et de l’importance de la canne dans l’économie. Ce système est jugé plus juste car il lie le travailleur sur une base contractuelle.
Mais pourquoi choisir l’Inde comme foyer d’immigrants engagés ? “L’Afrique de l’Est ou Madagascar auraient pu être des foyers de main-d’œuvre mais pour éviter toute accusation d’esclavage déguisé, le choix s’est porté sur l’Inde d’autant qu’il s’agit d’une colonie britannique, où ce type de contrat pouvait représenter une opportunité pour des personnes pauvres qui voulaient également fuir le système des castes”, explique Vijaya Teelock.
“L’histoire nous permet de
mieux comprendre les tenants
et les aboutissants du jeu
social d’aujourd’hui. (...) il
faut avoir une vision juste
du passé, de notre histoire,
en évitant l’écueil de sa politisation...”
L’expérience mauricienne étant concluante, l’enga-gisme a été diffusé dans de nombreuses colonies britanniques (Trinité et Tobago, Fidji), françaises (Réunion, Antilles) et hollandaises (Guyana). Ces travailleurs indiens sont venus remplacer les esclaves affranchis. Corinne Forest révèle qu’entre “1838 et 1842, l’immigration indienne a été suspendue à cause des conditions de voyage des migrants et des conditions de vie difficiles”. Durant cette courte période, les engagés venaient de Madagascar, des Comores, de Macao ou d’Asie du Sud-Est. Il n’empêche que l’immigration indienne a repris de plus belle. Le faciès de la population mauricienne a radicalement changé en trois décennies. D’une île à majorité afro-malgache, on passe à une colonie à majorité indienne.
Aussi bien les ex-esclaves que les engagés ont souffert de ces systèmes contraignants. Toutefois, on ne peut pas mettre sur un pied d’égalité ces deux systèmes, surtout si l’on s’attache au statut juridique de ces deux types de travailleurs. L’esclave était un “bien meuble” alors que le travailleur engagé était “une personne liée par un contrat, un individu libre de se marier, rémunéré et non déraciné”, souligne Jocelyn Chan Low. Pour autant, le contrat de l’engagé n’était pas une panacée. La liberté de mouvement était limitée. Des ordonnances de 1864 sont venues réguler “de manière contraignante le travail des engagés indiens”, nous apprend Corinne Forest. Un débat historiographique persiste donc quant à la liberté des engagés ; travail forcé ou relative liberté ? Quoi qu’il en soit, il y a là une différence fondamentale avec le statut de l’esclave.
Complètement asservi l’esclave n’avait pas d’existence juridique. Il n’avait pas le droit à la propriété. La liberté de circulation n’était une réalité que pour les marrons qui ont fuit les plantations. A ce titre, le sort semblait pire que celui du travailleur engagé. “Les esclaves ont été déracinés, leur culture et coutumes niées”, indique Jocelyn Chan Low. Poursuivant, l’universitaire met néanmoins en relief “la dureté des premières décennies de l’engagisme”. La fin de l’esclavage et le début de l’engagisme sont donc marqués par la même âpreté.
La mobilité sociale des engagés indiens a été plus importante que celle des descendants d’esclaves. Les esclaves affranchis n’ont pas souhaité rester dans les plantations, du moins ceux “n’ayant pas de qualifications spécifiques comme les artisans – forgerons, charpentiers…”. La majorité a privilégié “des activités leur offrant plus d’autonomie même si elles sont moins rémunératrices comme la pêche ou la culture des légumes”, avance Vijaya Teelock. Pour Jocelyn Chan Low, cette orientation des ex-esclaves n’a pas permis une mobilité sociale comme celle des engagés indiens et leurs descendants.
Les engagés ont pu acquérir des parcelles de terre marginale qu’ils cultivaient sous cannes. Leur activité était donc directement liée à celle des gros planteurs, auxquels ils revendaient le fruit de leurs exploitations. Ce faisant, les engagés ont pu épargner. “L’enrichissement des petits planteurs d’origine indienne repose aussi sur l’accès au crédit dont ils bénéficiaient avec les marchands gujerati notamment”, selon Jocelyn Chan Low. Réaction en chaîne, l’enrichissement entraîne l’éducation et donc la formation d’une élite. Du côté des descendants d’esclaves, l’évolution butait sur les divisions internes au groupe.
L’histoire nous permet de mieux comprendre les tenants et les aboutissants du jeu social d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’insister sur les différences pour cloisonner encore davantage la société. Au contraire, “il faut avoir une vision juste du passé, de notre histoire, en évitant l’écueil de sa politisation”, estime Vijaya Teelock. La période de transition menant d’un système à l’autre est primordiale dans l’histoire du pays. La population évolue, une nouvelle pyramide socio-économique se met en place.
“Notre vision du passé, parfois erronée, éclaire la façon dont nous voyons le présent”, note Jocelyn Chan Low. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir une interprétation juste et dépassionnée de l’histoire. “Nos aïeux venaient tous de quelque part (…) nous avons pour mission de continuer leur exil dans un lieu devenu pays natal”, écrivait Edouard Maunick. Chacun des groupes venant d’un ailleurs, ils ont dû se réinventer, reconstruire leur identité dans un milieu insulaire. Partant, ils ont également construit une nouvelle identité, portée par l’insularisme.
Les rancœurs du passé sont un frein à l’édification d’une nation qui tarde à venir. La nation mauricienne n’est qu’en gestation. L’histoire est un moyen de se connaître et de se reconnaître. Les revendications du passé polluent le chemin d’un avenir commun. L’instrumentalisation de l’histoire dans le discours politique n’augure rien de bon pour la Nation qui doit être tournée vers un avenir commun. Vijaya Teelock espère “que les cloisonnements tomberont avec les jeunes générations”. Celles-ci doivent donc “avoir conscience de leur passé”, un passé à la fois commun et pluriel. Il reste d’ailleurs de nombreuses pistes de recherches…
Gilles RIBOUET
La période de transition qui mène de l’esclavage à l’engagisme illustre l’évolution de la société mauricienne. Si l’engagisme se veut “plus juste”, comme le rappelle Corinne Forest, muséologue à l’Aapravasi Ghat Trust Fund, il n’empêche que les conditions de travail des premiers engagés ne sont guère meilleures que celles des ex-esclaves. Lorsque l’on évoque l’histoire de Maurice, surtout ces deux périodes qui soulèvent encore des passions, il est nécessaire d’avoir une approche dépouillée des velléités héritées du passé. Aussi, l’exhaustivité n’est pas la finalité. Le rôle des planteurs, de figures emblématiques tel qu’Adolphe de Plevitz ou de l’administration coloniale ne sont pas évoqués. Le discours se veut donc neutre. Avertissement liminaire contre toute interprétation hâtive. “Il serait mieux d’avoir une lecture commune de ces deux périodes plutôt que de les étudier séparément”, prévient Vijaya Teelock, historienne et ancienne chairperson de l’Aapravasi Ghat Trust Fund.
Corinne Forest rappelle : “Dès 1807, le gouvernement britannique, sous la pression de l’antislavery society, abolie la traite négrière, jugeant ce procédé inhumain. L’esclavage est finalement aboli en 1833 dans les colonies sauf à Maurice, où il faut attendre 1835”. A cette époque, l’industrie sucrière était en plein essor, suite à l’harmonisation des prix du sucre importé des Caraïbes et de Maurice par le marché londonien. La main-d’œuvre est donc essentielle dans ce contexte et l’abolition de l’esclavage porte un coup dur à ce secteur.
Pour pallier ce manque de main-d’œuvre, le gouvernement britannique se penche sur un nouveau procédé. L’engagisme, institutionnalisé en 1834. L’engagisme est d’abord testé à Maurice à cause de sa position géographique et de l’importance de la canne dans l’économie. Ce système est jugé plus juste car il lie le travailleur sur une base contractuelle.
Mais pourquoi choisir l’Inde comme foyer d’immigrants engagés ? “L’Afrique de l’Est ou Madagascar auraient pu être des foyers de main-d’œuvre mais pour éviter toute accusation d’esclavage déguisé, le choix s’est porté sur l’Inde d’autant qu’il s’agit d’une colonie britannique, où ce type de contrat pouvait représenter une opportunité pour des personnes pauvres qui voulaient également fuir le système des castes”, explique Vijaya Teelock.
“L’histoire nous permet de
mieux comprendre les tenants
et les aboutissants du jeu
social d’aujourd’hui. (...) il
faut avoir une vision juste
du passé, de notre histoire,
en évitant l’écueil de sa politisation...”
L’expérience mauricienne étant concluante, l’enga-gisme a été diffusé dans de nombreuses colonies britanniques (Trinité et Tobago, Fidji), françaises (Réunion, Antilles) et hollandaises (Guyana). Ces travailleurs indiens sont venus remplacer les esclaves affranchis. Corinne Forest révèle qu’entre “1838 et 1842, l’immigration indienne a été suspendue à cause des conditions de voyage des migrants et des conditions de vie difficiles”. Durant cette courte période, les engagés venaient de Madagascar, des Comores, de Macao ou d’Asie du Sud-Est. Il n’empêche que l’immigration indienne a repris de plus belle. Le faciès de la population mauricienne a radicalement changé en trois décennies. D’une île à majorité afro-malgache, on passe à une colonie à majorité indienne.
Aussi bien les ex-esclaves que les engagés ont souffert de ces systèmes contraignants. Toutefois, on ne peut pas mettre sur un pied d’égalité ces deux systèmes, surtout si l’on s’attache au statut juridique de ces deux types de travailleurs. L’esclave était un “bien meuble” alors que le travailleur engagé était “une personne liée par un contrat, un individu libre de se marier, rémunéré et non déraciné”, souligne Jocelyn Chan Low. Pour autant, le contrat de l’engagé n’était pas une panacée. La liberté de mouvement était limitée. Des ordonnances de 1864 sont venues réguler “de manière contraignante le travail des engagés indiens”, nous apprend Corinne Forest. Un débat historiographique persiste donc quant à la liberté des engagés ; travail forcé ou relative liberté ? Quoi qu’il en soit, il y a là une différence fondamentale avec le statut de l’esclave.
Complètement asservi l’esclave n’avait pas d’existence juridique. Il n’avait pas le droit à la propriété. La liberté de circulation n’était une réalité que pour les marrons qui ont fuit les plantations. A ce titre, le sort semblait pire que celui du travailleur engagé. “Les esclaves ont été déracinés, leur culture et coutumes niées”, indique Jocelyn Chan Low. Poursuivant, l’universitaire met néanmoins en relief “la dureté des premières décennies de l’engagisme”. La fin de l’esclavage et le début de l’engagisme sont donc marqués par la même âpreté.
La mobilité sociale des engagés indiens a été plus importante que celle des descendants d’esclaves. Les esclaves affranchis n’ont pas souhaité rester dans les plantations, du moins ceux “n’ayant pas de qualifications spécifiques comme les artisans – forgerons, charpentiers…”. La majorité a privilégié “des activités leur offrant plus d’autonomie même si elles sont moins rémunératrices comme la pêche ou la culture des légumes”, avance Vijaya Teelock. Pour Jocelyn Chan Low, cette orientation des ex-esclaves n’a pas permis une mobilité sociale comme celle des engagés indiens et leurs descendants.
Les engagés ont pu acquérir des parcelles de terre marginale qu’ils cultivaient sous cannes. Leur activité était donc directement liée à celle des gros planteurs, auxquels ils revendaient le fruit de leurs exploitations. Ce faisant, les engagés ont pu épargner. “L’enrichissement des petits planteurs d’origine indienne repose aussi sur l’accès au crédit dont ils bénéficiaient avec les marchands gujerati notamment”, selon Jocelyn Chan Low. Réaction en chaîne, l’enrichissement entraîne l’éducation et donc la formation d’une élite. Du côté des descendants d’esclaves, l’évolution butait sur les divisions internes au groupe.
L’histoire nous permet de mieux comprendre les tenants et les aboutissants du jeu social d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’insister sur les différences pour cloisonner encore davantage la société. Au contraire, “il faut avoir une vision juste du passé, de notre histoire, en évitant l’écueil de sa politisation”, estime Vijaya Teelock. La période de transition menant d’un système à l’autre est primordiale dans l’histoire du pays. La population évolue, une nouvelle pyramide socio-économique se met en place.
“Notre vision du passé, parfois erronée, éclaire la façon dont nous voyons le présent”, note Jocelyn Chan Low. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir une interprétation juste et dépassionnée de l’histoire. “Nos aïeux venaient tous de quelque part (…) nous avons pour mission de continuer leur exil dans un lieu devenu pays natal”, écrivait Edouard Maunick. Chacun des groupes venant d’un ailleurs, ils ont dû se réinventer, reconstruire leur identité dans un milieu insulaire. Partant, ils ont également construit une nouvelle identité, portée par l’insularisme.
Les rancœurs du passé sont un frein à l’édification d’une nation qui tarde à venir. La nation mauricienne n’est qu’en gestation. L’histoire est un moyen de se connaître et de se reconnaître. Les revendications du passé polluent le chemin d’un avenir commun. L’instrumentalisation de l’histoire dans le discours politique n’augure rien de bon pour la Nation qui doit être tournée vers un avenir commun. Vijaya Teelock espère “que les cloisonnements tomberont avec les jeunes générations”. Celles-ci doivent donc “avoir conscience de leur passé”, un passé à la fois commun et pluriel. Il reste d’ailleurs de nombreuses pistes de recherches…
Gilles RIBOUET
“Liberated Slaves”
Si l’esclavage a été officiellement aboli en 1835, l’Aapravasi Ghat n’a pas vu passer que des immigrants engagés indiens. La marine britannique a, durant le XIXe siècle, arraisonné plusieurs bateaux transportant de manière illégale des esclaves originaires des côtes orientales africaines. Ces esclaves ont été appelés les “Liberated Africans”. Ils se voyaient proposer un contrat d’engagement sur les mêmes bases que les engagés indiens. Certains ont préféré regagner leur pays d’origine. Vijaya Teelock estime à 5 000 le nombre de ces “Liberated Africans”.
Les termes du contrat des engagés
Il s’agit d’un contrat libre, en ce sens que le travailleur indien accepte les conditions et s’engage volontairement. Ce contrat détermine les heures de travail, les médicaments auxquels le travailleur à droit, le salaire (Rs 5 par mois), les conditions de logement, les vêtements qui seront donnés. En s’engageant, le travailleur indien ne sait pas vers quel établissement sucrier il va être dirigé. Des ordonnances de 1864 ont apporté des modifications au statut de l’engagé.
Dates importantes
1721 : début du peuplement de Maurice alors Isle de France. L’esclavage débute dans la foulée jusqu’en 1835. 2 novembre 1834 : officiellement, arrivée des premiers travailleurs engagés indiens (72) originaires de Calcutta sur le bateau l’“Atlas”. L’engagisme prend fin officiellement en 1910, mais il faut attendre 1922 pour que le poste de protecteur des immigrants soit supprimé.
Les gens de couleur
Les groupes de descendants d’esclaves africains et d’engagés indiens ont tout deux mené à la constitution d’un groupe original, celui des gens de couleur. Issu du métissage euro-africain, euro-indien et également afro-indien, cette catégorie de la population mauricienne emprunte tant à l’Occident et à l’Afrique qu’à l’Orient. Durant l’esclavage, il s’agissait d’une mésalliance, de concubinage – et d’un interdit selon le code noir – généralement entre un Blanc et une esclave. Selon Jocelyn Chan Low, ces unions ont été, durant les premiers temps de la colonisation française, “ fréquents puisque le“ sex ratio”, totalement déséquilibré au sein de la communauté blanche, était très nettement à l’avantage des hommes”. Par ailleurs, “la morale religieuse n’était pas véritablement observée”. A ce propos, Amédée Nagapen, dans son ouvrage sur l’histoire du marronage à l’île Maurice, rapporte les propos d’un observateur de l’époque dénonçant en substance “une île où la gabegie et le désordre atteignent leur comble”.
Les Indiens engagés ont aussi contribué à l’avènement du groupe des gens de couleur. D’abord par le métissage comme l’écrivait Jean-Claude de l’Estrac dans son dernier ouvrage sur l’histoire de Maurice. L’union entre une personne d’origine européenne et une personne d’origine indienne n’était pas, à proprement parler, prohibée. Il était surtout mal vu, au même titre qu’une union entre une personne blanche et de couleur. Jocelyn Chan Low rappelle également que “de nombreux Indiens se sont convertis à l’anglicanisme”. De fait, ces convertis ont changé de nom et de prénom. L’histoire évoque un rapport sur les descendants des engagés indiens à Maurice datant des années 1940. Ce rapport, polémique, faisait état de ses conversions “dont l’une des motivations seraient de parvenir à intégrer l’administration coloniale britannique”. Cette démarche religieuse et culturelle a donc fait glisser une partie du groupe indo-mauricien dans le groupe des gens de couleur.
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