Gilles Gauvin, docteur en histoire contemporaine et professeur en collège en ZEP depuis une quinzaine d’années en métropole, a été l’un des membres du Comité pour la mémoire de l’esclavage (2004-2009) et référent national des écoles associées de l’Unesco (Reseau) pour le thème des droits de l’Homme (2008-2010). Il signe ici un nouvel ouvrage de référence pour battre en brèche “les idées reçues” véhiculées sur le thème de l’esclavage. Un mot qui projette la mémoire collective immédiatement dans le XVIIIe siècle. Réflexe conditionné. Pour nombre de personnes, l’esclave est noir et le maître est blanc.
Les clichés ont la vie dure. Et combien sont-ils à penser que le phénomène est éradiqué de nos jours ?… Dans son ouvrage intitulé tout simplement “L’esclavage”, Gilles Gauvin rappelle que la pratique de la servitude remonte à l’Antiquité, que les blancs n’en ont pas l’apanage (les Arabes ne s’en sont pas privés non plus) et qu’il existe, de nos jours encore, une pratique de la traite et de l’esclavage, notamment dans certains pays d’Afrique, tels que la Mauritanie et le Soudan. “On estime à 27 millions le nombre de personnes soumises aujourd’hui à un esclavage traditionnel, et entre 250 et 300 millions les enfants réduits en esclavage, dont près d’un million, majoritairement des filles, contraints à la prostitution”, souligne l’auteur.
Au fil d’une centaine de pages, Gilles Gauvin analyse ces idées toutes faites que l’on peut entendre aujourd’hui encore à propos de l’esclavage, idées réactivées en France par les nombreuses polémiques suscitées par les violences urbaines de novembre 2005.
Il reste beaucoup à faire dans le domaine de la recherche universitaire, de l’enseignement, mais aussi de la vulgarisation pour tenter peu à peu de faire disparaître des stéréotypes comme “les Européens sont à l’origine de l’esclavage des Noirs”,”tous les esclaves africains ont été déportés à partir de Gorée”,”c’est grâce à la République que l’esclavage a été aboli en France”,”l’esclavage est la cause de la guerre de Sécession aux États-Unis” ou encore “le créole, c’est du français déformé”
“L’eslavage” : ouvrage paru dans la collection Idées reçues, pour pointer ces clichés issus de la tradition ou de l’air du temps, mêlant souvent vrai et faux, et polluant toutes les têtes. L’auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l’on sait ou croit savoir.
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