"Vendredi 26 Novembre dernier dans la soirée, le collège des ordinaires composé des dignitaires et notables de Danhomè (Codina) s’est réuni au Palais privé du roi Guézo pour s’insurger contre la dernière déclaration du président Boni Yayi sur « la jarre trouée », symbole du 9ème et puissant souverain du royaume. Dans une déclaration lue par Dah Adjolohoun Zohoncon, ils ont demandé que le Chef de l’Etat « rectifie son langage et s’excuse devant la mémoire de leur ancêtre et réformateur, le roi Guézo ». Pour ces conférenciers d’un soir, c’est la énième fois que le président Yayi méprise les vestiges du royaume de Danhomè. Ils rappellent encore du survol du Palais royal de Singbodji par lui l’année dernière.
DECLARATION DU COLLEGE DES ORDINAIRES
(Dignitaires et Notables de DANHOME)
L'illustre Roi GUEZO a dans le souci de l'unification des princes et du peuple autour d'idéal, 'l'unité pour bâtir le Royaume de Danhomè' auquel il a apporté la révolution verte afin que les Cultures d'exportation remplacent la traite négrière, fit naître le symbole de la jarre trouée.
Cette initiative a eu un écho favorable au point où le Danhomè était devenu une puissance économique de l'époque (1818-1858).
Dès lors, tous ses successeurs ont privilégié le symbole et même plus tard l'ancien Président de la République le Général Mathieu KEREKOU a choisi de perpétuer le message du Souverain en érigeant le monument de la jarre trouée à l'entrée de la ville de Bohicon. Cet élan est remarquable dans le monde entier, car on n'évoque pas l'unité sans évoquer le symbole de la jarre trouée, faisant ainsi la fierté des Danhomènou, du Bénin, voire de toute l'Afrique.
Eu égard à tout ce qui précède, aucun digne fils du plateau du Danhomè, ne peut accepter la profanation d'un symbole aussi noble, unificateur que mondial.
C'est pourquoi nous sommes réunis ce jour 26 novembre 2010, au palais du Roi Guézo, pour protester vivement et énergiquement contre les propos du Président Thomas Boni Yayi, tenus le vendredi 19 novembre dernier, en compagnie de son homologue Paul Kagamé du Rwanda et exigeons qu'entant que digne fils du Bénin devant tirer la même fierté que nous au sujet de ce symbole, il rectifie son langage et s'excuse devant la mémoire de notre ancêtre et grand réformateur et révolutionnaire, le Roi GUEZO.
Vive le culture des HOUEGBADJAVI !
Vive le symbole unificateur la jarre trouée !
Vive le CODINA !
La paix, la paix, toujours la paix rien que la paix
Je vous remercie!
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L'histoire et la sociologie de la caraïbe, des antilles et du monde noir. Naviguons dans le passé de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Réunion et de l'Afrique
lundi, novembre 29, 2010
vendredi, novembre 26, 2010
Le prix RFO à Mohammed Aïssaoui - Prix littéraires 2010
"Le prix RFO à Mohammed Aïssaoui
Par Jonathan Reymond (Étudiant en journalisme)
Trois semaines après avoir décroché le «Renaudot essai», Mohammed Aïssaoui a été couronné une seconde fois pour «l'Affaire de l'esclave Furcy» [=> lire la critique de l'Obs]. Cette fois, les lauriers viennent d'Outre-Mer puisque le journaliste du «Figaro littéraire» a reçu le prix du Livre RFO.
Chaque année, depuis 1995, RFO (Réseau France Outre-Mer) décerne un prix à un ouvrage de fiction en langue française ayant un lien avec l'Outre-Mer. Dans le but de soutenir «la création littéraire ultramarine», le jury, composé notamment de Laure Adler (présidente), Edouard Glissant, Dany Laferrière, Alain Mabanckou, Daniel Picouly et Gisèle Pineau, avait retenu 7 titres dans sa sélection.
On y retrouvait notamment les derniers livres de Maryse Condé («En attendant la montée des eaux», JC Lattès [=> lire la critique de l'Obs]), Emmanuel Dongala («Photo de groupe au bord du fleuve», Actes Sud [=> lire la critique de l'Obs]) ou encore Kettly Mars («Saisons sauvages», Mercure de France [=> lire la critique de l'Obs]). Ils auraient fait de très dignes lauréats, mais il fallait bien un vainqueur : c'est «l'Affaire de l'esclave Furcy» qui l'a emporté.
Le 16 mars 2005, les archives la concernant étaient mises en vente à l'hôtel Drouot. Ces documents révélaient l'histoire extraordinaire d'un esclave de l'île de la Réunion, qui s'appelait alors l'île Bourbon : il décida, un jour d'octobre 1817, de se rendre au tribunal afin d'obtenir sa liberté. Le procès dura 27 ans. C'est cette aventure peu banale que le talentueux Mohammed Aïssaoui s'est attaché à raconter. Avec succès.
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Par Jonathan Reymond (Étudiant en journalisme)
Trois semaines après avoir décroché le «Renaudot essai», Mohammed Aïssaoui a été couronné une seconde fois pour «l'Affaire de l'esclave Furcy» [=> lire la critique de l'Obs]. Cette fois, les lauriers viennent d'Outre-Mer puisque le journaliste du «Figaro littéraire» a reçu le prix du Livre RFO.
Chaque année, depuis 1995, RFO (Réseau France Outre-Mer) décerne un prix à un ouvrage de fiction en langue française ayant un lien avec l'Outre-Mer. Dans le but de soutenir «la création littéraire ultramarine», le jury, composé notamment de Laure Adler (présidente), Edouard Glissant, Dany Laferrière, Alain Mabanckou, Daniel Picouly et Gisèle Pineau, avait retenu 7 titres dans sa sélection.
On y retrouvait notamment les derniers livres de Maryse Condé («En attendant la montée des eaux», JC Lattès [=> lire la critique de l'Obs]), Emmanuel Dongala («Photo de groupe au bord du fleuve», Actes Sud [=> lire la critique de l'Obs]) ou encore Kettly Mars («Saisons sauvages», Mercure de France [=> lire la critique de l'Obs]). Ils auraient fait de très dignes lauréats, mais il fallait bien un vainqueur : c'est «l'Affaire de l'esclave Furcy» qui l'a emporté.
Le 16 mars 2005, les archives la concernant étaient mises en vente à l'hôtel Drouot. Ces documents révélaient l'histoire extraordinaire d'un esclave de l'île de la Réunion, qui s'appelait alors l'île Bourbon : il décida, un jour d'octobre 1817, de se rendre au tribunal afin d'obtenir sa liberté. Le procès dura 27 ans. C'est cette aventure peu banale que le talentueux Mohammed Aïssaoui s'est attaché à raconter. Avec succès.
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mardi, novembre 23, 2010
Extrait du Manuel des Afrodescendants : Résistance et marronnage, un combat pour la liberté - Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
L’esclavage vu d’une manière générale est un état social défini par la loi et les coutumes comme la forme involontaire de servitude humaine la plus absolue.
Un esclave est caractérisé par le fait que son travail et ses services sont obtenus par la force, et sa personne physique est considérée comme la propriété de son maître qui dispose de lui ou d’elle à sa guise.
En vertu de cette définition, l’histoire a représenté de manière passive les personnes réduites à l’esclavage, alors qu’en réalité, il existe des registres historiques qui indiquent de quelle manière, dès leur capture, les esclaves réagissaient avec détermination pour conserver leur liberté.
Dans les compte rendus se distinguent des formes plus ou/et moins subtiles utilisées par les esclaves comme la mauvaise exécution des travaux; la mutinerie dans les embarcations; la fuite sur la terre ferme pour pénétrer dans la forêt, et former des communautés de nègres marrons ou palenques. Les palenques, connus sous le nom de quilombos au Brésil, cumbes au Venezuela ou marroons en Jamaïque étaient des villages construits sur des terres difficiles d’accès, entre deux falaises ou au milieu de la forêt.
Parmi les palenques les plus importants se trouve celui de San Basilio en Colombie, puisqu’il fut le premier lieu reconnu libre par la couronne espagnole dans ce pays et dans toute l’Amérique Latine.
Le combat pour la liberté fut initié par Benkos Biojó dans le palenque de la Matuna.
Des références historiques existent sur la capacité guerrière et le leadership de Benkos Biojó, qui attaquait les haciendas en libérant les esclaves. Des hommes et des femmes s’unirent avec enthousiasme à son armée. La rébellion s’étendit sur une large zone proche de Cartagena que Biojó parcourait en défiant les espagnols.
Le marronnage, d’autre part fut l’acte de rébellion face à l’oppression inhumaine dans les débuts de l’esclavage. Il s ‘est érigé en une véritable forme de mobilisation des esclaves , parfois de manière éparse, d’autres fois tel un projet de résistance militaire, sociale et culturelle contre l’oppression. Ces luttes furent vitales pour la déstabilisation du système colonial, puisqu’elles agirent comme des anti-thèses aux valeurs défendues par les régimes esclavagistes. Le marronnage représentait la sauvegarde des valeurs du peuple africain et l’affirmation de ses hommes dans leur liberté. À partir de cette nouvelle forme d’organisation, les marrons créèrent un nouveau mode de vie, une véritable république indépendante de laquelle ils établirent des autorités , des organisations propres et travaillèrent à la conservation de la langue, la religion, la musique, les danses et les coutumes, qui peu à peu se mélangèrent à celles des indigènes et des blancs selon le lieu de leur présence.
Les autorités élues prenaient des décisions politiques et militaires. Les marrons affranchis et armés d’outils élaborés par eux-mêmes comme des haches, des machettes, des pieux et des pierres, organisaient des attaques contre les esclavagistes et les autorités pour libérer leurs frères et pour se procurer de la nourriture et des armes. Leurs femmes les accompagnaient et pendant la préparation de la fuite, elles cachaient des graines dans leurs chevelure pour le nouvel ensemencement dans le palenque. D’autres formes d’établissement surgirent également à cette période.
En 1797, 5080 garifunas en provenance de l’île de San Vicente arrivèrent sur les côtes de Roatán, au Honduras actuel, pou rétablir leurs communautés.
Les membres de ce groupe fut transféré en tant que prisonniers de guerre après les batailles de résistance contre les anglais et les français pendant près de 40 années sur les côtes de ce qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de l’île San Vicente, appelée à cette époque par les arawakan Yarume ou Yolome.
À leur arrivée au Honduras, les Garifunas négocièrent avec les espagnols de Trujillo et se fixèrent très vite sur des terres continentales, formant des communautés tout au long de la Côte Atlantique comprenant le Guatemala, Belize et le Nicaragua.
Un autre exemple d’établissement indigène afrodescendant est celui du peuple raizal dans l’Archipel de San Andrés, Providencia et Santa Catalina. Le peuple raizal est le produit de dynamiques coloniales qui débutèrent en 1527 avec des esclaves africains emmenés par des puritains britanniques, et leur mélange avec des peuples indigènes isthmiens et caribéens.
Les rébellions d’africains esclaves et de leurs descendants se produisirent sur tout le continent américain. Dans certains cas, les esclaves adoptèrent des noms africains, revendiquant ainsi leur africanité et forgeant des formes de résistance.
Ces tentatives connurent des fortunes diverses, de la reconnaissance d’autonomie de la part des autorités à la répression qui se voulait exemplaire avec l’exécution des insurgés .
Dans les Îles des Caraïbes au cours du 16ème siècle, les soulèvements qui se sont produits dans la raffinerie de l’amiral Diego Colón et la rébellion dirigée par le noir Miguel (1552) dans les mines de Buría (Venezuela), qui essaya d’unir les indiens et les marrons contre la domination coloniale, furent particulièrement importantes.
Au 18ème siècle se démarque la résistance organisée dans le quilombo de Palmares dans la forêt vierge brésilienne. Au cours du même siècle, deux guerres marronnes sont notables, en Jamaïque (1729-39, et 1795); le grand soulèvement des esclaves au Surinam (1772-1778); le soulèvement de Andresote au Venezuela (1732) et celui de Miguel Espinosa (1794).
Des esclaves enfuis de la raffinerie de Porto Calvo constituèrent au 17ème siècle une république dans le Brésil (correspondant à l’État actuel d’ Alagoas, dans la région de la 'Serra da Barriga') qui dura plus de quatre-vingt-dix ans, défiant tout d’abord les hollandais et la consolidation de la colonie portugaise plus tard.
Cette république fut le premier état libre de l’Amérique, et 30 000 hommes et femmes africaines de diverses ethnies et traditions linguistiques y vécurent.
Le développement de la République de Palmares fut tel que, non seulement il s’auto suffisait, mais il vendait commerçait également ses cultures ( le maïs, porotos, le manioc, la cane à sucre, papa et tabac)aux hameaux voisins comme Porto Calvo, Serinhaen, et Ipojuca. Son développement fut également politique, puisque les citoyens de Palmares formaient leurs dirigeants pour l’administration des quilombos.
Les quilombos qui faisaient partie de la République de Palmares (Obenga, Anadalaquituchs, Dambrabanga, Subupira, Acotirene, Tabucao, Zambi, et Macaco) élirent Ganga Zumba, qui peut se traduire par grand seigneur (maître)de la République.
Même si on ne connaît pas le nombre de Zumbis qu’il y a eu dans la République de Palmares, on sait grâce à des rapports coloniaux que les deux derniers hommes qui occupèrent cette charge ont défini par leurs attitudes le futur de Palmares.
En 1694, après deux années de résistance, les troupes commandées par les mercenaires de la couronne portugaise réussirent à détruire
Macaco - la capitale de Palmares. Le dernier Zumbi se sauva à cette occasion et revint pour diriger de nouvelles attaques, mais le 20 novembre 1695, il fut assiégé dans sa forteresse ou il mourut en combattant héroïquement l’ennemi.
À Bahia, en 1798 Lucas Dantas et Luis Gonzaga das Virgens qui étaient des soldats, Joao de Deus do Nascimento et Manuel Faustino dos Santos Lira (tailleurs ou couturiers) lancèrent la Revuelta de los Alfayates (Révolte des Tailleurs) ou Inconfidencia Bahiana.
Inspirés par les idéaux de la révolution française, le groupe prétendait proclamer la république sur la base des idées de liberté, d’égalité et de fraternité et la république.
Rendre compte de toutes les actions menées par les esclaves est un exercice exhaustif qui va au-delà des possibilités de ce guide. ..
Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga
Extrait du Manual de los Afrodescendientes de las Américas y del Caribe
www.unicef.org/lac/manualafrodesc2006(1).pdf
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Un esclave est caractérisé par le fait que son travail et ses services sont obtenus par la force, et sa personne physique est considérée comme la propriété de son maître qui dispose de lui ou d’elle à sa guise.
En vertu de cette définition, l’histoire a représenté de manière passive les personnes réduites à l’esclavage, alors qu’en réalité, il existe des registres historiques qui indiquent de quelle manière, dès leur capture, les esclaves réagissaient avec détermination pour conserver leur liberté.
Dans les compte rendus se distinguent des formes plus ou/et moins subtiles utilisées par les esclaves comme la mauvaise exécution des travaux; la mutinerie dans les embarcations; la fuite sur la terre ferme pour pénétrer dans la forêt, et former des communautés de nègres marrons ou palenques. Les palenques, connus sous le nom de quilombos au Brésil, cumbes au Venezuela ou marroons en Jamaïque étaient des villages construits sur des terres difficiles d’accès, entre deux falaises ou au milieu de la forêt.
Parmi les palenques les plus importants se trouve celui de San Basilio en Colombie, puisqu’il fut le premier lieu reconnu libre par la couronne espagnole dans ce pays et dans toute l’Amérique Latine.
Le combat pour la liberté fut initié par Benkos Biojó dans le palenque de la Matuna.
Des références historiques existent sur la capacité guerrière et le leadership de Benkos Biojó, qui attaquait les haciendas en libérant les esclaves. Des hommes et des femmes s’unirent avec enthousiasme à son armée. La rébellion s’étendit sur une large zone proche de Cartagena que Biojó parcourait en défiant les espagnols.
Le marronnage, d’autre part fut l’acte de rébellion face à l’oppression inhumaine dans les débuts de l’esclavage. Il s ‘est érigé en une véritable forme de mobilisation des esclaves , parfois de manière éparse, d’autres fois tel un projet de résistance militaire, sociale et culturelle contre l’oppression. Ces luttes furent vitales pour la déstabilisation du système colonial, puisqu’elles agirent comme des anti-thèses aux valeurs défendues par les régimes esclavagistes. Le marronnage représentait la sauvegarde des valeurs du peuple africain et l’affirmation de ses hommes dans leur liberté. À partir de cette nouvelle forme d’organisation, les marrons créèrent un nouveau mode de vie, une véritable république indépendante de laquelle ils établirent des autorités , des organisations propres et travaillèrent à la conservation de la langue, la religion, la musique, les danses et les coutumes, qui peu à peu se mélangèrent à celles des indigènes et des blancs selon le lieu de leur présence.
Les autorités élues prenaient des décisions politiques et militaires. Les marrons affranchis et armés d’outils élaborés par eux-mêmes comme des haches, des machettes, des pieux et des pierres, organisaient des attaques contre les esclavagistes et les autorités pour libérer leurs frères et pour se procurer de la nourriture et des armes. Leurs femmes les accompagnaient et pendant la préparation de la fuite, elles cachaient des graines dans leurs chevelure pour le nouvel ensemencement dans le palenque. D’autres formes d’établissement surgirent également à cette période.
En 1797, 5080 garifunas en provenance de l’île de San Vicente arrivèrent sur les côtes de Roatán, au Honduras actuel, pou rétablir leurs communautés.
Les membres de ce groupe fut transféré en tant que prisonniers de guerre après les batailles de résistance contre les anglais et les français pendant près de 40 années sur les côtes de ce qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de l’île San Vicente, appelée à cette époque par les arawakan Yarume ou Yolome.
À leur arrivée au Honduras, les Garifunas négocièrent avec les espagnols de Trujillo et se fixèrent très vite sur des terres continentales, formant des communautés tout au long de la Côte Atlantique comprenant le Guatemala, Belize et le Nicaragua.
Un autre exemple d’établissement indigène afrodescendant est celui du peuple raizal dans l’Archipel de San Andrés, Providencia et Santa Catalina. Le peuple raizal est le produit de dynamiques coloniales qui débutèrent en 1527 avec des esclaves africains emmenés par des puritains britanniques, et leur mélange avec des peuples indigènes isthmiens et caribéens.
Les rébellions d’africains esclaves et de leurs descendants se produisirent sur tout le continent américain. Dans certains cas, les esclaves adoptèrent des noms africains, revendiquant ainsi leur africanité et forgeant des formes de résistance.
Ces tentatives connurent des fortunes diverses, de la reconnaissance d’autonomie de la part des autorités à la répression qui se voulait exemplaire avec l’exécution des insurgés .
Dans les Îles des Caraïbes au cours du 16ème siècle, les soulèvements qui se sont produits dans la raffinerie de l’amiral Diego Colón et la rébellion dirigée par le noir Miguel (1552) dans les mines de Buría (Venezuela), qui essaya d’unir les indiens et les marrons contre la domination coloniale, furent particulièrement importantes.
Au 18ème siècle se démarque la résistance organisée dans le quilombo de Palmares dans la forêt vierge brésilienne. Au cours du même siècle, deux guerres marronnes sont notables, en Jamaïque (1729-39, et 1795); le grand soulèvement des esclaves au Surinam (1772-1778); le soulèvement de Andresote au Venezuela (1732) et celui de Miguel Espinosa (1794).
Des esclaves enfuis de la raffinerie de Porto Calvo constituèrent au 17ème siècle une république dans le Brésil (correspondant à l’État actuel d’ Alagoas, dans la région de la 'Serra da Barriga') qui dura plus de quatre-vingt-dix ans, défiant tout d’abord les hollandais et la consolidation de la colonie portugaise plus tard.
Cette république fut le premier état libre de l’Amérique, et 30 000 hommes et femmes africaines de diverses ethnies et traditions linguistiques y vécurent.
Le développement de la République de Palmares fut tel que, non seulement il s’auto suffisait, mais il vendait commerçait également ses cultures ( le maïs, porotos, le manioc, la cane à sucre, papa et tabac)aux hameaux voisins comme Porto Calvo, Serinhaen, et Ipojuca. Son développement fut également politique, puisque les citoyens de Palmares formaient leurs dirigeants pour l’administration des quilombos.
Les quilombos qui faisaient partie de la République de Palmares (Obenga, Anadalaquituchs, Dambrabanga, Subupira, Acotirene, Tabucao, Zambi, et Macaco) élirent Ganga Zumba, qui peut se traduire par grand seigneur (maître)de la République.
Même si on ne connaît pas le nombre de Zumbis qu’il y a eu dans la République de Palmares, on sait grâce à des rapports coloniaux que les deux derniers hommes qui occupèrent cette charge ont défini par leurs attitudes le futur de Palmares.
En 1694, après deux années de résistance, les troupes commandées par les mercenaires de la couronne portugaise réussirent à détruire
Macaco - la capitale de Palmares. Le dernier Zumbi se sauva à cette occasion et revint pour diriger de nouvelles attaques, mais le 20 novembre 1695, il fut assiégé dans sa forteresse ou il mourut en combattant héroïquement l’ennemi.
À Bahia, en 1798 Lucas Dantas et Luis Gonzaga das Virgens qui étaient des soldats, Joao de Deus do Nascimento et Manuel Faustino dos Santos Lira (tailleurs ou couturiers) lancèrent la Revuelta de los Alfayates (Révolte des Tailleurs) ou Inconfidencia Bahiana.
Inspirés par les idéaux de la révolution française, le groupe prétendait proclamer la république sur la base des idées de liberté, d’égalité et de fraternité et la république.
Rendre compte de toutes les actions menées par les esclaves est un exercice exhaustif qui va au-delà des possibilités de ce guide. ..
Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga
Extrait du Manual de los Afrodescendientes de las Américas y del Caribe
www.unicef.org/lac/manualafrodesc2006(1).pdf
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dimanche, novembre 21, 2010
Le Brésil célèbre la journée de la conscience noire
Le Brésil célèbre le 20 novembre 2010 la journée de la conscience noire. Cette date a été choisie en mémoire du chef d'une république d'esclaves fugitifs. Tué le 20 novembre 1695 par les grands propriétaires terriens, il est devenu au Brésil le symbole de la résistance contre l'esclavage. Le Brésil donc fête son métissage pourtant ses citoyens à la peau foncée sont souvent laissés en marge de la société. Reportage au meeting de lancement de la journée de la conscience noire, le 19 novembre à Rio de Janeiro.
Avec notre envoyé spécial à Rio de Janeiro, François Cardona
Sur la scène, un groupe de jeunes musiciens venus des favelas. Parmi les spectateurs, peu de peaux blanches, évidemment. Au Brésil, selon le dernier recensement, qui date d’il y a 10 ans, la moitié des habitants se disent noirs ou métisses. Pourtant les inégalités continuent d’être criantes comme le regrette Paulo.
Il est métallurgiste comme le président brésilien, qui a finalement annulé au dernier moment sa visite à ce meeting annuel de la conscience noire : « Les gens, sur leur carte d’identité, doivent mettre s’ils sont métisse, noir ou blanc. Il faut cocher simplement. Et moi j’ai mis noir. Bien sur. Les inégalités ont pas mal diminué, mais pas pour les salaires. Une femme noire sera toujours moins bien payée ».
Non loin, le jeune Luis Claudio Borges est lui aussi venu assister au meeting. Il est coordonnateur du Forum de la jeunesse noire, et son constat est amer : « Aujourd’hui, sur 10 jeunes tués, 7 sont noirs. Le Brésil a bien avancé, mais il reste beaucoup à faire. L’un des plus graves problèmes c’est qu’il n’y a quasiment aucun noir dans les sphères de décision politique. Et nous luttons contre ça aussi ! »
En cause, un accès limité à l’éducation, Et un débat sur une politique des quotas dans les universités qui n’en finit pas. Le Brésil a encore bien des efforts à faire pour arriver à l’égalité entre blancs et noirs.
vendredi, novembre 12, 2010
Hélène Vignaux, Esclavage, traite et évangélisation des Noirs dans le Nouveau Royaume de Grenade au xviie siècle
Thèse de doctorat soutenue à l’Université de Paris X-Nanterre le 12 décembre 2003 (dirigée par Alain Milhou, Thomas Gomez et Nikita Harwich)*
p. 341-344
Texto integral
1Cette thèse analyse les conditions d’insertion de la population d’origine africaine dans la société coloniale de Nouvelle Grenade au xviie siècle, à travers l’étude des relations sociales, culturelles et spirituelles, et en s’appuyant sur des sources diverses et nombreuses où Noirs et Mulâtres apparaissent comme acteurs, témoins ou victimes. L’évangélisation des Noirs étant indissociable de leur condition habituelle d’esclave et de la finalité commerciale qu’était la traite, il était important de rappeler tout d’abord l’évolution de ces deux facteurs, ainsi que le contexte politique, économique et social dans lequel ils s’étaient développés. Afin de mieux cerner les divers comportements des esclaves dans leur adaptation progressive ou leur résistance aux normes que l’on voulait leur imposer, une étude des motifs qui permirent à l’opinion publique de légitimer la traite des Noirs s’avérait également indispensable. Enfin, la question religieuse étant la principale raison invoquée pour justifier un tel trafic, une large place a été consacrée à l’étude du processus d’évangélisation des Noirs en Nouvelle Grenade, en distinguant le plus possible les lieux, les époques et les méthodes. Ce travail est divisé en trois parties.
La première partie expose à la fois l’implantation et le fonctionnement général de la traite négrière.
Le premier chapitre évoque tout d’abord la politique des Couronnes portugaise et espagnole à l’égard de la traite des Noirs ainsi que l’institution du patronato regio, système en rapport étroit avec le processus d’évangélisation dans les colonies des royaumes ibériques puisque le pouvoir de commander et de s’immiscer dans l’administration religieuse avait été donné à des pouvoirs laïques. L’Espagne recourut au système des licences, puis à celui des asientos. Les principales caractéristiques de ces contrats d’importation de main-d’œuvre esclave sont décrites jusqu’à la levée progressive des obstacles à la libre circulation des navires négriers. Les conditions matérielles dans lesquelles s’organisait ce trafic sont ensuite évoquées, avec les méthodes d’approvisionnement en esclaves pratiquées dans certaines régions d’Afrique où se tenaient les factoreries ou les marchés, la prise en charge des esclaves, leur transport et leurs conditions sanitaires, tous éléments ayant inévitablement eu des répercussions psychologiques, religieuses et culturelles sur les esclaves débarqués en Amérique.
Le second chapitre a tenté de déduire l’origine ethnique, et donc l’appartenance culturelle, des Noirs débarqués en Nouvelle Grenade, ainsi que leur nombre, dont l’estimation, quoique relative, donne une idée de l’importance de ce commerce. L’étude des demandes de licences a mis en lumière l’accroissement de la demande de main-d’œuvre noire et a établi la répartition des esclaves dans les mines, les haciendas ou les villes ainsi que leurs différents emplois, ce qui permet d’avoir un nouveau regard sur les conditions de la vie coloniale hispanique de cette époque. La description de l’accueil des esclaves à Carthagène des Indes (ville topique à cet égard en tant qu’important port négrier situé sur la mer des Caraïbes), des formalités administratives et sanitaires de rigueur, des règles régissant leur vente, ainsi que des fraudes et de la contrebande les concernant offre une vision d’ensemble de l’organisation de la traite.
La deuxième partie met en avant l’argumentaire des « justificatifs » de l’esclavage et de la traite, sachant que l’une des principales raisons invoquées pour « légitimer » cette pratique était d’ordre religieux.
Dans un premier temps, je rappelle les principales prises de position, personnelles et non de magistère, des papes sur le sujet de la légitimité de l’esclavage des Noirs et les difficultés d’interprétation qu’elles soulèvent. Sont présentés ensuite quelques théories justifiant la réduction en esclavage ainsi que les débats controversés des théologiens juristes espagnols des xvie et xviie siècles, qui aboutirent parfois à une remise en cause du principe même de la colonisation. La controverse atteint une dimension différente en Amérique grâce à la position théorique originale, et totalement nouvelle pour l’époque, du jésuite Alonso de Sandoval tirée de son expérience pastorale auprès des esclaves de Carthagène des Indes et exposée dans son ouvrage De instauranda Aethiopum salute (1627).
Un deuxième chapitre met en évidence l’immense écart entre les obligations théoriques légales et morales des maîtres et la mise en pratique de celles-ci en Nouvelle Grenade. Les relations sociales, juridiques et politiques qui y sont décrites brossent un tableau de la vie quotidienne de la société néo-grenadine au xviie siècle. La recherche de la perception de la relation esclave-maître a fait ressortir des situations de contestation ; certains esclaves contournant les obstacles et adaptant, en leur faveur, des mesures qui leur étaient en principe défavorables. Les différents moyens, légaux ou non, qu’avaient les esclaves pour accéder à la liberté sont aussi évoqués. Une place spéciale est accordée à l’étude des palenques. Leur organisation interne est minutieusement décrite : répartition hiérarchique, existence d’esclaves, complicités diverses pour la fourniture de vivres et d’armes…
La troisième partie porte sur l’accès des Noirs néo-grenadins à la religion chrétienne au xviie siècle, et s’appuie sur les éléments historiques, idéologiques et institutionnels fournis dans les deux parties précédentes.
Le premier chapitre évoque le contexte dans lequel s’effectua cette évangélisation. Il présente les principales caractéristiques de l’implantation portugaise du christianisme en Afrique (l’action des Portugais, leurs piètres résultats et les répercussions sur le travail pastoral du clergé s’occupant des esclaves en Amérique) ainsi que le cadre institutionnel de l’implantation de l’Église catholique dans l’Amérique espagnole, en particulier en Nouvelle Grenade (le rôle de la Couronne espagnole, l’installation du clergé, tant séculier que régulier, ses charges, ses obligations et ses nombreuses déficiences, aussi bien dans sa formation que dans sa conduite et ses effectifs).
Le deuxième chapitre analyse l’appareil de l’Église néo-grenadine mis en place à différents niveaux – conciliaires, diocésains et paroissiaux – pour administrer la vie religieuse des Noirs et leur faire suivre les normes catholiques. Les dispositions civiles et ecclésiastiques qui se rapportent à la pastorale des Noirs y sont étudiées, notamment par l’examen des catéchismes élaborés lors des conciles et des synodes tenus en Nouvelle Grenade. D’autre part, les déplacements de population dus au déclin de l’encomienda et la prédominance progressive de l’hacienda, entraînèrent un aménagement des structures rurales : l’Église dut modifier au mieux l’espace pastoral, soit en changeant les limites des paroisses existantes, soit en créant de nouvelles paroisses au détriment des précédentes, soit en recourant à la création territoriale de doctrines spécialisées pour les Indiens et/ou pour les Noirs. À partir de l’étude de créations et de désagrégations de paroisses et de doctrines, le travail d’évangélisation réalisé dans les différents évêchés (Carthagène, Santa Marta, Popayán et Santafé) est décrit. On constate ainsi que, dans certaines zones où la population indigène avait été décimée, les Noirs, en plus grand nombre, bénéficiaient d’un temps d’enseignement plus long que les Indiens qui devaient parfois se déplacer jusqu’au lieu où le prêtre effectuait l’enseignement religieux (ou doctrine) pour l’ensemble des « survivants » dispersés dans les campagnes reculées. Néanmoins, les difficultés rencontrées dans l’évangélisation des Noirs étaient des plus diverses et malaisées à résoudre parce qu’elles relevaient des décisions d’autorités successives, tant laïques que religieuses. L’examen du cas par cas met en évidence les principaux points de friction (contestation des délimitations des zones d’évangélisation qui avaient une répercussion sur l’attribution des dîmes, refus de certains bénéfices ecclésiastiques, en particulier dans les campagnes en raison de l’éloignement, du climat, de la pauvreté du pays ou du manque de ferveur religieuse) et permet d’apprécier les conditions matérielles dans lesquelles se faisait l’évangélisation des Noirs, celles-ci variant d’un évêché à l’autre.
Le troisième chapitre décrit les rouages du système original mis en place par les Jésuites dont le rôle, dans l’évangélisation des Noirs, fut primordial dans les villes où ils avaient des Collèges, en particulier à Carthagène des Indes où, en raison des pratiques pastorales douteuses des prêtres portugais en Afrique, ils s’étaient presque exclusivement consacrés à cette tâche. L’action entreprise dès 1608 par le recteur des Jésuites de Carthagène pour créer des « missions de Guinée » afin d’assurer efficacement et exclusivement l’évangélisation des Noirs par son Ordre est d’abord soulignée. Une attention particulière est portée à la méthode d’évangélisation des Noirs préconisée par Alonso de Sandoval dans le traité De instauranda Aethiopum salute et appliquée par son disciple Pierre Claver dont l’œuvre est mise en valeur, autant dans sa dimension pédagogique que dans sa dimension humaniste (protection et défense des esclaves). La « méthode jésuite » consistait, en ne conservant que les gestes indispensables à la validité canonique des sacrements, à se mettre au niveau de leurs récipiendaires, en recourant également aux interprètes pour surmonter l’obstacle de la langue, et en utilisant des procédés pédagogiques adaptés tels que l’image, les répétitions mnémotechniques et les récompenses.
Le quatrième chapitre expose les rapports qu’entretenaient les Noirs avec la religion en Nouvelle Grenade. Pour évaluer le degré d’africanité persistante dans les pratiques, voire de résistance à l’acculturation hispanique, les principales caractéristiques des religions d’Afrique occidentale sont brièvement rappelées afin de les comparer à ce que furent les pratiques des Noirs du Nouveau Royaume et de déterminer ainsi s’il y eut, ou non, acculturation, syncrétisme ou juxtaposition des croyances. Sont présentés ensuite les moyens mis en œuvre par l’Église néo-grenadine pour obtenir, conserver ou accentuer la dévotion des Noirs, notamment à l’occasion des fêtes religieuses et par l’intermédiaire des confréries, ainsi que les moyens de contrôle utilisés pour éviter les déviances religieuses et morales des Noirs. Les missions aux résultats pastoraux « spectaculaires » qu’organisaient les religieux constituaient, tout comme les visites de l’évêque et du gouverneur-visitador, des moyens indirects de contrôler la rectitude de vie de la population servile ; les associations telles que les confréries ou les cabildos, ciment de la communauté chrétienne locale et de celui de la communauté culturelle de ses membres, furent aussi un moyen de contrôle social. Il s’y adjoignait également la surveillance par l’Inquisition à laquelle les Noirs, à la différence des Indiens, étaient soumis. En dépit de ce contrôle et des efforts pour évangéliser les Noirs, les cas de résistance à la conversion à la foi chrétienne sont nombreux, ceci étant particulièrement visible chez les mahométans. Les différents cas de pratiques déviantes telles que le blasphème, le reniement, la magie et la sorcellerie sont examinés. Certaines de ces pratiques relèvent d’un syncrétisme afro-chrétien, d’autres peuvent être considérées comme actes de résistance à l’acculturation. La fin du chapitre est consacrée à l’examen de la situation religieuse dans les palenques et tente de déterminer si la religion catholique parvenait jusqu’à leurs habitants, quelles qu’aient été leurs pratiques religieuses et leur degré de conversion. Ceci conduit à l’étude du rôle des prêtres, non seulement pastoral mais aussi politique, lorsqu’ils intervenaient dans les négociations de paix avec le gouvernement, et, au-delà, à situer le rôle des palenques dans l’évolution de la vie sociale.
Notas
* Composition du Jury : Jean-Pierre Tardieu (président), Université de la Réunion ; Thomas Gomez et Joseph Farré, Université de Paris X-Nanterre ; Rodolfo De Roux, Université de Toulouse II-Le Mirail ; Bernard Vincent, EHESS.
Para citar este artigo
Referência electrónica
« Hélène Vignaux, Esclavage, traite et évangélisation des Noirs dans le Nouveau Royaume de Grenade au xviie siècle », Mélanges de la Casa de Velázquez [Online], 35-2 | 2005, posto online em 18 Outubro 2010, Consultado o 12 Novembro 2010. URL : http://mcv.revues.org/2460
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