vendredi, mars 18, 2011

Ghana: le passé esclavagiste dope le tourisme grâce à l'effet Obama

CAPE COAST (Ghana) - La vue sur l'océan est imprenable, mais c'est le passé esclavagiste de la côte ghanéenne qui attire de plus en plus les touristes, en partie grâce au président américain Barack Obama qui a foulé cette terre en 2009.

 

Cape Coast Castle trône sur la côte ouest-africaine balayée par les vents. L'imposant fort blanchi à la chaux, bastion majeur de la traite négrière sur le continent africain, est devenu une véritable attraction touristique depuis que le président américain l'a visité en famille.

Barack Obama, dont l'épouse Michelle est descendante d'esclaves, avait choisi le Ghana pour sa première visite en Afrique sub-saharienne en juillet 2009. Il avait tenu à faire étape à Cape Coast Castle, site inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco.

"Nous ressentons dans cet endroit une profonde tristesse, mais d'un autre côté, nous avons le sentiment que c'est ici qu'a commencé le voyage de nombreux Afro-américains", avait commenté le président, évoquant "un moment d'émotion".

Les sombres donjons rappellent le sort cruel infligé à partir du XVIIe siècle à nombre d'Africains qui ont été retenus entre ces murs avant d'être embarqués comme esclaves vers les Amériques et les Caraïbes.
Cette triste période attire à Cape Coast Castle un nombre croissant de descendants d'esclaves, notamment nord-américains, ainsi que des férus d'histoire.

"C'est quelque chose que je veux voir une fois dans ma vie, c'est tellement fort", confie sur place Hannah Richardson-Smith, une touriste australienne.

"Depuis la visite du président Obama, nous constatons une hausse constante du nombre de visiteurs étrangers au Ghana", souligne le vice-ministre ghanéen du Tourisme Kobby Akyeampong.

Le nombre moyen de visiteurs annuels s'élève désormais à 748.000 contre 587.000 il y a deux ans, et l'objectif est d'atteindre le million de touristes, en partie grâce à "l'effet Obama". Le tourisme représente 6% du produit intérieur brut du Ghana.

Dans l'ancien fort, des guides racontent aux touristes comment les Africains, kidnappés dans leur village, ont été jetés dans des cachots exigus avant d'être "expédiés" par bateau vers les plantations du Nouveau Monde, de l'autre côté de l'Atlantique.
Construit au XVIIe siècle à environ 160 km à l'ouest de la capitale Accra, Cape Coast Castle était le plus important comptoir d'esclaves parmi les soixante forts, la plupart en ruines, qui jalonnaient les 300 km de la côte ghanéenne.

Un touriste afro-américain en visite à Accra, James Clarke, admet qu'il ne connaissait rien du Ghana si ce n'est les exploits de son équipe nationale de football. La visite d'Obama "m'a fait comprendre qu'il y a quelque chose d'intéressant dans ce pays que je dois voir par moi-même", raconte-t-il.

"La visite du président Obama en 2009 a permis de mettre l'accent sur le climat de sécurité générale du pays tout en mettant en valeur la riche histoire de cette nation et le rôle important qu'elle a joué dans le passé des Etats-Unis", commente Yaw Oduro-Frempong, analyste au sein du cabinet new-yorkais DaMina Advisors.

Parmi ses atouts, le pays est l'un des pays les plus stables d'une région marquée dans son histoire par des violences politiques et ethniques.
Le Ghana occupe aussi une place particulière dans l'histoire du continent, puisque l'ancienne colonie britannique est le premier pays d'Afrique sub-saharienne à avoir obtenu l'indépendance en 1957.

La découverte récente de pétrole pourrait en outre doper l'afflux de visiteurs étrangers, cette fois des investisseurs en voyage d'affaires.
Par AFP  

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