mercredi, juillet 21, 2010

Les banquiers narguent la puissance publique et prélèvent leur dîme à notre insu


Les grandes familles de banuiers ont de tout temps intrigué pour accaparer et conserver le contrôle de la monnaie.

Montée en puissance des créanciers des nations

Avidité des usuriers. Sous l’ancien régime, la ferveur religieuse était considérable. Le pouvoir spirituel proscrivait les prêts d’argent soumis à intérêts. Les usuriers eurent du fil à retordre avec les mœurs d’alors. Ils réussirent peu à peu, à bâtir de vastes empires financiers. Parallèlement, les États européens se structurèrent et mirent en place les premières banques centrales nationales.

Influence croissante. S’en suit le coup d’arrêt révolutionnaire à l’ordre établi. Les privilèges de l’aristocratie sont abolis. La noblesse d’épée, de robe, est à terre. Cependant la nature à horreur du vide…et l’espace laissé vacant est rapidement comblé par une nouvelle oligarchie, une aristocratie financière. Simple coïncidence ? Dans les jours qui suivirent le putsch de brumaire, Napoléon fonde la banque de France, une société privée par actions (bien que l’appellation prête à confusion) qui disposera en 1803 du monopole de l’émission de la monnaie. A sa tête, quinze personnes issues des grandes familles de rentiers. (1)

Avec la même détermination, les banquiers prirent le contrôle de la monnaie de la fédération des États-Unis. Pour arriver à leurs fins, tous les moyens étaient bons. Thomas Jefferson, 3ème Président des États-Unis affirmait : « je crois sincèrement que des institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos privilèges (étatiques) que des armées institutionnelles. Déjà, ils ont élevé au sommet une riche aristocratie qui a défié le gouvernement. » (2)


Lutte de pouvoir au sommet des nations


Résistance aux États-Unis. Cependant la lutte entre banquiers et homme d’États soucieux de l’intérêt général n’a pas toujours tourné à l’avantage des premiers. De 1861 à 1913, les organes représentatifs de l’Etat américain s’étaient réappropriés le contrôle de l’émission de la monnaie dans sa presque globalité. A ce propos, le Président Abraham Lincoln, mort assassiné avant le terme de son mandat dans des circonstances troubles, avait de grandes ambitions pour sa patrie. L’histoire a retenu la déclaration suivante: « Le gouvernement devrait créer, émettre, et faire circuler toutes les devises et tous les crédits nécessaires pour satisfaire les dépenses du gouvernement et le pouvoir d’achat des consommateurs. En adoptant ces principes, les contribuables économiseraient d’immenses sommes d’argent en intérêts. Le privilège de créer et d’émettre

la monnaie n’est pas seulement la prérogative suprême du gouvernement, mais c’est aussi sa plus grande opportunité. »

Soubresaut français. Au sortir de la 2nd guerre mondiale, l’économie nationale à besoin d’oxygène, la classe dirigeante se saisit de l’aubaine pour nationaliser la banque de France, toujours détentrice de l’émission monétaire, la faisant glisser du même coup dans la coupe de l’Etat.

Un revers pour les dynasties familiales de banquiers qui perdaient une partie de leurs privilèges. De surcroît, la maîtrise étatique des périodes de déflation et d’inflation était une perte sèche de profit pour les principaux actionnaires.

Revanche des créanciers de la planète


La ploutocratie ne s’embarrassa pas de questions étiques (conflits d’intérêts, collusions éventuelles) pour retourner la situation.

A l’assaut des Etats-Unis. En 1913, le Président Woodrow Wilson, à peine élu transféra durablement le contrôle de la réserve fédérale (chargée de l’émission monétaire), du Congrès aux grandes banques américaines. Abusé, il aurait confié un peu tard : « je suis un homme des plus malheureux ; j’ai inconsciemment ruiné mon pays, une grande nation industrielle est contrôlée par son système de crédit. Notre système de crédit est concentré dans le privé. La croissance de notre nation, en conséquence, ainsi que toutes nos activités, sont entre les mains de quelques hommes. » (3)

Reprise en main en France. Les dynasties de banquiers d’affaires pouvaient compter sur la gratitude de George Pompidou, un homme d’affaire brillant, à l’ascension fulgurante, nommé directeur général de la banque Rothschild. Elu à la présidence de la République, il promulgue l’article 25 de la loi 73-7 le 3 janvier 1973 cosigné par Giscard D’Estaing qui dispose : « le trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France. » A partir de ce moment, l’Etat français cède sciemment ses prérogatives aux banques. Le contrôle de la monnaie basculait de nouveau sous l’emprise directe des banques d’affaires.

Cet événement mis fin aux trente glorieuses car, dès lors, la dette des collectivités territoriales, de l’Etat notamment, et les intérêts dus n’ont eu cesse de s’accroître au dépend des populations. Suprême garantie faite aux banques, l’emprunt Giscard du 18 janvier 1973 est indexé sur le cour de l’or, préservant la finance privée de toute dépréciation de la monnaie nationale. Effectivement, cette indexation ne permettra pas à nos collectivités publiques de tirer profit de l’importante inflation de la décennie qui suivit. Dans la même veine, le gouvernement de Raymond Barre décrétera arbitrairement en 1976 que l’Etat règlerait sa dette au-delà du taux d’inflation.

Pour sûr, la problématique du contrôle monétaire n’a pas de couleur politique, l’opposition artificielle pour les questions essentielles relève plus de la comédie théâtrale que d’une réalité tangible. Preuve s’il en fallait avec le traité de Maastricht défendu ardemment par la gauche au pouvoir sans qu’aucun débat public ne s’attarde sur l’article 104 du dit traité qui dessaisit tous les Etats membres de l’union européenne du pouvoir de battre monnaie. Le traité de Lisbonne enfonce le clou en l’inscrivant dans le marbre d’une « constitution » européenne.

Rien d’étonnant dès lors que des banquiers ont suggéré : « Le capital doit assurer sa propre protection par tous les moyens possibles, grâce à la coalition et à la législation…. En divisant les votants grâce au système de parti politique, nous les manipulons afin qu’ils dépensent toute leur énergie pour des problèmes n’ayant aucune importance. C’est donc grâce à une action discrète que nous garantirons la pérennité de ce que nous avons si bien planifié et accompli. » (4)


(1) -La belle époque du capitalisme, éd. Historia, 1995, n° 37
(2) -Les écrits de Thomas Jefferson, New York, GP Putman’s Sons, 10 vol.
(3) -The Money Master: How international bankers gained control of America, Cormack
Patrick S. J., 2007
(4) -La monnaie et la politique monétaire, éd. par banque de France, 1971

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