La négritude, répandue pendant les périodes sombres de l’Afrique, fut un concept philosophique largement combattu par le président Ahmed Sékou Touré, qui la considérait comme un concept d’aliénation de l’homme africain, conçu pour une justification morale de la traite des Noirs, puis de la colonisation
"Pour les négriers, le commerce triangulaire était une traite des nègres par les hommes et non d’hommes par l’homme. Dans les plantations d’Amérique, disait Ahmed Sékou Touré, les chevaux vapeurs étaient renforcés par des nègres vapeurs. Ce réflexe subjectif s’est développé avec la colonisation et a repris une vigueur nouvelle avec la néo-colonisation. Le nègre, estimaient les colonisateurs, est colonisé parce que bon à coloniser, puisque n’appartenant pas à la même espèce que les blancs. Raison pour laquelle Sékou Touré a considéré la négritude comme une sorte de négation de l’homme noir. Alors que, dit-il, elle est subjective, car, la couleur de la peau n’est qu’un fait conforme aux conditions du milieu et il en est de même de la texture de la peau, des glandes sudoripares. Chez les animaux, les bovidés ont-ils tous la même couleur ? S’interroge-t-il. Bien sur que non ! Et l’ont veut, à travers la couleur, déterminer la nature des hommes.
Les conditions de vie, les rapports économiques et socioculturels des peuples ne sont, nulle part, le résultat du fait que leur peau soit plus ou moins blanche, jaune ou noire. Y a-t-il une ‘blanchitude’ une ‘jaunitude’…, une âme blanche ou jaune, une justice blanche ou jaune ? Sinon la ‘négritude’ peut-elle alors se justifier et s’ériger en doctrine scientifique ? Il est compréhensible, poursuit Ahmed Sékou Touré, que les colonisateurs veuillent que certains de nos penseurs, écrivains, soient à leur dévotion pour donner conscience morale a leur idéologie raciste de ‘négritude’.Ces intellectuels, des africanisés, n’hésitent pas de présenter la négritude comme un courant philosophique mobilisateur.
Ils affirment à la face du monde si ‘la raison est hellène, l’émotion est nègre’, ce qui signifie en terme clair que le noir considéré comme nègre n’est pas capable de réflexion, d’analyse et de compréhension, étant dominé par l’émotion. Ces qualités humaines reviennent à l’hellène (le blanc), majestueux héritier des civilisations gréco-romaine, anglo-saxonne, germano saxonne. Les nègres, eux, n’ont pas de civilisation. Il faut alors leur en donner. Regrettant que ces conceptions viennent des Africains très instruits, le président Sékou affirme qu’aucune conscience ne saurait être blanche, jaune ou noire. La négritude, conclura-t-il, n’est que l’expression d’une dépersonnalisation, d’une aliénation des valeurs humaines des hommes à peau noire.
Fakémo Camara
Le Démocrate, Numéro 163 du lundi 24 au dimanche 30 mars 2003 * page 6
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