POUR CEUX QUI PENSENT QUE TOUT EST SIMPLEMENT BLANC, OU NOIR...
C'était aux alentours de l'année 1570, donc assez tôt dans l'histoire de la déportation esclavagiste, et cela se passait dans la région de Veracruz (la vraie croix), ville fondée par le conquistador Cortez, de triste mémoire, en 1519...
Il s'appelait "Gaspar Yanga" et se disait descendant d'une dynastie du Gabon. Refusant la servitude, il prit la fuite avec ses camarades et ces "nègres marrons" s'en allèrent fonder une colonie libre, la première d'esclaves africains aux Amériques, qui fut alors connue comme étant "San Lorenzo de los Negros", laquelle mènera une existence relativement tranquille durant une trentaine d'année...
Mais en 1609, le nouveau vice-roi décida que ce "désordre" avait assez duré et envisagea de soumettre la colonie. C'est alors que Yanga et les siens
opposèrent une résistance farouche aux troupes espagnoles...
Les affrontements se poursuivirent jusqu'en 1618 où intervint finalement un arrangement entre la colonie et les autorités espagnoles...
Yanga et les siens obtinrent la garantie de leur liberté et l'indépendance de leur colonie, et en échange ils proclamèrent leur fidélité à l'église catholique et leur loyauté envers le roi d'Espagne...
Mais il y a surtout qu'ils se sont engagés à capturer les autres esclaves fugitifs et de les ramener à leurs maitres, ce service leur rapportant. Ceci, tant et si bien qu'au fil des années, ils devinrent après ceux du Brésil, ceux des nègres libres qui aux Amériques, possédaient le plus d'esclaves...
Rappelons à ce sujet qu'une des premières démarches de Victor Schoelcher dans sa lutte contre l'esclavage, fut de demander aux nègres libres des Antilles françaises qui, quand ils en avaient les moyens, ne se privaient pas d'avoir eux aussi des esclaves, coutume qui se poursuit d'ailleurs jusqu'aujourd'hui avec l'usage si fréquent aux Antilles, de gens de maison de la part de la classe aisée, qu'ils donnent l'exemple en accordant la liberté à leurs esclaves...
En 1932, la ville de San Lorenzo de los Negros prit le nom de Yanga son fondateur. Mais dans cette ville curieusement, il y règne un racisme assez consternant entre les différents métis de noirs, de blancs, et d'amérindiens qui occupent le centre ville, et ceux des descendants les plus foncés qui ont été rejetés dans la périphérie de la ville...
Ceux qui pensent que l'identité raciale suffit à la solidarité, ne sont pas au bout de leurs déceptions...
Richard Pulvar
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