L'histoire et la sociologie de la caraïbe, des antilles et du monde noir. Naviguons dans le passé de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Réunion et de l'Afrique
samedi, juillet 30, 2016
C’est arrivé aujourd’hui !… : 30 Juillet Haiti
30 Juillet 1880.- Signature à Paris d’un contrat créant la Banque Nationale d’Haiti:
Ce contrat de concession portant création de la Banque Nationale d'Haiti fut signé avec la Société générale de crédit industriel et commercial. La nouvelle institution bancaire fut une société anonyme française, au capital de 10.000.000 de francs et assura le service de la trésorerie générale . Elle fut d’abord logée dans une maison particulière à la rue bonne foi.
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vendredi, juillet 29, 2016
C’est arrivé aujourd’hui !… : 29 Juillet Haiti –
29 Juillet 1958.- Tentative de renversement de François Duvalier:
Alix Pasquet, Henri Perpignant, Philippe Dominique venant de Miami et accompagnés de mercenaires Américains s’emparèrent des Casernes Dessalines et ordonnèrent à Duvalier de démissionner. Ils furent mis en déroute par des forces fidèles au président. Ce dernier retint par la suite le 29 Juillet comme la date symbolique de la création des Volontaires de la Sécurité Nationale, les tontons macoutes .
Avec l'aide du chef de la police Clément Barbot, il organise la milice des Volontaires de la Sécurité Nationale, plus connue sous le nom de ses membres, les Tontons macoutes. Ce groupe paramilitaire de 5 000 à 10 000 membres, inspiré des chemises noires de l'Italie fasciste, ne touche aucun salaire.
En 1959, alors qu'il est soigné à l'hôpital pour une crise cardiaque, un commando tente de débarquer sur l'île. Le chef de la police secrète, Barbot, fait alors appel à la marine américaine pour empêcher l'opération. Sitôt rétabli, Duvalier fait emprisonner Barbot, qu'il soupçonne de vouloir prendre le pouvoir, et l'accuse de complot contre l'État. Barbot sera finalement assassiné par les Tontons macoutes en 1963 avec ses deux frères et d’autres compagnons.
29 Juillet 1939.- Ratification des articles de la Constitution de 1935 révisés par l’Assemblée Nationale:
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jeudi, juillet 28, 2016
C’est arrivé aujourd’hui !… : 28 Juillet Haiti
28 Juillet 1813.- Décès de Léger Félicité Sonthonax:
« Originaire du département de l’Ain, avocat Sonthonax s’attacha aux Girondins et fut associé à Polvérel. Son premier séjour à Saint Domingue dura près de deux ans Septembre 1792 à Juin 1794; il y revint comme agent commissaire du Directoire en Avril 1796 et en fut chassé par Toussaint Louverture 22 août 1793. A son retour en France, il siégea au Conseil des 500. Déporté après le 18 Brumaire, il ne tarda pas à revenir à Paris, mais se retira bientôt dans son département où il mourut. »
28 Juillet 1915.- Débarquement des Marines Américains à Port-au-Prince:
Le débarquement s’opéra sans résistance. Le seul soldat qui osa défier l’envahisseur en refusant de quitter son poste et apparemment fit feu sur eux fut éliminé sans peine. L’occupation américaine a provoqué en premier lieu la résistance armée du soldat Pierre Sully, le jour même du débarquement des marines, qui en est mort.
Avant l'occupation Américaine Haiti était dépassé par les événements, par la faiblesse de ses institutions, par l’incohérence de ses dirigeants. Les scandales ne manquaient pas, même si on était encore très loin de la situation actuelle où les dirigeants ne savent même pas sous l’égide de quelle Constitution le pays est dirigé.
Le massacre des 167 prisonniers à la prison centrale de la capitale le 27 juillet 1915 est la dernière convulsion de la corruption qui met toute la société en état de choc.
28 Juillet 1942.- Création des Gardes-Côtes d’Haiti:
Fondés par un décret-loi du président Elie Lescot, les Gardes Côtes avaient de mission de surveiller et de protéger les côtes d’Haiti. Après l’aventure du 24 Avril 1970 , ce corps fut rebaptisé « Marine Haïtienne ».
28 Juillet 2001.- Attaque contre la Police Nationale d’Haïti (PNH):
Attaques perpétrées contre l’Académie Nationale de Police et des commissariats de Mirebalais, de Hinche et des Belladères et qui ont fait, parmi les policiers, cinq morts dont le directeur administratif de l’Académie de police, le commissaire Jean Eddy Cantave, et quatorze blessés.
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mercredi, juillet 27, 2016
C’est arrivé aujourd’hui !… : 27 Juillet Haiti
27 Juillet 1915.- Lynchage de Vilbrun Guillaume Sam et Charles Oscar:
Une révolte populaire se déclencha à la suite du massacre des prisonniers politiques exécuté par Charles Oscar, chef de la police de Port-au-Prince, sur l’ordre du président Vilbrun Guillaume. Les deux qui avaient cherché asile dans des missions diplomatiques (consulat dominicain pour Oscar et français pour Sam). Une populaire en furie, se rendit dans ses légations, les arracha pour ensuite les lyncher. Les Américains qui avaient pris position dans le port du Cap-Haitien reçurent l’ordre de se rendre en toute urgence à Port-au-Prince. Ils y débarquèrent le lendemain et occupèrent officiellement Haiti pendant 21 ans.
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dimanche, juillet 17, 2016
Le premier noir à entrer au Pérou faisait partie de l'expédition de Pizarro
Le premier noir à entrer au Pérou faisait partie de l'expédition de Pizarro. Il était Guinéen, esclave d'Alfonso de Molina, l'un des Trece del Gallo. L'espagnol débarqua à Tumbes avec deux cochons, un coq et quelques poules, mais ce fut la peau noire de l’esclave qui attira le plus l'attention des indiens.
La légende raconte qu'ils lui offrirent de l'eau pour qu'il se lave, mais sa couleur ne changea pas. Les indiens le regardèrent avec plus de surprise encore. Ils ne pouvaient simplement pas y croire.
Il n’existe pas de chiffres exacts relativement à l’importance du commerce esclavagiste en Amérique, mais depuis le milieu du XVe siècle, au moins 10 millions d'africains ont débarqué sur les côtes du Nouveau Monde, un nombre trompeur si on tient compte du fait que trois esclaves sur quatre mouraient sur le trajet.
Un crime de lèse humanité qui n'a jamais été réparé et sans lequel les empires anglais, français, hollandais, espagnols et portugais ne se seraient pas érigés sur le continent. Carlos Aguirre mentionne dans "Une Brève histoire de l'esclavage au Pérou"( Breve historia de la esclavitud en el Perú ) qu'environ 660 mille africains sont arrivés aux États-Unis, 4 millions au Brésil et 1 million 600 milles en Amérique espagnole.
Résultat : ces hommes et femmes avec leur variété de langues, de nationalités, de cultures, de rites et de coutumes, ont transformé chacune des régions qu'ils ont foulées, du Canada à la Patagonie.
Dans leur situation de captivité, les noirs ont configuré l'identité de l'actuel Brésil, le deuxième pays au monde avec la population noire la plus importante, ils ont également modelé la culture musicale de Cuba, de la Jamaïque et de toute l’Amérique Centrale et de la Caraïbe, ils ont développé l'industrie cotonnière du sud des États-Unis, et ils ont travaillé jusqu’à la mort dans les maisons, les haciendas et les mines d’Amérique du Sud.
Leur contribution est pourtant demeurée occulte durant des siècles. Elle fut invisible pour Vasconcelos au Mexique et minimisée par Mariátegui au Pérou, pour citer deux penseurs notables.
Au cours des cinquante dernières années, diverses études ont mis l'accent sur cette réalité comme d’une découverte de cette racine culturelle occulte du continent.
"Je parlerais d’une culture indoafrosinoaméricaine", dit l’anthropologue Humberto Rodríguez Pastor, auteur du livre "Negritud. Afroperuanos: resistencia y existencia". Par cette expression, il met l’accent sur les influences autochtones, africaines et chinoises dans la configuration des Amériques. Au-delà de la musique, qui est la contribution la plus visible, l'apport des afro-américains se trouve dans beaucoup d'autres aspects de la vie et de la culture du continent, dans quelques cas de manière anonyme.
"Dans la gastronomie, ils n'ont pas apporté de plantes et de condiments, mais ils ont apporté leur assaisonnement. La cuisine créole américaine a une grande influence noire. Toutes les églises de Lima ont été construites par des noirs, et que l’on ne connaisse pas leurs noms est une autre chose. Sans parler de Pancho Fierro ou de José Manuel Valdés (1767-1843), qui fut le médecin le plus important de Lima à la fin de la Colonie et dans les débuts de la République, à une époque où les curanderos (guérisseurs) noirs avaient un grand prestige ", dit Rodríguez Pastor.
L'histoire de Valdés est intéressante parce qu'il était le fils d'un musicien et d'une mulâtresse libre, et à cause de sa couleur il ne put obtenir que le titre de bachelier en Médecine. Cependant, il a contribué de façon importante à contrecarrer les épidémies à Lima.
Il fut professeur du Collège de Médecine, participa aux luttes d’indépendance et il se distingua en tant qu’historien (il a écrit une biographie de Fray Martín de Porres) et théologien.
La négritude
Les luttes des noirs pour leurs droits sont aussi vieilles que l’esclavage même. En 1609 s’établissait à Veracruz, au Mexique, le premier peuple libre du continent grâce à la rébellion des esclaves.
Haïti fut le premier pays indépendant de l'Amérique (1804) pour les mêmes raisons et pour ce qui est de la période contemporaine, les luttes civiles des noirs aux États-Unis ont eu des répercussions sur l’ensemble du continent.
Le 'Black Power' de la Jamaïque a des composantes politiques et culturelles, représentées dans la musique reggae; et au Brésil un mouvement solide de conscience noire existe aussi, de même qu’en Colombie.
"Nous partons du concept de diaspora ", dit Mónica Carrillo, jeune directrice de Lundu, un centre d’études et de promotion des afropéruviens. "Cette dispersion forcée de la population africaine a fait que nous sommes 150 millions d’afrodescendants dans les Amériques."
"C’est important de comprendre –poursuit-elle -- que le mot noir est une construction faite par les colonisateurs, en opposition avec le blanc. Il naît avec une charge négative qui implique le mal, le sale, l'abject. C'est pourquoi, peu à peu nous lui avons donné un sens positif. Maintenant nous pouvons dire que nous faisons partie du mouvement noir, mais nous préférons utiliser le terme afrodescendant qui renvoie à notre origine africaine et transcende la couleur de la peau".
Palenques et confréries
Peut-être le premier échappement de l'oppression se trouvait dans cette résistance secrète au dieu imposé par le christianisme, que l’on dota de rites et de pouvoirs qui renvoyaient à l'Afrique ancestrale.
La santería à Cuba et ses orichás (les dieux), le candomblé au nord du Brésil et dans les Guyanes, le vaudou à Haïti ou la macumba à Bahía (Brésil) renvoient à un syncrétisme de manifestations religieuses, également nourries par les cultures indigènes locales.
Par exemple Shangó, le dieu de la foudre, de la guerre et de la musique, est devenu Sainte Barbara, Ochún la Vierge de la Charité ou Yemayá, la reine de la mer devenue la Vierge de Regla et Babalú Ayé devenu San Lázaro.
Cette religiosité chargée de sens mystique et de résistance était associée à la danse et à la musique, et s'est développée dans ces espaces libérés que les marrons (les esclaves fugitifs) établirent dans les montagnes de l'Équateur, de la Colombie, du Brésil ou des Antilles.
Ces palenques ou quilombos (le nom qu’ils portent au Brésil) furent stratégiques dans le processus de préservation et le syncrétisme des cultures africaines.
Comme l’indique Mónica Carrillo, en Équateur, il s’agissait de toute la région d’Esmeraldas, dont la devise reste jusqu’à présent "rebelde por libre y por libre nunca esclava", (rebelle pour la liberté et pour la liberté jamais esclave), ou Palmares au Brésil, où l’on célèbre la journée de la conscience noire, ou San Basilio sur la côte nord de la Colombie, un territoire libéré seulement alors que le XXème siècle était bien entamé.
Bien que le territoire est devenu un foyer de résistance, au Pérou le phénomène n'a pas été si marqué. "Tout d'abord à cause de la géographie", dit Humberto Rodríguez Pastor, "notre côte est aride, c'est pourquoi les palenques furent nombreux et petits, le plus connu était celui de Huachipa, qui ne rassemblait pas plus de 40 noirs".
Un autre point central consiste en ce que les esclaves qui sont arrivés au Pérou n'appartenaient pas à une seule ethnie, comme au Brésil, mais ils étaient achetés sur des marchés du Panama et de Cartagena. Ils appartenaient à divers groupes (un article du "Mercurio Peruano" parle de terranovos, lucumés, mandingas, cambundas, carabelíes, cangaes, chalas, huarochiríes, congos et mirengas), ils parlaient différentes langues et beaucoup d’entre eux étaient nés en Amérique.
C'est la raison pour laquelle on les classifia en gros en bozales (ceux qui venaient d'Afrique) et en ladinos (ceux qui connaissaient l’Espagnol). Ici, leur organisation se basa sur les confréries, qui étaient des fraternités réunies autour d'un saint.
Vers 1619, il y avait dix-neuf de ces communautés à Lima et la plus connue était celle qui donna naissance au Señor de los Milagros.
"Au cours des dernières années", raconte Mónica Carrillo, " les jeunes afrodescendants péruviens se sont rapprochés des religions africaines à travers la musique cubaine moderne, ils ont connu Shangó à travers Celina y Reutilio et la religion yoruba à travers des groupes de timba ".
La dette envers la culture africaine est impayable. Et il y en a encore beaucoup à reconnaitre et à accepter. Peu savent que des termes comme "quimba", "banana", "conga", "mambo", " mucama ", " tocayo ", ont des racines africaines.
Autre fait : Garret Morgan, un afro-américain, fut l'inventeur du signal d’arrêt automatique en 1923. Il vendit les droits à Général Electric par la suite pour seulement 40 mille dollars.
Cependant, dans beaucoup de pays d'Amérique, le racisme latent persiste. Au Brésil cette pratique est punie, et au Pérou les mesures se contentent d’éviter la discrimination dans des lieux publics. C'est pourquoi le triomphe du démocrate Barack Obama aux États-Unis a également été perçu ici comme une réparation, comme une nouvelle occasion de changement.
"Ma mère a pleuré à cause de cette nouvell, avoue Mónica Carrillo. Elle a remercié Dieu de lui avoir permis de la vivre, et elle s'est rappelée de la fois où elle est allée dans un hôpital et qu’un médecin a refusé de s'occuper d'elle parce qu'elle est noire".
RYTHME ET COULEUR
L’écriture noire
Après des siècles d'infortune et de ségrégation à cause de leur race, la population afro-états-unienne a récemment abordé les cénacles de la culture officielle entre 1920 et 1930. Dans les années 20, à New York, la communauté noire de Harlem débordait de créativité artistique, principalement grâce à l'apogée du jazz et du rhythm & blues. Des musiciens tels que Duke Ellington ou des interprètes comme Bessie Smith étaient accueillis comme des stars, même en dehors des États-Unis. Avec eux renaissaient également la danse et le théâtre ayant des racines noires.
Ce bouillonnement culturel favorisa l’émergence de ce qu’on appelle La Renaissance de Harlem par laquelle des narrateurs et des poètes de race noire intégrèrent pleinement la Littérature américaine. Leur principale influence était la musique populaire noire qui leur dictait des rythmes syncopés, une imitation de sons et d'improvisations semblables au jazz.
Les poètes pionniers dans cette exploration furent Carl Dunbar et Langston Hughes qui dans leurs poésies parlaient de l'orgueil racial et exhortaient les afro-nord- américains à cultiver une tradition culturelle. La marque de ce mouvement est telle que plus tard, elle influencera la beat generation et plus récemment celle des troubadours populaires du rap.
La Renaissance de Harlem était également l’héritière des "spirituals" que l’on chantait durant les cérémonies religieuses de la communauté noire et du folklore des esclaves noirs en général. D'autres représentants de ce mouvement furent Zora Neale Hurston (une romancière et anthropologue), Nella Larsen (romancière), Jessie Fauset (éditrice, poétesse, essayiste et romancière), Countee Cullen (poète), Claude McKay (poète), James Weldon Jonson (poète), Arna Bontemps (poète) et Richard Bruce Nugent (poète), entre autres.
Dans les années 50 et 60 le mouvement des écrivains noirs participa de manière enthousiaste à la lutte pour les droits civils de leur communauté et il produisit une littérature fortement politique, qui s'est étendue jusqu'aux débuts des années 70, surtout pour les poètes.
Durant ces années le poète le plus célèbre fut LeRoi Jones (qui se rebaptisa Imamu Amiri Baraka) et le suivaient June Jordan, Dudley Randall, Nikki Giovanni, Naomi Long Madgett, Mae Jackson, S. E. Anderson, Etheridge Knight, A.B. Spellman ou James Emmanuel (qui a un poème célère intitulé "Black Panther", allusion symbolique au mouvement radical noir du même nom). Le ton politique de leurs poèmes ne diminua pas la musicalité, ni le brio de leurs prédécesseurs, en employant de plus le sarcasme, le vers court, la polyrythmie et une intensité émotive.
Autres domaines
Curieusement, dans les années 20, dans les régions de l'Afrique d'influence coloniale française, un grand mouvement se produit également, celui qui provoque l'apparition de poètes et de narrateurs africains de valeur. En 1920 un livre pour enfants apparaît au Sénégal qui fonde cette expression, Les Trois Volontés de Malic, de l’écrivain Amadou Mapaté Diagne.
L’éclosion des poètes et des écrivains qui se succéderont rapidement va de paire avec des œuvres comme celle du poète français Blaise Cendrars, qui enfant avait vécu en Égypte et qui publie son " Anthologie nègre ", fortement influencé par cette culture en 1921.
L'ébullition de la culture noire se répand sur d’autres continents. En 1928 débute à Cuba le "negrismo" cubain, également influencé par la musique de l'île (principalement le son) et par la santería de tradition abakuá, comme l'a bien noté Alejo Carpentier. En 1930 paraitra le recueil de poèmes "Motivos del son" de l’emblématique Nicolás Guillén, et l’année suivante son non moins célèbre "Sóngoro Cosongo".
Au Pérou qui a également connu ce fourmillement, le plus célèbre représentant des lettres afropéruviennes est le décimista Nicomedes Santa Cruz.
Avec lui figurent Gregorio Martínez (et son splendide roman "Canto de Sirena"), Antonio Gálvez Ronceros (avec l’emblématique "Monólogo desde las tinieblas") et le poète Enrique Verástegui, dont l’ardeur est plus cosmopolite. (E.S.H.)
LUTTES ET PASSIONS
Au XXIème siècle résonne le tambour
L'historien cubain Manuel Moreno Fraginals rappelle une phrase qui résume très bien le climat d'asphyxie et de passion dans lequel se développe la culture africaine sur notre continent : "Le problème ici est de ne pas mourir".
Marquée par l'urgence la plus extrême, frappée par la violence physique et psychologique de l'esclavage, la communauté noire a fait de l'expression musicale un espace de survie morale depuis son établissement en Amérique. Un espace qui allait devenir l’éventail varié de manifestations musicales le plus puissant au monde alors que le XXe siècle était entamé: le blues, le jazz et le rock and roll aux États-Unis; la zamba au Brésil; le son, le mambo et le guaguancó à Cuba; le merengue en République Dominicaine; le candombe en Uruguay, etcétéra.
Et qu’en fut-il chez nous?
Pour le maître Octavio Santa Cruz, guitariste et spécialiste en traditions musicales du Pérou ce qu’on appelle aujourd’hui musique afropéruvienne a une présence réelle depuis la Colonie, mais il s’agit d’une présence ambivalente. " Tout comme la réalité créole va en s’amplifiant et en se reconfigurant dans la société, la culture noire commence à se transformer et à s'intégrer comme un élément important à ce processus complexe de métissage".
Selon Santa Cruz cette ambivalence réside dans l'aspect social : la population noire, marquée par la marginalité d'un statut social inférieur, voit son patrimoine culturel imprégner le pays sans pouvoir se sentir comme faisant partie du phénomène.
Comme dans le cas du blues américain, la genèse de la musique afropéruvienne se produit dans les champs, durant de longues journées tortueuses de travail. Santa Cruz explique que ces expressions musicales originaires ont surgi de manière absolument spontanée comme une façon de marquer le rythme pendant le travail - la coupure de la canne, par exemple - et d'alléger la monotonie et le malaise du travail forcé.
"Il est également probable qu'il y ait eu une série de chants plus dramatiques, dans lesquels la tristesse et l'oppression devenaient explicites. Des chants improvisés dans le hangar, dans le dos des contremaîtres".
Aucun de ces chants ne survécut jusqu'à nos jours, certainement parce qu’ils étaient perçus comme instigateurs de subversion et en conséquence, ils étaient censurés, interdits.
Santa Cruz prend l'exemple du panalivio. "Il semble que le panalivio était un chant rebelle, très intense, puissant, et pourtant, ce qui nous est parvenu est une sorte d’air doucereux, cadencé. J’imagine que pour subsister,il a subi tout un processus de transformation, et c’est probablement la raison pour laquelle il ressemble peu à l’original".
Mais la censure ne répondait pas seulement à une stratégie pratique de répression. Avec le temps et progressivement apparurent une série d’obstacles et d’entraves d’ordre moral.
Au milieu du XIXe siècle quelques danses ayant un caractère sensuel indéniable, comme la zamacueca ou la mozamala ont commencé à s'introduire dans la société créole, mais elles ont généré des situations compliquées, puisque l'on traita de ' pernicieux ' tout ceux qui les pratiquaient.
Au début de XXIème siècle, on voit que le métissage a été inévitable. Et à coup sûr, il a été profitable. Comme le dit Luis Delgado Aparicio dans le livre "Lo africano en la cultura criolla" (Le fait Africain dans la culturecréole): on a vécu "le triomphe cosmopolite et universel du tambour". Mais beaucoup d'informations culturelles très précieuses ont également été perdues : des genres musicaux entiers ont disparu, victimes de cette vieille chaîne de censures, ou d’indifférence et de négligence.
(D.O.)
Au cours des trente dernières années, la culture afropéruvienne s'est vue revalorisée, pour beaucoup grâce à l'œuvre magnifique des frères Nicomedes et Victoria Santa Cruz, et aujourd'hui, la communauté noire ne se démène plus seulement sur le terrain de la création musicale et artistique, mais également dans la réflexion académique et l’intervention politique. Et le combat continue.
Par Jorge Paredes - Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga
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C’est arrivé aujourd’hui !… : 17 Juillet Haiti
L'histoire d'Haiti n'a fait que répéter les événements d'hier !...
17 Juillet 1876 : une Assemblée nationale élue Boisrond-Canal Président d’Haïti
Au président Michel Domingue, au pouvoir depuis 1874, succède le président Pierre Théoma Boisrond-Canal. Nommé par une Assemblée nationale fraîchement élue, son mandat est prévu pour durer quatre ans. Il fut emporté trois ans plus tard par une bourrasque insurrectionnelle alimentée par des partisans de Boyer Bazelais, chef de file du parti libéral et démissionne le 17 juillet 1879, un an avant le terme de ce mandat et part en exil pour la Jamaïque. Boisrond-Canal avait été nommé commandant militaire du département de l’Ouest, en 1875, par Michel Domingue. Son passage au pouvoir se caractérisa comme une période de laxisme. L’histoire rapporte que sa phrase favorite était : "lésé grennen : laissez filer ".
Pratiquant la politique du « lese grennen » (laisser faire), le général président fit face à toutes sorte de difficultés durant sa présidence qui débuta exactement trois ans plus tôt.
Pierre Théoma Boisrond-Canal fut président de la République d'Haïti à trois reprises :
En 1888, une révolte renverse Salomon et le condamne à l'exil. À ce moment-là, Boisrond-Canal revient d'exil après la chute de Salomon le 10 août 1888.
Boisrond-Canal est alors renommé Président d'Haïti à titre provisoire. Bien qu'il tente de conserver le pouvoir, le sénat qui n'est pas en sa faveur négocie son départ. Avant de quitter la présidence, il a choisi son successeur et intronisé le 16 octobre 1888, François Denys Légitime comme nouveau président de la république.
Le 26 mai 1902, il a été nommé successeur de Tirésias Simon Sam comme nouveau président d'Haïti. Mais il doit affronter une grande opposition dirigée par son ancien allié, le général Pierre Nord Alexis qui lui succède le 17 décembre 1902 par un coup d'état militaire. Cependant, le président Alexis n'envoie pas son prédécesseur en exil et le laisse poursuivre sa carrière en politique.
Boisrond-Canal a été l'un des politiciens les plus influents d'Haïti de son temps et avait même en dehors de son propre règne une influence notable sur la politique d'Haïti. Il meurt à Port-au-Prince le 6 mars 1905. Alexis est renversé quelques années plus tard en 1908. À côté de lui, son frère cadet, Louis-Auguste Boisrond-Canal, a été une personnalité politique active en 1908 en tant que membre de la Commission pour l'ordre public et président d'Haïti par intérim.
Le Président Boisrond-Canal (1832 – 1905)
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