Premier empire colonial français 1534-1815
30 000 000 d’habitants
10 000 000 de km²
Deuxième empire colonial français 1815-1946
150 000 000 d’habitants
13 500 000 km², soit 1/10ème des terres émergées du globe... !
Troisième empire colonial français, “empire maritime” actuel et plus grand du monde, constitué autour des poussières des deux autres empires.
11 700 000 km² de Zone Economique Exclusive (ZEE), répartis sur cinq continents...
D’énormes ressources halieutiques, et énergétiques, qu’il s’agisse d’énergie fossile ou d’énergies renouvelables, des milliards de tonnes de ressources minières, fer, cuivre, nickel, manganèse, cobalt et autres, sous forme d'encroûtement ou de nodules polymétalliques, tout cela demeurant à ce jour totalement inexploité par la France, mais extrêmement convoité par toutes les autres puissances, qui risquent de voir leurs revendications l’emporter devant les Nations Unies, compte tenu que par son inaction, la France prive la planète de ces ressources.
Après le départ forcé des Français, le chef Pontiac de la tribu indienne des Outaouais, qui luttait avec eux contre les Britanniques, ne doutait pas une seconde qu’ils allaient revenir de France avec de puissants moyens, pour mener avec lui l’assaut final...
Mais ces renforts ne vinrent jamais, et les Outaouais abandonnés furent massacrés. Ceci, du fait d’un “nombrilisme” qui sera toujours le défaut de cette nation française où, incapables d’imaginer un avenir se faisant loin d’eux, des faiseurs d’opinion comme Voltaire, ne comprenant rien à ce qui se jouait aux Amériques lointaines, n’avaient de cesse de fustiger cette entreprise coloniale et les efforts déployés pour ces “quelques arpents de neige”, selon l’expression demeurée célèbre de lui, qui sera prêtée par erreur à Louis XV...
Ainsi, en 1763, au traité de Paris mettant fin à la guerre de sept ans, le Canada, colonie française, était-il cédé aux Britanniques...
De la même façon, suite à une défaite certes déprimante, mais qui ne compromettait en rien l’entreprise dans sa globalité, défaite à cause de laquelle ils avaient perdu beaucoup d’argent, les actionnaires de la Société des Indes Orientales en laquelle le Roi lui-même avait des intérêts, et qui avaient donc l’oreille de celui-ci, ont exigé et obtenu le rappel de Dupleix, l’administrateur des comptoirs français de l’Inde, et l’abandon de sa politique d’expansion coloniale, alors même que par une série d’accords, la majorité du pays se trouvait déjà sous influence française. Les Anglais qui n’en demandaient pas tant, ne manqueront pas d’occuper promptement la place...
Toujours dans la même inconséquence, Napoléon qui avait ruiné le pays par toutes ses guerres au travers de l’Europe, et qui avait la ferme intention de continuer à les mener, a vendu dans sa totalité aux Américains qui eux aussi n’en demandaient pas tant, la Louisiane de l’époque qui s’étendait alors du golf du Mexique jusqu’au Canada, sur 2 500 000 km², pour une somme nécessaire pour mener ses guerres, mais qui était dérisoire face à l’immensité du territoire ainsi nonchalamment cédé. Cette perte mettant quasiment fin au premier empire colonial français, celui-ci sera définitivement soldé par le congrès de Vienne en 1915...
Bien-sûr ces gens n’imaginaient pas ce que deviendraient le Canada et les Indes, et par le fait, la Grande Bretagne dont ils ont permis ainsi, bien-sûr sans le vouloir et sans le savoir, le développement de sa toute puissance, en concurrence à une France qui symétriquement, se trouvera privée d’un tel parcours, pas davantage qu’ils n’ont imaginé ce que deviendraient les Etats-Unis d’Amérique, qui ne seraient jamais devenus la puissance dominante d’aujourd’hui, sans la Louisiane qui leur barrait l’accès à l’Ouest, là encore, en concurrence à la France...
Ainsi, une capacité à imaginer l’avenir constitue-t-elle un élément décisif dans la puissance d’une nation, et le mal français réside dans une incapacité désolante à cet exercice...
Il renaîtra un second empire, plus vaste encore, plus peuplé, et beaucoup plus puissant que le premier, grâce auquel la France parviendra au faîte de sa puissance et de son influence dans le monde, et surtout qui lui vaudra sa place si enviée et si convoitée par d’autres, de membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies...
Il est facile de comprendre avec les chiffres dont nous disposons aujourd’hui, mais que ne pouvaient pas imaginer les nombrilistes volontiers racistes de l’époque, que cet empire qui serait actuellement fort de 500 à 550 millions d’hommes, disposant d’énormes ressources naturelles et humaines, et d’un savoir faire de la métropole, serait un des plus puissants sinon carrément le plus puissant, de ceux d’aujourd’hui...
Bien-sûr, par le jeu démocratique, ne se trouverait probablement pas à la tête de cet empire, un homme blanc, et face à cette perspective dérangeante pour certains, dont il faut le dire par delà tous ses mérites, l’illustre général de Gaulle, ceux-ci ont préféré la petitesse, plutôt qu’une grandeur qui ne célébrerait pas la supériorité raciale dont ils se revendiquent secrètement ou ouvertement...
Ainsi, après que le gouvernement de Vichy ait lâchement abandonné les Vietnamiens à la tyrannie des Japonais, sans faire le moindre geste pour protéger ces sujets de son empire, lesquels Vietnamiens parviendront malgré tout, par un formidable tour de force, à libérer leur pays eux-mêmes, la prétention de la France de restaurer sa souveraineté sur celui-ci aurait du pour le moins, s’accompagner de mesures fortes en direction de son peuple, des mesures de justice sociale, de réforme politique, et d’autonomie, que Ho-Chi-Minh s’en était venu lui-même négocier à Paris. Mais il n’obtiendra rien, face encore à d’autres esprits nombrilistes et étriqués, qui se sont montrés incapables d’imaginer ce que serait l’avenir avec cet état d’esprit lamentable, avenir qui sera terrible pour eux...
De la même façon, après la répression sanglante de Sétif contre des Algériens qui ne faisaient que demander reconnaissance après avoir si vaillamment et au prix de sacrifices énormes, participé à la libration de la métropole, des dispositions rapides et énergiques, de justice sociale, d’égalité politique, et de réhabilitation de tout un peuple dans sa dignité, en réparation de cette lourde faute, auraient probablement permis d’éteindre l’incendie naissant, mais elles ne seront jamais prises...
Ceci, parce que la constitution de 1946, que les Français connaissent sous la fausse appellation de constitution de la 4ème république, mais qui est en fait la constitution de “l’Union Française” par laquelle, selon la parole du général de Gaulle disant à la conférence de Brazzaville en 1944, que “les liens de la France et de l’Afrique sont définitifs”, la métropole s’envisageait dans une union définitive avec des nations africaines, en mettant fin au statut de l’indigénat et en faisant de leur ressortissants, des citoyens français de plein droit.
Cependant, toutes espèces d’astuces institutionnelles inavouables et inavouées, telles que la pluralité des collèges électoraux, faisaient que malgré cela, la possibilité des ex-colonisés d’accéder aux plus hautes responsabilités politiques, demeurait faible, ce qui ne trompait personne. L’empire prit fin mais l’Union fut morte née, car par-delà toutes les proclamations universalistes, il était clair que les esprits métropolitains refusaient encore l’égalité des races. Or, il ne peut pas y avoir d’empire si dispersé, sans un fort sentiment partagé d’appartenance, incompatible avec le sectarisme racial.
Les colonisés étaient donc sur leur garde lorsqu’en 1958, le général de Gaulle proposa à la nation, ce que les Français connaissent sous la fausse appellation de constitution de la 5ème république, mais qui est en réalité la constitution de la “Communauté française”, dont les articles strictement spécifiques à l’empire n’ont d’ailleurs été abrogés qu’en 1995, et par laquelle là encore, la métropole s’envisage dans une union définitive avec les nations africaines placées sous sa souveraineté. Cependant, après les expériences douloureuses de l’Indochine et de l’Algérie, il était prévu que les nations africaines décideraient librement d’adhérer ou non à cette Union.
Mais une étude des dispositions prévues montrait que là encore, selon ce qu’il faut bien nommer une véritable “obsession de la race” par des dirigeants qui n’imaginent pas l’avenir, et la nécessité qui sera désormais celle de toutes les nations de ce monde de dépasser ce concept, pour accéder à la plénitude de leurs moyens humains, des subtilités statutaires n’auraient en aucune façon permis à un ex-colonisé d’accéder à l’Elysée selon la voie démocratique...
Devant cette incapacité définitive d’une métropole à considérer que tous ses citoyens doivent bénéficier exactement des mêmes droits et des mêmes opportunités, à la fin de l’année 1960, toutes les nations africaines avaient choisi l’indépendance...
L’empire était mort, ce qui n’a pas semblé immédiatement désavantager la métropole, parce qu’elle avait trouvé par la “françafrique”, le moyen de continuer à bénéficier de ses ressources. Mais, comprenons que le dommage, et il fut de taille, se mesure en réalité par rapport aux autres grands et puissants empires d’aujourd’hui, l’Américain, le Russe, le Chinois, et l’Indien, qui eux, sont devenus tels, tout simplement parce qu'ils ont totalement intégré leur empire colonial, et c’est bien ce qui fait leur toute puissance, face à laquelle la France dévêtue, ne fait clairement plus le poids.
Le racisme est le tendon d’Achille de la nation française, non seulement concernant la paix sociale dans sa métropole, mais parce qu’une sourde tentation indépendantiste sommeille dans ses espaces lointains dont les peuples ne supportent plus l’arrogance métropolitaine, et les nations concurrentes désireuses de lui ravir l’exploitation de ses immenses espaces maritimes, vont pouvoir l’attaquer sur cette faiblesse. Ceci, en exploitant par le moyen de leurs services, les frustrations et le sentiment corrosif qui habite ces citoyens du bout du monde, de ne pas être considérés avec la même préoccupation que ceux de la métropole...
Richard Pulvar
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