lundi, juin 28, 2010

Granville T. Woods


Granville T. Woods was borin in Columbus, Ohio
He was an African American businessman and inventor. Woods began work in a machine shop at age ten. Though largely self-taught, he studied electrical and mechanical engineering from 1876 to 1878.

After that he worked on a British steamer, then became an engineer on a railroad based in Cincinnati, where he settled around 1880. Woods received his first patent in 1884 for a steam boiler furnace. In 1885 he invented a system called telegraphony, which allowed telegraph lines to carry voice signals. In 1887 he patented the induction telegraph for sending messages to and from moving trains. Other inventions for electric railways included electromechanical and electromagnetic brakes, a wheeled trolley for drawing power for streetcars from an overhead wires and a safety cutout to prevent injury from accidental contact with overhead wires. For a while he manufactured and sold his inventions through the Woods Electric Company, but he later sold his patent rights to the General Electric Company.

In 1890 Woods moved to New York City. In collaboration with his brother Lyates he patented emergency braking systems and devices relating to third-rail power. During his prolific career, Woods received 35 patents for inventions that contributed to the development of the transportation and communication industries. As a Black inventor.

samedi, juin 26, 2010

Exposition « D’Ayiti à Haïti, la Liberté conquise » à Nantes et Paimboeuf



A l'occasion de la présentation de l'exposition « D’Ayiti à Haïti, la Liberté conquise » dans toute la région des Pays de la Loire, les Anneaux de la Mémoire vous proposent de redécouvrir l'histoire de la traite et de l'esclavage à travers une exposition présentant le rôle de Paimboeuf, avant-port de Nantes, dans la traite négrière au 18ème siècle. Elle se tiendra tout l'été, du 18 juin au 19 septembre 2010.

L’exposition « D’Ayiti à Haïti, la Liberté conquise » relate les événements qui ont jalonné l’histoire depuis l’Ayiti des Taïnos jusqu’à l’Haïti Indépendante de 1804, en passant par la formation de la colonie de Saint-Domingue, l'île à sucre par excellence. Il s'agit d'une première parce qu’elle a été créé en Haïti et qu’elle propose la vision haïtienne d'une histoire qui nous est commune. Elle est bilingue, en Français et en Créole, les deux langues officielles d’Haïti. Elle a été produite par la Société Civile des Anneaux de la Mémoire en Haïti, avec le concours de l’Ambassade de France à Port au Prince, et réalisée par Mme Vendryes pour le Bicentenaire de l’Indépendance de la République d’Haïti en 2004.

A cette occasion, les Anneaux de la Mémoire propose une exposition "Paimboeuf et la traite négrière". Elle permettra de mettre en lumière le rôle, peu connu, de cet avant-port de Nantes au 18ème siècle dans la traite négrière transatlantique à travers une scénographie (reconstitution d'un entrepont d'un navire négrier, maquette en coupe de l'Aurore, etc.), une présentation d'une collection d'objets (oeuvres d'artistes originales, gravures d'époque et reproductions, statues de différentes civilisations africaines, etc.). Nous y présenterons également le Journal de traite de la Bonne Mère, document inédit découvert récemment, qui donnera lieu prochainement à une publication spécifique des Anneaux de la Mémoire.

Les grands thèmes de l'exposition :

D’Ayiti à Haïti, la Liberté conquise

Paimboeuf dans la traite

Nantes et Paimboeuf,
Le voyage transatlantique (Afrique, traversée, Amérique)
Héritages
Haïti aujourd'hui

Informations utiles :

Lieu : Le Hangar, Office de tourisme de Paimboeuf - Quai Sadi Carnot - 44560 Paimboeuf.

Horaires d'ouverture :
De Septembre à Juin : ouvert du Mardi au Samedi de 10h à 12h et de 14h à 17h.
Juillet et Août : ouvert du Lundi au Samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h30,
ainsi que le Dimanche et les jours fériés de 15h à 18h.

Contacts : 02 40 27 53 82
Date de publication 25 Jun 2010

Auteur(s) Alliance Internationale Anneaux de la mémoire



Alliance Internationale Anneaux de la mémoire http://www.anneauxdelamemoire.org/

vendredi, juin 25, 2010

Guillaume Grou, amateur nantais


Guillaume Grou, amateur nantais, né le 1er août 1698, acquit la charge de conseiller secrétaire du Roi, juge consul en 1748. Il meurt en 1774 laissant une fortune considérable, bénéfice de la déportation des Négro-africains. Il fut inhumé à la Bouteillerie, cimetière situé dans le centre ville de Nantes, il se trouve juste à côté du Jardin Botanique.

Dam Joulin, Le Breton-la Vallée, Garneray, et tant d’autres en France ont pris part au trafic de la chaire humaine et de la déportation des Négros Africains vers les Amériques. « Je ne vois plus un beau Nègre sans chercher à évaluer son prix, et à l’estimer, non pour les services qu’il peut rendre mais pour le prix qu’on peut en tirer à l’encan. » François Arago l’un des plus farouche anti-abolitionniste, s’est battu, jusqu’en 1848 pour que la servitude des Négros-Africain dans les colonies françaises soit une manne économique pour la France. Le 15 février 1739, un navire Français de Nantes sous la conduite du capitaine M. Bégaud venait de faire kidnapper 71 Nègres. Il y avait aussi le navire, l’Union de Bordeaux, dont le capitaine M. Mesnard second capitaine de Bégaud, venait faire le plein de Nègres.

En France, qui sont les trafiquants de la Déportation ? Haëntjens, Mosneron du Pin, Levesque, Roy, Fouché Duc d’Otrante, Daniel de Kervegan, Tiercelin, Drouin, Salleron et Van Neunen, Viot Grou, tous des nobles ou anoblis par cette fructueuse activée qui bénéficie d’une large subvention gouvernementale. Ils voient rapidement la nécessité de créer des sociétés où Beaumarchais et bien d’autres, tel Voltaire, ne craignent pas de prendre des parts. Nantes sera alors le premier port du trafic en France.

Extrait du journal de bord d’un navire de déportés dans les champs de travaux forcés dans les colonies Françaises.

Charles le Breton la Vallée à bord de la frégate du Roi, le Rernard de Nantes.

« Vendredi 15 mai 1750, dix heures, ma chaloupe n’est pas encore revenue. Sur le pont, les Nègres complotent de tuer tous les blancs à bord. Me chaloupe revenant une demi-heure plus tard laisse quatre hommes au rivage pour couper du bois pour mettre en cale. Le meneur de la révolte commande de tomber sur moi pour me tuer. Deux Nègres quartiers-maîtres me saisissent à la gorge. J’ai recours à ma force et ils lâchent prise; en même temps, je me fais apporter des armes et feu sur ces misérables ! Ils s’embarquent tous dans ma chaloupe. Tirant plusieurs coups d’espingoles, de fusils et de pistolets sur eux, ils ne peuvent se sauver. Quelques-uns se jettent à la mer. Les canots du Suvest, de l’Aimable et du Londres Pool courent dessus et les prennent. Trois sont noyées. Ce sont trois beaux mâles captifs. Après avoir corrigé ceux du bord, j’apprends que c’étaient eux les meneurs de la révolte : je n’ai aucune peine à le croire, car les canots voulant les sauver, ils se sont laissé couler à fond.

Pour sanctionner pareil incident, je mets les fers aux pieds et aux mains de tous les captifs, de deux en deux avec les colliers à chaîne. Pour les femmes, n’étant point prévenues de cette révolte, elles se retirent toutes dans leurs entreponts. Les Nègres jettent à l’eau les deux enfants servant à la chambre. Je les sauve le long du bord; Ils me disent avoir été jetés par ce qu’ils ont refusé de donner des armes…/… »

12 mai 1739. Nous appareillons de la rade de Rio Gambie après avoir fait notre eau, c’est à dire juste ce qu’il nous faut pour nous rendre au lieu de notre transite. Nous laissons à Rio Gambie le navire, l’Africain de la Rochelle, qui a pour capitaine Mr Villemarais. Il y fait son eau. Il va également partir, ayant finit son kidnapping de Nègres. Nous partons avec trois cent vingt six déportés et avec Mr Temuro et Gallote du navire le Hardi de la Rochelle.

18 juillet 1750 (journal de bord) armateur de Nantes, Mr Taillasson commandant le Prince Henry. « Mon lieutenant me ramène, un couple de Nègre et un enfant, et me fait savoir qu’il a du utiliser son arme face à ce Nègres peu coopérant et faire feu sur le deuxième enfant laissé pour mort, l’autre plus agile et rapide a fuit dans la brousse ».

En 1799, le trafic de kidnapping des Nègres sur le continent africain se multiplie en catimini. Desaix lui-même pendant la dictature des français en Égypte s’est fait acheteur de déportés Négros-africains. Sa lettre au lieutenant général des armés, Belliard, ne laisse aucun doute.

2 juillet 1799. « Le général en chef désire bien vivement, mon Général, avoir 2000 Nègres de quinze à seize ans pour recruter ses troupes ». Il s’adresse à moi pour cet objet. « Ne pourriez-vous pas voir si les caravanes (déportation, kidnapping par les arabes) de Senaar qui arrivent dans ce moment n’en auraient pas ? Il faudrait dit Desaix, les retenir tous et les acheter », « les hommes seront achetés par nous. » « J’engage Donzelot à voir si par Kosseir on n’en aurait pas aussi des arabes et des éthiopiens; ces derniers étant chrétiens, seraient excellents et bien dévoués. Écrivez à Eppler d’acheter à quelque prix que se soit tous les hommes, un grand nombre arriveront de son côté; nous les payerons; Il ne faut pas que les habitants en aient un seul. »

mercredi, juin 23, 2010

« Parole des esclaves de Bourbon (La Réunion) »

Patrick Karam, délégué interministériel pour l'Égalité des chances des Français d'outre-mer Jean-Claude Judith de Salins, président de l'Association Réunionnaise
Communication et Culture (ARCC) convie à une conférence-débat

sur le thème :

« Parole des esclaves de Bourbon (La Réunion) »
avec Prosper Eve, professeur d'Histoire moderne à l'Université de La Réunion et président de l'Association Historique Internationale de l'Océan Indien (AHIOI), à l'occasion de la sortie de son livre « Le bruit du silence » le vendredi 02 juillet 2010 à 17h30 à la Délégation interministérielle.



Quatrième de couverture du Bruit du silence, Prosper Eve, 2010, Océans Editions:
L'esclave est acheté pour être un producteur. Cependant, il n'est pas que deux bras, il a aussi une tête.

Comme tout être humain, il est un « roseau pensant ». Sa force de pensée se découvre dans le livre ouvert de la nature ; cette donne contredit ceux qui soutiennent que « longtemps les savoirs autres que ceux qui venaient de France ont été marginalisés, ostracisés, voire tout simplement interdits ». Le combat culturel et cultuel mené par les premiers grands esclaves dans la partie haute de l'île pendant leur temps de conquête illégale de la liberté s'affiche à travers les noms de lieux : Anchaingue, Cimandef, Matouta, Mafat...ainsi que dans le livre légendaire composé en un temps relativement court avec des visages de proue, tels que Pitre, Baal, Fatie, Diampare, Farla, Phaonce, Sanson, Cenkouto. Pour punir ou pour tenter de se libérer, l'esclave
est en mesure d'élaborer des projets d'incendie, d'empoisonnement, de révolte ou d'évasion. Accusé, il peut produire un discours défensif. Il peut exprimer ses désirs, improviser des chants mélodieux. Sa parole peut être frappée de suspicion, mais elle ne peut être niée. Comme à Bourbon, le législateur lui ouvre tardivement les portes de l'école, il ne peut avoir laissé des journaux intimes palpitants. Cette absence ne peut suffire à elle seule pour que son Histoire soit écrite sans lui. Preuves à l'appui, le présent ouvrage entend battre en brèche les idées reçues sur le silence des esclaves à Bourbon.

vendredi, juin 18, 2010

Le Maloya de La Réunion célébré au ministère de la Culture

Le Maloya de La Réunion célébré au ministère de la Culture
après avoir été inscrit au patrimoine de l'humanité

Patrick Karam, délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer et conseiller régional d'Île-de-France, participera à la cérémonie de célébration de l'inscription du Maloya par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité présidée par Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, le lundi 21 juin 2010 à 18h30 au ministère de la Culture (salons du Ministère 3, rue de Valois Paris 1er).

Cette célébration constitue un geste fort pour la reconnaissance de cette musique et des artistes qui la font vivre. Ce coup de projecteur permettra au Maloya d'occuper toute la place qui lui revient sur le devant de la scène culturelle nationale et internationale.

Musique initiée par les victimes de l'asservissement des hommes par les hommes durant la période esclavagiste, le Maloya est encore aujourd'hui avec le Séga le genre musical majeur de l'île de La Réunion.

Le Maloya se caractérise par un mélange de rythmes binaires et de rythmes ternaires de percussions. Les instruments traditionnels tels que le kayamb, le roulèr ou le bobre constituent la base du Maloya traditionnel.

Ce Maloya traditionnel laisse la place à un « Maloya moderne » agrémenté d'instruments comme la guitare, la basse ou encore le synthé. Ainsi, il existe un Maloya à la sauce jazz incarné notamment par le chanteur Meddy Gerville : le « Maloyaz ». Plus récemment, le chanteur Davy Sicard, qui est aujourd'hui le principal ambassadeur de cette musique, a opté pour un apport de sonorités africaines en donnant naissance au « Maloya kabosé ».

jeudi, juin 17, 2010

Génocide Made in France


Wall Street Journal : Quand les soldats français mitraillaient les Tutsi en plein génocide

Traduction : Le génocide du Rwanda : l'histoire qui n'a pas été dite
Par Anne JOLIS © Wall Street Journal et © Metula News Agency pour la version française
Translated from English by LEWELLYN Brown
Mme Anne JOLIS est rédactrice au Wall Street Journal Europe.

"Je vous le raconte comme je l'ai vu", dit Fidèle SIMUGOMWA, ancien chef de la milice extrémiste des Hutus pendant le génocide rwandais, lors d'un entretien avec Serge FARMEL, réalisateur de films documentaires. "Les soldats français avaient pris position sur une colline et tiraient sur les Tutsis. Nous [les miliciens hutus. Ndlr. Ména] portions un signe distinctif afin que les Français ne nous tirent pas dessus - nous nous étions dissimulés sous des feuilles d'arbres".

Un à un, les anciens génocidaires filmés par Serge FARMEL racontent la même histoire ; à savoir que, le 13 mai 1994, de petites équipes d'hommes blancs, qu'ils décrivent comme étant des "soldats français", vêtus de treillis et transportés dans des jeeps ou des camions, se rassemblaient sur les hauteurs dans l'arrière-pays de l'ouest rwandais. Ils tiraient des coups de feu dans les collines de Bisesero afin de débusquer les Tutsis.

Puis ils visaient directement les hommes, les femmes et les enfants qui prenaient la fuite. Quand les coups de feu cessèrent, les tueurs hutus investissaient les collines. Maniant des machettes, des lances, des massues cloutées, et leurs propres fusils, ils achevèrent les blessés. Une vingtaine de survivants me racontèrent une version identique des événements.

Ce jour-là et le lendemain, 40.000 Tutsis furent massacrés. En tout, environ 800.000 personnes - des Tutsis et des Hutus opposants du génocide - périrent atrocement ce printemps 1994.

Peu d'événements de l'histoire contemporaine ont laissé davantage de cicatrices dans les consciences occidentales que le génocide rwandais.

Samantha POWER conseillère auprès du président OBAMA, Prix Pulitzer en 2003 pour son livre Un Problème d'Enfer : l'Amérique et l'Ère du génocide [A Problem from Hell : America and the Age of Genocide], y dépeint un portrait noir de la manière dont l'administration CLINTON esquivait et demeurait passive durant le génocide.

Plus tard, le Président Bill CLINTON, en visite à Kigali , la capitale, présenta ses excuses au nom des États-Unis et de la "communauté mondiale".

En France, en revanche, le récit officiel du génocide donne une image plus reluisante du rôle de l'Hexagone. Le site web du Ministère des Affaires étrangères note que : "Dans les années 1990, la France s'investit dans les efforts de la communauté internationale pour endiguer les tensions au Rwanda. La France fut le premier pays à dénoncer le génocide, et entreprit une mission humanitaire". Cette mission, qui débuta en juin 1994, sous le nom d'Opération Turquoise, était en apparence supposée créer des zones de sécurité humanitaires.

À ce point de notre analyse, un peu d'histoire s'impose. Bien que le Rwanda fût une colonie belge avant son indépendance en 1962, les Français l'ont considéré, pendant très longtemps, comme une partie de la Françafrique : l'ensemble des pays africains francophones sur lesquels la France continue à exercer une influence paternaliste, parfois positive, le plus souvent opportuniste.

Au Rwanda, cette influence prit la forme d'une relation étroite avec la dictature de Juvénal HABYARIMANA, prônant la suprématie hutue. Pendant la guerre civile rwandaise, au début des années 1990, les troupes françaises allèrent à la rescousse d'HABYARIMANA dans sa guerre contre les forces d'opposition du Front Patriotique Rwandais (FPR) - à majorité tutsie, et aussi anglophones - venant d'Ouganda, sous le commandement de Paul KAGAMÉ, aujourd'hui président du Rwanda.

Aujourd'hui, aussi absurde que cela puisse paraître, le gouvernement du président en exercice à l'époque, François MITTERAND, craignait qu'une victoire du FPR ne signifie la perte, non seulement d'un allié de confiance, mais aussi, la perte du Rwanda au profit du monde "anglophone".

L'événement qui finit par déclencher le génocide se produisit le 6 avril 1994, lorsqu'un avion transportant HABYARIMANA fut abattu. L'identité des coupables demeure l'un des mystères non résolus de l'histoire contemporaine.

Un éminent magistrat français est convaincu que l'assassinat fut orchestré par le FPR, et il a lancé de nombreux mandats d'arrêt visant de proches collaborateurs de M. KAGAMÉ. Dans le passé, les Français ont aussi déclaré avec insistance que ce qui se déroula au Rwanda fut un "double génocide", arguant que les Tutsis étaient autant les agresseurs que les victimes dans les prémisses et l'acmé de l'agonie rwandaise.

Cependant, cette version des événements a aussi ses détracteurs. M. KAGAMÉ nie catégoriquement toute implication dans la mort d'HABYARIMANA, qui était alors sur le point de réaliser un accord de paix avec le FPR au moment où il fut assassiné.

Le gouvernement rwandais a prétendu, pendant longtemps, que la France joua un rôle actif en soutenant les extrémistes rwandais durant le génocide, faisant état de nombreux génocidaires notoires qui ont ouvertement et paisiblement vécu en France pendant des années.

En 1998, le journaliste français Patrick de SAINT-EXUPÉRY, qui avait rendu visite aux soldats français durant l'Opération Turquoise, écrivit une série d'articles dans Le Figaro, racontant comment les "zones humanitaire" françaises servaient principalement à protéger les tueurs hutus, au moment où ils fuyaient devant l'avancée des forces du FPR.

Ces articles provoquèrent un tollé à l'Assemblée nationale, au point de provoquer la création d'une commission d'enquête, qui arriva en définitive à la conclusion que la France ne portait aucune responsabilité particulière sur le génocide et, au pire, avait été victime innocente de malentendus.

C'est à ce moment-là qu'entra en scène Serge FARMEL, un Parisien à la grande carrure, âgé de 44 ans, issu d'une formation dans l'ingénierie aéronautique. La curiosité de M. FARMEL pour le génocide fut éveillée, il y a quelques années, lorsqu'il entendit des comparaisons entre les actions commises par la France au Rwanda et le comportement du régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale.

Lors d'un voyage au Rwanda, en avril dernier, il rencontra un survivant Tutsi, qui témoignait que les soldats français étaient bien présents en mai 1994, alors que, supposément, il n'y en avait aucun. Au début, FARMEL préjugea que sa mémoire de personne traumatisée lui jouait des tours, mais il maintint sa version de l'histoire. FARMEL commença alors à interroger d'autres témoins, dont il filma les récits.

Il en résultat 100 heures de film, qui consistent principalement en des entretiens d'individus et de groupes, à la fois victimes et auteurs du massacre, avec également des reconstitutions minutieuses des scènes du massacre.

Il est difficile d'exagérer la rigueur avec laquelle M. FARMEL a conduit les entretiens : sur le film, ceux qui sont interviewés s'impatientent parfois quand il les rappelle pour leur poser d'autres questions - comme s'ils étaient des témoins appelés à la barre - sautant sur la moindre incohérence dans leur témoignage.

Tous les survivants des massacres de mai 1994 ne prétendent pas se rappeler la présence de soldats français à Bisesero, cependant, il en y a beaucoup qui le disent, et leurs récits sont cohérents. Après avoir visionné ces témoignages filmés, je décidai de rejoindre M. FARMEL au Rwanda, sur le terrain de son investigation, afin de confirmer ces histoires personnellement.

Des Rwandais attendent pour donner leur témoignage des événements de 1994
"Les Blancs étaient postés sur les hauteurs, et ils nous ont d'abord débusqués de nos cachettes par des coups de feu. Ils cessèrent quand les Interahamwe (la milice hutue) arrivèrent, puis recommencèrent quand nous résistâmes", dit Sylvestre NIYAKAYIRO, un Tutsi âgé de 22 ans à l'époque et qui se rappelle avoir été chassé de colline en colline au cours des trois attaques perpétrées ce jour-là, dirigées par des Blancs.

M. FARMEL demande, de manière répétée, si M. NIYAKAYIRO ne mélange pas les dates, si les Blancs de la mi-mai, dont il se souvient, n'étaient pas en fait les soldats français qui arrivèrent à la fin juin pour l'Opération Turquoise, quand un autre assaut fut lancé contre les quelques Tutsis qui demeuraient dans les environs de Bisesero.

"Les jours du 13 et du 14 mai furent inoubliables", répond M. NIYAKAYIRO.
Mais qui étaient exactement ces "Blancs" - à supposer qu'ils étaient réellement présents ? "Votre information n'est pas crédible, puisqu'elle ne repose sur aucune réalité historique", écrivit le général Jean-Claude LAFOURCADE, qui commandait l'Opération Turquoise et qui maintenant dirige une association des soldats ayant servi au Rwanda, dans une réponse par courriel à mes questions, ajoutant "il semble que vous êtes en train de vous faire manipuler".

Comme l'Élysée, l'association déclare qu' "il n'y avait pas de soldats français au Rwanda au mois de mai 1994". L'Institut François MITTERAND, dirigée par Hubert VÉDRINE, proche conseillé de l'ancien président, refusa de faire un commentaire sur cet article.

Paul BARRIL est un Français qui se trouvait au Rwanda à l'époque. Il est certainement l'un des anciens membres les plus illustres du GIGN, un corps d'intervention d'élite. M. BARRIL était un conseiller auprès d'HABYARIMANA, à l'époque de la mort du Président. Selon ses mémoires, publiées en 1996 : Guerres secrètes à l'Élysée, dans lesquelles il note que "Suivant l'attaque, commença un cycle de massacres qui conduisirent à l'établissement de la dictature tutsie du pro-américain Paul KAGAMÉ. Plus d'un million de personnes périrent au Rwanda. Quelle importance ?".

Mes efforts pour contacter M. BARRIL par téléphone et par courrier électronique dans le cadre de cet article ont été en vains. "Il ne veut pas qu'on le retrouve", me dit son éditeur.

Un récit des activités de M. BARRIL se trouve dans "Aucun témoin ne doit survivre : le génocide au Rwanda" (Leave None to Tell the Story : Genocide in Rwanda), rédigé par l'experte renommée Alison Des FORGES, une Américaine qui mourut dans un accident d'avion l'an dernier.

Des FORGES écrit que M. BARRIL fut embauché par le ministère de la Défense au Rwanda pour former jusqu'à 120 hommes au tir et aux tactiques d'infiltration pour une unité d'élite, en vue d'attaques derrière les lignes du FPR. L'opération portait le nom de code "Opération insecticide", pour désigner une opération destinée à exterminer les inyenzi, les "cafards". Quand on l'interrogea au sujet de ce programme de formation au cours d'un entretien avec un chercheur de Human Rights Watch, M. BARRIL nia toute connaissance à ce sujet et mit abruptement fin à la conversation.

Les Rwandais que M. FARMEL et moi-même rencontrèrent insistèrent sur le fait que les troupes françaises étaient impliquées dans les massacres de la mi-mai. "Je sais que c'étaient des troupes françaises, parce que j'avais été avec eux à Mutara en 1991", dit Semi BAZIMAZIKI, caporal dans l'armée rwandaise durant le génocide. "Je connaissais très bien leur manière d'opérer". Un autre ex-génocidaire, Jean NGARAMBE, raconte qu'il fut rejeté en tant que guide pour les Blancs en visite, parce que "je ne parlais pas français". À sa place, ils prirent un autre homme qui parlait français.

Un incident, décrit à la fois par les bourreaux et les victimes, est particulièrement probant. Certains des ex-génocidaires se rappellent que, le 12 mai, le jour précédant le début de la boucherie, ils furent convoqués dans un village. Ils disent qu'un officiel hutu local, nommé Charles SIKUBWABO, fugitif actuellement recherché par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, présenta des "soldats français", venus afin de servir de renforts.

M. SIKUBWABO ordonna aux tueurs rwandais rassemblés de suivre une certaine route sans attaquer ou approcher des Tutsis sur le chemin. Ils se retrouvèrent quelques kilomètres plus loin, à un endroit nommé Mumubuga où ils trouvèrent plus de 50 Tutsis. Entouré d'hommes blancs, M. SIKUBWABO dit aux Tutsis de ne pas avoir peur, que les Blancs étaient là pour les aider, et qu'ils devaient retourner dans les collines pour attendre de l'aide.

"Nous savions que c'était une ruse contre les Tutsis", dit Raphaël MAGEZA, le beau-frère de M. SIKUBWABO. Les Blancs servaient de leurres, afin de rassembler des informations au sujet des endroits où les Tutsis se cachaient. Gudelieve MUKANGAMIJE, l'une des victimes potentielles de M. MAGEZA, en convient : "Ils (les Blancs) ne nous donnèrent pas de bâches comme ils l'avaient promis. Ils nous tuèrent. Et ils nous donnèrent aux Interahamwe".

Le mot «Nègre», La Voix des Nègres


La voix des Nègres, n°1 janv. 1927, « Le mot "nègre" » (art. signé du Comité).

C’est le gros mot du jour, c’est le mot que certains de nos frères de race ne veulent plus être appelés ainsi. Les dominateurs des peuples de race nègre, ceux qui se sont partagés l’Afrique sous prétexte de civiliser les Nègres, s’emploient à une abominable manœuvre divisionniste pour mieux régner chez eux. En plus de la division primitive en caste, de tribus et de religions, qu’ils exploitent (…), les impérialistes s’emploient à briser l’unité (…) de la race pour nous maintenir éternellement à l’état d’esclavage auquel nous sommes contraints par la force (…) depuis plusieurs siècles.

Pour arriver à cela, ils sortent du mot nègre deux mots nouveaux, afin de diviser la race en trois catégories différentes, à savoir : « hommes de couleurs », « noirs » – tout court – et nègres. On fait croire aux uns qu’ils sont des « hommes de couleur » et non noirs et nègres première catégorie, aux autres, qu’ils sont des «noirs» tout court et non des nègres deuxième catégorie. Quant aux « restes », ce sont des nègres troisième catégorie !

Que veut dire «homme de couleur» ? Nous affirmons que ce mot désigne tous les hommes de la terre. La preuve : il n’y a pas un seul homme dans ce monde qui ne soit pas d’une couleur ou d’une autre. Donc, nous ne pouvons prendre, pour nous seuls, ce qui appartient à tous. Et «noir» ? Pour le mot noir, nous ne croyons pas qu’il puisse servir pour distinguer tous les nègres du monde, étant donné que tous les nègres d’Afrique, reconnaîtront avec nous qu’il existe dans diverses parties du continent des nègres aussi blancs que certains blancs d’Europe, et qui n’ont de nègre que les traits et la chevelure. Nous refusons donc d’admettre que, seuls, (…) ceux que l’on exploite dans la culture cotonnière de la vallée du Niger, les coupeurs de cannes à sucre dans les champs des domaines de la Martinique et de la Guadeloupe soient des nègres. Tandis qu’un de nos frère titulaire du brevet des écoles de hautes études européennes – l’intellectuel – serait un homme de couleur, et que celui qui n’a pu arriver à ce degré, mais qui exerce le même métier qu’un blanc et qui s’adapte comme les blancs à leur vie et à leurs mœurs et usages – l’ouvrier – serait un «noir» tout court.

Non messieurs les diviseurs pour régner !

Permettez-nous de vous rappeler que les derniers sont les descendants des premiers.

Les jeunesses du CRDN (Ndlr: Comité de Défense de la Race Nègre) se sont fait un devoir de ramasser ce nom dans la boue où vous le traînez pour en faire un symbole. Ce nom est celui de notre race.

Nos terres, nos droits et notre liberté ne nous appartenant plus, nous nous cramponnons sur ce qui avec l’éclat de la couleur de notre épiderme sont les seuls biens qui nous restent de l’héritage de nos aïeux. Ce nom est à nous; nous sommes à lui ! Il est nôtre comme nous sommes siens ! En lui, nous mettons tout notre honneur et notre foi de défendre notre race. Oui, messieurs, vous avez voulu vous servir de ce nom comme mot d’ordre scissionniste. Nous, nous en servons comme mot d’ordre de ralliement : un flambeau ! Nous nous faisons honneur et gloire de nous appeler Nègres, avec un N majuscule en tête. C’est notre race nègre que nous voulons guider sur la voie de sa libération totale du joug esclavagiste qu’elle subit. Nous voulons imposer le respect dû à notre race, ainsi que son égalité avec toutes les autres races du monde, ce qui est son droit et notre devoir, et nous nous appelons Nègres !

La voix des Nègres, n°1 janv. 1927, « Le mot « nègre » » (art. signé du Comité).