Né le 6 octobre 1889 au Robert (Martinique). Décédé le 18 septembre 1982 à Fort-de-France (Martinique) Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Martinique) Député de la Martinique de 1946 à 1958
Léopold Bissol est né le 6 octobre 1889 à la Augrain, commune du Robert (chef-lieu de canton sur la côte Nord de la Martinique). Il est de père inconnu, sa mère, Nelcine Nelsina Bissol, étant cultivatrice. A l'âge de deux ans, il perd celle-ci dans un cyclone qui ravagea la Martinique en 1891. Après le certificat d'études primaires, Léopold Bissol entre au cours complémentaire de Fort-de-France (Martinique), puis devient artisan ébéniste. Ses activités professionnelles s'accompagnent, à partir de 1922, d'une importante action syndicale auprès des ouvriers agricoles, et, plus tard, il déclarera notamment à ce sujet : « syndicaliste, j'ai formé plusieurs syndicats, et éveillé ceux qui étaient en sommeil en 1936 ». De fait, Léopold Bissol est pratiquement considéré comme le fondateur du parti communiste martiniquais. Il sera également conseiller des prud'hommes pendant une douzaine d'années.
Proche du parti communiste, Léopold Bissol aura rapidement des responsabilités politiques importantes aux niveaux régional et local. Elu conseiller municipal, puis conseiller général de Fort-de-France en 1937, il participe activement à la Résistance pendant la guerre, et reçoit la médaille de la Résistance. En 1945, il est élu au conseil municipal de Fort-de-France, et nommé adjoint au maire de la ville. Il sera par la suite conseiller municipal de Rivière-Pilote, dans l'intérieur, et, à partir du 24 avril 1955, conseiller général de Vauclin (sur la côte Nord de l'île). Il dirige en outre l'hebdomadaire Justice.
Le 21 octobre 1945, aux élections pour la Première Assemblée nationale Constituante, il est élu au deuxième tour député communiste de la 2e circonscription de la Martinique, avec 8 185 voix sur 14 825 suffrages exprimés (mais 47 418 inscrits). Membre de la Commission des territoires d'outre-mer, il dépose notamment, le 17 janvier 1946, une proposition de loi demandant que la Guadeloupe et la Martinique soient départements français, et intervient largement dans la discussion qui s'y rapporte : « l'Assemblée (...) aura, j'en suis sûr, le mérite de réaliser les souhaits formulés par Victor Schoelcher depuis 1848 (...). Que ce soit en 1870-1871, en 1914-1918, en 1939-1945, les fils et les filles des vieilles colonies ont toujours eu un élan spontané, volontaire vers la France envahie et meurtrie. Pas un bourg des Antilles qui n'ait payé son lourd tribut à la lutte de la France contre les invasions ennemies... » La loi d'assimilation est votée à l'unanimité le 19 mars 1946.
Le 2 juin 1946, Léopold Bissol, candidat communiste dans la même circonscription de la Martinique, recueille au deuxième tour 9 100 voix sur 17 295 suffrages exprimés (47 858 inscrits), et devient membre de la seconde Assemblée nationale Constituante. Il siège à nouveau à la Commission des territoires d'outre-mer.
Lors des élections du 18 novembre 1946 pour la première législature, Léopold Bissol figure en seconde position sur la liste présentée par le parti communiste dans le département de la Martinique. Cette liste, conduite par le maire de Fort-de-France, Aimé Césaire, réunit 34 659 voix sur 55 007 suffrages exprimés (119 467 inscrits), et remporte deux des trois sièges à pourvoir. Léopold Bissol devient donc député de la Martinique pour la première législature. L'élection ne pourra cependant être validée que le 22 mai suivant, le 5e bureau déposant un rapport tendant à l'annulation, sans être cependant suivi par la majorité de l'Assemblée. Celle-ci conclut toutefois à la nécessité d'une révision intégrale des listes électorales à la Martinique.
Léopold Bissol siège dans de nombreuses commissions parlementaires. Outre celle des territoires d'outre-mer (1946), et celle de la marine marchande et des pêches (1947 à 1951), évidemment importante pour l'élu d'une île, il est également membre de la Commission du travail et de la sécurité sociale (1947), et de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique (1948, 1949, 1950, 1951).
Léopold Bissol intervient souvent dans les discussions parlementaires, et notamment lorsqu'elles couvrent des questions relatives à l'outre-mer : ainsi, le 18 juillet 1947, pour déplorer que la loi de départementalisation de mars 1946 n'ait pas été suivie des décrets d'application correspondants. De même, il intervient à plusieurs reprises dans les discussions budgétaires. Le 8 juin 1950, à propos du budget de la marine marchande, il s'étonne des tarifs appliqués vers les Antilles et souligne que la départementalisation s'est accompagnée d'une augmentation très importante du prix du passage, alors que la Compagnie générale transatlantique jouit d'un monopole absolu. Il déplore également qu'il soit fait de moins en moins appel à des marins antillais. Le 12 juin suivant, il présente, à propos du budget de la santé publique, des observations sur la lutte contre la lèpre dans les territoires d'Outre-mer. Enfin, il dépose, le 22 novembre 1950, une proposition de résolution invitant le Gouvernement à attribuer un premier secours de 15 millions de francs aux victimes de l'incendie de Marin, chef-lieu de canton du Sud de la Martinique.
Léopold Bissol vote pour la candidature de Léon Blum comme président du Gouvernement provisoire (12 décembre 1946) et contre la question de confiance à la suite du vote de laquelle Paul Ramadier se séparera de ses ministres communistes (4 mai 1947), et il s'abstient volontairement lors du vote du 27 août suivant sur le statut de l'Algérie.
Le parti communiste présente à la Martinique, pour les élections législatives du 17 juin 1951, une liste toujours conduite par Aimé Césaire, maire de Fort-de-France. Ses engagements électoraux insistent tout particulièrement sur le fait que les communistes, écartés du pouvoir depuis 1947, ne peuvent être tenus pour responsables de l'aggravation de la situation, qu'ils décrivent. La liste communiste obtient 41 231 voix sur 65 626 suffrages exprimés (107 432 inscrits), et remporte deux des trois sièges à pourvoir. Léopold Bissol, en seconde position sur la liste, est donc réélu député de la Martinique pour la seconde législature.
Il est à nouveau nommé membre de la Commission de la marine marchande et des pêches (1951, 1953, 1954, 1955), et dépose un très grand nombre de textes qui concernent pratiquement tous la Martinique, les Antilles, ou, plus largement, la France d'outre-mer. Il s'agissait notamment, à la suite de la « départementalisation », de faire appliquer outre-mer certaines dispositions régissant la France métropolitaine. Ainsi, sa proposition de loi du 13 novembre 1951 vise à introduire à la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion, les dispositions de la loi du 5 avril 1884 sur l'organisation municipale qui n'y sont pas encore en vigueur. Le 27 mai 1952, il demande que l'on commémore officiellement le cent cinquantième anniversaire de la mort, survenue le 28 mai 1802 à la Guadeloupe, du colonel Louis Delgrès, qui aurait résisté aux troupes du général Richepanse, « chargées par Bonaparte de rétablir l'esclavage ».
Léopold Bissol intervient en outre très largement dans les discussions. Le 14 septembre 1951, il dépose une demande d'interpellation à propos des violences exercées par les gendarmes à Fort-de-France, puis une autre, le 19 février 1952, à propos des incidents graves qui s'étaient déroulés au Moule, chef-lieu de canton de la côte Nord de la Guadeloupe. Il intervient également sur les questions budgétaires lorsqu'elle intéressent les Antilles ou les affaires maritimes.
Léopold Bissol vote contre la ratification du traité de Paris sur la C.E.C.A (13 décembre 1951), contre l'ordre du jour gouvernemental lors des débats sur l'Indochine (27 octobre 1953), pour l'adoption de la question préalable opposée à la ratification du traité de Paris sur la C.E.D. (Communauté européenne de défense), vote équivalant au rejet du traité (30 août 1954), contre la confiance au Gouvernement à propos de la politique et de la situation en Algérie (18 décembre 1954), et contre la confiance à Pierre Mendès-France (5 février 1955). Le 31 mars suivant, il vote contre la loi d'urgence en Algérie, puis, le 29 novembre, contre la confiance à Edgar Faure.
Lors des élections du 2 janvier 1956 pour la troisième législature, Léopold Bissol figure à nouveau en seconde position sur la liste communiste conduite par Aimé Césaire à la Martinique. Ses engagements électoraux insistent sur les difficultés très grandes de la Martinique : « la plupart des distilleries ont cessé toute activité (...), la Martinique est devenue une terre de misère et de marasme ». Avec 46 915 voix sur 75 868 suffrage exprimés (121 668 inscrits), la liste communiste conserve ses deux sièges, et lui-même est donc réélu député de la Martinique. Il est à nouveau nommé membre de la Commission de la marine marchande et des pêches (1956-1957). Député particulièrement actif, il ne dépose pas moins de onze textes au cours de cette brève législature. Sa proposition de loi du 7 février 1956 tend à normaliser les rapports entre les usines à sucre ou les distilleries et les petits planteurs qui les fournissent habituellement, et celle du 13 mai 1958 à développer la lutte contre la lèpre.
Il vote contre la confiance au Gouvernement sur sa politique générale et la situation à Suez et en Algérie (25 octobre 1956), contre la confiance à M. Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), contre la ratification des traités instituant la C.E.E. et l'Euratom (9 juillet 1957), et contre la loi-cadre sur l'Algérie (30 septembre 1957). S'il se prononce pour l'état d'urgence (16 mai 1958) et la révision constitutionnelle (27 mai 1958), il vote contre la confiance au Général de Gaulle (1er juin 1958) contre les pleins pouvoirs et la loi constitutionnelle (2 juin 1958).
Léopold Bissol s'était marié à Fort-de-France (Martinique) le 23 juin 1917 avec Marie-Marguerite Marie-Joséphine, dont il eut 8 enfants. Il est décédé à Fort-de-France le 18 septembre 1982