dimanche, septembre 25, 2016

Le "gentil" Code Noir du bon temps des colonies


Après la "gentille" colonisation de M. Fillon, voici que l'Express présente le "gentil" Code Noir. On y lit, entre autres interprétations idéologiques (sans parler des erreurs historiques, notamment sur le fait que la France a bien admis des esclaves des colonies sur son sol, cf plus bas) que : "c'est pour ménager cette main d'oeuvre, au fort taux de mortalité, que Colbert fait promulguer, en 1685, le fameux Code noir".

Quelques remarques : 
La première est que "malgré le code noir" le taux de mortalité n'a pas baissé et qu'il faut attendre les années 1800 pour la Martinique pour que l'accroissement naturel commence à être positif (les naissances dépassant les décès), à Saint-Domingue, seuls les captifs de traite ont permis le maintien et le développement de la population esclave; 
que cette mortalité a empêché la stabilisation de familles, 
que la violence extrême est restée d'usage courant.

Le Code noir n'aurait-il donc pas atteint ces objectifs de "protection"?

Soulignons que l’argument de "protection de la population esclave" va de pair avec l’argument qui présente l’esclavage comme une simple relation économique (« protégeons la main d’oeuvre pour qu’elle puisse produire »). C’est oublier un peu vite la violence extrême, la racialisation qui se construit dans les colonies, la hiérarchie statutaire selon la couleur (les Noirs libres ont toujours eu à prouver qu’ils étaient libres car le statut « normal » pour un « Noir » dans les colonies étaient d’être un "esclave »), c’est oublier encore la « chosification » de l’être humain dans les sociétés esclavagistes (qui n’a rien à voir avec l’analyse marxiste du prolétariat).

Il est nécessaire de sortir de tous ces salmigondis autour de l’histoire de l’esclavage! La recherche de « véridicité » dont se réclament certains n’autorise pas à dire n’importe quoi!

Un document historique :

DECLARATION DU ROI, POUR LA POLICE DES NOIRS. Donnée à Versailles le 9 Août 1777. Registrée en Parlement le vingt-sept Août 1777. 

Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France e[t] de Navarre : 
A tous ceux qui ces présentes Lettres verront : Salut. Par nos Lettres Patentes du trois septembre dernier, Nous avons ordonné qu'il seroit sursis au jugement de toutes causes ou procès concernant l'état des Noirs de l'un e[t] de l'autre sexe, que les Habitans de nos Colonies ont amenés avec eux en France pour leur service ; 

Nous sommes informé aujourd'hui, que le nombre des Noirs s'y est tellement multiplié, par la facilité de la communication de l'Amérique avec la France, qu'on enlève journellement aux Colonies cette portion d'hommes la plus nécessaire pour la culture de terres, en même temps que leur séjour dans les Villes de notre Royaume, surtout dans la Capitale, y cause les plus grands désordres ; e[t] lorsqu'ils retournent dans les Colonies, ils y portent l'esprit d'indépendance e[t] d'indocilité e[t] deviennent plus nuisibles qu'utiles. 

Il Nous a donc paru qu'il étoit de notre sagesse de déférer aux sollicitations des Habitans de nos Colonies, en défendant l'entrée de notre Royaume à tous les Noirs, 

Nous voulons bien cependant ne pas priver ceux desdits Habitans, que leurs affaires appèlent en France, du secours d'un Domestique Noir pour les servir pendant la traversée, à la charge toutefois que lesdits Domestiques ne pourront sortir du Port où ils auront été débarqués, que pour retourner dans la Colonie d'où ils auront été amenés. 

Nous pourvoirons aussi à l'état des Domestiques Noirs qui sont actuellement en France.

Enfin, nous concilierons, par toutes ces dispositions, le bien général de nos Colonies, l'intérêt particulier de leurs Habitants, e[t] la protection que nous devons à la conservation des moeurs e[t] du bon ordre dans notre Royaume.

Myriam Cottias

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