jeudi, janvier 28, 2010

HAÏTI - Dix dates-clés d'une histoire chaotique


1492. Christophe Colomb débarque sur une île qu'il baptise Española ("l'Espagnole"), puis Hispaniola, car elle lui rappelle les paysages de Castille. Commence l'exploitation intensive des gisements d'or de l'île, qui contribue à décimer les populations locales. Un demi-siècle après l'arrivée des Espagnols, on ne compte plus que quelques milliers d'Amérindiens. Charles Quint autorise, pour pallier le manque de main-d'oeuvre, l'importation d'esclaves venus d'Afrique.

1697. A la suite du traité de Ryswick, les Espagnols renoncent au tiers occidental de l'île, sur laquelle ils reconnaissent la souveraineté française. Commence un essor spectaculaire, qui fait surnommer Saint-Domingue la "Perle des Antilles".

1791. Début de la révolte des esclaves, premier acte de la révolution de Saint-Domingue. Une figure émerge : celle d'un affranchi, Toussaint Louverture. L'île est réunifiée après le traité de Bâle (1795).

1804. Le 1er janvier, quelques mois après la mort en captivité de Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines proclame l'indépendance d'Haïti. Les derniers colons blancs sont massacrés, la plupart des plantations désertées par les anciens esclaves. L'agriculture haïtienne cesse d'être exportatrice pour se tourner vers des cultures de subsistance. La déforestation commence. En 1809, la partie orientale de l'île se rattache à l'Espagne. Elle reviendra sous domination haïtienne en 1822.

1825. Le président Jean-Pierre Boyer obtient la reconnaissance par la France de l'indépendance d'Haïti, en échange du paiement d'une indemnité de 150 millions de francs-or, ramenée par la suite à 90 millions. Toute menace de reconquête est écartée, mais cette dette contribue à l'asphyxie économique du pays. Elle sera réglée par échéances jusqu'en... 1888 !

1844. La partie espagnole de l'île fait définitivement sécession, alors qu'Haïti est rongée par des violences endémiques. La révolte agraire "des piquets" est durement réprimée. La société se structure dans l'affrontement entre l'élite mulâtre et la population noire.

1915. A la faveur d'émeutes ayant fait plusieurs centaines de morts à Port-au-Prince, l'armée américaine s'installe en Haïti, provoquant un profond rejet dans l'immense majorité de la popluation. Les Américains quitteront le pays en 1934.

1957. François Duvalier, dit "Papa Doc", est élu sur la base d'un programme très hostile aux mulâtres. Il s'appuiera sur une milice paramilitaire, les "tontons macoutes", dans un climat de corruption généralisée. A sa mort, en 1971, son fils Jean-Claude, "Baby Doc", 19 ans, lui succède. Il sera chassé du pouvoir en 1986.

1994. L'armée américaine revient en Haïti, pour ramener au pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, élu en 1990, et chassé par un coup d'Etat militaire en 1991.

2004. Haïti fête le bicentenaire de son indépendance dans le chaos politique : le président Aristide est chassé en février. L'ONU crée une mission internationale de stabilisation, la Minustah.
Jérôme Gautheret

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