mardi, janvier 19, 2010

René Maran : un écrivain engagé dans la défense des Noirs ?


Hommage à l'écrivain à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort

Résumé

Le Centre international de recherches sur les esclavages (CIRESC) organise dans le cadre du projet européen EURESCL (7e PCRD), un colloque international en hommage à René Maran pour le cinquantième anniversaire de sa mort. L’année 2010 de commémoration des indépendances africaines est aussi celle du cinquantenaire de la mort d’un de ceux qui, le premier, prit la plume pour s’engager en faveur des colonisés d’Afrique noire.

Annonce


René Maran (1887-1960) peut en effet être considéré à bien des égards comme un initiateur de l’anticolonialisme. Fils d'un administrateur colonial guyanais et d'origine esclave, son engagement politique et militant puise aux années qu'il a passées en Oubangui Chari comme commis de l’administration coloniale. Il y trouve l’inspiration du roman Batouala primé par le Goncourt en 1921, alors même qu'il contient une préface dénonçant sans vergogne les abus de la colonisation en Afrique équatoriale française. Erigé après sa mort en « précurseur » de la Négritude par Senghor, il reste sans conteste une référence incontournable de l’histoire coloniale et de la littérature « noire ».

Ce colloque organisé en son hommage sera cependant l’occasion d’interroger ces évidences, tant il semble qu’elles aient souvent contribué à masquer l’écrivain tout autant que son œuvre. Quels ont été précisément les apports réels, mais aussi imaginés, de l’œuvre de René Maran dans les histoires intellectuelle, culturelle et politique des espaces américain, africain et européen ? Qu’a René Maran à nous apprendre sur son temps ? Quels ont été les échos de ses pensées politique et littéraire en Europe, dans les Amériques et en Afrique ? Selon quelles temporalités ? Quelle a été sa contribution aux différentes « questions noires » de l’espace atlantique au cours de 20e siècle colonial ? Mais encore, qu’a-t-on retenu de lui ? Selon quelles modalités ? En quoi nous aide-t-il à penser le métier d’écrivain en lien avec l’engagement politique ? Peut-il encore nous être utile pour comprendre le moment historique qui est le nôtre ?

Telles sont certaines des questions à partir desquelles nous voudrions mener notre réflexion, en invitant les propositions à partir des axes suivants, qui sont évidemment non-limitatifs :

* Resituer René Maran dans son temps : Nous ferons le choix de ne pas centrer l’analyse sur la littérature « nègre » ni sur la place de René Maran par rapport à cette production mais au contraire d’essayer de resituer René Maran dans le monde littéraire, surtout de son époque : sa culture (Marc-Aurèle, Régnier…), ses relations (Suarès et Bocquet…), ses « métiers » (écrivain, journaliste, critique littéraire, biographe, conférencier…), ses options littéraires (genres, thèmes, style…), sa trajectoire, etc. Nous essaierons de faire la part entre l’usage, bon ou mauvais, fait de Maran et la position qu’il a occupée effectivement à son époque.



* René Maran et la « question noire » : Posons la question de la contribution de René Maran aux définitions de la « question noire » en Europe, dans les Amériques et en Afrique. Nous nous intéresserons aux discussions qu’il a entretenues sur les questions relatives aux Noirs (leur statut, leur identité, etc.) avec d’autres intellectuels et artistes au sein de ces différents espaces. Elles ont été au fondement d’un travail de compréhension des situations et conditions des Noirs dans leurs spécificités contextuelles mais aussi dans ce qu’elles ont de commun. Seront ici étudiées les différentes réceptions (politiques, culturelles, sociales, etc.) de son œuvre (littéraire mais aussi journalistique) et ses traductions (particulièrement de Batouala).



* René Maran, un écrivain engagé : Nous nous intéresserons à l’engagement de René Maran en tant qu’écrivain. Cet axe sera notamment l’occasion d’une réflexion sur la question des rapports entre esthétique littéraire et pensée politique. Nous pourrons nous demander en quoi René Maran invite à réfléchir à la figure de l’écrivain engagé et en quels sens. En quoi permet-il d’éclairer, ou non, le parcours d’autres écrivains. Seront ici privilégiées d’une part les approches comparatives mettant en perspective sa trajectoire et ses choix avec ceux d’autres écrivains, ainsi que, d’autre part, l’étude de textes de Maran encore peu travaillés, tel, par exemple, que son Petit Roi de Chimérie (1924) qu’il avait consacré à une critique de la Grande Guerre.



* L’héritage de René Maran : Questionnons la place de « précurseur » de la littérature « noire » de René Maran au sein des espaces américains, africains et européens. Demandons-nous dans quelle mesure il a été une référence littéraire et/ou politique. La question de ses apports réels ou imaginés invite en effet à réfléchir aux malentendus qu’a pu susciter son œuvre en les mettant en perspective avec les enjeux politiques, sociaux, culturels, littéraires, en prise sur ses lecteurs. Un intérêt particulier sera porté à la question de la transmission de son œuvre. Existe-t-il une mémoire spécifique consacrée à René Maran et/ou à ses écrits entre Europe, Amériques et Afrique ? Outre la question de sa place au sein des histoires intellectuelles, littéraires et politiques, nous pourrons aussi étudier les différentes modalités par lesquelles il a fait l’objet d’un enseignement scolaire et quels en ont été les effets.

Comité scientifique :

* Myriam Cottias, Directrice de recherches, Cnrs-Crplc-ciresc-Eurescl (7e Pcrd), Paris
* Vincent Duclert, Professeur agrégé, Ehess-Crh-Ahmoc, Paris
* Elsa Geneste : Doctorante, Ehess-Crh-Ciresc-Eurescl (7e Pcrd), Paris
* Roger Little, Professeur émérite, Trinity College, Dublin
* Lourdes Rubiales, Professeur, Université de Cadiz.

Les propositions de communication comprendront un résumé de 300 mots maximum ainsi qu’une courte biographie de l’auteur et ses coordonnées (adresse électronique, téléphone, fax). Elles seront envoyées de préférence par courrier électronique, en format word, à colloquemaran@ymail.com ou par courrier postal à : « Colloque Maran », Ciresc Bureau 21, 105 Bd. Raspail 75 006 Paris/France.
Date limite d’envoi des propositions : 1er mai 2010.

Coordination scientifique : Elsa Geneste.

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