dimanche, août 25, 2013

ILS SONT PARTI DES ANTILLES, PLEIN D'ESPOIR ET EN CHANTANT, POUR S'EN ALLER CONSTRUIRE LE CANAL DE PANAMA... MAIS BIEN PEU D'ENTRE EUX EN REVIENDRONT...


C'est au son du gros "Ka", que les agents recruteurs parcouraient les "mornes" des campagnes antillaises, en utilisant cette formule magique qui ne pouvait manquer de faire tourner bien des têtes, parmi ceux qui se cherchaient alors un avenir :

" 500 jours pour faire fortune dans le plus beau pays du monde ! "

Ils s'y précipitèrent...

Selon une estimation basse, parce qu'elle ne tient compte que des registres de groupes, et pas des départs individuels, ce furent plus de 5500 Martiniquais, et 2100 Guadeloupéens, qui prirent le grand départ en quête de l'Eldorado...

Leur première mauvaise surprise fut due au fait que le panama constituait à cette époque ( 1914 ), une contrée oubliée qui ne disposait d'aucun des équipements qu'ils connaissaient aux Antilles, et surtout, qu'en fait de beau pays, ils se retrouvaient dans des immenses chantiers boueux en plein milieu de la jungle.

Chez ces braves, l'épuisement d'un travail harassant, véritable néo-esclavagisme, avec 16 à 18 heures de travail par jour, la maladie dans des régions infestées par la malaria, et de plus, les dynamiteurs, dans d'innombrables accidents du travail sur des chantiers ou la rentabilité primait sur la sécurité, vont faire des ravages...

C'est ainsi que la malaria tuait à la fois directement, comme maladie, et indirectement par le fait que pour s'en prémunir, les ouvriers prenaient de la quinine qui avait pour effet secondaire, d'altérer très sensiblement leur ouïe, de sorte que n'entendant pas l'alarme qui prévient de l'explosion imminente, ils manquaient de se mettre à l'abri.

Ce sont plusieurs milliers d'entre eux, donc une proportion ahurissante, qui finalement périront, et quant aux survivants, beaucoup d'entre eux handicapés, et ruinés par les soins, n'ayant plus les moyens de renter au pays, se sont trouvés condamnés à demeurer au Panama. A partir de 1920, ils furent rejoints là-bas par quelques membres de leurs familles, et c'est ce qui se trouve à l'origine de la communauté antillaise du Panama, principalement établie à Panama-city...

Cette communauté d'Antillais, à la fois créolophone et francophone, fut longtemps ostracisée par les autres panaméens, et n'a obtenu la reconnaissance de ses droits, qu'en 1981...

Paris, le 25 août 2013
Richard Pulvar

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