Nous connaissons tous celle de Czestochowa, en Pologne méridionale, cette icône dite miraculeuse, objet d’une grande ferveur populaire, et qui voit affluer vers elle chaque année en provenance de plus de quatre vingt nations, des pèlerins par centaines de milliers. Certains parmi les plus fervents n’hésitent pas pour se rendre vers elle, à faire sur une vingtaine de jours un parcours à pied de plus de six cents kilomètres...
Nous connaissons un peu moins celle de Messine, située dans le magnifique sanctuaire de Tindari, l’ancienne Tyndaris grecque, juché au sommet d’une colline aux flancs plongeant dans la mer. Il s’agit cette fois d’une statue en bois de cèdre d’une facture exceptionnelle, datant de l’époque byzantine et dont le premier miracle fut de s’être retrouvée jusqu’en Sicile, dans une caisse échoué sur une plage nous dit-on, suite au naufrage du navire d’un pirate barbaresque. Elle échappa ainsi à cette folle entreprise de destruction des images qui est connue comme étant “l’iconoclasme” byzantin, qui fit périr tant d’autres œuvres.
C’est alors qu’au bas de cette statue se trouve cette inscription :
“ Negra sum sed formosa ”
“ Je suis noire, mais je suis belle...”
Il s’agit bien sûr de la reprise de ce passage du fameux “cantique des cantiques” dit de Salomon, où la bien-aimée lance à ses rivales :
“ Je suis noire mais je suis belle, filles de Jérusalem ! ”
Il est à remarquer dès cet instant qu’avec cette inscription, cette statue fait référence pour la justification de ce qu’elle est, à une époque bien antérieure à celle du christianisme, et donc de Marie mère de Jésus, qu’elle est cependant censée représenter en ce sanctuaire, et il s’avère selon cette même inscription, que sa couleur est bien celle d’une femme noire, et non le fait d’une quelconque convention artistique ou liturgique, ou d’une altération naturelle. Ainsi, et d’une façon inattendue, il apparait que c’est en nous reportant bien avant l’époque chrétienne, qu’il nous faut aller chercher la signification de cette représentation particulière d’une vierge à l’enfant qui, de toute évidence, fut un emprunt de la religion chrétienne fait à une tradition plus ancienne...
Cependant, tout comme dans de nombreux autres endroits, il existe également et d’une façon très logique comme nous le comprendrons, compte tenu de l’appellation de cette ville, et même si elle demeure inconnue de beaucoup de ses habitants, une “Vierge Noire de Paris”.
Observons à ce sujet, qu’on recense plus de 450 vierges noires de par le monde, dont une quarantaine au moins fait l’objet d’une grande dévotion et qui, pour la plupart d’entre elles, se trouvent dans le bassin méditerranéen, avec une exception remarquable pour celle de Czestochowa. Et ceci notons le bien, avec une concentration tout à fait particulière pour le sud de la France qui en détient à lui tout seul, plus de 180. Cette particularité semble confirmée par le fait que c’est à partir d’un mouvement né en France, et dans lequel les “Templiers” qui feront de la vierge Marie leur sainte patronne, joueront un rôle prépondérant, qu’une ferveur exceptionnelle permettra l’incroyable édification entre 1170 et 1270, et dans toute l’Europe, de 80 cathédrales dédiées à sa gloire, dont la France en détiendra 34 à elle seule, et qui pour la plupart d’entre elles, furent bâties dans des endroits qui étaient déjà consacrés à une “vierge”.
C’est ce rapport très particulier de la France au concept de la vierge, qui comme nous le constaterons, se retrouve jusque dans le nom de la ville de Paris, qui fait que Louis XIII roi de droit divin, a consacré le royaume de France à Marie, en ordonnant qu’on procède à des pompes solennelles dans tous les diocèses de France à l’occasion de la fête de l’Assomption, d’où les cortèges d’aujourd’hui à cette occasion, et qui conduira en 1922 le pape Pie XI à la proclamer “patronne de France”, faisant alors de Jeanne d’Arc une patronne secondaire.
Quand à la vierge noire de Paris, elle est appelée “ Notre Dame de bonne délivrance ”, et pour être moins renommée que certaines autres elle n’en témoigne pas moins d’une histoire extraordinaire et d’un même mystère, celui des vierges noires et de leur grande vénération. Celles-ci ont posé tant de problèmes à l’église catholique elle-même, compte tenu du manque d’explication qui était le sien quant à leur fait, qu’au dix-neuvième siècle on s’est employé a les remplacer en grand nombre et même à en repeindre certaines, tant l’idée d’une Marie noire et par le fait, d’un Jésus noir, devenait insupportable pour beaucoup de fidèles dans ces temps de délire colonialiste. On préféra donc s’accommoder des explications les plus fantaisistes tel qu’un noircissement progressif du à la fumée des bougies, ou un vieillissement naturel de la matière d’origine, ou encore une signification ésotérique, et ce, alors que la vierge de Tindari disait d’elle-même qu’elle était noire, ce qui ne relevait ni d’un accident, ni d’une convention.
Il s’agit donc en cette vierge noire de Paris, représentant ce que les Templiers décrirent comme étant “Notre-Dame” et que nous expliciterons, d’une statue polychrome dont certains disent qu’elle est la reproduction en pierre datant du 14eme siècle, d’une statue plus ancienne et en bois datant elle, du 11eme siècle. Après avoir été maintes fois “déménagée”, cette vierge noire de Paris se trouve aujourd’hui située à Neuilly sur Seine, dans une chapelle portant son nom, dans le couvent et sous la bienveillance des Sœurs de Saint Thomas de Villeneuve.
Loin d’être l’objet d’une vénération du même ordre que celle de la vierge de Pologne, elle n’en reçoit pas moins la visite de pèlerins venus de très loin, et surtout, celle d’illustres personnalités qui, dans le sillage des rois de France, demeurent convaincues que cette vierge est spécialement porteuse pour ce qu’elles sont, de la félicité, ces visites de notables procurant une indéniable fierté à la mère supérieure qui en est la gardienne attitrée.
A l’origine, cette statue se trouvait dans l’église Saint Germain des grès, située vers le haut de la montagne sainte Geneviève à Paris, et qui était dite justement pour cette raison, “des grès”, autrement dit, des “hauteurs”, église que l’on dit avoir été fondée par Saint Denis, le premier archevêque de Paris. Le culte ancien voué à cette vierge selon ses représentations successives, a donné lieu à la création d’une confrérie qui va connaitre un essor considérable à l’occasion des guerres de religion, au point de rassembler près de douze milles adhérents et de devenir finalement une confrérie royale.
C’est ainsi que le roi Louis XIII et la reine Anne d’Autriche s’y feront inscrire en 1622. Ils seront suivis plus tard par le roi Louis XIV le grand, son frère Philippe d’Orléans, et la reine Marie Thérèse, et d’autres princes de sang...
Cependant, à la révolution, cette église s’est malheureusement trouvée sur la liste des 145 églises parisiennes, rien de moins, qui furent détruites à l’occasion de ce tumulte, et la statue fut mise en vente, avec le mobilier et les objets du culte. Elle fut alors achetée par la Comtesse de Carignan-Saint-Maurice qui la conservera un moment à son domicile, là où des prêtres réfractaires venaient clandestinement célébrer des offices. Mais la Comtesse est dénoncée et jetée en prison, en se retrouvant en compagnie des religieuses de Saint Thomas de Villeneuve. Elle leur parle alors de cette vierge et ensemble, elles l’invoquent ardemment. Elles ne doivent qu’à la chute de Robespierre de sauver leurs têtes, et ne doutant pas un instant que cette grâce fut l’œuvre de la vierge, la Comtesse en fit don à la congrégation.
Ainsi, dès 1806, la statue se trouve-t-elle à nouveau offerte à la vénération des fidèles dans un oratoire de la rue de Sèvres où plus tard, une vaste chapelle sera bâtie en son honneur. Mais, juste un siècle plus tard, en juillet 1906, la statue doit être encore une fois déménagée, car les religieuses ont été expropriées pour permettre le percement du boulevard Raspail. Elles vont alors s’installer à Neuilly où elles vont faire bâtir une nouvelle chapelle dans l’enceinte de leur couvent, où se trouve encore aujourd’hui Notre-Dame de Bonne Délivrance.
Bien sûr, ce qui frappe tout d’abord à la vue de cette statue, c’est qu’il s’agit bien de la représentation d’une femme noire, portant dans ses bras un enfant noir et au cheveu crépu, et qui comme tels, sont totalement éloignés de l’imaginaire que la plupart des croyants se font à leur sujet. Et ceci, même si nous savons que l’énorme déficit de notoriété dont souffre encore la race noire dans ce pays jusqu’à aujourd’hui, ne fut pas tel depuis toujours. Car, demeure en effet la question de savoir pourquoi, à la différence de la plupart des représentations de vierge à l’enfant qui existent en occident, et même en admettant que bien d’autres et logiquement des plus anciennes, ont disparu, et surtout d’autre part, compte tenu de ce que les “écritures” nous laissent supposer quant à une éventuelle historicité de Marie et de Jésus, à savoir qu’ils auraient appartenu à un peuple sémitique, pourquoi ici et en quelques autres endroits, sont ils représentés comme étant noirs ?
Il y a une autre chose assez troublante et concernant laquelle, si on excepte qu’il puisse s’agir d’un pur fait du hasard, on ne trouve encore guère d’explication à ce jour, c’est que curieusement on trouve déjà sur cette statue qui rappelons le, date du 14eme siècle, les trois couleurs qui deviendront celles de la république français, le bleu pour l’extérieur du manteau, le blanc pour son intérieur et que l’on aperçoit, parce que celui-ci se trouve largement ouvert, et le rouge pour la couleur de la robe...
Si concernant ce dernier point, nous ne pouvons pour l’instant que constater sans trop savoir quoi en dire, cette curieuse coïncidence, nous pouvons par contre tenter de remonter le cours des enchainements historiques, pour apercevoir pourquoi cette vierge est-elle noire et ce que cela signifie...
Elle était donc vénérée dans cette église saint Germain des grès, située une colline de Paris dite la montagne sainte Geneviève qui elle, doit son nom à cette fervente chrétienne qui parvint à convaincre les Parisiens de ne pas fuir devant l’avancée menaçante d’Attila, mais de se rassembler en prière autour d’elle afin de conjurer ce mauvais sort. Par la protection qu’elle est réputée avoir ainsi obtenue pour la ville, puisque Attila décida de la contourner et de ne point l’attaquer, elle en deviendra en tant que sainte Geneviève, la sainte patronne. Or, si Geneviève faisait ses prédications sur la colline qui porte désormais son nom, c’est tout simplement parce qu’il s’y trouvait déjà et de lointaine mémoire, la statue d’une vierge noire, probablement vouée elle-même, à cette protection.
Celle-ci siégeait au sommet de la colline qui était dite jusqu’alors, “mons Lucotitius”, forme latinisée d’une appellation pré-latine et même pré-celtique, “Lu-ka-tetia”, qui décrit un phénomène tellurique de “surrection”, c’est-à-dire le fait même de cette colline, qui se serait produit sous l’effet du “Ka”, ce concept des anciens Egyptiens, dans une terre sacrée “tetia”. Ceci, dans une région où s’exerçait par le fait même une “magie”, c’est-à-dire un “tellurisme” particulier qui, tout en étant la cause de cette surrection qui en était une de ses manifestations physiques, favorisait parallèlement “l’éveil” et l’acuité intellectuelle des hommes qui en cet endroit précis, s’y trouvaient soumis. C’est pourquoi une telle région, qui était très recherchée dans les temps anciens par des hommes en quête du meilleur endroit pour tenter l’excellence, se trouvait décrite comme étant une “terre de lumière”, ce qui se disait alors “Lu-tetia”. Ceci, selon la même acception de ce mot qui fera parler d’une “époque des lumières”, et dont la notation “lu-mière” révèle qu’il s’agit en celle-ci, de la manifestation physique visible (mire), d’un phénomène dont la physique est alors corrélative à une “clairvoyance” psychique, “Lu”.
C’est cette terre de lumière, la Lutetia qui va donner son nom à “Lutèce”, la bourgade qui se trouve à l’origine de Paris, et surtout, qui va conférer à cette ville la réputation d’être une “ville lumière”, du fait de “l’inspiration” favorable que provoque chez certains hommes, ce tellurisme, à condition cependant et ceci est très important, qu’ils soient venus “d’ailleurs”, et ce, au terme précisément d’une “quête” d’excellence. Bien sûr, tout cela n’a rien à voir avec la qualité des éclairages publics de la ville qui au demeurant, est excellente...
Dans la mesure où cette colline résultait d’un exercice qui favorisait les hommes dans leur quête d’excellence, elle devint pour les anciens une “colline sacrée”.
Il serait bien trop long de développer ici compte tenu de ses nombreuses implications, ce qu’est exactement le “Ka”, ce concept égyptien que nous venons d’évoquer, décrivant ce qui détermine les humains à tenter un “au-delà” d’eux, tel que l’évoque directement selon sa forme extractive le terme “ex-cellence”, et ce, par une “quête de clairvoyance” dite la “lu-ka”, terme homogène à l’anglais “look”, selon cette double acception, la quête, et la clairvoyance. Je vous renvoie donc concernant cette question à un article publié ici même sous ce titre Ka. Cependant, nous pouvons tout de même dire sans aller trop loin, qu’il s’agit d’un “tropisme”, dont le fait demeure généralement insoupçonné, et qui, exerçant sur nous, ne le peut que d’un “au-delà” de nous auquel par le fait même, nous sommes voués.
De la même façon, et puisque nous avons déjà établi ce fait dans un article précédent, il serait trop long de rappeler ici l’ensemble des développements qui montrent que, par delà la compréhension dévoyée que nous avons de ce terme, sa modalité fait du Ka un exercice de “religion”, dont nous ignorons habituellement totalement le fait, alors même que c’est grâce à celui-ci que nous avons la chance d’exister. Je vous renvoie donc à cet article également publié ici même, et intitulé “Sexe et Religion, l’inattendu cousinage”.
En espérant que pour vous convaincre de leur bien fondé, vous aurez la patience de vous reporter à ces articles et à quelques autres également publiés ici tels que “Qu’est ce que la religion ? ”, “Qu’est-ce que Dieu ? ”, et “Bien sûr que nous avons vécu avant cette vie...”, nous considérerons comme établies, les quelques propositions suivantes. Elles ne manqueront pas de paraitre fastidieuses, surtout pour ceux qui ne sont pas rompus à ce genre d’exercice, mais elles constituent la base théorique minimale, pour que nous puissions correctement saisir ce dont il s’agit exactement ici, avec cette histoire de vierges noires...
Disons tout d’abord que le Ka est une “attraction” exercée sur nous par un “au-delà” de nous auquel elle nous détermine, et qui par le fait même nous est “à venir”, et qui n’est rien d’autre que ce que nous concevons habituellement comme étant tout simplement “l’Au-delà”, auquel nous sommes fatalement tous voués. Il s’agit donc fondamentalement, de ce qui nous détermine dans le temps, et qui par le fait nous “sous-tend” dans notre “être”, selon ce temps.
Toute la subtilité dans cette affaire réside maintenant dans le fait qu’il s’agit en cet “au-delà” de nous, qui selon cette définition même nous “transcende” tels que nous sommes, c’est-à-dire dans notre “actualité” d’êtres forcément “présents”, d’un au-delà de ce présent, c’est-à-dire de “l’avenir”, lequel constitue ainsi notre “Transcendance”.
L’au-delà est donc tout à la fois, “l’avenir” et notre “Transcendance” qu’à cause d’une incroyable et dramatique confusion historique et millénaire, aux implications dévastatrices, due à la faiblesse doctrinale des religions dites “du livre”, nous concevons et désignons à tort comme étant “Dieu”, en la confondant avec “l’Etre” verbal qui se trouve sous-jacent à nos êtres nominaux, et qui comme tel ne peut manquer de nous être “présent”, en chacun de nous, ainsi que l’enseignent les écritures.
En réalité, il s’agit en la Transcendance, de “l’Amon”, celui des anciens Egyptiens que par maladresse, les égyptologues conçoivent selon une formule ahurissante comme étant un “dieu Amon”, alors même qu’il existe une antinomie fondamentale entre ce qu’est un “dieu”, nom établi selon “di-Ja” qui signifie le “partage”, et l’Amon, tel qu’il se trouve désigné autrement dans certaines écritures, par “Ja”, selon un mot qui signifie quant à lui, “l’unité”.
L’Amon qui est notre “Transcendance-Avenir”, nous détermine à lui et à nous fondre en lui afin de ne former plus que “un” dans l’au-delà, tel que nous nous disons improprement, “à Dieu”. Son exercice sur nous s’opère alors selon le Ka, par “re-ligion”, c’est-à-dire par une “liaison inversée” selon le sens du temps, de l’avenir vers le présent.
Faisons bien à cette occasion le distinguo entre “la Religion”, qui est une disposition de l’ordre universel des choses, et “les religions”, qui sont les différentes tentatives faites de par le monde, toutes plus maladroites les unes que les autres, pour tenter d’en rendre compte.
Comprenons maintenant et le plus simplement du monde, qu’il ne peut logiquement “advenir”, que de “l’avenir”, de sorte qu’il ne peut rien y avoir d’advenu et qui ainsi “soit”, qui n’ait à un instant procédé de lui.
Tout donc “se peut”, et ne se peut, que de l’avenir, afin “d’être”, ce qui revient à dire que cet avenir, notre Transcendance, ou si l’on préfère encore l’Amon, est ce qui “peut tout”, autrement dit le “Tout puissant”, qui contrairement à la compréhension habituelle que nous avons de ce concept, n’est pas Dieu, mais son contraire, l’Amon.
Nous découvrons alors ce constat qui fut en leur temps mais pour leur grand malheur, celui des “Templiers”, et dont nous ignorons quelles ont été les circonstances exactes de leur accès à cette “révélation”, celui de cette maldonne totale et dramatique des religions du livre et de l’islam qui en a hérité, à savoir que la “Religion” n’a absolument pas Dieu pour objet, mais justement son contraire, l’Amon...!
Il devait être clair pour eux que même au prix de leur sacrifice qui malheureusement, interviendra malgré tout, ils ne parviendraient pas à inverser le sens égaré de cette dévotion improprement adressée à Dieu depuis des siècles, et c’est donc grâce à une astuce sémantique, celle contenue dans l’appellation “Notre-Dame”, qu’ils parviendront à faire en sorte que bien malgré eux, les fidèles puissent adresser leur supplique au bon endroit, c’est-à-dire à l’Amon. Or, cet Amon nous est “avenir”, de sorte que nous ne pouvons pas établir de relation avec lui, depuis notre présent, comme maladroitement le tentent sans succès, les fidèles d’aujourd’hui.
Il apparait ainsi que ce n’est que par une “anticipation”, selon une “science du temps”, qu’il nous est possible de solliciter l’Amon afin que de lui, il nous advienne, et pour le mieux, et c’est cette préoccupation de la science du temps qui fait que l’antique vierge noire de Paris se trouvait installée au sommet du “mons Lucotitius”, la colline sainte Geneviève, dans un espace dégagé où se trouvait aménagé un “temple”.
Il s’agit en effet dans la signification d’origine de ce terme, du “cercle d’observation” d’un augure, installé dans un espace dégagé et consacré pour cela, cercle sur lequel celui-ci disposait un certain nombre de “stêles”, permettant de suivre la course des étoiles (stellae), et de procéder à ses anticipations. C’est d’ailleurs ce rapport du temple d’origine à l’observation, qui se retrouve dans le mot “contempler”.
Ce cercle d’observation de l’augure, cette “couronne sacrée”, était dite “stephanos” en grec, pour signifier un lieu de “lumière”, à laquelle avaient vocation à accéder, ceux qui étant jusque là hors de celle-ci, étaient en ce sens des “profanes” (prophanus), et pour lesquels leur révélation de cette lumière constituait une “épiphanie”.
C’est ce qui explique que les toutes premières cathédrales furent des “Saint Etienne”, et tel était le nom de l’église qui à précédé la cathédrale Notre-Dame de Paris, et tel est encore le nom aujourd’hui de l’église dite “Saint Etienne du Mont”, qui se trouve au sommet de la colline sainte Geneviève, l’une et l’autre sises en lieux d’anciens “stephanos”, ce qui n’a rien à voir malheureusement pour lui, avec saint Etienne, le saint martyr de Jérusalem.
Il est remarquable à ce sujet que s’il existe bien quelques églises du “Sacré Cœur”, que l’on peut considérer comme étant ainsi dédiées à Jésus, il se trouve que curieusement, aucun de ces grand temples de la chrétienté que constituent les grandes cathédrales, ne se trouve dédié à Jésus, ni même à Dieu tout simplement, mais à la vierge Marie qui, sous l’appellation de “Notre-Dame”, semble avoir été considérée par les instigateurs de ces œuvres grandioses, comme étant la divinité supérieure.
Il apparait ainsi de plus en plus clairement que non seulement des lieux, mais aussi des figures de croyances plus anciennes, et qui, étant l’objet d’une grande dévotion, celle-ci avait visiblement du mal à combattre, furent intégré dans la liturgie de l’église catholique, d’autant que comme nous le comprendrons, l’identification de la vierge Marie aux vierges noires qui l’ont précédée, n’avait rien d’incohérent quant au concept de la vierge.
L’espace ainsi dégagé afin d’un temple était un lieu consacré à ce que l’on concevait alors à tort comme étant la “divinité”, et logiquement à cet art “divinatoire” que constituaient à l’origine les anticipations de l’augure à son sujet. Il s’agissait comme tel d’un “paradeisos”, appellation dans laquelle “par” désigne l’enceinte sacrée, qui a bien sûr donné le mot “paradis”, comme lieu de la divinité, et également le mot “parvis”, comme espace dégagé afin d’un temple, tel que l’est par exemple, le parvis de Notre-Dame de Paris.
Deux de ces “Par” eurent alors une destinée tout à fait exceptionnelle. Tout d’abord, celui d’Athènes, le célèbre “Par-thenon”, qui est littéralement le “sanctuaire de la vierge”. Ceci, avec pour ce nom une construction préhellénique que certains ont voulu faire découler du mot grec “parthenos” désignant la fille vierge, alors que c’est tout au contraire par rapport à l’idée de virginité de Parthenon, que les grecs ont formé ce mot pour désigner les vierges.
Ce site était donc consacré comme beaucoup d’autres en Europe et bien avant l’arrivée des Hellènes en ces lieux, à une vierge noire que les Grecs vont conceptualiser en la vierge Athéna, littéralement, celle du “sommet” (ath) de la colline, et c’est d’ailleurs ce qui conduira un chercheur américain à parler la concernant de “black Athéna”. D’autres prétendent, et les anciens Grecs eux-mêmes, qu’il s’agit de la transfiguration de la déesse égyptienne Neith, une vierge qui a de loin précédé Athéna, et qui selon la mythologie, fut fécondée par le “Verbe”. Ceci, à cause de plusieurs attributs communs à ces deux déesses. Cependant tous s’accordent pour considérer que cette déesse Athéna tout comme les autres divinités du panthéon dit grec, ne furent en rien conçues à l’origine par les Grecs, mais que ceux-ci, tout comme les Romains des leurs, en ont hérité depuis une seule et même origine, mais par des voies différentes, et c’est pourquoi ils s’employaient alors à identifier les dieux des uns, aux dieux des autres.
Bien sûr, il faudrait développer bien davantage cette question délicate et passionnante, mais cela prendrait des pages, et nous verrons cela une prochaine fois, peut-être...
L’autre “Par” devenu célèbre ne pose quant à lui aucun problème d’identification de la divinité à laquelle il était consacré, puisque ce fait est manifeste dans son appellation même, il s’agit du “Par-Isis”, ce sanctuaire dédié à la déesse Isis, laquelle est un concept hérité d’une “déesse-mère” plus ancienne et qui, comme nous le comprendrons, ne pouvait manquer d’être une vierge noire.
Ce sanctuaire, établit dans la Lutetia, et selon le modèle de celui de Philae en Egypte, dédié à la même déesse, c’est à dire sur une ile au milieu du “fleuve” afin de bénéficier d’une “affluence”, selon la fonction même de la déesse qui est de rassembler là où elle se trouve “sise”, d’où le “siège” qui lui servait de symbole, et ses représentations dites en “majesté”, c’est-à-dire assise sur un trône et allaitant son fils Horus, lesquelles se trouvent à l’origine des représentations de vierge à l’enfant, à précédé au même endroit, l’église Saint Etienne et la cathédrale Notre-Dame.
Il a finalement donné son nom à toute la région, le “Parisis”, qui sera dit plus tard la “plaine de France”, et il donnera également son nom à la ville de Paris, par le fait que les romains désignaient cette ville comme étant la “civitas parisiorum”, donc la “cité du Parisis”. Et ceci, avec un génitif pluriel “parisiorum”, puisque le mot Parisis qui n’est pas latin, revêt cependant la forme d’un pluriel latin.
Certains historiens prétendent que la ville tiendrait son nom d’une hypothétique tribu celtique des “Parisii”, par une construction totalement artificielle faite à partir de “parisiorum” qui suppose un nominatif singulier qui serait curieusement “parisius”, sans qu’on comprenne pourquoi ces Gaulois auraient porté un nom latin, et dont le nominatif pluriel serait “parisii”, permettant alors de traduire “civitas parisiorum”, comme étant la cité des “parisii”.
Cependant, il se trouve qu’il n’existe absolument aucune trace historique de ces fameux Parisii qui ne se trouvent cités dans aucun texte ancien, car ni le géographe Strabon, ni Jules César dans ses commentaires, et ni surtout son général Labienus, qui à combattu et vaincu les Gaulois dans cet endroit même, n’en font état, ils ne reconnaissent comme peuple gaulois habitant alors cette région parisienne, que les “Senons”.
En réalité, il s’agit là d’une falsification historique de nécessité occasionnelle, qui date de la fin du dix-neuvième siècle en plein période colonialiste où cette réalité dérangeait. Mais les origines africaines et sacrées de la ville de Paris étaient connues jusque-là, depuis toujours. De fait, l’écrivain et historien Gilles Corrozet qui vivait à l’époque de François premier, et qui rapporta cette histoire dans le détail dans un ouvrage intitulé, “ la fleur des antiquités de la noble et triomphante ville et cité de Paris”, l’illustrait en signalant qu’il y a longtemps eu dans l’église de Saint-Germain des Prés, une statue en bois représentant la déesse Isis sous les traits d’une femme noire, et qui était dite “l’idole saint germain”. Ceci, parce qu’elle était alors l’objet d’une très grande dévotion, d’une idolâtrie totalement hors des canons liturgiques, au point que les religieux ont du se résigner à la brûler.
Ajoutons que le caractère strictement “toponymique” et non ethnique du nom Parisis, se trouve conservé jusqu’à aujourd’hui dans des noms de cités tels que Cormeilles en Parisis, Fontenay en Parisis, Villeparisis, ou de localités telles que les buttes du Parisis, et que jusqu’au dix septième siècle, la plupart des villes de la région parisienne étaient dite de la même façon “en Parisis”, telle que “Rueil en Parisis”...
Cette superposition d’Isis à la vierge noire, dont nous entrevoyons qu’il s’agit de la déesse mère des origines, qui est donc à l’origine de toute la création, n’a rien d’incohérent. Car, tout comme Marie qui est réputée avoir pu concevoir Jésus par un artifice divin, sans avoir été fécondée par Joseph, une fois que selon la mythologie, Isis eut rassemblé afin de lui redonner vie, les parties de son défunt frère et mari Osiris, assassiné et découpé en morceaux par leur frère Seth, il manquait parmi ces morceaux le membre viril. C’est donc à l’aide d’un phallus en argile qu’elle lui fit et qu’elle consacra, qu’elle pu donner à Osiris un fils, sans que, ne pouvant plus le faire, celui-ci ne l’ait fécondée.
Nous apercevons ici, par cette capacité qui fut celle de l’une et de l’autre, à enfanter sans avoir été fécondée, une similitude entre ces deux histoires qui n’a rien de fortuite, car c’est précisément là que nous touchons à ce qui constitue le “mystère de la vierge”.
Comprenons une bonne fois ici que ce qui vaut à la vierge cette vénération millénaire, et contrairement à ce que nous inclinons à croire, n’a en réalité rien à voir avec sa “virginité” proprement dite, mais tout au contraire avec sa “fécondité” qui du fait qu’elle demeure vierge, constitue le grand mystère.
Pour les peuples de la lointaine antiquité méditerranéenne, originaires d’Afrique et qui en ces temps occupaient le pourtour de cette mer, avant d’en avoir été délogés par des peuples caucasiens et sémitiques, il était clair que c’était d’une puissance surnaturelle que procédait la “création”, et que ce principe “géniteur” était pour cette raison même, logiquement “femelle”. Or, cette féminité ayant été à l’origine de tout, n’avait pu être fécondée par rien puisque avant qu’elle ne produise, il ne se trouvait justement rien pour cela. Ceci revient à dire qu’elle était de façon surprenante “auto-féconde”.
Comprenons bien que c’est cette “auto-fécondité”, telle qu’elle s’accommode alors de sa virginité, et non pas cette simple virginité, qui se trouvait célébrée comme étant le grand mystère de la vierge, d’autant que dans ces sociétés anciennes, une femme n’était réputée être accomplie, qu’après avoir enfanté, et qu’une vierge quelconque qui n’aurait pas eu d’enfant, n’aurait fait l’objet d’aucune attention particulière...
La “déesse Mère”, celle qui fut à l’origine de tout, qui est donc identifiable à l’Amon tout puissant, et qui en ce sens correspond finalement à “Dieu la Mère”, était fatalement une “vierge”, et c’est précisément par cette capacité “d’auto-fécondité”, que Isis, puis Marie, lui sont identifiables, étant bien entendu que si elle peut avoir des représentations différentes selon les époques, il ne peut y avoir qu’une seule et unique déesse Mère puisque l’Amon c’est “le Tout”, transcendant “tout”.
Notons au passage, que c’est précisément ce rapport de la “fécondité” à la vierge, qui fait que la période où la nature se montre la plus féconde, qui est en fait celle des récoltes, fut dite “période de la vierge”. Pour les astrologues celle-ci commence le 23 août, mais pour les religieux elle commence dès le 15 aout, dont ils ont fait la fête de l’assomption pour célébrer la vierge Marie, mais à partir d’une festivité bien antérieure au christianisme. C’est d’ailleurs ce même concept de la fécondité de la nature, pour la même période de l’année, qui sera repris dans le calendrier républicain sous l’appellation de “Fructidor”.
Pour les anciens qui n’avaient pas d’autre forme de calendrier, c’est un certaine disposition des étoiles dans le ciel, dite “constellation de la vierge”, qui leur signalait qu’ils se trouvaient à cette époque. Mais il n’a jamais été question, contrairement à ce que continuent de croire beaucoup de gens, d’une représentation graphique de la vierge dans le ciel selon la disposition de ces étoiles, et dont on ne voit pas quelle serait la subtilité qui en aurait fait précisément la représentation d’une vierge...
Si donc les vierges noires furent jusqu’à ce jour à ce point célébrées, c’est parce qu’il s’agissait tout simplement de “Dieu la Mère”, la divinité suprême.
En fait, elles étaient femmes en tant que principe géniteur, elles étaient vierges en tant qu’auto-fécondes, et elles étaient noires, parce que telle est la couleur selon sa fertilité, de la Terre, à laquelle la déesse Mère se trouvait identifiée, et parce que la race noire est “mère” de toutes les autres qui se déclinent d’elles, non pas selon des données qualitatives qui seraient celles du “génotype” puisqu’il s’agit forcément de races d’une seule et unique espèce “homo”, mais selon des données quantitatives qui sont celles du “phénotype”. Mais, si elles sont noires, c’est d’abord et surtout parce que c’est du fond de l’Afrique, probablement de l’Ethiopie, via l’Erythrée, la Nubie, l’Egypte, le Pays de Canaan et la Phénicie d’une part, et par une voie occidentale qu’il nous reste à découvrir, que tous ces concepts nous sont parvenus.
Les Templiers périrent sur le bûcher, suite aux accusations portées contre eux, et aux aveux obtenus de certains d’entre eux sous la contrainte. Nous connaissons toutes les raisons d’exercice du pouvoir, tant temporel que spirituel, et l’énorme convoitise dont leurs activités, leur fantastique organisation, et leur possessions étaient l’objet, la rivalité entre Philippe IV le Bel et le pape Boniface VIII sous l’autorité exclusive duquel se trouvait cet ordre si puissant, puis la façon dont Philippe le Bel s’est arrangé du pape Clément V vis à vis duquel l’ordre eut il est vrai, quelques manquements, et qui permettra leur arrestation pour un procès en hérésie.
Il est clair que face à une telle collusion d’intérêts, et le fait que les royaumes de terre sainte ayant été perdu, l’ordre n’avait plus de réelle raison d’être, bien des accusations portées contre les Templiers n’ont pas manqué d’être fabriquées. Cependant, concernant l’hérésie, l’élément essentiel de l’accusation, c’est-à-dire le rite si surprenant pour un ordre qui en principe, était un ordre de croisés défenseurs de la chrétienté, de “reniement” de Jésus, lors de l’admission des postulant dans l’ordre, semble être attesté, et en tout cas, n’est pas incohérent à ce que fut leur œuvre, puisque rappelons le, aucun des temples réalisés sous leur instigation, ne fut consacré à Jésus.
Ce qui crée aujourd’hui l’occasion de tant de théories plus fantastiques les unes que les autres concernant ce que furent en réalité les Templiers, c’est qu’il est manifeste qu’ils ont rapporté d’Orient et dans des conditions que nous ignorons, de nombreuses connaissances, mais également et d’une façon plus surprenante, une “nouvelle foi”, dont il est clair que de la position qui était la leur de défenseurs de la foi chrétienne, il ne pouvaient en aucune façon en faire état publiquement. Ils semblent ainsi avoir redécouvert le véritable objet de la religion, l’Amon, où si l’on préfère, la vierge noire, “Dieu la Mère”.
C’est à elle qu’ils vont en fait consacrer leurs temples, en l’appelant “Nostra-Domina”, qui deviendra “Notre-Dame”.
Domina est le terme latin qui désigne la “maitresse”, mais qui est particulièrement ici, le féminin de “dominus”, terme par lequel dans le latin ecclésiastique, il est d’usage d’appeler Dieu. Il apparait alors que c’est bien le concept de Dieu-femme, qui se trouve ainsi évoqué par Domina. Maintenant, considérons qu’est “notre”, ce qui nous est “commun”, et qui, par cette appartenance commune à nous tous, nous lie selon lui en nous faisant ainsi “comme un”, comme si nous ne formions qu’un. Or, le dieu, ou plus exactement la Transcendance en laquelle nous sommes voués à nous fondre en ne formant plus que “un”, c’est bien l’Amon.
Nous constatons ainsi que c’est bien l’Amon, la déesse Mère, la vierge noire, que c’est bien “Dieu la Mère”, dont Isis et Marie en constituent des représentations occasionnelles, qui se trouve invoquée selon l’appellation Notre-Dame, et à laquelle selon leur secrète croyance, les Templiers ont consacré leurs temples fastueux...
Paris, le 12 août 2013
Richard Pulvar