jeudi, mai 31, 2012

La Mauresse de Moret, prochain livre de serge Bilé


Voilà !! C’est fini !! J’ai mis du temps mais j’ai enfin terminé mon livre sur la "Mauresse de Moret", cette religieuse noire que l’on disait être la fille cachée de Louis XIV. J’ai écumé toutes les archives françaises possibles pour percer enfin ce mystère. Ça a été un travail vraiment passionnant. Le livre sortira en novembre prochain. En attendant, je vous en offre un extrait: 

"Moret, le mercredi 30 Septembre 1695. C’est le grand jour, de ceux qu’on ne savoure qu’une seule fois dans sa vie. Dans quelques heures, à 31 ans, la Mauresse va, sous le nom de Louise-Marie de sainte Thérèse, jeter ses habits de novice pour prendre le voile enfin. 

Il y a quelques semaines, elle avait demandé que le roi, en personne, soit présent à sa prise d'habit, irritant ainsi madame de Maintenon, qui n’avait pas manqué de le déplorer dans une lettre adressée à la supérieure de la religieuse noire:

"Je donnerai un de ces jours le voile à une Mauresse, qui désire que toute la cour assiste à la cérémonie. J’ai proposé de le faire à portes fermées mais on nous a dit que ce serait un cas de nullité à ces vœux solennels. Il fallait se résoudre à voir rire le peuple". Les désirs de la Mauresse étant des ordres, toute la cour, Louis XIV en tête, est bel et bien là, pour l'entendre prononcer ses vœux perpétuels. 

"Moi, sœur Louise-Marie de sainte Thérèse, je promets stabilité, conversion de vie et obéissance jusqu’à la mort selon la règle de saint Benoît, devant Dieu et tous ses saints, en ce monastère de Notre-Dame-des-Anges, construit en l’honneur de la bienheureuse Marie, Mère de Dieu et toujours Vierge".

Serge Bilé

mercredi, mai 30, 2012

Non à l'esclavage en Mauritanie


Mauritanie: 7 militants anti-esclavagistes, qui avaient brûlé fin avril des livres religieux musulmans, ont été inculpés d'atteinte à la sécurité de l'Etat et écroués. Le plus connu d’entre eux s’appelle Biram Ould Dah Ould Abeid. Il est lui même descendant d'esclaves. Il est accusé d'avoir ordonné et organisé cette incinération, reprochant aux auteurs de ces ouvrages d'avoir justifié la pratique de l'esclavage au nom de l'islam. Selon lui, l'incinération visait à "débarrasser la Mauritanie d'ouvrages musulmans dépassés qui incarnent et soutiennent la légalité de la pratique de l'esclavage". Ce geste public avait provoqué des manifestations de colère de milliers de Mauritaniens à travers le pays, certains exigeant "vengeance" contre ces militants anti-esclavagistes. Ces derniers n’ont cessé de dénoncer, ces derniers mois, plusieurs cas d'esclavage en Mauritanie où cette pratique n'est officiellement interdite que depuis 1981.

S. Bilé

lundi, mai 28, 2012

27 MAI 1848…ABOLITION DE L’ESCLAVAGE EN GUADELOUPE, une abolition inéluctable et contrôlée.


Le 27 mai 1848 en Guadeloupe est la résultante d’un long processus conflictuel, de massacres et d’exil, notamment lors de la première abolition de l’esclavage de 1794, une abolition que n’a pas connu la Martinique étant passée sous domination anglaise. La guillotine et la terreur ayant fonctionné à plein régime en Guadeloupe lors de la révolution française sous le gouvernement de Victor Hugues 1794-1798. Toutefois, l’esclavage sera restauré par Napoléon en 1802.

A la veille de l’abolition de 1848, la Guadeloupe est animée par plusieurs forces antagonistes qui s’affrontent et se confrontent. Tout d’abord, chez les planteurs, une volonté émancipatrice est à l’œuvre chez certains colons, les partisans de l’abrogation de l’esclavage, une dynamique qui entre en collision avec la position des autres planteurs s’arc-boutant sur la défense du système esclavagiste et de leurs privilèges.

Les tenants du système esclavagiste par le biais de leurs organes de presse comme : L’avenir de la Guadeloupe, le Commercial se livrent à de la propagande en propageant leur idéologie esclavagiste qui consiste à présenter l’esclavage comme un bienfait pour les esclaves. Ils s’opposent aux réformes assouplissant et humanisant le régime de l’esclavage, d’ailleurs ils ne voient pas se profiler la future abolition ou refusent de le voir.

En réaction au front abolitionniste, les esclavagistes ayant prééminence au Conseil Colonial durcissent le régime, faisant preuve d’une cruauté, dont on aurait du mal à s’imaginer. 

Depuis les lois réformistes de 1830, les esclaves sont sous la protection directe des magistrats-contrôleurs, mais à l’aube de l’abolition, les châtiments corporels perpétrés sur les esclaves sont de plus en plus abominables, sans que nullement les maîtres ne soient inquiétés par la justice.

Les annales judiciaires guadeloupéennes regorgent de faits particulièrement bien détaillés, faisant état de sévices corporels des maîtres sur leurs esclaves, allant jusqu’à la mort de l’esclave.

En dépit des lois, les maîtres sont protégés par la justice coloniale collusoire et complice, une justice supposée protéger les esclaves.

Dans les faits, très peu de peines sont appliquées et celles appliquées sont d’une légèreté outrancière contre les propriétaires d’esclaves. 

Cette situation est connue en métropole et donne du grain à moudre aux abolitionnistes français tels que Victor Schoelcher, Lamartine, Victor Hugo, Ledru-Rollin, ils s’en prévalent dans leurs argumentaires dénonçant ce système esclavagiste moribond et mortifère. Des arguments qui ont un impact très fort puisqu’ils contribuèrent fortement au décret du 27 avril 1848.

Les libres de couleurs subissent les contrecoups de la radicalisation des planteurs, désormais, ils se voient refuser l’entrée de certains cafés, on refuse de les servir. De nombreux incidents éclatent, dont celui du 1 mai 1846 à Pointe à Pitre où suite à l’altercation avec quatre libres de couleur, les cafés sont devenus des clubs privés, d’autres se sont mués en Cercle. La ségrégation sévit dans l’île et exacerbe les tensions.

En revanche, d’autres planteurs sentant le vent tourner vendent à tour de bras leurs esclaves dans l’île de Porto Rico ou dans les autres colonies proches de la Guadeloupe, afin d’en tirer un bénéfice tant qu’ils le peuvent encore.

Car, face au durcissement des planteurs et des exactions envers les esclaves, ces derniers résistent, les cas de marronage se multiplient, ce qui est rapporté également à Victor Schoelcher, constituant un autre argument décisif dans le plaidoyer abolitionniste.

Nombres sont les esclaves qui n’hésitent plus à braver leurs maîtres, allant jusqu’à les tuer en affrontement physique ou par empoisonnement par exemple. 

On dénombre des cas d’empoisonnement de planteurs, de leur famille ainsi que de leurs esclaves domestiques, de leurs animaux en représailles aux mauvais traitements. Des incendies de cases à bagasses, de champs de cannes ou de locaux administratifs s’accroissent entre 1847 et 1848.

De plus, les esclaves ont vent des thèses abolitionnistes en France, ce qui les galvanisent d’autant plus dans leur lutte quotidienne et le marronage s’accentuent, de même que les fuites d’esclaves vers les autres îles voisines de la Guadeloupe. 

De réels réseaux clandestins se sont créés pour acheminer les esclaves hors de Guadeloupe, avec des passeurs qui monnaient à prix fort la traversée. On les appelle les Embaucheurs, ce sont des libres de couleurs propriétaires d’embarcations ou des marins pêcheurs.

Ces afflux massifs d’esclaves guadeloupéens créent des déséquilibres dans les îles voisines, ce qui préoccupe les autorités coloniales de ces colonies.

Ainsi, en mai 1848 la colonie guadeloupéenne est une vraie poudrière qui menace à tout instant d’exploser à l’instar de la Soufrière, ce d’autant que les esclaves savent qu’un décret d’abolition a été pris, qu’ils attendent et qu’ils ne voient toujours pas venir.

L’arrivée dans l’île du gouverneur Layrle sera un autre facteur qui contribuera à l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe.

Ce gouverneur au fait de l’état des choses dans la colonie souffle le chaud et le froid. Aux esclaves, il leurs martèle qu’ils doivent être patients, que leurs bons maîtres à demander pour eux la liberté et qu’une fois libres, ils devront continuer à travailler, car c’est à cause d’eux, ayant mal fait usage de leur liberté de 1794, que l’on a été contraint de les remettre en esclavage en 1802.




Tandis qu’il culpabilise les esclaves, aux colons, il les exhorte à préparer l’émancipation des esclaves afin d’organiser le travail libre pour qu’ils ne soient pas perdant dans l’histoire.

Peu à peu, du côté des planteurs, on saisit que si une émancipation devait survenir, il était essentiel de tout contrôler afin de pérenniser leur domination économique et politique.

Ainsi, quand la Martinique se libère de l’asservissement esclavagiste le 22 mai et que le décret du gouverneur Rostolan est proclamé le 23 mai, cette abolition sert d’accélérateur, l’histoire s’emballe, dès lors en Guadeloupe, il est certain aux yeux de tous, que l’abolition est incontournable.

Le gouverneur Layrle pour contenir toute insurrection décrète l’état de siège dans la colonie et presse le Conseil Colonial d’abonder en son sens, puis dans la foulée, le gouverneur Layrle décrète l’abolition le 27 mai, après avis unanime du Conseil privé, ce que son homologue Rostolan n’a pas eu loisir de faire.

L’émancipation des esclaves qui s’ensuit, se fait de façon très cadrée au profit du pouvoir colonial, le 29 mai 1848, une fête républicaine de l’émancipation est organisée à Basse-Terre, une messe est célébrée à l’Eglise de St François en présence du gouverneur et de l’ensemble du corps des autorités coloniales, civiles et militaires, ainsi que les colons.

Un arbre de la liberté est planté à côté duquel jouxte un drapeau tricolore, que les esclaves ont confectionné. 

Dans ces célébrations le facteur ou l’image de l'esclave-résistant est complètement gommé, à dessein.

Contrairement à la Martinique, l’abolition en Guadeloupe a été un bouleversement régulé en quelque sorte, par le pouvoir colonial, les colons quant à eux, ont opté pour une décision opportune dans un souci stratégique de survie, ils ont su au pied levé préparer à leur avantage le changement de régime. 
Indéniablement l’abolition de l’esclavage du 27 mai 1848 en Guadeloupe est un aboutissement maîtrisé, le fruit d’un processus inéluctable.

Différents facteurs ont permis que cette abolition se fasse, à la fois dans et à l’extérieur de l’île, avec une interaction des uns sur les autres, les esclaves même si contrairement à ceux de la Martinique n’ont pas fait une révolte, il n’en demeure pas moins, que les esclaves guadeloupéens ont été acteurs de leur émancipation.



Emmanuelle  Bramban

vendredi, mai 25, 2012

Stéphanie St-Clair : chef de gang



Stéphanie St. Clair (1886-1969) est née à la Martinique. Elle a immigré aux États-Unis par Marseille en 1912. Elle fut connue à Manhattan comme Queenie, mais les habitants de Harlem s'adressaient à elle par respect comme Madame St. Clair. Elle devint affilié avec le gang des 40 voleurs, mais il ne lui fallu pas longtemps avant qu'elle prenne son propre chemin et dirige l'un des jeux les plus en vogues dans la ville.
Après la grande dépression et la fin de la prohibition, les gangsters blancs ont vu leurs profits décroître nettement et ils décidèrent d'aller plus présent sur la scène du jeu à Harlem, afin de compenser leurs pertes. Dutch Schultz y fit une entrée musclée, tuant certains des responsables du jeu en place. St. Clair et son homme de main Ellsworth Johnson refusèrent de se laisser faire par Schultz, mais la vague de violence les épuisait. St. Clair se plaignit aux autorités locales de harcèlement par la police new-yorkaise (NYPD), et comme ils n'en tenaient pas compte, elle publia des avertissements dans les journaux de Harlem, accusant des officiers de la police de corruption. La police répliqua en l'arrêtant pour des motifs forgés de toutes pièces, en réponse de quoi elle témoigna à la commission Seabury qui démit plus d'une douzaine d'officiers.
Cependant, la guerre des territoires continuait et son homme de main Ellsworth Johnson se rapprocha de Lucky Luciano, lui proposant de renforcer l'influence de la mafia en supervisant les bookmakers et jeux à Harlem. Il tenta de persuader Stéphanie St. Clair de le joindre dans cette voie, ce qu'elle refusa; Johnson fit de son mieux pour protéger son ancien patron jusqu'à ce qu'ils réalisent tous deux que cela ne pouvait plus durer ainsi, et ils conclûrent une trêve avec Schultz. St. Clair fut autorisé à vivre tant qu'elle payait la taxe aux italiens.
Schultz fut tué sur les ordres de Lucky Luciano en 1935. St. Clair n'avait rien à voir avec ce meurtre mais on se souvient d'elle pour avoir envoyé un télégramme à son lit d'hôpital: "As ye sow, so shall ye reap" (on récolte ce qu'on a semé). Cet incident fit les gros-titres à travers le pays.

Le citoyen Piis



C’est dans le sillage de la Révolution française, le 4 février 1794,que fut aboli une première fois l’esclavage..Le citoyen Piis ici à l'image,fut ainsi l’un des auteurs à exercer sa plume pour glorifier la première abolition de l’esclavage et dés le 8 février 1794 fut représenté un de ses “vaudevilles républicains” au théâtre des Variétés Amusantes (aujourd’hui théâtre du Palais Royal), La liberté de nos colonies. C’est dans cette pièce que l’on retrouve les couplets de la chanson La liberté des nègres. Cette chanson résolument engagée est la seule, à notre connaissance, que Piis a laissé à la postérité. 1794...

Antoine Piis était le fils naturel d’un officier de Saint-Domingue, territoire faisant partie de ce que l’on nommait alors les “Iles d’Amérique” qui englobaient également la Guadeloupe et la Martinique.

En voici les paroles....
[ LA LIBERTÉ DES NÈGRES]
Le saviez-vous Républicains,
Quel sort était le sort du nègre ?
Qu’à son rang parmi les humains
Un sage décret réintègre
Il était esclave en naissant,
Puni de mort pour un seul geste.
On vendait jusqu’à son enfant.
Le sucre était teint de son sang.
Daignez m’épargner tout le reste,
Daignez m’épargner tout le reste.

De vrais bourreaux, altérés d’or,
Promettant d’alléger ses chaînes,
Faisaient, pour les serrer encor,
Des tentatives inhumaines.
Mais, contre leurs complots pervers,
C’est la nature qui proteste
Et deux peuples, brisant leurs fers,
Ont, malgré la distances des mers,
Fini par s ‘entendre de reste. (bis)

Qu’ont dit les députés des noirs
A notre Sénat respectable,
Quand ils ont eu de leurs pouvoirs
Donné la preuve indubitable :
« Nous n’avons plus de poudre, hélas !
Mais nous brûlons d’un feu céleste,
Aidez nos trois cent mille bras
A conserver dans nos climats
Un bien plus cher que tout le reste. » (bis)

Soudain, à l’unanimité :
« Déclarez à nos colonies,
Qu’au désir de l’humanité
Elles sont par vous affranchies.
Et si des peuples oppresseurs,
Contre un tel vœu se manifestent,
Pour amis et pour défenseurs,
Enfin, pour colons de nos cœurs,
Songez que les Français vous restent. » (bis)

Ces Romains, jadis si fameux,
Ont été bien puissants, bien braves,
Mais ces Romains, libres chez eux,
Conservaient au loin des esclaves,
C ‘est une affreuse vérité,
Que leur histoire nous atteste,
Puisqu’avec nous, d’humanité,
Déjà les Romains sont en reste. (bis)

Tendez vos arcs, nègres marrons,
Nous portons la flamme à nos mèches,
Comme elle part de nos canons,
Que la mort vole avec vos flèches.
Si des royalistes impurs,
Chez nous, chez vous, portent la peste,
Vous dans vos bois, nous dans nos murs,
Cernons ces ennemis obscurs,
Et nous en détruirons le reste. (bis)

Quand dans votre sol échauffé,
Il leur a semblé bon de naître,
La canne à sucre et le café
N’ont choisi ni gérant, ni maître.
Cette mine est dans votre champ,
Nul aujourd’hui ne le conteste,
Plus vous peinez en l’exploitant,
Plus il est juste, assurément,
Que le produit net vous en reste. (bis)

Doux plaisir de maternité,
Devenir plus cher à négresse ;
Et sans nuire à fécondité,
Prendre une teinte de sagesse.
Zizi, toi n’étais, sur ma foi,
Trop fidèle, ni trop modeste ;
Mais toi, t’en feras double loi,
Si petite famille à toi
Dans case à moi, près de toi reste. (bis)

Américains, l’égalité
Vous proclame aujourd’hui nos frères.
Vous aviez à la liberté
Les mêmes droits héréditaires.
Vous êtes noirs, mais le bon sens
Repousse un préjugé funeste…
Seriez-vous moins intéressants,
Aux yeux des Républicains blancs ?
La couleur tombe, et l’homme reste ! (bis)...



source

jeudi, mai 24, 2012

En ce 23 mai, le 10 mai et la loi Taubira furent présents dans les discours et les pensées


Square du 23 Mai


Le CM98   et le Collectif du 23 mai organisaient la commémoration  du souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite négrière  dans la ville de  Saint- Denis (93).

Aux premiers abords, la foule m’apparut relativement nombreuse, quoique lâche par rapport à l’espace disponible, les gens venaient et partaient, d’autant que le 23 mai est un jour ouvré. In fine,  on pouvait considérer que la manifestation connut un engouement et un certain succès qui doivent être amplifiés.

Les cérémonies du 23 mai débutèrent par une « grande fresque humaine représentant la cale d’un bateau négrier sur le Parvis de la Basilique de Saint-Denis »  (voir le programme de la manifestation).

Je ne m’appesantirai pas sur tous les aspects de cette commémoration mais simplement   sur l’inauguration du square du 23 mai 1998 et les discours qui s’ensuivirent.

P.  Braouezec, V. Romana, D. Paillard, J-P. Huchon

Le square du 23 mai fut inauguré en présence de Monsieur le maireDidier Paillard, du président  de la région d’île de France Jean-Pierre Huchon, qui à l’occasion  informa  l’auditoire de son grand-père martiniquais, du président du conseil général, le député  Patrick Braouezec, du délégué inter-ministériel à l’égalité des chances des ultramarins, Claudy Siar et de nombreuses personnalités politiques ou associatives : Serge et Viviane Romana, Françoise Verges, Jocelyn Obertan…

En prémices de leurs discours,  les politiques rappelèrent l’attachement qu’ils portent aux Outres-mers, ainsi qu’aux populations émanant de ces territoires. Toutefois, leurs paroles ont été convenues, quand il s’est agi de relater  l’ignominie que fut l’esclavage transatlantique, des afflictions passés, qu’un peuple en raison de sa couleur de peau, eut à subir  une des plus grandes avanies, une des plus grandes abjections, une des plus sordides ignominies  que l’homme eut à commettre envers son semblable, tant soit peu, que nous le fûmes, leurs semblables, à ce moment de l’histoire et non des bêtes de somme.
Françoise Verges et Serge Romana

Mais reconnaissons, que c’est un exercice difficile pour ces personnalités politiques, car porteur d’une hérédité historiquement culpabilisante, donc d’une responsabilité historique dans cette tragédie pluricentenaire. Admettons aussi, qu’il n’est guère commode de s’auto flageller pour des fautes ayant été commises par des aïeux.

Quelques-uns des politiques  comparèrent l’Esclavage avec la Shoah, citant du Primo Levi (je crois que les Antillais se gardent dorénavant de telles comparaisons, car reproche leur étant systématiquement fait de raviver la guerre des mémoires ou  de hiérarchiser les souffrances).

D’autres intervenants à la tribune firent le parallèle, de ce qui se passe encore dans certains pays, tels que le Niger, le Soudan et la Mauritanie où l’esclavage perdure où des marchés aux esclaves se tiennent encore en place publique et ce au grand jour.

Toutefois, les propos n’eurent comme point focal que le passé, il eut été fait mention des formes insidieuses de l’esclavage moderne, et les conséquences pernicieuses (racisme, discrimination, préjugés) de l’esclavage sur les descendants de ce crime, influant que si  la traite négrière transatlantique et l’esclavage des Nègres aux Amériques est un fait du passé, les incidences négatives sur les  descendants des populations esclavagées sont encore présentes dans nos sociétés actuelles et obèrent bien des perspectives, tuent bien des potentialités, freinent bien des réussites.

Claudy Siar

L’ordre protocolaire voulant que ce soit l’état qui clôt les discours, ce fut le délégué interministériel Claudy Siar,  qui discourut avec l’emphase que nous lui connaissons, parlant de générations sacrifiées, de ses combats, de la première  marche (la Fête des nègres marrons) qu’il organisa en 1993, il parla avec son cœur et fut entendu par la foule.

Il s’attarda plus que les autres sur Christiane Taubira, ministre de la justice et Gardes des Sceaux, qui en ce moment fait face à des critiques nauséabondes de la part de l’UMP et de son président Jean François Copé,  des nervis de l’extrême droite, ainsi que de personnalités qui par leurs propos en sont idéologiquement proches, comme Eric Zemmour dont le nouveau credo est la défense de l’Homme Blanc, que madame Taubira menacerait.

Et justement, à travers les attaques ad hominem contre la ministre de la justice, nous mesurons que les chemins de l’égalité sont encore loin et l’intérêt de telles commémorations, car les mentalités sont empreintes de racisme.


 Tony Mardaye

mercredi, mai 23, 2012

14ÈME COMMÉMORATION DES VICTIMES DE L'ESCLAVAGE COLONIAL,




mercredi 23 mai 2012


Tous à Saint-Denis à 14h !
Place Victor Hugo, métro Saint-Denis Basilique (ligne 13)

“BODLANME PA LWEN”

14h00-14h30 Grande fresque humaine représentant la cale d’un bateau négrier sur le Parvis de la Basilique de Saint-Denis (direction artistique : Solal VALENTIN et Max DIAKOK)

14h45-15h45 Conférence sur « La flore caribéenne : 3800 espèces pour le soin et le développement économique des Antilles ». Dr Henry JOSEPH de l’entreprise Phytobokaz (salle du conseil municipal de la mairie de Saint-Denis)

16h00-16h15 Cérémonie républicaine municipale (place de la Résistance et de la Déportation à Saint-Denis)

16h20-17h20 Cérémonie républicaine régionale. Inauguration du square « 23 mai 1998 ». Attribution symbolique de noms tirés de l’histoire de l’esclavage colonial aux rues proches de cette place. Interventions d’élus antillais, du Maire de Saint-Denis, du Président du Conseil général de la Seine Saint-Denis, du Président de Conseil régional d’Ile-de-France et du délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outremer

17h30-18h30 Cérémonie œcuménique Lanmèkannfènèg à la basilique de Saint-Denis

18h30-20h00 Lanmèkanfènèg pour nos aïeux avec le groupe Dé boula on makè, la Compagnie Boukousou et Lawonn bèlè (direction artistique: Marie-Georges GORDIEN)

20h00-20h30 Présentation des associations partenaires et des sponsors du 23 Mai

20h30-22h00 Fête de la fraternité Lanmèkannfènèg (direction artistique : D de Kabal de la compagnie Riposte)

22h00-22h10 Le mot du Président du CM98, Serge ROMANA

22h10-22h30 Recueillement en souvenir des victimes de l’esclavage colonial.

VILLAGE LANMÈKANNFÈNÈG : Atelier de généalogie – Stand du CM98 avec 

projection d’un diaporama sur ses actions et ses combats – Stands d’entrepreneurs – Stands d’organismes d’aide sociale et psychologique, de soutien à la parentalité, d’aide aux malades de la drépanocytose et à leur famille – Restauration sur place.


16h00-16h15 Cérémonie républicaine municipale (place de la Résistance et de la Déportation à Saint-Denis)



16h20-17h20 Cérémonie républicaine régionale. Inauguration du square « 23 mai 1998 ». Attribution symbolique de noms tirés de l’histoire de l’esclavage colonial aux rues proches de cette place. Interventions d’élus antillais, du Maire de Saint-Denis, du Président du Conseil général de la Seine Saint-Denis, du Président de Conseil régional d’Ile-de-France et du délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outremer



17h30-18h30 Cérémonie œcuménique Lanmèkannfènèg à la basilique de Saint-Denis



18h30-20h00 Lanmèkanfènèg pour nos aïeux avec le groupe Dé boula on makè, la Compagnie Boukousou et Lawonn bèlè (direction artistique: Marie-Georges GORDIEN)



20h00-20h30 Présentation des associations partenaires et des sponsors du 23 Mai



20h30-22h00 Fête de la fraternité Lanmèkannfènèg (direction artistique : D de Kabal de la compagnie Riposte)



22h00-22h10 Le mot du Président du CM98, Serge ROMANA



22h10-22h30 Recueillement en souvenir des victimes de l’esclavage colonial.


VILLAGE LANMÈKANNFÈNÈG : Atelier de généalogie – Stand du CM98 avec projection d’un diaporama sur ses actions et ses combats – Stands d’entrepreneurs – Stands d’organismes d’aide sociale et psychologique, de soutien à la parentalité, d’aide aux malades de la drépanocytose et à leur famille – Restauration sur place.

mardi, mai 22, 2012

Esclavage & Réparations


Pour le mercredi 23 mai 2012 - Paris 19 e - Grande Halle de la Villette  à 18h 30



Invité d'honneur, Edgar Morin, philosophe, médaille d'or de l'UNESCO.

A l'occasion du 23 mai 2012, Journée nationale du souvenir des victimes de l'esclavage colonial, le CRAN organise, en partenariat avec Libération, Tropiques FM et La Villette, un débat public sur un thème quelque peu tabou : « Esclavage et réparations ». La réflexion tournera autour de ces questions : A qui a profité la traite négrière ? Peut-on réparer les dommages liés à l'esclavage ? Si non, pourquoi ? Si oui, dans quels cas, et comment ?

Accueil par Jacques Martial et Louis-Georges Tin 

Table ronde 1 : la question des réparations sur la scène internationale 


-Ali Moussa Iyé : Chef de la Section du dialogue interculturel et Coordonnateur du projet La Route de l'esclave de l'UNESCO 
-Doudou Diène, ancien rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie 
-Blaise Tchikaya, président de la Commission de l'Union africaine pour le droit international 
-François Durpaire, historien 
-Fritzner Gaspard, représentant de l'ambassade d'Haïti 
-Nora Wittman, juriste, représentante du MIR (Mouvement International pour les Réparations) 

Table ronde 2 : la question des réparations dans l'espace national français 


-Louis-Georges Tin, président du CRAN 
-Jacques Martial, président de l'Etablissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette 
-Françoise Vergès, présidente du Comité pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage 
-Claudy Siar, délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français d'Outre-Mer 
-Myriam Cottias, historienne, CNRS 
-José Pentoscrope, président du Cifordom

Regard sur la commémoration de l’esclavage en Martinique



Le 22 mai 1848, quelques  60 000 esclaves de la Martinique se sont défaits de leurs chaînes, et de la servitude, donc le 23 mai 1848 ces êtres vécurent leur première journée d'hommes et de femmes libres.


22 mai 2006, entre ces deux dates, 158 ans se sont écoulés.

En souvenir ce jour, le 22 mai  est devenu à la Martinique le jour de  la commémoration de l'abolition de l'esclavage.

Cette date  commémorative  est fériée en Martinique,  suite à la promulgation de la « loi commémorant l'abolition de l'esclavage dans les DOM " du 24 novembre 1983. »

Toutefois, l'obtention de cette date commémorative a été l'aboutissement d'une lutte politique ayant débuté dès les années 60, notamment avec la publication du manifeste : « La révolution anti-esclavagiste de mai 1848 » écrit par Armand Nicolas, professeur d’histoire et aussi membre du parti communiste martiniquais ( PCM ).

Cette parution avait eu pour effet de réintroduire dans la mémoire collective des Martiniquais, cette date et ainsi que tout un pan de leur histoire occulté par les autorités, qui entreprirent pour des raisons politiques de ne mettre en avant que le 27 avril, date à laquelle fut concédée  aux Nègres l’abolition de l’esclavage ; décret devant être appliqué que deux mois plus tard aux colonies.  Ce choix ne fut pas anodin, car il s’agissait de vanter  ou de louer la bonté et l’humanisme de la république française, avec comme image phare l’abolitionniste Victor Schœlcher, qui désormais incarnait dans la Mémoire le libérateur des Nègres et le fossoyeur de l’esclavage, passant sous silence la révolte des esclaves, ayant contraint les autorités de l'île, à abolir l'esclavage le 22 mai 1848.

Dès lors, pour les partis politiques de la gauche martiniquaise, entre autres, le PCM (parti communiste martiniquais) d'Armand Nicolas,  le PPM  (parti progressiste martiniquais) d'Aimé Césaire, un mouvement revendicatif s'est amorcé pour instaurer cette date comme jour de la commémoration solennelle de l’abolition de l’esclavage.

Dans les années 70, ont  rejoint ce combat pour la reconnaissance du 22 mai, les organisations  syndicales comme la CSTM et des partis indépendantistes, telle  La Parole au Peuple » (devenu le MIM, mouvement indépendantiste martiniquais depuis), le GRS (Groupe Révolutionnaire Socialiste) et le Parti du  Combat Ouvrier.

En 1978, les maires des communes de gauche (Fort de France, le François, Rivière-pilote, Lamentin, Morne-Rouge,  Macouba et Trinité) ont fait jouer leurs prérogatives municipales en utilisant la Journée du Maire [1] pour commémorer cette date dans leur commune respective.

En 1981, les commerçants de l'île ont pris l’initiative de baisser leurs rideaux et de fermer leurs portes et depuis 1984 le 22 mai est officiellement célébré en Martinique.

En 2006, soit 24 ans après on peut s'interroger sur la façon dont les Martiniquais s’approprient le 22 mai.  Cette année, il y a  eu des manifestations à foison, des expositions un peu partout dans l’île, un festival de bélè  au Lamentin, un autre rendez-vous bélè à Schoelcher, une pièce de théâtre fut jouée à Case-Pilote, un déjeuner fut offert par l’association La Fraternité Africaine, d’où s’ensuivit un dépôt de gerbe à la place de Gorée à Sainte-Anne, pour honorer la mémoire des Nègres africains déportés, pour devenir esclave en Martinique.

Par ailleurs, des retraites aux flambeaux, des concerts et aussi des marches furent organisées, dont celle qui se déroula  entre la commune du Prêcheur et celle de  Grand-Rivière, qui accueillit  la fin du 6ème « konvwa pou réparation ».
Ce «konvwa pou réparation» est une marche  initiée par Le Mouvement International pour les Réparations, présidé par Garcin Malsa (maire de Sainte-Anne), qui associa à cette manifestation, une demande en réparation du préjudice engendré, comme  ce qui a été reconnu par la République Française, comme étant un crime contre l'humanité : l’esclavage et la traite négrière.

En ce qui concerna la capitale de Fort-de-France, un rassemblement au tambour c’est tenu au Rond-Point du Vietnam Héroïque. Il y eut des marches aux flambeaux à Tivoli, Volga-Plage, une marche nocturne entre la Jambette et la Place de l'abbé Grégoire, des animations musicales à Dillon, un jogging matinal à Didier suivi d'un petit-déjeuner :  « ti-nain lan mori [2]».

Les principales festivités ont été proposées par la Région Martinique dans le cadre du «Gloryé 22 mé ». Dès le samedi 20,   s'est tenue à l'Eco-Musée de Riviere-Pilote une série de concerts: « Les chants d'esclaves, chants de liberté ».

Le dimanche 21 et le lundi 22,  les manifestations  « Vini gloriyé 22 mé laréjion » ce sont déroulées à Cluny  dans les  jardins du Conseil Régional. En outre des spectacles musicaux, étaient proposés des expositions retraçant l'histoire de l'abolition de l'esclavage, des ateliers de démonstration sur la fabrication du manioc, de poterie, de vannerie et de tambour. Il y avait aussi un marché de produits locaux et des lieux de dégustations.

Les enfants ne furent pas oubliés, puisqu'un espace «ti manmaÿ» leur fut attribué, avec des jeux traditionnels « chouval-bwa », manège de poneys, qui ont permis aux plus jeunes de participer eux aussi à la commémoration.

Pour ce qui concerne les célébrations officielles,  cette année fut marquée par deux nouveautés :
-     la première est l'adhésion pour la première fois de la droite martiniquaise aujourd'hui l'UMP aux manifestations du 22 mai, qui jusque-là  s’était farouchement opposé.
 -       La seconde et non des moindres est la présence de békés comme celle de Louis de Lucy de Fossarieu et Roger de Jaham tant à Fort de France qu’au Diamant et qui s'opposent à toute idée de réparations et pour cause...

L’évolution de cette commémoration tend à transformer le 22 mai comme un jour à caractère festif et dansant. Des voix s’élèvent pour dénoncer cette dérive qui est jugée comme très éloignée d’un acte commémoratif, c'est-à-dire à la mémoire de nos ancêtres esclaves.

Par ailleurs, la participation des békés, héritiers des colons, arrière-petits-fils d’esclavagistes ont ébranlé plus d'uns. Pour certains, cette présence a été considérée comme normale, car les békés sont aussi des Martiniquais, mais pour d'autres, cela a été perçu comme incongrue et inopportune voire choquante.

Les Martiniquais ont massivement participé à cette commémoration, nul doute que les prochaines  seront du même acabit, voire avec plus de manifestations.

Le 22 mai  sera amené à prendre une dimension internationale avec la participation d’organisations émanant des pays africains et de la Caraïbe qui témoigneront de leur solidarité en raison d’une proximité historique, humaine ou géographique avec cette tragédie. 

Emmanuelle Bramban 


[1] Jour chômé et payé accordé aux personnels municipaux et aux écoles.
[2]Plat composé de banane verte et de morue salée.

jeudi, mai 10, 2012

Discours du 10 mai 2011 à Sainte Geneviève des bois



Monsieur le Maire,
Messieurs et mesdames les conseillers municipaux,
Messieurs et mesdames les présidents
Chers amis,

Nous voici réuni ce 10 mai 2011  autour de ce mémorial du souvenir de Sainte Geneviève des bois, en ce jour particulier nous honorons la mémoire de deux illustres personnages, ils n’ont rien de commun, si ce n’est qu’ils sont nés esclaves, l’un plus que l’autre, mais c’est la condition de servilité qui a préludé  à leur naissance et c’est cette mémoire qui nous rassemble.

Toutefois, avant de parler des  personnages pour lesquels une plaque à leur nom sera apposée sur la stèle, revenons  un instant à la loi Taubira.

Ce 10 mai 2011,  fera 10 ans que l’assemblée nationale a adopté cette loi  qui dans on article 1er dit : « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité. »

Cette loi  qualifiée  mémorielle avait été votée à l’unanimité, tous les députés l’ont voté, mais depuis son entrée en vigueur elle n’a eu cesse d’être décriée, dénoncée et aujourd’hui elle est menacée : « le 2 mars 2011, le chroniqueur Erick ZEMOUR, condamné avec sursis, le 18 février, à 2000 euros d’amende pour provocation à la discrimination raciale, reçoit une ovation des députés de l’UMP réunis à l’assemblée nationale lorsqu’il propose de supprimer les lois mémorielles ainsi que les subventions aux associations anti-racistes.
Le lendemain, 3 mars 2011, c’est au tour de Christian VANESTE, député UMP du Nord, de déclarer sur le site « le nouvel observateur.com », que : « la loi Taubira est une honte pour notre pays, une honte pour la liberté d'expression dans notre pays. Il faut la supprimer tout de suite. C'est une loi anti-française ».
Ces personnes considèrent que toute date de commémoration de l’esclavage, que ce soit celle de l’abolition (10 mai) ou celle en mémoire des victimes (23 mai) doit être supprimée. »

Face à ces attaques, les afro-descendants et les personnes de bonne volonté se mobilisent pour la sauver.

Donc,  c’est un triste anniversaire. Il pourrait s’apparenter presque à un déni, d’histoire, un déni de mémoire, une insulte pour nos populations, celles dont les ancêtres ont été victimes de la traite et de l’esclavage.
 Pourtant la loi Taubira n’est pas contraignante, ce n’est pas une loi impérative,  dans son art 2 elle prévoit : «  Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l'esclavage la place conséquente qu'ils méritent. La coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l'esclavage sera encouragée et favorisée. »
La loi ne donne pas de direction, ni de sens, pas d’orientation, la loi  demande que cette histoire soit enseignée, simplement  que l’on accorde à la traite négrière et l’esclavage la place qu’elle mérite…
L’article 3 c’est une intention  « Une requête en reconnaissance de la traite négrière transatlantique ainsi que de la traite dans l'océan Indien et de l'esclavage comme crime contre l'humanité sera introduite auprès du Conseil de l'Europe, des organisations internationales et de l'Organisation des Nations unies. Cette requête visera également la recherche d'une date commune au plan international pour commémorer l'abolition de la traite négrière et de l'esclavage, sans préjudice des dates commémoratives propres à chacun des départements d'outre-mer. »
Cette loi est peu de chose, elle ne prévoit pas de sanctions, n’est pas directive, alors pourquoi une telle hostilité vis-à-vis de la loi Taubira ?
Plusieurs facteurs à cela, une congruence  d’évènements   conduisent à la remise en cause des lois mémorielles :
Tout d’abord :
-          La mémoire est un enjeu économique ( car pouvant donner lieu à réparation, ce n’est pas le cas de la loi Taubira, rien n’est prévu à cet effet) ; 
-         un enjeu politique (car pouvant modifier les rapports de force et agglutiner des votes population envers…),
-         Un enjeu sociologique (  car la loi nomme et détermine des groupes sociaux, elle identifie une composante de la société) ;
-         un enjeu idéologique (vous êtes au fait de l’actualité, chacun constate que le climat européen n’est guère serein, les déceptions quant aux politiques menées génèrent un ras-bol des populations qui se traduisent par une montée généralisée des thèses de l’extrême droite…
Le contexte de grande déprime économique fait que les démocraties sont sous la menace  des forces du fascisme et de l’extrême droite et dans un tel contexte les idées racistes ressurgissent, elles sont assumées,  voire banalisées, à l’instar de ce qui s’est passé à la Fédération française de Football : trop de Noirs et d’Arabes, alors il faut discriminer, mais il ne faut pas que cela se sache, mais cela s’est su.
Toutefois, ces gens répondaient aux désidératas  de feu Georges Frêche et de Jean-Marie Le Pen : l’équipe de France est black, black, black.
Une argumentation fondée sur des préjugés raciaux, une discrimination fondée sur des critères  de couleur.
Mais ce qui est le plus triste, ce que nous croyons que ces gens qui se disent non-racistes ne sont effectivement pas racistes.
Comment la vérité pourrait-elle raciste, et eux ils énoncent des vérités : les Noirs forts et costauds, mais pas très intelligents. Les Arabes, des fanatiques, égorgeurs,  tous des voleurs. Les Juifs des manipulateurs, des menteurs et des escrocs.
Insidieusement, on renoue avec ces déterminismes raciaux,  qui  de tout temps ont conduit les hommes à s’affronter, à s’entretuer, à plonger le monde dans la terreur et la guerre.
Alors les lois mémorielles, elles doivent-être vues comme des phares éclairant la mer,  afin d’éviter les naufrages.
Et c’est pourquoi,  nous devons maintenir ces lois et faire perdurer dans les mémoires, le souvenir de ces grandes catastrophes humaines, de ces grands naufrages de l’humanité, afin de nous préserver de leur renouvellement et de leur répétition.
Chacun d’entre nous doit dire et faire pour que les drames ne se répètent pas.
Dire que quelle que soit la couleur de la peau et les origines, nous sommes tous des hommes, il n’y a pas des plus humains que d’autres.
Faire que le vivre ensemble soit possible et cela passe par une réalité effective des droits et la lutte contre les discriminations et les préjugés.
Merci de votre écoute.

Tony Mardaye 

17H - Pce de La Nation - Commémoration de la Déportation des Filles et Fils d'Africains


Vous êtes attendus à 17 h à la place de la Nation (paris 12)

JEUDI 10 MAI 2012 - JOURNEE DE LA MEMOIRE DE LA TRAITE NEGRIERE …



COMMÉMORATION DE LA DÉPORTATION

des Filles et Fils d' Africains et de Leur Mise en Esclavage

                                    Jeudi 10 Mai 2012


                         17 H00   Place de La Nation


Justice et Réparation !  Pour ce Crime contre l’Humanité !


Le 10 MAI 2001, les parlementaires ont adopté la loi par laquelle la France reconnaît la traite négrière transatlantique (Le YOVODAH) et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Ceci, au terme de long et éprouvant combat qui a mobilisé, tout particulièrement en 1998, les descendants d’Africains déportés et faits esclaves dans les colonies françaises (Antilles, Guyane, île de La Réunion), Haïti,  toute la Caraïbe.

Cette noble cause a mobilisé, dans toute la France, les personnes éprises de paix et de justice, indifféremment de la couleur de peau pour demander la reconnaissance et la réparation de ce crime dont les séquelles sont encore vivaces dans le DOM TOM et en Afrique.

Le chlordécone qui mine les Antilles et les actuelles guerres coloniales en Afrique en sont une parfaite illustration.

Pour le respect et l’application de cette loi du 10 MAI 2001, vous êtes invités à participer au rassemblement organisé ce jeudi 10 mai 2012 à 17 heures à la place de la Nation  à Paris.  

«Un peuple Digne, ne peut exister sans Mémoire»
 




Le 10 mai est une conque sans « âme-son » accroché à un hameçon
Il devient appât si on l’ampute de son vrai cri  de liberté « vivre libre ou mourir »
Celui que Louis DELGRES  lança à l’univers entier le 10 mai 1802   – J.Y.B


Ainsi JYB sillonnera différents lieux pour le clamer en l’honneur des ancêtres
Et en retour de postérité à l’écho des mots en genèse des « voix des sans voix »

11H00 – 12H00            GARE du NORD  Sous la Verrière          (Programme ci-joint)
        
14H00 – 16H00               PLACE des ANTILLES  (à NATION)              (Programme ci-joint)

17H00 – 19H30               au cœur de la PLACE DE LA NATION           (Programme ci-joint)


JYB  Slamlitt’  vous donne également rendez-vous le : Samedi 12 mai  2012

14H00 – 1H00              CGT MONTREUIL                                  (programme ci-joint)
à  15H00             Déclaration de Louis DELGRES par  JYB   


2012 est une année exceptionnel, à la croisée de chemin de lumière, éclairant nos mémoires
En cette occasion JYB  Slamlitt’ : le poète - slammeur   nous entraînera dans un tourbillon de mots de FrantzFANON  à Aimé CESAIRE, en passant par L.G.DAMAS, et des « Damnés de la Terre » au  Discours sur le colonialisme, en passant par JYB

210 ans      Déclaration de Louis DELGRES et du rétablissement de l’esclavage

100 ans      Naissance de Léon Gontran Damas (1912-1978)        

50 ans        Décès de Frantz FANON                  

Et 2012, c’est aussi les 50 ans de JYB
Joyeux  anniversaire !!!                Happy Birthday !!!
 Aprè bèf’ là, cé ou !!!
JYB

Autres dates de JYB :

17 au 20 Mai 2012                 Coupe de la Ligue de SLAM à Joué les Tours
04 au 10 Juin 2012       Grand Slam National
Coupe du Monde de Poésie à PARIS

Slampoètiquement,          JYB